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d’essais-que j’en ai faits, dit Velpeau, me font penser que l’alun, et l’opium surtout, ne sont pas à dédaigner. • Weisbrod emploie la créosote, dans la première moitié de la grossesse, après l’avortement, lorsque l’expulsion de l’œuf n’a pas mis fin à l’hémorragie ; il fait usage de lavements de créosote, qu’il, regarde comme plus puissants que le seigle ergoté. Qi/and les pertes utérines précèdent la délivrance, il l’emploie en injection par le cordon ; mais, en tout état de choses, il préfère la donner à l’intérieur à la dose de 3.gouttes pour 150 grammes de liquide, ou pour deux lavements.

59 Compression. La compression abdominale, à l’aide du bandage de ventre, qui a été très-vantée, est abandonnée aujourd’hui comme insuffisante. La ligature autour des membres a été reconnue.utile par Dubois dans les cas seulement où elle est modérée et où le système veineux seul est comprimé. Dans ce cas, le sang stagne dans les extrémités, et il arrive d’autant moins h l’utérus. La compression de l’aorte, proposée il y & longtemps, avait été abandonnée, lorsqu elle a été préconisée de nouveau. Parmi les différents procédés, un seul mérite de fixer l’attention : il consiste a déprimer l’aorte au-dessus de l’utérus, à l’aide de plusieurs" doigts qui affaissent les parois abdominales. Il faut s’efforcer, en comprimant l’aorte, d’écarter les intestins, et de ne pas déprimer la veine cave inférieure. Batideloeque, qui a beaucoup vanté la compression de l’aorte et qui a du des succès remarquables à ce mo^en hémostatique, veut, toutefois, qu’il soit combiné avec l’emploi du seigle ergoté, pour en assurer l’effet. Le professeur Dubois approuve cette combinaison.

Tampon. Ce moyen, mis en pratique par Portai, Hoffmann, était presque oublié, lorsqu’il a été expérimenté de nouveau par Leroux, qui s’est efforcé de le propager. Il est des pins simples et consiste à opposer une digue à l’écoulement du sang, par le secours de plusieurs lambeaux de linge ou d’étoupe imbibés de vinaigre pur, dont on remplit le vagin, et qu’on introduit même jusque dans la matrica lorsque la circonstance l’exige. Ce procédé, qui est celui de Leroux, a été modifié, et, aujourd’hui, on se contente de remplir le vagin avec de l’étoupe, de la charpie, du vieux linge, ou mieux on commence par introduire profondément dans le vagin un linge huilé qui prend la forme de Ce conduit ; puis, dans cette sorte de sac, on place la charpie et on assujettit le tout à l’aide d’un bandage en T. On laisse l’appareil séjourner pendant plusieurs heures, un jour même si les femmes ne se plaignent pas trop. Pendant les premiers mois de la grossesse, en Combattant une hémorragie par lrf tampon, oq peut avoir à craindre la sortie prématurée du fœtus et de ses annexes ; mais quelquefois les femmes ont conservé le produit de la conception. Plus la grossesse est avancée, moins le tampon est sur. À l’approche de l’accouchement, le tampon a l’inconvénient de tranformer une hémorragie d’externe en interne. Il cesse en quelque sorte d’être utile dans les hémorragies foudroyantes, consécutives à l’accouchement, car ici l’indication principale est d’exciter la matrice à se contracter ; mais Leroux veut que, dans ce cas, on l’introduise jusque dans la cavité utérine, espérant que ce corps étranger, recouvert de substances stimulantes, déterminera les contractions.de la matrice. M°>e Lachapelle, en même temps qu’elle tamponnait, avait l’habitude de comprimer l’utérus, en portant les mains sur les parois abdominales, et ce procédé lui a réussi.

70 Accouchement forcé. Lorsqu’une hémorragie abondante, externe ou interne, se déclaré pendant le travail de l’enfantement, la femme échappe à la mort si la nature peut effectuer l’accouchement ; cette observation n’a pas été perdue pour les gens de l’art. A. Paré, Hubert, Guillemeau eurent l’honneur de proposer les premiers l’accouchement forcé, en dilatant peu à peu l’orifice déjà ramolli et élargi par le contact du sang, en portant la main dans la matrice pour en tirer à la bâte l’enfant et le placenta. Puzos et Mauriceau, redoutant les dangers de l’accouchement force, proposèrent de le remplacer en dilatant l’oritice de l’utérus et en perçant les membranes de l’œuf. « Pour cela, dit Puzos, il faut introduire un.ou plusieurs doigts dans l’orifice, avec lesquels on i’éçarte en proportionnant la force à la résistance. Cet ècariement gradué fait naître des douleurs, met la maniée en action, et fait gonfler les membranes qui contiennent les eaux, dont on devra procurer l’écoulement le plus tôt qu’on pourra. • Cette méthode mixte est préférable à l’accouchement forcé dans certains cas ; mais elle ne peut empêcher la nécessité de le pratiquer dans des circonstances extrêmes, notamment dans l’implantation d^ placenta sur le col de la matrice, dans l’hémorragie interne, et toutes les fois que la violence de la ménorrhugie compromet prochainement l’existence de la femme. Parfois, l’enfant est conservé après un accouchement forcé ; mais, d’autres fois, cette opération n’a pour effet que la conservation de la mère. Lorsque le placenta est inséré sur le col, il faut le renverser sur un de ses bords après avoir agrandi le décollement d’un côté ; dans le cas où sou centre correspond h celui de l’oritice utérin, on doit traverser

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cet organe pour arriver jusqu’à l’enfant et en faire la version. Gcndrin propose l’emploi d’une sonde de femme pour taire la ponction du placenta et favoriser ainsi l’écoulement des eaux de l’amnios.

8« Conduite à tenir dans les ménorrhagies consécutives à l’accouchement. Dans ces hémorragies, il faut d’abord exciter les contractions utérines et amener au dehors le

placenta et les caillots qui peuvent séjourner dans la matrice. Soit que l’hémorragie soit interne ou externe, les frictions sur l’abdomen, les réfrigérants et les autres moyens déjà cités sont très-utiles pour solliciter les contractions de l’utérus. v

Le contact de la main qui va à la recherche du placenta et des caillots, la titillation de la surface interne de l’utérus par la pulpe des doigts, en même temps qu’on frictionne l’hypogastre avec l’autre main, est l’un des meilleurs moyens à employer pour déterminer l’utérus à revenir sur lui-même. La main ne doit sortir de la matrice que chassée avec les caillots et des portions de délivre. • Ce moyen, dit Désormeaux, me semble préférable à tous les autres par son efficacité ; on l’a toujours et à chaque instant à sa disposition ; on l’emploie sans’que la femme s’en aperçoive, pour ainsi dire, et sans qu’elle s en effraye ; il n’est pas susceptible de déterminer l’inflammation, comme les astringents et les stimulants portés dans la cavité de l’utérus. » Si i’inenie de la matrice ne cédait pas, ou ne cédait que momentanément aux frictions internes et externes, on pourrait introduire avec avantage du suc de citron dans la cavité utérine, à l’imitation de Pasteur et d’Evrat. Ce dernier praticien eut l’heureuse idée de porter un citron écorcé dans une matrice inerte, et d’en exprimer le jus à l’aide de la main, en sorte que ce citron sollicite doublement les contractions, et comme agent mécanique et comme astringent ; il séjourne un certain temps dans la matrice et en sort quand cet organe est revenu sur lui-même. Evrat rapporte plusieurs observations concluantes en faveur de ce moyen. Souvent, il faut combiner plusieurs des moyens hémostatiques dont il vient d’être question ; c’est au praticien qu’il appartient de faire un choix opportun. Il va sans dire que, dans les ménorrhagies peu abondantes, on ne doit recourir de prime abord qu’aux moyens les plus simples et qui ne présentent aucun inconvénient ; tandis que, dans les pertes très-abondantes, on doit s empresser d’user des procédés les plus prompts et les plus énergiques. Pour rappeler la vie prête à s’éteindre chez les femmes exsangues par suite de ménorrhagies, on a tenté plusieurs fois avec succès, en Angleterre, en France et en Allemagne, la transfusion du sang : il suffit le plus ordinairement d’injecter 60 a 100 grammes de sang pour obtenir une sorte de résurrection ; d’autres fois, il faut transfuser jusqu’à 1,000 grammes et plus. La transfusion du sang est un moyen qui, bien qu’il ait quelquefois occasionné des accidents, n’en est pas moins héroïque dans certains cas, et doit être employé dans les circonstances où la ménorrhagte a, par son abondance, déterminé une anémie telle que l’on voit survenir cet état de syncope et de convulsions, conséquences si souvent mortelles des grandes hémorragies.

MÉNORRHAGIQUE adj. (mé-nor-ra-gi-ke

— rad. ménorrhagie), Méô. Qui a rapporta la méaorrhagie : Flux mbnohrhagiquk.

MÉNORRHÉE s. f. (mé-nor-ré — du gr. mên, mois ; rheâ, je coule). Méd. Ecoulement des menstrues.

MÉNORRHÉEN, ÉENNE adj. (mé-nor-réain, é-ne), Chir. Se dit d’une ceinture herniaire, à l’usage des femmes : Ceinture mb-

NOKRHEENNB.

MÊNOSCÉLIS (mé-noss-sé-liss — du gr. mênos, force, et de skelos, jambe, par allusion aux pattes robustes de ces insectes). Entom. Genre de coléoptères subtétramères, de la famille des aphidiphages, établi pour une espèce de Cayenne.

MÉNOSTASE s, f. (mé-no-sta-ze — du gr. mên, mois, et de stasis, arrêt). Pathol. Accumulation et rétention du flux menstruel dans la matrice, il On dit aussi ménostasie.

MENOT (Michel), célèbre prédicateur français, né vers 1440, mort à Paris en 1518. Il entra dans l’ordre des Cordeliers, enseigna la théologie dans leur maison de Paris et acquit une telle réputation comme prédicateur qu’on lui donna le surnom de Lmipie d’or. II est assez difficile de comprendre l’enthousiasme des contemporains Oe Menot lorsqu’on lit ses sermons inacaroniques, moitié en latin barbare, moitié en français burlesque, qui fourmillent de grossièretés, de bouffonneries, d’allusions indécentes, d’incroyables trivialités. Le recueil de ses sermons, que Voltaire a honorés de ses spirituelles moqueries, a été publié sous le titre de Sermones quadrugesimales olim (1508), Turonis declamati... (Paris, 1519 et 1525, in-S°). Les plus curieux morceaux de cet excentrique prédicateur, qui a laissé bien loin derrière lui Barlette et Maillard, sont le sermon de l’Enfant prodigue, celui’de la Multiplication des pains, celui de la Passion, les sermons du Mauvais riche et de la Madeleine. Pour donner une idée du style de Menot, nous citerons les deux passages suivants, extraits, le premier de son

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sermon sur l’Enfant prodigue, le second de son sermon sur Madeleine : < Quand ce fol enfant mal conseillé, quando ille stultus puer et maie consultus hahuit suam partent de hsreditate, non erat quxstio de portando eam secum ; ideo staluit, il en fit de la chiquaille ; il la fait priser, il la vend et point la vente in sua bursa. Quando vidit toi piecias argenti simul, valde gavisus est, et dixit ad se : Oho ! non mauebetis sic semper. Incipit se respicere, et quomodo ? Vos estis de tam bona domo et estis habillé comme bélître ? Super hoc habebitur puisio. Mittit ad qusrendum les drapiers, les grossiers marchands de soie, et se fait accoutrer de pied en cap ; il n’y avait que redire au service. Quando videt, émit sibi milchras caligas d’écarlate, bien tirées, la belle chemise froncée sur le collet, le pourpoint fringant de velours, la toque de Florence, etc. •—« Et ecce Magdalena se va dépouiller et prendre tant en chemises, et esteris indumenlis les plus dissolus habillements que un quelqu’un fecerat ab setate septem an-, norum. Mabebat suas dômicellas juxta se in apparatu mundano : habebat ses senteurs, aquas ad faciendum relucere faciem ad attrahendutn illum hominem (Jésus), et dicebat : « Vere habebit cor durum, nisi eum attraham ad meum amorem. Et si deberem hypothéquer omnes meas hxreditates nunquum redibo Jérusalem, nisi coltoqueo eum eo kabito. t Credens quod visa dominatione ejus et comitiva facta est sibi place, on a paré le siège, cum panna aureo et venit se prsssentare, face à face son beau museau ante nostrum liedemptorem ad attruhendum eum h son plaisir, etc. »

MENOTTE s. f. (me-no-te — rad. main). Fam. Petite main : Ah ! belles petites menottesI petits ongles bien faits ! (Molière.)

— PI. Lien de fer ou de corde, avec lequel on attache ensemble les mains d’un prisonnier, d’un malfaiteur, pour lui ôler lapossibilité de fuir ou de nuire : Mettre les menottes à vn prisonnier.

— Fig. Mettre des menottes à quelqu’un, Lui ôter toute liberté d’action.

MENOTTE, ÉE (me-no-té) part, passé du v. Menotter. Attaché avec des menottes : Prisonnier mknottb.

MENOTTER v. a. ou tr. (me-no-té — rad. menotte). Attacher avec des menottes : Menotter un voleur.

MENOTTI (Cyrus, en italien Ciro), patriote italien exécuté en 1831. C’était un citoyen influent de Modéne qui, aflilié de bonne heure aux carbonari, n’en était pas moins bien vu à la cour et aimé du duc. Il conspira d’abord en 1821, mais sans réussira propager dans l’Italie centrale la révolution de Naples et de Turin. Emprisonné à cette époque, il fut bientôt remis en liberté pour conspirer de nouveau, surtout après la révolution de Juillet 1830. Menotti était le chef des libéraux du duché de Modèue. La révolution de 1830 et les déclarations qu’avaient faites La Fayette, Soult et Sebastiaiii relativement à la nonintervention avaient donné aux libéraux italiens l’espoir que, en cas de révolution dans la Péninsule, la France ne permettrait pas à l’Autriche d’intervenir. Cette confiance amena les mouvements insurrectionnels de 1831 en Italie. Il parait aussi que le duc de Modène, François IV, qui se doutait de la trame, avait fait des avances à Menotli et lui avait laissé deviner Son secret désir de ceindre la couronne de fer. Il paraît même qu’ils avaient échangé une promesse réciproque de s’accorder la vie sauve, quoi qu’il arrivât. Menotti fut-il victime d’une infâme perfidie, ou seulement d’un excès de comianoe ? De l’un et de l’autre, selon nous. La révolution devait éclater dans tout le duché le 5 février 1831 ; ie 3, le duc, qui connaissait les plans, fait cerner la maison de Menotti, où, après une vive résistance, que l’arrivée de deux pièces de canon put seule faire cesser, quelques conjurés réunis au nombre de trente et un sont arrêtés ; Menotti est blessé par les dragons ducaux, et tous sont conduits au palais ducal, au milieu des gardes, qui les frappaient et leur crachaient au visage. François IV réunit aussitôt un tribunal militaire et fait demander le bourreau, qui était à Reggio. Mais la nouvelle de l’insurrection de Bologne et du soulèvement des campagnes de Modène épouvante le tyranneau ; il s enfuit, traînant à sa suite Menotti, qui fut conduit dans les casemates de Mantoue. Plusieurs biographes du duo assurent néanmoins qu’à ce moment celui-ci n’avait pas le projet de faire mourir son ancien ami, devenu son prisonnier. Ils assurent que cette détermination ne fut prise que deux mois plus tard, lorsque le duc, rentré dans ses États à la suite des Autrichiens, n’écouta plus que les suggestions de la peur, et celles, pires encore, de 1 infâme Canosa, qui, chassé de Naples, sa patrie, s’était emparé de l’esprit de François. Ce qu’il y a de certain, c’est que le duc, oubliant ses promesses, fit condamner Menotti par un tribunal complaisant le 25 mai, et le lendemain l’infortune fut pendu avec l’avocat Borelli, dont tout le erime était d’avoir rédigé la délibération en vertu de laquelle le gouvernement provisoire avait été constitué. Tous les autres étaient en fuite. Le duc, en prononçant la confiscation des biens de Menotti, ordonna qu’une partie serait destinée au soulagement de sa veuve et à l’éducation de ses enfants ;


MENOU, nom de plusieurs personnages de l’Inde. V. Manou.


MENOU (René DE), sieur de Charnizay, écrivain français, né en 157S, mort en 1651. Il devint écuyer du roi et membre du conseil privé et du conseil d’État. Menou composa des ouvrages très-estimés lors de leur apparition, notamment : la Pratique du cavalier, Suivie d’un ÎVaife des moyens d’empêcher les duels (1612), qui eut de nombreuses éditions ; Y Instruction du roi en l’art de monter à cheval, rédigée d’après des travauxMe Pluvinel. 11 a laissé manuscrit un Traité de l’art de ta guerre, qu’on a attribué au maréchal de Biron.


MENOU (Charles d’Aulnay de), sieur de Charnizay, colonisateur français, fils du précédent, mort en 1650. En 1632, il accompagna, dans l’Amérique du Nord, son parent de Razilly, chargé de reprendre la Nouvelle-France, s’empara de l’entagoet et repoussa les Anglais jusqu’à Penkuilt. Après la mort de Razilly (1635), Menou devint 1 agent d’une société fondée cette même année pour coloniser l’Acadie et acquit, en 1642, les droits des six membres de cette société. Maître alors de diriger à son gré l’entreprise, il éleva des forts, construisit des métairies, des moulins, un séminaire, établit des postes à Miskou, à Sainte-Anne, aux mines et fit faire d’importants défrichements. La colonie placée sous ses ordres comprenait 400 habitants, artisans, laboureurs et soldats. Pour la nourrir et fournir à ses besoins, pour la protéger contre les agressions des Anglais, d’Aulnay de Menou dépensa plus de 800,000 livres, dont il avait emprunté la plus grande partie à un commerçant de La Rochelie nommé Leboi’gne,

lequel lui avait fourni, en outre, des canons, des munitions, etc. Menou dut céder à son créancier tous les biens qu’il possédait en. France et fut complètement ruiné, 11 périt noyé dans la rivière du Port-Royal.


MENOU (Jacques-François, baron DE), général et homme politique français, né à Boussay-de-Loches (Indre-et-Loire) en 1750, mort à Venise en 1810. Il était maréchal de camp lorsque la noblesse de Touraine l’envoya siéger aux états généraux. Monarchiste, mais excellent patriote et partisan sincère de la liberté, il s’opposa avec force à l’adoption d’une religion de l’État, demanda que le droit de paix et de guerre fût attribué à la nation, proposa la conscription (qui ne fut votée que sous le Directoire), fit adopter le pavillon tricolore pour la marine, élever la solde des troupes, et décréter une levée de 100,000 hommes au moment où nos frontières étaient menacées (1791). En 1792, il commanda en second le camp de 20,000 hommes sous Paris, se fit battre par H. de La Rochejacquelein l’année suivante, réprima, le 2 prairial an III, l’insurrection du faubourg Saint-Antoine, eut le commandement en chef de l’armée de l’intérieur, qu’il dut céder à Bonaparte le 13 vendémiaire. Mis en jugement pour sa conduite équivoque dans cette dernière journée, il fut renvoyé absous, et fit partie ensuite de l’expédition d’Égypte, dans laquelle il montra une grande bravoure. Menou se maria à une musulmane, et ajouta à son nom celui d’Abdallah. Comme le plus ancien général de division de l’armée, il en prit le commandement en chef après la mort de Kléber ; mais, soit impéritie, soit mauvais vouloir de la part de ses lieutenants, et surtout du général Reynier, son compétiteur, il alla de défaite en défaite jusqu’à la perte entière de l’Égypte. Le premier consul, loin de le mal accueillir à son retour, le nomma membre du Tribunat (1802), lui confia, peu après le gouvernement du Piémont, puis celui de Venise, où il mourut. Le duc de Raguse, dans ses mémoires, a tracé un portrait piquant de Menou, qu’il traite avec une sévérité peut-être excessive. « Pourvu d’esprit et de gaieté, dit-il, il était agréable conteur, fort menteur, et ne manquait pas d’une certaine instruction ; son caractère, le plus singulier du monde, approchait de la folie. D’une activité extrême pour les très-petites choses, jamais il ne pouvait se décider à rien exécuter d’important. Écrivant sans cesse, toujours en mouvement dans sa chambre, montant chaque jour à cheval pour se promener, il ne pouvait jamais se mettre en route pour entreprendre un voyage utile ou nécessaire. Après avoir montré son incapacité comme administrateur du Piémont, et en quittant cette fonction, on trouva dans son cabinet neuf cents lettres qui n’avaient pas été ouvertes. Constamment et partout le même, on ne cessa cependant de l’employer. À Venise, dont il eut le gouvernement, il devint éperdument amoureux d’une célèbre cantatrice, dont il fut la risée, courant après elle dans toute l’Italie, arrivant toujours dans chaque ville après son départ. Toujours perdu de dettes, et de dettes criardes, s’élevant souvent à trois cent mille francs, et acquittées plusieurs fois par Bonaparte, il ne pouvait se résoudre à rien payer et donnait tout ce qu’il avait. C’était un extravagant, un fou, quelquefois assez amusant, mais un fléau pour tout ce qui dépendait de lui. »


MENOUF, ville de l’Égypte moderne, dans la basse Égypte, chef-lieu d’une province de son nom, à 55 kiiom. N.-O. du Caire, sur le canal de son nom, qui dérive de la branche orienta)e du NU pour venir déboucher dans,