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MIME

qui résolut de se venger en mettant le trouble dans la fête. Un centaure un peu pris de vin, et aussi excité par le dieu, essaya de faire violence à la mariée. On le tua : ce fut justice. Mais les autres centaures et à leur tête Mimas âe firent les vengeurs d’Euritymion. Le combat fut bientôt général et coûta la vie à Mimas.

MIMAS, héros troyen, fils -d’Amycus et de Théano, un des compagnons d’Enée. Il suivit ce guerrier jusqu’en Italie ; mais il ne vit

Ïioint te triomphe des siens. Il succomba sous es coups de Mézence. Virgile, en parlant de sa mort, ne peut retenir un.cri de tristesse sur la desiinée de ce malheureux héros, et, par un retour involontaire, il songe à la naissance de Mimas. Théano, sa mère, l’avait mis au monde la nuit même où Hécube, reine de Troie, était accouchée de Paris, et les deux enfants avaient grandi ensemble, unis par une étroite amitié. Paris, du moins, est mort dans la ville de se pères ; tandis que Mimas est tombé sur le rivage do Lauréate, sur une terre étrangère. (V. Enéide, livre X, v. 702.)

MIMAT (mont), montagne de France (Lozère), dans la chaîne des Cévennes, au S. de Mendo, qu’elle domine ainsi que la vallée du Lot. Altitude, 1,111 mètres. Sur son sommet, elle porte l’ermitage de Saint-Privat. V. Mende.

MIMATUM, nom latin de Mende.

SIIMAUT (Jean-François), diplomate et littérateur français, né à Méru (Oise) en 1774, mort en 1837. Envoyé à Paris pour y achever ses études, il remporta le prix d’honneur au concours général en 1793, devint par la suite secrétaire particulier de Rivaud, ambassadeur près de la république Cisalpine (1798), secrétaire général du ministère des affaires étrangères du roi d’Italie (1804), et fut successivement, après la chute de Napoléon, consul de France à Cagliari (1814), à Carthagène (1817), à Varsovie (1827), et enfin à Alexandrie (1829), où il remplit les fonctions de consul général à partir de 1830. Il obtint de Méhémet-Ali la cession de l’obélisque de Louqsor, qu’on voit aujourd’hui sur la place de la Concorde et réunit une riche collection d’antiquités égyptiennes. Mimaut était venu rendre compte de ses travaux, à Paris, lorsqu’il y mourut d’une attaque d’apoplexie. Nous citerons parmi ses écrits : l’Ouverture de la campagne d’Italie (1796, in-S°) ; le Nouveau Faublas ou Aventures de Florbelle (1799, 4 vol. in-18) ; Mémoire Sur la nature des maladies endémiques à Cartkagène et dans le midi de l’Espagne (1819, in-8<>) ; l’Auteur malgré lui, comédie en trois actes et en vers, jouée sous le pseudonyme de Saint-Remy au Théâtre-Français (1825) ; Histoire de Sardaigne ou la Sardaigne ancienne et moderne (1825, 2 vol. in-8°), -ouvrage estimé.

MIMEER s. m. (main-bèr). Chaire dans laquelle l’iman se place pour faire a haute voix la lecture du Coran : Le mimber est toujours placé à la gauche du mihrab.

MIME s. m. (mi-rae — lat. mimus, gr. mimos, de mimeomai, imiter, qui a le même radical que le latin imitor. Ce radical est sans doute la racine sanscrite ma, mesurer, de sorte que le déponent imitor et le moyen mimeomai, qui ont tous deux la forme réfléchie, signifient proprement se mesurer sur un autre, lé copier. Le même radical apparaît dans le latin kmulus, émule, grec aimulos et mimélos, habile imitateur, et dans le latin imago, grec mimogenês, de mimos imitation, et gênés, né de proprement le produit de l’imitation). Espèce de comédie bouffonne, souvent obscène, qu’on jouait chez les anciens Grecs et lesRomains : Laberius, chevalier romain, réussit admirablement à faire des mimes. (Rollin.) Les mimes de Sophron paraissent avoir été un modèle parfait de grâce et de naturel. (Boissonade.) il Acteur qui jouait dans ces comédies :

L’homme fait place au mime et le sage au bouffon.

Delille.

— Par ext. Homme qui imite d’une manière plaisante le langage, les gestes, la physionomie d’une autre personne.

— Encycl. On croit que l’inventeur du mime fut le poëte grec Sophron, né à Syracuse au vo siècle avant J.-C., et contemporain d’Aristophane. Peut-être le mime exista-t-il avant lui ; mais c’était alors un drame muet, que l’acteur interprétait simplement par des gestes conformes aux indications tournies par l’auteur. Le mime, tel que le comprenait Sophron, était un petit drame entièrement écrit, et ne se distinguant de la comédie que par un style plus familier, un sujet plus simple, des personnages moins nombreux. Les anciens avaient deux sortes de mimes ; los sérieux et les comiques. Ceux de Sophron étaient surtout dans le genre sérieux. Il y introduisit des pensées graves et morales qui ont été admirées de Platon. Il choisit quelquefois des sujets pathétiques et voisins de lu tragédie. Les courts fragments qui nous restent de ses ceuvrés rie nous permettent pas d’affirmer s’il écrivit en prose ou en vers, quoiqu’on y distingue le retour fréquent de certaines mesures ; mais les imitations que Théocrite a faites, dans ses Idylles, des mimes de Sophron, nous donnent quelque idée de son talent et de sa manière. En passant à Rome, le mime fut d’abord plus grossier qu’en Grèce, et écrit

MIMÉ

surtout pour le peuple. Cependant Publius Syrus, qui se rendit fameux dans ce genre, et qui l’emporta sur son.concurrent Laberius, lors des représentations dramatiques données par César en 45 avant J.-C, paraît avoir mêlé dans ses œuvres la moralité au comique. Nous savons, en effet, que les anciens avaient extrait de ses mimes des sentences, des préceptes de conduite, des observations sur la vie, et que ce recueil d’extraits était donné aux enfants comme livre de classe. C’est le même recueil qui, augmenté de vers empruntés à d’autres auteurs, nous est arrivé sous le titre de Sentences de Publius Syrus. Quant aux mimes eux-mêmes, ils ont été perdus, et nous n’en savons rien de certain, si ce n’est qu’ils étaient en vers. La disparition de tous les mimes, soit grecs, soit latins, ne nous per^ met pas de dire quelle était la conduite dé ces petites pièces, comment l’action y était nouée et dénouée, quelle place y tenait le développement des caractères ou la peinture

des mœurs. Nous ne pouvons, en définitive, que répéter les anciens, et les appeler de petits drames, ’ des tableaux imitant la vie réelle. Les mimes étaient, en général, des farces d’un fort gros sel et, le plus souvent, indécentes, dans lesquelles on s’attachait particulièrement à ridiculiser les particuliers.

Les acteurs qui jouaient dans ces pièces portaient aussi le nom de mimes. Ils accentuaient leurs rôles par des gestes, par une pantomime animée, et même à une certaine époque, sous l’empire romain, ils en arrivèrent a supprimer presque entièrement les paroles et à exprimer leurs sentiments avec une rare perfection à l’aide des gestes seuls. Ils étaient très - recherchés sous l’empire et avaient été introduits en même temps que les mœurs romaines dans la Gaule. Les barbares eux-mêmes se plaisaient & ce genre de spectacle. Dans une lettre de Théodoric, roi des Ostrogoths, à Clovis, on lit : « Je vous envoie un homme habile, qui joint l’art d’exprimer les sentiments par les gestes et les mouvements du visage à l’harmonie do la voix et au son des instruments. J’espère qu’il vous amusera, et je vous l’adresse avec d’autant plus de plaisir que vous avez paru le désirer. » Les conciles renferment un grand nombre de dispositions contre les mimes. Charlemagne les nota d’infamie et leur refusa le droit de se porter accusateurs. Malgré toutes ces prohibitions, les mimes avaient toujours un grand snecès. Agobard, archevêque de Lyon, au ixe siècle, se plaignait qu’on dépensât beaucoup plus pour eux que pour les pauvres. Les jongleurs du moyen âge héritèrent des mimes de l’antiquité ; mais ils ne tombèrent pas dans les mêmes excès et ne s’attirèrent pas les mêmes anathèmes.

Mimes, eu*cîgnen>enis et proverbe», poésies d’Antoine de Baïf (1619). Dans cette série de petits poèmes d’un-» tournure originale, Baïf n’a essayé de renouveler ni l’alphabet, ni la langue française, comme dans ses Êtrennes de poésie ; il s’est contenté d’être un poète élégant et délicat. Un de ses amis, dans le sonnet préliminaire de rigueur, suivant la mode du temps, le félicite d’avoir créé là «un chef-d’œuvre du bien faire et du bien dire ; i un autre, au-dessous de son portrait, déclare que ce n est rien que d’avoir tracé la^fîgure et les traits de Baïf, qu’il eût fallu représenter, pour être complet, les Muses et les Grâces. Ces éloges sont mérités. Ce petit recueil de sentences rimées, d’aphorismes et d’apologues, est vraiment un chef-d’œuvre du bien faire et du bien dire. Il est peu connu, et c’est à peine si les collectionneurs de proverbes en font mention ; il a pourtant une valeur véritable, ne serait-ce que de présenter une énumération fort riche des dictons populaires qui avaient cours de son temps, revêtus d’une forme élégante et concise. Le vers est toujours alerte, pimpant, au point que l’on s’étonne de lire ce proverbe pour la première fois ; il n’est pas un seul de ces enseignements, pas une seule de ces sentences, qui ne méritât de passer en proverbe, tant le fond en est juste, fa forme brève et précise. Sans doute Baïf a puisé à pleines mains dans tous les recueils de proverbes connus de son temps ; ceux de Saiomon surtout sont très-reconnaissables ; mais il en a aussi beaucoup inventé ou rajeuni. La difficulté était de faire un corps de tous ces matériaux disparates ; car, dans le recueil de Baïf, tous ces proverbes se suivent, rimant entre eux et non pas n’n ù un ; c’est une kyrielle d’aphorismes, divisés en longues pièces de vers et reliés ensemble soit par la conformité du sujet, soit tout simplement par l’uniformité de la rime. Eviter les disparates et la monotonie dans des pièces de vers de pareille sorte était encore un autre écueil. Les apologues, très-nombreux, contenus dans ce volume méritent aussi d’être remarqués. Baïf ne voulait, comme des proverbes, qu’en extraire un enseignement, aussi ne les a-t-il pas développés comme La Fontaine, de manière à faire de chacun d’eux une œuvre complète, dans un cadre distinct ; il en met huit ou dix et souvent plus dans une même pièce de vers, tous à la suite les uns des autres. Ces petits récits, brefs, à la manière ésopique, ne manquent pourtant ni de charme ni de grâce ; mais presque tous ont été depuis traités avec tant d’art par La Fontaine, qu’ils ont perdu quelque peu de leur valeur.

MIMÉ, ÉE (mi-mé) part, passé du v. Mi MIMÉ

mer : Celte petite scène est si ingénieusement miméb, qu’elle s’explique à première vue. (0. Hersan.)

MI MÊLE s. f. (mi-mè-le). Entom. Genre de coléoptères, de la famille des lamellicornes, tribunes scarabéides, renfermant une douzaine d’espèces, qui appartiennent toutes à l’Inde.

MIMER v. a. ou tr. (mi-mé — rad. mime). Rendre par des gestes, par le jeu de la physionomie : Mimer un râle. Mimer un discours.

— Singer, imiter par gestes, par la voix : Quelquefois, il s’attendrit sur lui-même et personne alors ne sait mieux que lui mimer la victime. (Cormen.)

MIMER ou MIM1S, géant de la mythologie Scandinave. D’après la légende, maître d’un puits de sagesse, situé près d’une des racines du frêne Ydrasil, Mimer y buvait tons les matins. Un jour, Odin arriva chez lui et voulut goûter également de l’immortelle boisson. Mimer y consentit, sous la condition que le dieu déposerait en gage l’un de ses yeux. II le fit et, chaque fois qu’il voulut boire, il dut se soumettre a cette exigence. Toute sagesse, toute magie vient de ce puits. Dans le ciel, Odin ne boit que du vin ou dumeth ; dans les

Erofondeurs il boit de l’eau ; le genre humain oit de la bière. C’est la différence de boisson qui constitue la hiérarchie des races. On a comparé le géant Mimer au géant Yraer, et on a trouvé que ce dernier symbolise la masse brute et inorganique, tandis que le premier représente ^organisme au moment où il va faire son apparition dans le monde. D’après YEdda, les ases envoyèrent Mimer en otage aux vaxes pour venir en aide à Haener, qui était leur prisonnier. Mais les vaxes coupèrent le cou à. Mimer, et renvo3’èrent sa tête aux ases. Odin, grâce à sa science magique, sut la conserver pure de toute corruption et, par ses formulè’s, parvint à la faire parler. Elle lui révéla alors des secrets terribles. Mimer est aussi le dieu des forgerons. Son marteau travaille tout seul, et ceux à qui le dieu le confie deviennent artistes comme lui.

M1MEKEL DE ROUBA1X (Pierre-Auguste-Remi), manufacturier et homme politique français, né en 17S6. Il a fondé à Roubaix une filature de coton qui a pris un dévelop Îiement considérable et dont il a abandonné a direction à son fils. Lors des élections pour l’Assemblée législative en 1849, il fut élu représentant du peuple dans le département du Nord. M. Mimerel vota dans cette Assemblée avec la majorité, uniquement occupée de renverser les institutions républicaines, appuya la politique de l’Élysée, lors de la scission qui s’opéra entre le pouvoir exécutif et la majorité, applaudit au coup d’État du 2 décembre 1S51 et fut alors appelé à faire partie de la commission consultative. Louis Bonapparte le nomma sénateur en 1852. Nommé sous l’Empire membre du conseil général des manufactures, membre du conseil général du Nord et grani officier de la Légion d’honneur (1869), il rentra dans la vie privée après la révolution du 4 septembre 1870. — Son neveu, M. Floris Mimerki/, né à Rouen en 1821, a fait ses études de droit, pris le grade de docteur en 1849 et a acheté en 1851 une charge d’avocat à ta cour de cassation. M. Mimerel a fait paraître des articles et des études dans la Revue de législation et de jurisprudence.

MIMÈSE s. f. (mi-mè-ze — du gr. mimos, imitateur).-Rhétor. Sorte d’ironie par laquelle on répète ce qu’un autre a dit ou aurait pu dire, en affectant d’imiter les gestes, le ton de voix de cette autre personne. I ! Figure qui consiste à mettre des paroles dans la bouche d’une personne qu’on met en action.

MIMÉTISME s. m. (mi-mé-ti-sme — rad. mime). Zool. Faculté que possèdent certains animaux de prendre les apparences des objets qui les entourent.

MIMÉTITE s. f. (rai-mé-ti-te). Miner. Nom donné à plusieurs minéraux isomorphes avec la pyromorphite. Il On dit aussi mimétine,

M1METÉSITE et MIMKTESE.

— Encycl. Le nom de mimétile sert à désigner plusieurs minéraux isomorphes avec la pyromorphite, et qui consistent soit en arsénio-chlorure de plomb pur, soit en arsénio-chlorure de plomb mélangé avec des

phospho-chlorures et des sels de calcium isomorphes avec lui. La mimétite cristallise en prismes hexagonaux et se clive difficilement. Sa dureté égale 3,5 et sa densité est. 7,19 à 7,35. Elle possède l’éclat résineux ; sa couleur est un jaune léger tirant sur le brun. Quelquefois elle est orangée, lorsqu’elle renferme du chromate de plomb. Quand, au contraire, elle renferme beaucoup de phosphate calcique, elle est blanchâtre. Sa poussière est blanche ou presque blanche. La mimétite est transparente ou translucide. Elle se laisse couper au couteau. Elle fond au chalumeau sur le charbon, mais moins facilement que la pyromorphite. En se refroidissant, elle prend une surface cristalline. Elle se réduit facilement, en dégageant des fumées arsenicales et en laissant des globules do plomb. L’acide azotique et la potasse lu dissolvent.

D’après le analyses de la mimétile, ce corps répondrait à la formule Ph"C12,3Ph"3Az2<j8. Dans cette formule, l’arsenic peut être par MIME

tiellement remplacé par du phosphore, et le plomb par le calcium.

Ce minerai est assez abondant en Australie. Il renferme quelquefois des particules d’or.

M1MEURE (Jacques-Louis Valoît, marquis de), général et littérateur français, né à Dijon en 1659, mort à Auxonne en 1719. Il commença par être menin du dauphin, fils de Louis XIV, puis il entra au service à dix-neuf ans, obtint par son courage et par sa conduite un avancement rapide, se distingua particulièrement dans la campagne de Flanare, devint lieutenant général et obtint, vers la fin de sa vie, le gouvernement d’Auxonne. Pendant ses loisirs, le marquis de Mimeure cultiva la poésie et consacra presque toutes ses pièces de vers à louer le roi et les princes. TÎne agréable imitation de VOde à Vénus, d’Horace, lui valut son admission à l’Académie française. On lui attribue une médiocre traduction de 'Art d’aimer d’Ovide.

MIMEUSE s. f. (mi-raeu-ze — du lat. mimus, mime, comédien, par allusion à la propriété qu’ont plusieurs espèces de s’agiter et de changer de figure quand on les touche^. Bot. Genre de plantes, de la famille des légumineuses, section des mimodées : De quel nom appeler ou classer surtout cette mimeuse pudique, délicate sensitive, qu’un rien émotionne, fait frémir et tomber en syncope ? (Fabre.) Il On dit aussi mimosa.

— Encycl. Les mimeuses sont des plantes herbacées, des arbrisseaux, quelquefois même, mais plus rarement, des arbres. Leurs feuilles sont composées, bipinnées et parfois réduites par avortement à un phyllode, c’est-h-dire à un simple élargissement de leur pé.iole en lame foliacée. Les fleurs, petites, sessiles, sont réunies en têtes ou en épis a 1 extrémité des pédoncules qui, quelquefois oxilhiires, sont d’autres fois eux-mêmes disposés en panicules à l’extrémité des rameaux. Ces inflorescences, de couleur rosée ou blanche, ressemblent souvent à des houppes soyeuses, à cause du grand nombre des longues étamines qui les hérissent. Le fruit est un légume comprimé, se divisant ordinairement en deux valves, composées d’autant d’articles qu’il y a de graines.

Parmi les nombreuses espèces des mimeuses se distingue et se place au premier rang la mimeuse pudique, vulgairement désignée sous le nom de sensitive. Cette mimeuse, qui doit son nom vulgnire à l’extrême irritabilité de ses feuilles, est très-abondamment répandue dans toute l’Amérique tropicale, au Brésil particulièrement, où elle couvre de vastes surfaces de terrain. On la cultive en beaucoup de lieux, et elle s’est naturalisée aux Philippines et dans l’Inde.

La mimeuse pudique est une plante couverte d’aiguillons ; ses feuilles sont formées do deux piiires de pinnules presque digitées, dont chacune porte de quinze à vingt-cinq paires de folioles obliques. Les fleurs forment des capitules purpurins elliptiques. Le fruit ou légume, à valves glabres, est couvert sur ses bords de soies roides et presque piquantes. Sous le climat de Paris, la mimeuse pudique ne mûrit ses graines qu’en serre chaude ou sous châssis.

L’irritabilité ou sensibilité de la sensitive présente l’un des phénomènes les plus curieux de la physiologie végétale. Ses feuilles se rattachent à la tige par un pétiole commun, à la base duquel se trouve un renflement ou nœud ; ■c’est dans les tissus de ce nœud que s’opèrent ces mouvements curieux qui ont attiré depuis longtemps l’attention. La mimeuse pudique, outre la faculté de se mouvoir dans les conditions dont il va être question tout à l’heure, est encore douée de la faculté de s’endormir, suivant les modes du phénomène appelé sommeil végétal. Le soir venu, elfe rapproche ses folioles, les incline, puis replie ses pétioles généraux. Vers minuit, elle les remue insensiblement, puis, aux premiers rayons du

soleil, elle relève feuilles et tigelles dans un ordre inverse. Ces phénomènes s’accomplissent aussi bien dans le vide qu’à l’air libre et sont même a peine atténués par l’immersion complète de la plante dans l’eau. Mais là ne se borne pas la motilité de la sensitive. Indépendamment de ces évolutions lentes et périodiques, elle en effectue d’autres qui se reproduisent à toutes les excitations accidentelles qui lui viennent du dehors. Le moindre choc, le plus léger contact, un simple bruit, une odeur forte, occasionnent chez elle des ébranlements plus ou moins considérables. Si. l’on pince une foliole, si on l’incise avec des ciseaux, elle se relève aussitôt, ainsi que sa symétrique ; le même effet se reproduit dans les paires contiguës, puis dans les suivantes ; toutes se ferment ainsi l’une après l’autre, et —ensuite le pétiole commun s’affaisse brusquement, comme s’il obéissait à la détente d’un ressort. Si la secousse a été violente, ce n’est pas seulement la feuille attaquée qui est impressionnée ; toutes celles de la plante frémissent, et l’émotion générale semble provenir de la transmission d’un véritable signal d’alarme. Des irritations chimiques exercent également sur la mimeuse pudique les plus remarquables influences. Une seule goutta d’acide azotique déposée sur un pétiole fait rapidement fermer non-seulement les folioles voisines, mais toutes les autres de proche en proche, jusqu’aux branches les plus éloignées. Les mêmes effets sont produits par