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la branche occidentale ; *, zvo nat». Commerce de riz, blé, légumes. Les rues qui composent cette ville sont étroites, tortueuses et les maisons mal bâties. La province de Metiouf occupe la partie méridionale du Delca, entre les provinces de Garbieh, de lielyoub et de Bahireh ; elle mesure 95 kilom. du N. au S-, surèfi kilom.de l’E. kl’O. ; 230,000 hab. ; cheflièu Menouf. Le sol, arrosé par plusieurs canaux dérivés du Nil, est d’une grande fertilité.

MEÎS’OUFIEH, l’une des moudiriehs de la basse Égypte ; chef-lieu, Chibin.

MENOUX (SAINT-), bourg et commune de France (Allier), cant. de Souvigny, arrond. et k 16 kilom. O. de Moulina, au confluent du —Chameroi) et de l’Ours ; 1,645 hab. Tuilerie, fours à chaux. Saint-Menoux possédait au moyen âge un vaste et ancien monastère de bénédictines, dont l’église seule a survécu aux ravages du temps et des hommes. Le clocher est un beau spécimen du style roman et du style ogival primaire. Une belle frise sculptée, le cercueil en pierre de saint Menoux et les restes d’une magnifique châsse attirent l’attention à l’intérieur du monument.

MENOUX (Joseph »e), jésuite et écrivain français, né k Besançon en 1G95. mort k Nancy en 1766. Le succès avec lequel il s’adonna a la prédication lui valut le titre de prédicateur ordinaire du roi Stanislas, qui le nomma en outre supérieur d’un séminaire de missions pour la Lorraine. Il était membre de l’Académie de Niincy. Menoux eut avec Voltaire une liaison qui n’était pas plus sincère d’un côté que de l’autre. Il revit les ouvrages moraux et religieux du roi Stanislas. Son principal écrit a pour titre : Notions philosophiques des ’vérités fondamentales de la relit/ion, ouvrage didactique d’un ordre nouveau (Nancy, 1758, in-8°, 7° éditT), traité aussi clair que méthodique, d’après Kréron, et qui parut d’abord sous le titre de : Défi yénéral à l’incrédulité.

MENOUX (Louis-François-Marie), magistrat français, né à Lyon en 1769, mort en 1855. Il, était avocat lorsque éclata la révolte des Lyonnais. Pendant le siège de Lyon, Menoux se distingua par son courage et ne dut son salut, après la prise de cette ville, qu’à sa qualité de fils d’un citoyen de la République helvétique, « alors en paix avec la république française. » Après le 9 thermidor, nommé président d’une députation que la ville de Lyon envoyait au gouvernement, Menoux parut à la barre de la Convention, et, dans un discours éloquent, exposa si bien la.triste situation de ses concitoyens, que l’assemblée décida unanimement que la demande des Lyonnais serait prise en considération ; elle ordonna aussi l’insertion au Moniteur du discours de Menoux. Quelques jours après, il revenait à Lyon, porteur du décret dé la Convention du 16 vendémiaire an III, qui levait l’état de siège et rendait k la ville son ancien nom. Sous l’Empiré, Menoux reparut dans le corps des avocats lorsqu’il fut reconstitué (1812) et obtint de brillants succès. Son nom.se trouve attaché k un grand nombre de causes célèbres de l’époque. En 1834, il l’ut nommé con ; seiller à la cour de Lyon, fonctions qu’il remplit jusqu’en 1852.

MÉNOXÉN1E s. f. (mé-no-ksé-nl ^- du gr. mên, mois ; xenos, étranger). Méd ; Syn. de

MÉNOPLANIE.

BIENS, bourg de France (Isère), ch.-l. de cant., arrond. et k 55 kilom. S. de-Grenoble ; pop. aggl., 1,641 hab. — pop. tôt., 1,967 hab. Tissage de toiles d’emballage : verrerie ; commerce de laines, belles et abondantes fontaines.

MENS AGITAT MOLKM (L’esprit meut la. matière), Commencement-d’un vers de. Virgile (Enéide, liv, VI, v. 727). À cette question d’Enée : « Mon père, pouvons-nous : penser.que quelques âmes sublimes monteront d’ici vers, le ciel et reviendront-de nouveau animer nos lourdes enveloppes ? » Anchise répond : ■. ■, ’ ;■■.

Princivio cœlum ac terras, camposque liifu.en.tesLucmtemqui globum lurne, Titaniàque tiétra Sjiirilus inlus alit, totam que infusa peraVius, Mena agitât molem, et magno te corpore miscet...-

dont voici la traduction libre : « Dieu est laine du monde. Répandue dans la terre, dans le soleil, dans la lune et les autres globes célestes, cette âme universelle donne la. vie et le mouvement au monde : Mens agitât molem. ». (Jette expressions par laquelle Virgile distingue la substance spirituelle de la substance matérielle, sert k désigner.tout ce qui marque l’empire de l’esprit sur la matière et la suprématie de la pensée, de l’intelligence et du génie. — !

Dans l’élémaque, Féneloa explique ainsi le vers de Virgile : ■ ; jt, .

« L’âme universelle du monde est comme un grand océan de-lumière ; nos esprits sont comme de petits ruisseaux qui en sortent et qui y retournent pour s’y.perdre. »

« Le poète, riche de ses illusions, n’est jamais seul dans la nature. Pour lui, le Mens agitai molem, l’esprit animant la masse entière, est pris au sérieux. »

Le Pelletier (de la Sarthe).

I (1 me semble que l’existence et 1» marche

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des gouvernements ne peuvent s’expliquer par des moyens humains, pas plus que le mouvement des corps par des moyens mécaniques : Mens agitai molem. »

JOSEPH DE MaISTBB.

■ Vous voyez donc bien qu’une Providence très-sage a combiné entre eux les éléments pour les besoins des végétaux, et des animaux. Elle échappe k nos sens corporels, mais elle s’y manifeste par ses bienfaits : Mens agitai molem, l’esprit modifie la matière. »

Bernardin dé Saint-Pierre.

MENSArMÔUSA 1er, — sultan de Tombouctou et du Soudan, né k Béled-Bàni vers 1285, mort en 133L II succéda en 1311 à sou père, Abou-Békr II, fonda dans le Soudan un vasté empire, qui s étendait de. l’océan Atlantique, aux confins du Sahara, ramena d’Égypte, en. revenant d’un pèlerinage à La Mecque (1324), le poète arabe Abou-lshak-Ibrahim-eLTonéidjan, qui fonda par son ordre une Académie k Ouaiata, et appela d’Espagne et du Maroc un grand nombre d’ouvriers pour élever des palais et des mosquées. En 1320, il devint maître de Tombouctou, dont il lit la métropole commerciale de ses États, et qui fut prise et eu partie détruite par les Mossis en 1330.. Mensa-Mousa était un prince lettré, grand protecteur des poètes et des savants.

MENSA-MOUSA II, sultan deTombouetou et du Soudan, né à Béled-Bâui vers 1330, mort en 1407. Il succéda k son père, Mari-Djata 11, en 1374, s’occupa fort peu du-gouvernement, dont il laissa la direction k son vizir Mari, fit de grands ’embellissements k Tombouctou et entra en relation avec les princes de Grenade, k qui il envoya des girafes.

MËNSA-SL1MAN ou SOULÉIMAN, sultan de Tombouctou et du Soudan, né k Béled-Bâni vers 1300, mort en 1359. Il était frère de Mensa-Mousa 1er, au fils duquel Jl succéda en 1335. Il reprit Tombouctou sur les Mossis, entra en relation avec les princes du Maroc, accueillit favorablement les lettres.’et ’lès voyageurs qui se rendirent auprès de lui, et laissa la réputation d’un prince vaillant, mais ombrageux.. j «-.■’

MENSAIRE s. m. (man-sè-re — lat. mensarius ; de mensa, table, comptoir). Antiq. rom. Nom donné k cinq magistrats qui jugeaient, dans les marchés, les contestations survenues eiitre créanciers et débiteurs. On les appelait aussi trapézétes. Il Nom donné k des agents du trésor public, inférieurs aux questeurs,

— Encycl. On donnait ce nom k cinq officiers romains qui tenaient leurs séances dans les marchés, i faisaient comparaître devant eux les débiteurs et les créanciers qui avaient des contestations, et prenaient les mesures conservatoires nécessaires pour l’acquittement des dettes. Les mensoires étaient des fonctionnaires publics qui devenaient ensuite ou quinquévirs ou triumvirs.

L an de Rome 536, lémanque d’argent’ amena l’institution des mémoires, h la requête du tribun du peuple Minutius. En 538, on cohlia kt ces.officiers les fonds des mineurs et des veuves, et, en 54 2, ce l’ut chez les mensaires que chacun alla déposer sa vaissellé d !or et d’urgent et son argent monnayé. Ce prêt, l’ait ûaus un but patriotique, fut scrupuleusement remboursé par. là suite.- Dans

quelques villes d’Asie, les revenus publics étaient perçus et administrés par cinq préteurs et quatre mensaires.

MEN SALE s. f. {man-sa-Ie).Chirom. Ligne qui traverse le milieu de la paume de la main.

MENSALE adj. f. (main-sa-le — lat. mensalis ; de mensis, "mois). Mythol. rom. Surnom de Junon présidant aux payements qui se faisaient au jour des calendes.

MENS DIVINIOR (le souffle divin), Mots d’Horace (livre I, satire iv, vers 42). Poésie et versification sont deux choses bien différentes. Horace avertit de leur méprise.ceux qui, faisant des vers réguliers, oseraient à ce seul litre prendre Je nom de poëtes, ; pour être poôtè, il faut deux choses : d abord le mens divinior, ’ l’étincelle sacrée, ou, comme dit Boileaii, « du ciel l’influence secrète, ; et, deplus, |le privilège de.pouvoir dire*naturellement de grandes choses, ce qu’Horace appelle Os magna sanaturum.

■ Ce que tous les efforts réunis de la volonté ne sauraient produire, c’est la sensibilité-innée, le coloris na’turèl, la flammé intérieure, mens divinior. Or, combien, s’intitùlant postes, ne sont, par l’absence de cette naïv.elé’essentielle et faute d’une nature vraiment aimante, que des versificateurs spirituels, ou même que de froids et insipides rimeurs ! > ’

(Revue dt Paris.)

« Laissons-les faire, — ces enfants de la fantaisie et du caprice ; ils obéissent k tout propos a.u’-mens divinior ; ceux-lk parlent moins haut et sont plus calmes en leur douleur, dont la douleur est plus durable. », ,, ’ ' ’, J. Janin.,

< C’est la langue et la littérature de : Rome qui ont formé notre langue et notre Uttéra MENS

ture. Ce rare bon sens, ce mens divinior de nos grands écrivains, cette justesse, cette précision, ’ cette netteté qu’on admire dans leur style, ce caractère toujours un peu solennel de leurs compositions, ne sont-ce point là des attributs qu’ils tiennent des Romains plus que des Grecs ?»

(Revue de Paris.)

MENSDORFF-POU1LLY (Alexandre, comte i>c), général et homme d’État autrichien, né en 1813. Entré, en 1829, comme.enseigne dans un régiment d’infanterie, il passa bientôt après, avec le grade de lieutenant, dans la’.cavalerie, et il était parvenu au grade de major en 1848, époque où il accompagna en, Italie le grand -duc François-Joseph. Ce prince étant devenu empereur au mois de décembre de la même année, l’admit au nombre de ses aides de camp et l’envoya.ensuite en Hongrie-, où le comte de Mensdorff - Pouilly conquit le grade de colonel. Promu major général k la fin de 1850 et nommé commissaire de la confédération dans le Holstein, il administra cette province, de concert avec, les commissaires prussien et holsteinois, jusqu’au jour où elle fut livrée aux Danois (2 février 1852). Deux mois après, il devint envoyéextraordinaire k la cour de Saint-Pétersbourg, et, en mai 1853, demanda lui-même son rappel.

Promu, en 1859, au grade de feld-maréchal lieutenant, il commanda, pendant la guerre d’Italie, une division de cavalerie du second corps d’armée, d’abord sous les ordres de Giulay, puis sous ceux de Sohliok, et se distingua aux batailles de Magenta et de Solferino. En 1860, il reçut une mission extrordinaire en Suède, k l’occasion du couronnement du roi Charles XV, fut ensuite churgé d’aller complimenter k Cobourg la reine "Victoria, et ; eu octobre de la même année, fut appelé au commandement général du banat de Ternes et de la voïvodie de Serbie, (onctions qu’il échangea l’année suivante contre celles de lieutenant de l’empereur en Gallicie et de commandant général de cette province, ainsi que de la bukowine. À la retraite du. cointe : de Rechberg, en octobre 1864, il de-vint ministre de la maison de l’empereur et des affaires étrangères. Homme de guerre plutôt qu’homme d’État, ce fut lui qui, dans, ce poste difficile, engagea la politique extérieure de l’Autriche dans la voie qui devait aboutir au funeste-conflit de l’année 1866. Après la conclusion de la paix, il demanda k se retirer du ministère et déposa son portefeuille le 30 octobre 1866. Il a aujourd’hui, les titres de chambellan de l’empereur et de conseiller intime.

MENSE s. f. (nian-se — du lat, mensa, table. Quelques-uns comparent ce mot au sanscrit mânsa, chair, qui semble avoir désigné primitivement la chair préparée, divisée, distribuée, s’il dérive, commu cela est probable, déla racine nias, mesurer, partager. Le sanscrit mânsa a aussi l’acception de temps, qui s’explique facilement si 1 on admet cette origine. En indoustani et en tirhaïdu Ca.7 boiil, on trouve aussi mas, chair ; en arménien, mis. Le latin mensa, repas, table, n’aurait donc signifié dans l’origine qu’une portion de chair, comme aussi l’irlandais méis, plat, dont le s maintenu indique une nasa.le supprimée, et peut-être mairie, nourriture en général. Les langues germaniques n’offrent que le gothique mhlsz pourrai» ::, chair. L’ancien prussien mensas, devenu eii ; lilhuaiiien mesa, viande, est presque identique au sanscrit, ainsi que l’ancien slave miaso, . polonais mieso, russe miaso, illyrien ijujio, etç ; Çurtiusn’accepte, pas ce rapprochement avec le

sanscrit mânsa, et il rattache tiireçtement le latin mensa k là racine ma, mesurer, "construire). Table où l’on niante. Il Vieux mot.

— Fig. Nourriture : Toutes les espèces1 ont Un droit égal à la mensë de la nature. (Buff.) , .’— Dr. ennon. Revenu ecclésiastique :, Mense abbatiale. Mense épiscopale. Mense conventuelle. Il Meuse commune. Revenu coinmun k un abbé.et k ses ■religieux.., 1y, .,

MENSOLE s. f, (man-so-le). Archit. Clef de voûte. ’ '

MENSONGE s. m. (man-son-je— rad.’mentir). Action ou habitudéde mentir : Le mensonge ne peut jamais être excusable, quelque fin et quelque motif quése propose celui qui ment. (Fléch.) Le mi ; nsonGe décèle une âme faible, un esprit sans ressources, un caractère viaieux. (Grimm.) Le mensonge est toujours odieux quand on en profite, (liant.) Le mensonge est plus dégoûtant encore dans les écrits que dans la’conduite. (Mme de StaèK) L’exagération est le mensonge des-honnêtes geiis. (J. de Maistre.) Ce qu’on gayne par le mensonge en réputation d’habileté, on le perd en considération. (Chateaub.) Le mensonge est l’assassinat de l’intelligence. (Proudh.) Le mensonge est une dégradation du caractère ; il conduit à toutes les tachetés. (Maqùel.) De femme à homme, où commence le mensonge commence l’infamie. (Biilz.) Les deapbtes ne régnent’que par l’a force et le mensonge. (A ; Mariin.) Le mknSoNGk fut toujours abhorré du-genre Âumd«’ii.’(Lacordairé.) Le mensOnGB est l’avilissement et en quelque sorte l’anéantissement de la dignité d’homme. (E.Saissbt.) il’Assertion que Ion sait faussé, ’contraire k la’vérité : Que de gens préfèrent Un mensonge

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agréable d une austère vérité. (D’Ablanc.) Tout mensonge répété devient une vérité. (Chateaub.) oui excuse sa faute par un mensonge se condamne par deux raisons. (S. Dufour.) Guerre ouverte, guerre à mort au mensonge érigé en parole de Dieu. (Ch. de RômuSat.) L’athéisme est un mensonge qu l’homme se fait à lui-même. (A.-H. Lemonnier.) Même en matière d’éducation, il- n’y a point d’utiles mensonges. (E. About.)

— Par ext. Fiction, erreur, illusion : Le roman est un monstre, né des amours adultères du mensonge et de la vérité. (Suger.) La tradition change la vérité en mensonge, et les mensonges en d’autres mensonges. (DeBruix.) Telle, chose est une réalité pour la jeunesse et uii mensonge pour la vieillesse. (Boitard.) Les écoles païennes marchaient à tâtons dans la nuit, s’altàehant aux mensonges comme aux vérités dans leur route de hasard. (V. Hugo.) Le plus grand de tous tes dangers est de faire reposer tes lois sur un mensonge. (L. Blanc.) Le memonge et les vers de tout temps sont amis.

La Fontaine.

— Fausseté, chose pleine de fourberie : La perfidie, si j’ose le dire, est un mensonge de toute la personne. (De Bruix.) // y a des femmes en qui l’art surmonte la nature, et que l’on peut appeler de beaux mensonges, (La Mothe Le Vayer.)

— Théol. Mensonge joyeux. Mensonge fait dans un but de plaisanterie ou d’amusement.

D Mensonge officieux, Mensonge qu’on fait pour rendre service ou pour être agréable k quelqu’un ou utile k soi-même. Il Mensonqe pernicieux, Celui qu’on fait dans le but de nuire.

— Prov. Tous songes sont mensonges, Il ne faut pas attacher de signification aux rêves.

— Relig. Père du mensonge, Esprit de mensonge, Démon..

— Rem. Ce mot, autrefois féminin, avait encore ce ; renre «■" XY1e siècle. Il l’a gardé

en provençal.

. — Syn. MciiBone», memerle. Le mot mensonge appartient au style sérieux ; il présente l’action de celui qui a menti comme mauvaise en soi. et il est le seul qui convienne quand il s’agit de choses graves et quand on ne. cherche pas k excuser le menteur. Une »ie)ittrie n’est qu’un petit mensonge, un mensonge pour rire ou au moins sans mauvaise intention ; c’est de plus un terme familier qui ne s’emploie guère que dans la conversation et eu plaisantant.

— Encycl. ’« Tu ne mentiras pas, «c’est le précepte absolu du Décalogue. précepte que les théologiens ont accepté dans loute sa rigiieur et pour lequel ils n’ont admis aucune ’ exception. Ils reconnaissent bien que les plus grands personnages de la Bible. Jacob, Joseph, etc., ne se sont pas fait faute de mentir ; mais ils condamnent leur conduite ou’l’expliquent au’moyen de ces ressources qui ne font jamais défaut k la théologie. Donc il est en tout et partout absolument défendu de mentir. Quoi donc 1 il ne sera pas permis de mentir même pour s’égayer ? Non ; le mensonge joyeux est un mensonge. Tout au moins on pourra offenser lé^èrUment la vérité pour sauver sa propre vie, celle de son père, pour le salut d’une ville, d’une nation ? Point 1 Non mentieris ; où Dieu n’a point distingué nous ne saurions admettre de distinction. Cotte inflexibilité de principes a quelque chose qui choque, mais qui plaît en même temps. Cette morale draconienne n’attire point les cœurs, mais elle frappe l’esprit d’admiration. La franchise est une si belle vertu que l’excès même impose le respect. Toutefois, on connaît l’inconvénient de toute vertu outrée ; elle mnène des relâchements inévitableselle inspire infailliblement des détours ingénieux pour ruser avec sa conscience. Cette conséquence fâcheuse n’a pas manqué de se produire k propos dé la doctrine chrétienne du mensonge.

Il :ù !est jamais permis de mentir, c’est convenu ; maïs qu’est-ce que mentir ? C’est ici que le diable a trouvé sa revanche. Mentir, disent’ les moralistes, c’est chercher k t’roinper-pa’r des discours qu’on sait contraires k la vérité ; mentir, disent les théologiens, c’est dire sciemment des choses contraires a la vérité. La différence entre les deux définitions n’apparaît pas tout d’abord, mais elle est énorme. S’il n’est’défendu que dé dire sciemment des choses contraires k la-vérité, iln’est’donc pas défendu de tromper en disant des choses matériellement vraies, mais dites de façon k induire en erreur. À ce compte, rien ne sera plus facile que de déguiser une vérité gênante, et dans le menteur il faudra voir, non, plus un coupable, mais- un imbécile. Ce système ouvre toute large-la voie aux restrictions mentales, qui a rendu les jésuites si célèbres. S’agit - il de nier une dette ? Rien de plus facile : Je ne vous dois rien, direz-yous k vôtre créancier ; et vous sous-enteiidi-ez : que vous ne sachiez. Voulez-vous affirmer, contrairement k la vérité, que vous n’avez pas usé de captution pour vous faire attribuer un héritage, vous direz, avec serment si c’est nécessaire : Je n !ùi jamais parlé au défunt ; et vous ajouterezmentalement : depuis qu’il est mort, etc. Nous étions tout k l’heure en admiration devant une morale effroyablement sévère ; nous voici en présence d’un système capable de soulever f’iiidignatipri de toute âme amie de la vérité,