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He>se <i(i pape Marcel, célèbre messe de I Palestrina et la première de toutes les grandes compositions de musique religieuse (1565). Elle fut exécutée dans la chapelle Sixtine, sous le pontificat de Pie IV, et l’on ignore pourquoi Palestrina l’a expressément nommée lui-même Messe du pape Marcel ; il l’a publiée sous ce titre dans le second volume de ses Messes (Rome, 1567, in-fol.). Cette grande œuvre marque une des périodes les plus importantes de l’art. Le concile de Trente avait décidé qu’une réforme fondamentale serait opérée dans la musique religieuse ; on cariait même de la supprimer et de la réduire au faux bourdon a cause de la vulgarité des motifs, empruntés aux chansons populaires, que les meilleurs maîtres faisaient chanter dans les églises. Palestrina offrit de concilier les exigences de l’art avec la solennité du service divin et, sans modèle, il tira de son génie trois messes à six voix, dont la dernière, celle «dite du Pape Marcel, excita la vive admiration des cardinaux. La musique religieuse fut sauvée, à condition que les compositeurs prendraient pour modèle de leurs messes celle de Palestrina. « Peu de monuments historiques de l’art, dit M. Fétis, présentent autant d’intérêt pour l’étude, car elle marque une de ces rares époques où le génie, franchissant les barrières dont l’entoure l’esprit de son temps, s’ouvre tout à coup une carrière inconnue et la parcourt à pas de géant. La manière dont Palestrina a triomphé des difficultés, la faculté d’invention qu’il y a déployée, au moins égale à l’habilité dans l’art d écrire, frappent d’admiration lorsqu’on se livre à l’étude de cette production. C’est une chose merveilleuse que de voir comment J’illustre compositeur a su donner à son ouvrage un caractère de douceur angélique par des traits d’harmonie large et simple, mis en opposition avec des entrées fuguées pleines d’artifices et donnant par là naissance à une variété de style auparavant inconnue. À l’égard de la facture, de la pureté de l’harmonie, de l’art de faire chanter toutes les parties d’une manière simple et naturelle, dans le médium de chaque genre de voix, et de faire mouvoir six parties avec toutes les combinaisons des compositions scientifiques dans l’étroit espace de deux octaves et demie ; tout cela est au-dessus de nos éloges : c’est le plus grand effort du talent, c’est le désespoir de quiconque a étudié sérieusement le mécanisme et les difficultés de l’art d’écrire. »

La Messe du pape Marcel est encore chantée à la chapelle Sixtine, dans certaines solennités.

Messe des Morle, de Gossec (1760). Cette messe est restée l’oeuvre capitale du compositeur. Antérieure aux opéras et aux hymnes patriotiques qui ont surtout rendu son nom populaire, elle suffirait à sauver son nom de l’oubli. Sa première audition eut lieu à Saint-Roch ; l’effet produit fut immense, et l’œuvre fut considérée comme la plus complète en ce genre, jusqu’au célèbre Requiem de Mozart. On peut cependant reprocher à Gossec d’avoir employé, dans uné messe funèbre, le style fleuri des cavatines d’opéra ; mais ce ■ défaut entache aussi l’œuvre du maître allemand. h’Exaudi, que nous reproduisons, est extrêmement remarquable au point de vue mélodique, malgré le singulier contraste que présentent les idées lugubres du texte et les ciselures recherchées du développement musical.

Largo.

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Messe funèbre, de Rossini, exécutée à l’église de la Trinité en novembre 1868. Cette messe était composée bien antérieurement à l’époque de sa première audition et peut passer pour la dernière œuvre du maître ; car il serait cruel de compter la symphonie à grand orchestre, accompagnée de détonations d’artillerie, qu’il composa pour l’Exposition universelle de 1867. Avant qu’il fut donné au public d’entendre la Messe funèbre, quelques privilégiés avaient pu en connaître certaines parties, et ce qu’ils en racontaient avait provoqué vivement la curiosité : c’était un chefd’œuvre incomparable, que le maître avait écrit à l’heure où les plus enthousiastes de son génie croyaient à son complet déclin. L’attente ne fut pas trompée, et lorsqu’aux funérailles du grand compositeur se déroula cette large composition, 1 admiration fut générale. « La prière a fait là son miracle, dit M. H. Blaze de Bury ; ce Rossini, qui, même en ses plus grands chefs-d’œuvre, ne gpleure

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presque jamais, cette fois ouvre abondamment la source des larmes ; c’est ému, c’est beau, surtout humain. Dans ce Sanctus ineffable-, cet Agnus Dei, qu’un Mozart envierait, rien de mystérieux, de solennel, ni prosternation claustrale, ni épouvante sacrée ; la prière d’un homme d’aujourd’hui qui a douté, qui peut-être encore doutera, et, en présence de l’Être, s’écrie : Adorenms, très - simple,ment, et dans quel style ! On se demandait ce que serait l’instrumentation. Elle est sobre et puissante, au fait de toute la science moderne. Le quid nimis de l’avenir manque peut-être un peu, ce qui n’empêche pas les effets de coloration. Je cite en témoignage l’accompagnement plein de sanglots du Passus et sepultus est. Cette phrase admirable est, dans le Credo, le moment du génie : la douleur gémit sourdement, le cœur brisé se fond en larmes ; on entrevoit se lamenter les saintes femmes, et l’immense deuil du Calvaire vous inonde. » Cette Messe funèbre fut ensuite exécutée dans les principales villes de France et de l’étranger.

Messe. Iconogr. La consécration eucharistique est représentée d’une manière mystérieuse et symbolique dans une fresque de la catacombe de Calliste : sur une table sont placés un pain et un poisson, considérés comme les emblèmes du Christ ; d’un côté de cette table, un personnage debout, vêtu d’un pallium qui laisse à nu le bras et le flanc droits, impose les deux mains sur ces offrandes, et, de l’autre côté, une femme, également debout, lève les bras vers le cial. Suivant l’interprétation de M. de. Rossi, l’homme est un prêtre qui consacre la nourriture mystique ; la femme est l’image de l’Église offrant le sacrifice, conjointement avec le ministre de Jésus-Christ, qui est aussi le sien..

Une des plus anciennes représentations de la Messe que nous puissions citer nous est offerte par une fresque de la cathédrale de Pise, qui a été publiée dans le Thealrum basilics Pisanss, de., Joseph Martinius (p. 46). On y voit saint Oleroent célébrant le saint sacrifice sur un autel construit par saint Pierre sur le rivage de la Toscane : il a des gants à longs poignets coupés en pointe et porte un grand manteau ou chape à collet. Sur la table d’autel sont trois grains ou boules, dont la signification n’a pas été expliquée par les iconographes et le livre des Évangiles. D’autres représentations Aa^s. Messe ont été publiées par d’Agincourt (Peinture, pi. lxxxvii, n» 4), d’après une fresque du xue ou du xme siècle ; par Bonnart (Costumes du moyen âge, II, pi. lu), d’après une miniature du xme siècle ; par Millin (Voyage dans le Milanais^, pi. cxxxxiv), d’après une mosaïque de la basilique Ambrosienne de Milan. Les diverses actions de la Messe ont été représentées sur la couverture en ivoire du Sacramentaire de Metz, ouvrage du xmé siècle (gravée dans le Trésor de numismatique), dans les planches du Pontificale Romanum, dans une suite de 33 estampes gravées par P. Brissart au xvne siècle, etc. Un grand tableau de Cosimo Roselli, artiste florentin de la fin du xve siècle, est intitulé le Sacrifice de lamesse : le Christ, vêtu d’une longue robe noire ornée de pierreries, est debout sur le saint ciboire, les bras étendus, dans la pose du crucifié ; à gauche, saint Jean et saint Dominique ; à droite, saint Pierre et saint Jérôme sont agenouillés. Ce curieux tableau a été exposé à Manchester en 1857 ; il appartient à M. Fuller Maitland. Lé Sacrifice de la messe a encore été représenté par le peintre Polidoro Caldaro (gravé dans le recueil de Crozat), par A. van Diepenbeck (gravé par Mat. Borrelcens), par Jean van Hemessen (volet de triptyque, au musée de Bruxelles), par Jean Mostaert (peinture extérieure d’un triptyque du même musée). Dans ce dernier ouvrage, un prêtre est agenouillé devant l’autel, tenant un encensoir d’une main et un cierge de l’autre ; derrière lui, un cardinal, également agenouillé, tient des deux mains un livre ouvert ; derrière le cardinal, un évêque, ayant un surplis par-dessus sa robe violette, joint les mains et soutient une croix du bras gauche ; au fond, dans une niche, est» un vase de cuivre suspendu aune corde faite du même métal ; prés de la sacristie, dont la porte est entr’ouverte, un enfant de chœur écarte un rideau qui masquait l’autel, où est

Eosé un calice autour duquel s’enroule une anderole portant ces mots : Ave, Virgo virginum ; au sommet apparaît Jésus-Christ détaché de la croix et les mains étendues en avant.

Suivant une tradition, en 1263, sous le pontificat d’Urbain IV, un prêtre, qui doutait de la transsubstantiation, aurait vu couler le sang de l’hostie qu’il venait de consacrer, en célébrant la messe dans l’église Sainte-Christine, à Bolsène. Ce miracle est représenté dans une peinture en émail qui décore un reliquaire du xive siècle, appartenant à la cathédrale d’Orvieto, et qui a été publiée par d’Agincourt (Peinture, pi. cxxm). On y voit le prêtre incrédule qui dit la messe, placé devant l’autel, suivant l’ancienne liturgie, en regardant le peuple. Les assistants qui sont placés près de l’autel tiennent des bâtons qui, suivant M. Guénôbault, seraient les miséricordes ou béquilles dont les fidèles se servaient pour se reposer lorsqu’il n’existait pas de sièges dans les églises. Nous décrivons ci -après le chef- d’œuvre

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dans lequel Raphaël a représenté la Messe de Bolsène. Le même sujet est retracé dans un tableau d’un peintre allemand du xvie siècle, qui appartient au musée de Madrid.

Le musée du Louvre possède un tableau de Subleyras représentant la Messe de saint Basile, célébrée en présence de l’empereur Flavius Valens, qui- avait embrassé l’arianisme, et qui, à la vue du saint évêque officiant dans son église de Césarée, s’évanouit entre les bras de ses officiers. Au même musée est la Messe de saint Martin, peinte par

E. Le Sueur (v. Martin [messe de saint]). La Messe de saint Grégoire est retracée dans un rétable en bois sculpté et doré du xve siècle, et dans une peinture d’une chapelle portative de la même époque ; ces deux ouvrages, le premier flamand, le second allemand, appartiennent au musée de Cluny. Dans le deuxième, le Christ, couronné d’éçines, les mains et les pieds ensanglantés par les clous de la croix, est debout sur l’autel, au - dessus du calice ; au fond, sont figurés les instruments de la Passion. Le même sujet est représenté dans un tableau attribué par les uns à Jean van Eyck, par les autres à Rogier van derWeyden, et qui fait partie de la collection de lord Ward (Exposition de Manchester, 1857).

Parmi les peintures modernes, nous signalerons, la Messe à un autel privilégié, par Granet (Salon de 1831) ; une Messe, par Schnetz (Salon de 1845) ; la Première messe en Amérique, par Blanchard (musée de Dijon) ; la Première messe en Kabylie, par H. Vernet (gravée par P. Girardet) ; la Basse messe, par

F. Bonvin (Exposition universelle de 1855) ; la Messe du dimanche à Béost, par Ch. Landelle (Salon de 1857) ; Pendant la messe, souvenir d’Auvergne, par Nie. Berthon (musée d’Arras) ; la Messe pontificale le jour de Noël, à Saint-Pierre de Rome, par Ch. de Coubertin (Salon de 1857) ; la Messe au grand autel de Saint-Pierre de Rome, par Timbal (Salon de 1859), — etc.

Messe do Bolsène (LA.), célèbre fresque dé Raphaël, appelée aussi le Miracle de Bolsène. Elle est peinte dans l’une des stanze du Vatican, la deuxième, et fait pendant à la Délivrance de saint Pierre. La ^composition se déroule au - dessus et des deux côtés d’une fenêtre. Elle retrace un prétendu miracle arrivé à l’église Sainte-Christine de Bolsena, petite ville des États romains, près d’Orvieto. Un prêtre, qui, tout en disant la messe, doutait de la présence réelle de Jésus-Christ, eut une hallucination et crut voir tout à coup

Fête-Dieu." La scène principale occupe le dessus de la fenêtre ; le prêtre élève l’hostie et le corporal, où se voient des gouttes de sang : Jules II, les cardinaux et quelques chevaliers, qui sont représentés agenouillés dans le compartiment du côté droit, sont impassibles, comme s’ils s’attendaient au«mïrac ! e ou parce qu’un miracle de plus ou de moins, pour eux qui y sont habitués, n’a rien d’extraordinaire, mais le prêtre est confondu par le ’prodige. " On distingue, dit Vasari, dans l’attitude des mains une espèce de tremblement et d’épouvante. » Cette stupéfaction se répercute d’une manière heureuse dans les attitudes et les physionomies des femmes qui occupent le compartiment de gauche ; elle contraste avec le calme et la gravité imperturbable des personnages de droite. L’unité d’action est parfaite et la dispositon si habile, que l’on ne s’aperçoit pas de l’inégalité des plans. Cette fresque est fort belle et assez bien conservée, quoiqu’elle ait un peu souffert, comme toutes celles des stanze, de la fumée des feux de bivouac qu’allumèrent au milieu des chambres les lansquenets du connétable de Bourbon. « Quel beau contraste, dit Stendhal, entre ce sujet et YHéliodore chassé du templel Une fenêtre coupait de la manière la plus gênante la muraille sur laquelle Raphaël devait placer le miracle de Bolsena. Il dispose son sujet avec tant d’adresse, que l’espace qui lui manque parait inutile. Raphaël n’avait pas trente ans. Cet ouvrage, tout de sa main, est regardé comme l’un des plus vigoureux. » La Messe de Bolsène a été gravée par Fr. Aquila, Friquet et Joan. Volpato. Bon Boulogne en a fait uno copie qui se trouve au musée du Louvre. Il en existe une autre à Paris, au musée Européen (musée des Copies}.

MESSE, ÉE (mè-sé) part, passé du v. Messer. Qui a entendu la messe : Vous êtes déjà

MESSÉE.

MESSÉANCE s. f. (mè-sé-ân-se — rad. messeoir). Défaut de ce qui est messéant : Il y aurait de la messéance pour un vieillard à s’associer aux folies des jeunes gens.

MESSÉANT, ANTE adj. (mè-sé-an, an-te — rad. messeoir). Qui messied, qui ne sied pas : Parole mëssÉamb. Habits messéants. Aux canonnades, il est mksséant de s’ébranler pour la menace du coup. (Montaigne.) Bien disait que quelquefois la témérité n était pas mksseante à un jeune homme. (Fên.) Toute prétention d’originalité serait mesSÉante à la vieillesse. (G. Sand.)

— Syn. Messéant, roalscnn». V. MALSÉANT.

MESSEI, bourg de France (Orne), cheflieu de canton, arrond. et à 17 kilom. N. de Domfront ; pop. aggl., 533 hab. — pop. tôt., 1,725 hab. Commerce de grains, chanvre,