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cat in pace (1838), roman ; plusieurs curieux mémoires, insérés dans les Comptes rendus de la Société de Chambéry, entre autres : Montmélian et les Alpes (1841, in-8o) ; l’Abbaye d’Aulps ; De l’origine, de la formé et de l’esprit des jugements rendus au moyen âge contre les animaux (1846, in-8o) ; De l’organisation militaire au moyen âge ; l’Ancienne Chartreuse de Vallon ; Histoire de Chambéry depuis son origine jusqu’à la fin du xviie siècle(1848, in-8o), ouvrage resté inachevé ; les Origines féodales dans les Alpes occidentales (Turin, 1865, : in-4o), livre publié aux frais de l’Académie des sciences de Turin ; des notices sur la chorographie des Alpes orientales, sur l’état de la langue en Savoie du xiie au xvie siècle, etc. Nous citerons encore de lui : Histoire des négociations gui ont précédé le traité de paix conclu le 6 août 1849 ; Mémoire historique sur Monaco, Menton et Roquebrune, etc.

MENABREA (comte Louis-Frédéric), général et homme d’État italien, frère du précédent, né à Chambéry en 1809. Lorsqu’il eut passé son doctorat es sciences et recule diplôme d’ingénieur, il se fit admettre dans l’arme du génie, servit quelque-temps comme lieutenant, puis fut nommé professeur de mécanique et de mathématiques appliquées à l’université, à l’école d’application d’artillerie et à l’Académie militaire de Turin. Son remarquable savoir, et des mémoires qu’il adressa, tant à l’Académie des sciences de Paris qu’à l’Académie des sciences de Turin, lui valurent d’être nommé membre de cette dernière compagnie en 1836. Lors des événements de 1848, M. Menabrea reçut du gouvernement piémontais la mission de se rendre dans les duchés pour provoquer et propager le mouvement annexioniste à la monarchie sarde. Élu à cette époque membre du parlement subalpin par les électeurs de Saint-Jean-de-Maurienne, qu’il a constamment représentés jusqu’en 1860, il fut nommé premier secrétaire du ministre de la guerre (l848) et appelé, l’année suivante, au secrétariat général des affaires étrangère. Lors de la discussion de la loi Siccardi, qui supprimait le for ecclésiastique, il se prononça vivement contre cette loi et se démit de ses fonctions, qu’il reprit après la défaite de Novare. Pendant la guerre avec l’Autriche, il avait organisé la belle défense du Pô et de la Dora, et avait inondé toutes les plaines de la Lamelline de façon a rendre très-difficile le passage des troupes ennemies. À la Chambre, où il se fit remarquer par la compétence avec laquelle il traitait les questions relatives à l’armée, M. Menabrea siégea longtemps au centre droit parmi les membres du parti catholique qui croyaient un accord possible entre l’Italie et la papauté ; Mais, grâce à l’influence de M. de Cavour, à partir de 1859 il adopta des idées plus saines et plus libérales. Promu colonel cette même année, il présenta, au début de la guerre d’Italie, un plan sur les moyens de défendre Turin, plan qui fut approuvé par le général Niel ; et ses fortifications, improvisées en deux semaines sur la Doire-Baltée, arrêtèrent parfaitement les Autrichiens. Quelques jours après, il était promu major général (général de brigade), nommé commandant en chef du génie, et il prenait part aux batailles de Palestro et de Solferino. Lorsque, après la défaite de l’Autriche, la Savoie, sa patrie, fut annexée à la France, M. Menabrea, malgré les instances du gouvernement français, opta pour l’Italie (1860). Cette même année, il mit en état de défense Bologne, Pavie, etc. ; puis il fut chargé par Cavour de diriger les opérations militaires à Ancône, à Capoue, et de prendre, en novembre 1860, la direction du siège de Gaete, où s’était réfugié le roi de Naples François II. Menabrea mit en œuvre un excellent système d’attaque, et fit capituler en cinquante-sept jours cette place qui passait pour le Sébastopol des Bourbons, et qui avait coûté six mois de siégea Masséna en 1806. Ce magnifique résultat accrut encore sa réputation de général du génie et lui valut le grade de lieutenant général, et, plus tard, le titre de comte. Nommé sénateur à la même époque, il fut appelé, en juin 1861, par le baron Ricasoli au ministère de la marine, que M. de Cavour lui avait déjà destiné. Remplacé par l’amiral Persano en mars 1862, il revint au pouvoir le 8 décembre de la même année, avec MM. Farini et Minghetti, et eut cette fois le ministère des travaux publics. M. Menabrea prit part ensuite à plusieurs négociations, importantes qu’il conduisit avec succès, notamment à la convention du 15 septembre 1864 avec la France et au traité de Prague, conclu avec l’Autriche en 1866, k la suite de la guerre qui avait eu pour résultat d’amener l’annexion de Venise au royaume d’Italie ; et ce fut lui qui remit à Victor-Emmanuel, dont il était alors le premier aide de camp, la couronne de fer des rois lombards.

Après la chute du cabinet Rattazzi, dont il n’avait point fait partie, il fut appelé à former un nouveau cabinet, dit de conciliation, le 17 octobre 1867, avec MM. Gualterio, Cambray-Digny, Cantelli, etc. Il prenait la direction des affaires dans un moment très critique. Garibaldi, voulant terminer la grande œuvre de l’unité italienne, venait de pénétrer dans les États pontificaux, de remporter un : succès sur les troupes du pape à Monte-Rotondo (26 octobre), et il marchait sur Rome. De son côté, le gouvernement français venait de déclarer que la convention du 15 septembre était rompue, et envoyait contre Garibaldi un corps de troupes qui battait les patriotes garibaldiens à Mentana, le 4 novembre. Comme ministre des affaires étrangères ; M. Menabrea demanda au cabinet des Tuileries de faire intervenir l’armée italienne et désavoua l’entreprise de Garibaldi, contre lequel il fit même commencer des poursuites. Toutefois, en présence de l’attitude de la population, il crut nécessaire d’affirmer dans une note diplomatique (7 novembre), que l’Italie, tout en respectant les droits du pape comme pontife, protestait contre le maintien de son pouvoir temporel, et il renouvela cette déclaration quelques jours après (5 décembre), lors de l’ouverture du parlement. Ce langage, qui excita au plus haut point l’irritation des cléricaux, valut au premier ministre une popularité qui devait être de courte durée. Ne pouvant songer à contraindre le gouvernement français à faire évacuer ses troupes de Rome, il fallait négocier avec lui et essayer de faire revivre la convention du 15 septembre. Après avoir déclaré, aux applaudissements de la gauche, que le payement de la dette pontificale par l’Italie serait suspendu jusqu’à l’évacuation du territoire-romain (17 décembre), il excita contre lui, le lendemain, de violents murmures en demandant une politique de recueillement, en présentant la possession de Rome comme « le couronnement de l’édifice » mais en affirmant que l’unité de l’Italie pouvait exister sans Rome, que les Italiens n’iraient pas assaillir le pape, que c’était le pape qui viendrait à eux. Ces déclarations furent si mal accueillies qu’il crut devoir donner sa démission. Mais Victor-Emmanuel refusa de l’accepter et il reprit le pouvoir après avoir modifié son cabinet. Pendant les deux années qu’il dirigea les affaires, M. Menabrea chercha vainement à obtenir un nouveau modus vivendi acceptable entre la France et l’Italie ; il vint se heurter constamment contre le fameux « jamais » de M. Rouher., une des plus grotesques et des plus tranchantes affirmations de ce pitoyable homme d’État ; il eut à lutter contre les difficultés de la situation financière, contre les exigences d’un —budget constamment en déficit ; il s’efforça sans succès de calmer l’irritation sans cesse croissante de l’Italie contre l’intervention française, et il dut comprimer des émeutes républicaines qui éclatèrent dans diverses villes, ’ notamment à Bologne. Au mois de mai 1869, ’il fit voter par le parlement la loi qui supprimait l’exemption du service militaire dont jouissaient les séminaristes, et, le 13 de ce même mois, il proposa au roi des modifications de personnes dans le ministère dont il conserva la présidence.. Lorsque le pape eut décidé la réunion d’un concile à Rome, dans le but dé se faire proclamer infaillible, le général Menabrea, tout en laissant pleine liberté aux évêques italiens d’y prendre part, crut devoir réserver d’avance les droits du gouvernement relativement aux décisions qui pourraient être prises, par les adhérents du Syllabus, contre les institutions libérales acceptées par la nation. Au mois de novembre 1869, le ministère de la politique de recueillement, ne trouvant plus dans la majorité un appui suffisant, crut devoir donner sa démission et fut remplacé par le cabinet Lanza-Selia, sous lequel devait s’achever l’unité complète.de l’Italie. Depuis cette époque, M. Menabrea est resté éloigné du pouvoir. Il a publié : République et monarchie dans l’état’actuel de la France (Chambéry, 1871, ih-8°). *’..

MENABUONI (Giusto), dit Gluilo da Padova ou le Padovano, peintre italien, né à Florence, mort à Padoue en 1397. Il eut pour maître Giotto, qu’il accompagna dans cette dernière ville, et y exécuta de nombreux travaux. Son œuvre la plus importante est la décoration intérieure et extérieure du baptistère de Padoue. Les fresques extérieures ont entièrement disparu, mais celles du dedans de l’édifice sont encore assez bien conservées. Elles sont exécutées dans le style et la manière du Giotto, mais avec moins de grâce et plus de sécheresse.

MÉNACANITE ou MÉNACHANITE s. f. (mé-na-ka-ni-te —. de Ménacan ou Âlénachan, nom de lieu). Miner. Variété de craïtonite ou de fer titane, que l’on rencontre en grains ou nodules isolés dans les sables de Ménacan, au comté de Cornouailles, en Angleterre.

MENAÇANT, ANTE adj. (me-na-san, an-te — rad. menacer). Qui menace, qui est plein de menaces : Des esprits menaçants. Une proclamation menaçante.

— Qui paraît devoir être malheureux : Un avenir menaçant.

Temps menaçant, Circonstances atmosphériques qui font prévoir un prochain orage.

MENACE s. f. (me-na-se —}&t ;’minaeur ; de minùrï, menacer, proprement être-saillant, proéminent ; du même radical man qui est dans éminence et dans menton. Cependant Delâtre rapporte ànîaiîus, -main, le latin mime, menaces ; suivant lui, la menace est un signe dé la-main, un geste de colère). Regard, geste, parole, acte par lequel on exprime le ressentiment qu’on éprouve contre quelqu’un, et la volonté qu’on a de lui faire du mal : Faire de terribles menaces. La menace du plus fort me fait toujours passer du côté du plus faible. (Chateaub.) Les peintures apocalyptiques sont des menaces et non des prophéties. (Ballanche.)

L’exemple touche plus que ne fait la menace.

Corneille.

La grâce est aux grands coeurs honteuse à recevoir ;
La menace n’a rien qui les puisse émouvoir.

Corneille.

— Imminence ou présage d’un danger : Le ciel est d’un bleu dur éclatant, plein de menace et d'âpreté (B. Feydeau.)

De ces rochers pendants respectez la menace.

Deulle.

Menaces en l’air, Vaines menaces, qu’on n’est pas dans l’intention ou dans la possibilité d’accomplir.

— Encycl. Dr. crim. La loi ne devait pas laisser impunies les menaces, même non suivies d’exécution, alors surtout que leur but est, en intimidant les personnes, de les rançonner ou de les contraindre à certains actes. Cette matière fait l’objet des articles 305 et suivants du code pénal. L’article 305 est ainsi conçu : « Quiconque aura menacé, par écrit anonyme ou signé, d’assassinat, d’empoisonnement ou de tout autre attentat contre les personnes qui serait punissable de la peine de mort, des travaux forcés à perpétuité ou de la déportation, sera puni de la peine des travaux forcés à temps, dans le cas où la menace aurait été faite avec ordre de déposer une somme d’argent dans un lieu indiqué, ou de remplir toute autre condition. »

On voit, par le texte de cet article, que, pour que la peine des travaux forcés à temps soit applicable à l’auteur des menaces, trois conditions doivent simultanément sa rencontrer ; il faut : 1° Que la menace ait été faite par écrit ; 2° que les faits dont on a menacé la personne eussent, s’ils avaient été réellement accomplis, constitué des crimes passibles de. la peine de mort, des travaux forcés à perpétuité ou de la déportation ; telle serait par exemple une menace d’assassinat ou d’incendie ; 3° que la menace ait été conditionnelle, c’est-à-dire employée comme moyen d’intimidation pour contraindre l’individu menacé, soit à verser une somme, soit à accomplir tout autre acte déterminé.

Si la menace écrite n’a été accompagnée d’aucune condition, d’aucune injonction faite à la personne menacée, elle ne perd pas pour cela’ tout caractère de culpabilité, mais sa culpabilité s’amoindrit. Elle passe dans la catégorie des simples délits correctionnels, et elle devient punissable de la peine de deux à cinq ans ans d’emprisonnement et d’une amende de 100 fr. À 600 fr. (art. 306, C. pén.). La menace, dans de semblables conditions, a pour but et pour résultat uniquement de produire l’effroi ; elle est coupable et devait être réprimée, mais étant pure de contrainte et d’injonction intimée à la personne, elle a dû être punie avec une moindre rigueur. Pour qu’il y ait lieu à l’application de l’article 306, il faut que la menace, tout en étant non conditionnelle, ait fait appréhender à la personne à laquelle elle était adressée des attentats aussi graves et de la même nature que ceux dont parle l’article 305.

Les menaces purement verbales sont traitées par la loi avec beaucoup plus d’indulgence que les menaces par écrit. Un écrit, en pareille circonstance, suppose le sang-froid et la préméditation ; une menace orale s’explique plus naturellement par un mouvement instantané de colère. Toutefois, même proférée simplement de vive voix, la menace est punissable, quand elle est conditionnelle, c’est-à-dire accompagnée d’un ordre ou injonction. Elle est, eu ce cas, passible de la peine de six mois à deux ans d’emprisonnement et d’une amende de 25 fr. À 300 fr. (art. 307, C. pén.). Quant aux menaces verbales et sans ordre ou condition, elles ne sont passibles d’aucune, répression Légale quand c’est à de simples particuliers qu’elles sont adressées. La loi n’y voit qu’une bravade sans importance. Néanmoins, la menace purement orale, et d’ailleurs inconditionnelle, devient punissable correctionnellement dans les cas où elle s’adresse aux représentants de l’autorité publique, administrative.ou judiciaire, dans l’exercice de leurs fonctions ou à l’occasion de cet exercice (art. 223 et suiv., C. pén.).

MENACÉ, ÉE (me-na-sé) part. passé du v. Menacer ; Qui est sous le coup d’une menace : Être menacé par un ennemi : Il Qui court un danger : Être menacé d’apoplexie. Nous sommes menacés de sa visite. Il y a, dans la voix d’un homme 'MENACÉ gui vous appelle, quelque chose d’impérieux qui subjugue et qui commande. (De Màrtignac.) Qui est gravement menacé se croit gravement trahi. (E. de Gir.) Il Qui est compromis : Son honneur était menacé. Notre fortune est menacée. Les intérêts menacés ne tiennent jamais compte des chiffres. (Toussenel.)

MENACER v. a. du tr. (me-na-sé— rad. menace. Prend une cédile sous le c devant un a ou un o : Je menaçais, nous menaçons). Faire une menace, des menaces à : Menacer quelqu’un de sa colère, d’une volée de coups de bâton, du tribunal correctionnel. On l’a menacé d’une destitution. Donner à qui nous menace, c’est nous laisser voler. (E. Alietz.)

Si les démons nous menacent.
Les anges sont nos boucliers.

V. Hugo.

— Inspirer une crainte, montrer un danger imminent à : L’extrême chaleur qu’il fait nous menace d’un violent orage. Bien-ne menach d’un grand malheur comme une grande prospérité. (Fén.) [| Mettre en péril : Plus on tient à la vie, plus ce qui la menace nous alarme. (Mass.)

— Faire craindre, se montrer sur le point : Tout homme qui a peu de besoins semble menacer les riches de leur échapper, (Chamfort.)

La discorde envces lieux menace de s’accroître.

Boileau.

— Fam. Faire espérer, promettre : Il nous a mbnacks de plusieurs bouteilles de Champagne pour le dessert.

— Absol. : Sans menacer, sans avertir, la mort se fait sentir tout entière dès le premier coup. (Boss.) Les maux présents sont plus aisés à supporter que la vue de ceux qui menacent. (Pithou.) Défiez-vovs de ceux qui implorent parce qu’ils n’osent plus menacer. (Toussenel.) D’homme à femme et de femme à homme, la vie est un combat où il faut toujours menacer. (Balz.)

Menacer ruine, Être dans un état de vétusté, de délabrement qui fait craindre une chute prochaine : Le château, étayé en plusieurs endroits, menaçait ruine. (Le Sage.) il Fig. Paraître sur le point de succomber, de finir : Vous ne trouvez plus ici maintenant que les tristes restes d’une grandeur qui menace ruine. (Fén.)

— Poétiq. ou Fam. Menacer le ciel ou les deux, Monter très-haut : Ces arbres, ces tours menacent, semblent menacer le ciel. Jl avait de ces grandes oreilles gui menacent insolemment I.E CIEL.

— Prov. Tel menace qui tremble, On fait souvent des menaces violentes pour cacher sa peur.

Se menacer v. pr. Se faire réciproquement des menaces : Après avoir discuté aigrement, ils se sont menacés de leurs cannes.

MENACEUR s. m. (me-na-seur — rad. menacer). Personne qui fait des menaces, qui a l’habitude de faire des menaces ; De grand menaceur peu de faits. (Des Periers.)

MÉNADE s. f. (mô-na-de — du gr. mainas ; de mainesthai, avoir le transport, être furieux, parce que les ménades étaient des femmes qui, chez les anciens, célébraient les fêtes de Bacchus en se livrant à tous les emportements de la fureur. Le grec mainesthai se rapporte à la racine sanscrite man, penser, d’où manyu, transport, colère). Antiq. gr. Bacchante, femme qui, dans.les fêtes de Bacchus, se livrait k des excès allant jusqu’à la fureur : Une troupe de ménades.

— Encycl. Le caractère des ménades semble se confondre avec celui des bacchantes. Leur nom vient du verbe grec mainesthai, être en fureur, parce que, dans la célébration des orgies, elles s’abandonnaient k des transports furieux, « courant échevelées, à demi nues, agitant le thyrse dans leurs mains, faisant retentir de leurs hurlements et du bruit des tambours les monts et les bois, et poussant la fureur jusqu’à tuer ceux qu’elles rencontraient et à porter leurs tètes en bondissant de rage et de joie. » (Noël, Dictionn. de la Fable.) Les ménades étaient vierges, et, suivant Nonnus, elles redoutaient tellement la perte de leur virginité, qu’en s’endormant elles s’entouraient la ceinture d’un serpent. Mais Juvénal fait bon marché de leur prétendue chasteté, et Lycophron affuble de leur nom une femme dissolue. Ce furent les ménades qui mirent en pièces Orphée et dispersèrent ses membres sanglants dans les campagnes, pour se venger de ce que, depuis la mort de sa chère Eurydice, il était devenu insensible aux douceurs de l’amour. Bacchus les punit de ce crime en les changeant en arbres.

Le nom des ménades revient souvent dans les œuvres des poètes ; Ovide avait déjà peint leur fureur :

Des ménades, qu’emporte un aveugle délire, Accourent en tumulte aux accents de sa lyre ; Leur écharpe tigrée en longs replis mouvants. Et leurs cheveux épars s’abandonnent aux vents.

Desaintange.

La ménade secoue un front chargé de lierre ; Ses cris roulent au loin dans la forêt entière ; L’ivresse a redoublé ses pas tumultueux.

Mollevaut.

Enfin, les poètes ont quelquefois fait de ce nom un nom commun pour désigner une femme en proie à une folie furieuse ; Boileau s’en est servi, par une antiphrase ironique, dans sa fameuse satire contre les femmes :

T’accommodes-tu mieux de ces douces monades, Qui, dans leurs vains chagrins, sans mal toujours Se font des mois entiers, sur un lit effronté, [malades, Traiter d’une visible et parfaite santé ?

MENADO ; ville de l’île Célèbes, sur la côte N. de la presqu’île septentrionale, au fond d’une baie ; par 1° 28’ de lat. N. et 122° 20’ de long. E. ; ch.-l. d’une résidence hollandaise du gouvernement des Moluques. Fabrication de câbles ; récolte et commerce de riz et de café. Ou récolte chaque année 1,600,000 kilogr. de riz, 6,000 kilogr. de café et environ 70,000 ki-