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plus révolutionnaires. Ce fut lui qui proposa le 28 avril de substituer à la commission exécutive un comité de Salut public. Cette proposition donna lieu à une longue et vive discussion. Miot motiva son vote en invoquant « la gravité des circonstances et la nécessité de prendre promptement les mesures les plus radicales, les plus énergiques pour réprimer les trahisons qui pourraient perdre la République. » Quarante-cinq membres se prononcèrent en faveur du comité de Salut public, vingt-trois contre ; et, à la suite de ce vote, la minorité de la Commune, ayant à sa tète M. Ch. Beslay, signa une déclaration par laquelle elle annonçait son intention de ne plus siéger à l’Hôtel de ville. Le 6 mai, Miot proposa de supprimer l’emprisonnement cellulaire. Dix jours plus tard, lorsqu’on renversa la colonne Vendôme, il prononça un discours dans lequel il déclara que, « si jusqu’alors la colère du peuple ne s’était exercée que sur des choses matérielles, le jour approchait où les représailles seraient terribles et atteindraient l’infâme réaction. » Lors de l’entrée des troupes de Versailles à Paris, Miot prit une part active à la résistance et le bruit courut qu’il avait été arrêté et fusillé ; mais il parvint à s’échapper et quitta la France. On lui doit quelques écrits : Réponse aux deux libelles, les Conspirateurs et la Naissance de la République de Chenu et de Delahodde (1850, in-18) ; l’Heure suprême de l’Italie (1860, in-18), etc.


MI-PARTI, IE (mi-par-ti) part, passé du v. Mi-partir. Composé de deux parties égales et dissemblables : Robc mi-partie de rouge et de noir. Ruban mi-parti de blanc et de vert. Les divisions des champs étaient formées de pierres volcaniques mi-parties blanches et noires. (Chateaub.) || Composé de deux éléments dissemblables : Il se trouve des minéraux mipartis d’organique et de brut. (Buff.j || Qui résulte de deux principes, do deux éléments dissemblables : Les gazelles paraissent être des animaux mi-partis, intermédiaires entre le chevreuil et la chèvre. (Buff.)

— Fig. Divisé en deux éléments à peu près égaux, mais opposés : Des opinions mi-parties. Des suffrages mi-partis.

— Hist. Chambres mi-parties, Chambres instituées par l’édit de Nantes et supprimées avec lui, et qui se composaient par parties égales de juges catholiques et de juges protestants.

— Blas. Se dit de deux écus coupés par la moitié et joints ensemble en un seul écu, de sorte qu’on ne voit que la moitié de chacun, comme cela se pratique lorsqu’on joint à ses armoiries celles de sa femme. || Se dit aussi de certains meubles de l’écu : Salignon, en Dauphiné : D’azur, au chevron mi-parti d’or et d’argent.

mi-partir v. a. ou tr. (mi-par-tir — du prof, mi, et de partir, qui a signifié partager). Diviser en deux parties, en deux moitiés. Il Partager, séparer.

MI-PARTITION s. f. (mi-par-ti-si-on —du pref. mi, et de partition). Action de partager en deux parties égales.

MIPOUX s. m. (mi-pou). Miner. Nom vulgaire du sous-borate de soude.

MIPPI s. m. (mi-pi). Bot. Espèce de figuier grimpant, dont le bois fibreux et pliant est utilisé pour faire les éclisses avec lesquelles ou maintient les membres fracturés.

MIQUEL (Antoine), médecin et littérateur français, né à Béziers en 1797, mort en 1829. Reçu docteur à Montpellier en 1818, il se rendit ensuite k Paris, où il se fixa. Devenu réducteur de la Gazette de santé, il y commença un examen critique de la doctrine de Broussais, qui fit grand bruit et lui acquit une grande notoriété. Miquel avait publié quelques ouvrages également remarqués, lorsqu’il mourut prématurément. On lui doit : la Médecine vengée, poème en quatre chants (Paris, 1819, in-8°) ; Éloge de Parmenlier (Paris, 1822, in-8") ; Éloge de Xavier Dichat (1S22, in-S°) ; Traité des convulsions chez les femmes enceintes, en travail et en couche (Paris, 1323, in-8°) ; Exposition critique de la doctrine médicale de liroussais (Paris, 1825, in-S») ; Lettres sur les variations de la médecine physiologique (1820, in-8°), etc.

MIQUEL (J.-Ed.-Marcel-Marie), médecin français, né vers la fin du xvuic siècle, mort à Paris vers 1855. Il se fît recevoir docteur à Montpellier en 1S25 et vint alors s’établir à Paris. D’abord chef de clinique à l’hôpital de la Charité, il devint, en 1831, secrétaire de l’Athénée do médecine et, en 1S32, médecin du dispensaire de la Société philanthropique. Le docteur Miquel est surtout connu par la publication d’un excellent recueil périodique, le Bulletin général de thérapeutique, qu’il fonda en 1831, et où il publia de nombreux articles. Il a collaboré, en outre, k Y Encyclopédie médicale, k la Revue médicale, à la Gazette de santé, à la Nouvelle bibliothèque médicale, etc., et publie à part : Essai physiologique et médical sur les calculs des voies urinaires (1825) et Lettres à un médecin de province sur la doctrine de Broussais (1823, in-8°).

MlQUEL-EÉltlET (Louis-Charles), officier français, né k Auxonne en 1705, mort en 1806. Forcé do s’expatrier à la suite d’étotirderies de jeunesse, il passa en Prusse, y prit du service dans l’artillerie, et il était devenu olticier lorsque éclata, au commencement de

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la Révolution, la guerre entre la Prusse et la France. Miquel-Fériet revint alors dans sa patrie, contre laquelle il n’avait pas voulu porter les armes, et fut employé dans l’armée avec le grade qu’il avait en Prusse. Frappé du mauvais état de notre artillerie de campagne, il proposa dans un mémoire, publié en 1795, d’y introduire diverses améliorations, de l’organiser à l’instar de celle dont s’était servi Frédéric le Grand, vit la plupart de ses propositions adoptées et fit exécuter à l’arsenal d’Auxonne, auquel il était attaché comme chef de brigade, un nouveau modèle de caissons connus sous le nom de caissons de Wurtz. Nommé chef de brigade d’artillerie en 1800, il prit part k l’expédition de Saint-Domingue comme directeur commandant de l’artillerie (1803) et mourut peu de temps après son retour en France.

MIQUELET s. m. (mi-ke-lè — espagn, mi-quelete, même sens). Hist. Nom donné à des bandits espagnols qui vivaient dans les Pyrénées, et principalement sur la frontière de la Catalogne et de l’Aragon : Il s’agissait d’engager à se confesser un vieux gentilhomme catalan, qui, pendant quarante ans, avait mené une vie de miquelbt. (Le Sage.) H Nom donné aux soldats formant la garde particulière des gouverneurs de province en Espagne : Il commandait une compagnie de miquelets au siège de Pampelune. (C. Delavigne.) Il Miquelets français, Corps de partisans que Napoléon créa en 1808, pour les opposer aux guérilleros espagnols.

— Techn. Platine à miquelet, Platine de fusil inventée en Espagne, et dans laquelle les étincelles étaient produites par le choc sur le silex d’une pièce d’acier maintenue entre les dents du chien.

— Encycl. Dans l’origine, les miquelets furent de véritables bandits espagnols ; plus tard, ils se transformèrent en soldats et firent la guerre de partisans sur les frontières de la Catalogne et de l’Aragon. Il ne faut pas les confondre avec les guérillas, ’car ils avaient une organisation régulière. Ils rendirent de grands services à l’Espagne dans sa guerre contre la France (1675), sous la conduite de Miquelot de Prais, auquel ils doivent leur nom. En 1689, Louis XIV ordonna la création, dans le RoussiSlon, de cent compagnies de fusiliers de montagnes, pour être opposés aux miquelets espagnols. Les miguelets français, dispersés après la paix de Rysyyk (1697), furent réorganisés on 1744, puis licenciés en 1763. Au commencement de la Révolution, on les vit reparaître sous le nom do chasseurs des montagnes ; ils se dispersèrent de nouveau à la paix que la France et l’Espagne conclurent en 1795. En 1808, Napoléon les réorganisa de nouveau lorsqu’il entreprit la guerre d’expropriation de la Péninsule en faveur de Joseph, Les miquelets français disparurent définitivement après l’évacuation de l’Espagne.

MIQUELON, lie de l’Amérique du Nord, dans le golfe Saint-Laurent, près de la côte S. de Terre-Neuve ; par 58» 43’ 15" de long. O. et 470 3" de lat. N. Elle est au N. de la Petite Miquelon, à laquelle elle est jointe, depuis 17S3, par une chaussée de sable amoncelée par la mer, et au N.-N.-O. de l’île Saint-Pierre ; 545 hab. Sa superficie, en y comprenant celle de la première de ces lies, est de 18,423 hectares ; elles ne formaient ensemble qu’une seule paroisse. Les deux Miquelon.sont hérissées de montagnes, comme

Saint-Pierre, et aussi peu fertiles. On y rencontre un grand nombre d’étangs dont deux communiquent avec la mer, le Grand-Etang et l’étang du Chapeau sur le territoire de la Grande Miquelon. Elle est arrosée par quelques ruisseaux dont le plus important est celui auquel on donne le nom de Belle-Rivière, et qui traverse la Petite Miquelon ou Langlade, en y entretenant une certaine fécondité. La rade de Miquelon est située, k l’extrémité N. de l’île ; elle est formée par une baie dont l’ouverture regarde l’E. et n’a pas moins de 3,700 mètres du N. au S., sur une profondeur de 2,800 mètres de l’E k l’O. Elle n’offre aucun abri contre les vents du large ; seulement, la tenue y est bonne. Au fond de la rade est le bourg de Miquelon, distant de celui de Saint-Pierre de 40 kilom. ; c’est le seul centre de population de l’île. Langlade ne possède que quelques fermes, dont une établie par le gouvernement k l’embouchure de la Belle-Rivière. Les deux Miquelon, qui appartiennent k la France depuis 1703, forment, avec Saint-Pierre, une colonie soumise k un fonctionnaire qui a le titre de commandant et administrateur, V. Saint-Pierre.

MIQUELOT s. m. (mi-ke-lo — rad. Michel). Homme qui va en pèlerinage k une église ou une chapelle de saint Michel : Saultans avec leurs bourdons, comme font /cîmiquelotS. (Rabelais.) || Vieux mot.

— Fam. Faire le miquelot, Se donner des airs hypocrites de déve-tion.

MIRA s. f. (mi-ra — mot lat, qui signif. merveilleuse). Astron. Étoile changeante périodique de la constellation de la Baleine.

— Encycl. La Merveilleuse est une singulière étoile qui fut aperçue, le 13 août 1596, dans la constellation de la Baleine, par David Fabiïeius. Les astronomes l’appellent encore o de la Baleine. Ce qu’elle offre de merveilleux, ce sont les variations d’éclat de

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sa lumière et surtout la périodicité de ces variations, n Après avoir brillé comme une étoile de deuxième grandeur pendant environ quinze jours, elle décroît peu k peu pendant environ trois mois. Il s’écoule ensuite près de cinq mois sans qu’on puisse l’apercevoir ; puis elle reparaît et met encore k peu près trois mois k reprendre son plus grand éclat.» (Delaunay.) Cette étoile est d’ailleurs fort capricieuse dans ses retours. Hévélius rapporte qu’elle fut quatre années entières sans paraître, savoir : depuis octobre 1672 jusqu’en décembre 1676.

C’est Jacques Cassini qui s’occupa le premier k établir la période de variabilité de cette étoile, et qui a attiré l’attention sur le phénomène, jusqu’alors inaperçu, du changement d’éclat des étoiles.

MIRA, ville de Portugal, province de Beira, k 30 kilom. N.-O. de Coïinbre, sur l’océan Atlantique ; 6,012 hab.

MIRA BAÏ, femme poste indoue, qui vivait dans la seconde moitié du xvie siècle. Elle était fille d’un petit rajah. S’étant convertie k la doctrine religieuse de Vichnou, elle se sépara de son mari, qui professait une autre religion, et se retira k Dvaraka, où elle se voua au culte de Ranachhor, incarnation de Crichna. Elle composa, en l’honneur do Vichnou, des hymnes qui devinrent bientôt populaires et dont quelques-unes ont été publiées dans le rituel de la secte vichnaïte. Sur le bruit de sa renommée, le célèbre sultan mongol Akbar se rendit auprès d’elle, et, après l’avoir vue, déclara qu’elle était digne de l’admiration et de la vénération dont elle était l’objet. Le Bhakta mala célèbre ses vertus, ses talents et raconte même ses prétendus miracles.

MIRA DE MESCUA (Antonio), poète dramatique espagnol, né k Cadix dans la seconde moitié du xvie siècle. Il entra dans les ordres, devint chanoine de sa ville natale, se rendit, en îoio, à Naples, où il fut attaché k la cour du comte de Lemos, et fut nommé, en 1620, chapelain de Philippe IV. Mira a composé un grand nombre de comédies et à’autos qui ont été publiés dans diverses collections, mais qui n’ont point été réunis en recueil. Il traitait de préférence des sujets religieux, mais en les entremêlant d’épisodes où domine l’amour, ce qui fait du tout un mélange bizarre et choquant. Nous citerons, parmi ses comédies, la Raynal, dans laquelle il a représenté le roi Alphonse VIII voulant abdiquer pour satisfaire la passion que lui avait inspirée une juive de Tolède. Son auto le plus remarquable est la Mayor sopervia humana, dont le sujet est l’histoire de Nabuchodonosor.

MIRAB s. m. (mi-rabb). Astron. Nom d’une étoile du cou du Cygne.

MIEABANDE s. f. (mi-ra-ban-de). Entom. Taon du Brésil, qui vit en société et fabrique une espèce de nid commun.


MIRABAUD (Jean-Baptiste DE), littérateur, né k Paris en 1675, mort dans !a même ville en 1700. Son goût pour les lettres le fit renoncer k la profession des armes, et, pour se livrer plus librement k l’étude, il entra alors dans la congrégation de l’Oratoire. Au bout de quelques années, il en sortit pour devenir secrétaire des commandements de la duchesse d’Orléans, qui le chargea, quelque temps après, de diriger l’éducation de ses deux dernières filles. En 1724, il publia la traduction de la Jérusalem délivrée du Tasse. Bien qu’elle ne fût ni fidèle ni complète, comme elle était la première traduction de ce poSme dont la lecture fût supportable, elle eut beaucoup de succès et, deux ans plus tard, Mirabaud fut élu membre de l’Académie française (1720). Sa modestie, la douceur de son caractère, l’agrément de son commerce lui firent des amis de tous ses confrères, qui le nommèrent secrétaire perpétuel k la mort de l’abbé d’Houteville (1742). Il remplit peu de temps ces fonctions, dans lesquelles il fut remplacé par Duclos. Outre sa traduction du Tasse, on a de lui : Alphabet de la fée Gracieuse (Paris, 1734) ; la traduction de Roland furieux (Paris, 1741, 4 vol. in-12), peu estimée ; Opinion des anciens sur Us juifs (1769) ; Réflexions sur l’Eoangile (1769) ; le Monde, son origine et son antiquité (1751, in-8"), etc. On lui a attribué souvent, mais k tort, le Système de la nature, ouvrage du baron d’Holbach.


MIRABEAU, village et comm. de France (Basses-Alpes), canton des Mées, arrond. et à 18 kilom. S.-O. de Digne ; 500 hab. Château où naquit le père du célèbre Mirabeau.


MIRABEAU, famille originaire de Florence, où elle jouait un rôle important dès le XIIe siècle. Son nom patronymique était Arrigheti. Philippe Arrigheti, banni de Florence avec toute sa famille en 1268, vint s’établir dans la ville de Seyne, en Provence. Azzucio Arrigheti, un des fils de Philippe, fut père de Pierre, qui francisa plus ou moins son nom en le changeant en celui de Riquetti, et qui fut élu premier consul de la ville de Seyne en 1340. Ce Pierre, en considération des services qu’il avait rendus à René d’Anjou, roi de Naples et comte de Provence, fut nommé capitaine et châtelain de la même ville. Antoine Riquetti, fils et successeur de Pierre, fut successivement juge des cours royales du palais de la ville de Marseille et des villes de Tarascon et de Digne. Il laissa, entre autres enfants, Jacques Riquetti, coseigneur de la ville de Riez, père d’Antoine II, mort vers 1509. Ce dernier avait eu, entre autres enfants, Reynier, souche des comtes et marquis de Caraman, du nom de Riquet, et Honoré Riquetti, coseigneur de Riez et des Sieyès, qui se distingua à la défense de la ville de Marseille, assiégée par le connétable de Bourbon en 1524. Jean Riquetti, fils d’Honoré, acquit la terre de Mirabeau et fut élu premier consul de la ville de Marseille en 1568. De son mariage avec Marguerite de Glandevès naquit Honoré II de Riquetti. seigneur de Mirabeau, premier consul de la ville de Marseille, puis gentilhomme ordinaire de la chambre du roi Louis XIII. Il mourut en 1622, laissant Thomas de Riquetti, marquis de Mirabeau, qui se distingua dans les différentes campagnes de la guerre de Trente ans et également pendant les troubles de la Fronde. De son mariage avec Anne de Pontevès sont issus, entre autres enfants, Honoré III, qui a continué la filiation ; Jean-François de Riquetti, dit le Bailli de Mirabeau, abbé de Saint-Gervais ; François de Riquetti, dit le chevalier de Mirabeau, chevalier de Malte, major des galères ; Thomas-Albert de Riquetti, dit le chevalier de Beaumont, capitaine de vaisseau et lieutenant des gardes du duc de Vendôme ; Bruno de Riquetti, comte de Mirabeau, gouverneur du Quesnoy, qui s’est signalé par sa bravoure dans les campagnes du règne de Louis XIV. Honoré III de Riquetti, marquis de Mirabeau, après avoir servi pendant plusieurs années et reçu plusieurs blessures, devint, en 1678, premier consul d’Aix. De son mariage avec Élisabeth de Rochemore, il eut, entre autres, Jean-Antoine de Riquetti, marquis de Mirabeau, comte de Beaumont, brigadier d’infanterie, qui reçut vingt-sept blessures dans les différentes campagnes qu’il fit depuis 1684 jusqu’en 1710. Il mourut en 1742, laissant de Françoise de Castellane, sa femme, Jean-Antoine-Joseph-Charles-Elzéar de Riquetti, chevalier de Mirabeau, capitaine de vaisseau, puis général des galères de l’ordre de Malte ; Victor do Riquetti, marquis de Mirabeau, l’économiste et l’Ami des hommes (v. ci-dessous) ; il avait épousé Marie-Geneviève de Vassan et eut d’elle, entre autres enfants, Honoré-Gabriel de Riquetti, comte de Mirabeau, le grand orateur, et André-Boniface-Louis de Riquetti, vicomte de Mirabeau, dont on trouvera la notice plus loin.

Les Mirabeau furent une race d’hommes singulièrement énergiques, indépendants et audacieux. Eux-mêmes se vantaient d’être tout d’une pièce et sans jointure. Vraie race féodale, orgueilleuse et rude, mais d’une physionomie originale et forte, et qui avait gardé la sève, l’imagination fougueuse et les libres allures des grandes familles de l’Italie républicaine. Le grand Mirabeau a lui-même écrit dans sa jeunesse une notice détaillée sur sa maison et particulièrement sur son grand-père Jean-Antoine, dont il a été question plus haut, et qui combattit vaillamment dans les guerres de Louis XIV. Au combat de Cassano, sous le duc de Vendôme, il avait été blessé à la défense d’un pont et toute l’armée ennemie lui avait passé sur le corps. Sa tête n’échappa que grâce à une marmite de fer qu’un vieux sergent lui avait jetée en fuyant. On le releva vivant encore, mais dans l’état le plus affreux. Il dut prendre sa retraite, et resta privé de l’usage de son bras droit et forcé de porter un collier d’argent pour soutenir sa tête. Présenté à Louis XIV, qui lui adressa un compliment banal, il répondit durement, que « si, quittant les drapeaux, il était venu à la cour payer quelque catin, il aurait eu plus d’avancement et moins de blessures. » Vendôme, effarouché, dit à ce terrible homme : « Désormais, je te présenterai à l’ennemi, mais jamais au roi. »

Toutefois, son état l’obligea à quitter le service. Il se retira dans ses rochers de la Provence, travailla à des défrichements et transforma ses tristes domaines en vergers d’oliviers. À plus de quarante ans, il se maria, et c’est de cet homme si mutilé que sortit encore cette génération de fer : le bailli, le marquis et le fils de ce dernier, le grand orateur de la Révolution.


MIRABEAU (Victor de Riquetti, marquis de), né à Perthuis (Provence) en 1715, mort en 1789. Il fut un des propagateurs de l’économie politique en France et se surnomma lui-même l’Ami des hommes, du titre d’un de ses ouvrages. Disciple de Quesnay, il quitta de bonne heure le service militaire pour se livrer entièrement à ses études favorites et à l’amélioration de ses terres. C’était un homme étrange et fantasque, orgueilleux comme tous ceux de sa race, mais comme eux débordant de vie et d’originalité, avec un caractère où se heurtaient tous les contrastes ; philanthrope et despote, féodal et réformateur, ami des hommes et persécuteur de sa famille, ennemi du despotisme et de la superstition, et cependant contempteur des philosophes, qu’il appelait, avec sa brutalité de grand seigneur, « la canaille philosophique, encyclopédique, plumière, écrivassière et littéraire, » tout en étant lui-même, dans sa spécialité d’économiste, un écrivassier et un rêveur. Il avait laissé à son frère le bailli le soin de sa terre de Mirabeau et vivait ordinairement dans son autre terre de Bignon