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fabriquées au bord de la mer, soulevées au moyen de vérins et placées sur un wagon qui les transporte au lieu d’embarquement. Arrivées à cet endroit, on tes fuit descendre sur une cale flottante qui, par le poids du bloc et de son chariot, vient s’appuyer sur une autre cale fixe inclinée. On les retient sur cette dernière à une hnuteur telle que l’on puisse placer à côté du bloc deux tonnes de om,50 de longueur et 2m,40 de diamètre. Ces flotteurs sont unis par une charpente à laquelle on attache deux chaînes qui saisissent le chariot à l’avant et à l’arrière ; pour empêcher le bloc de glisser, on l’entoure avec une autre chaîne sur les côtés et sur la face inférieure. Ainsi installé, on fait descendre tout le système sur la cale, en le tirant au large, jusqu’à ce qu’il se trouve à flot, soutenu par les tonnes, puis on le remorque à l’endroit où le bloc doit être définitivement immergé.

Lorsque le mâle doit être établi à de grandes profondeurs, on emploie les blocs naturels pour la partie inférieure, l’action de la mer ne s’exerçant pas au-dessous d’une certaine profondeur, et les blocs artificiels à partir de 12 mètres au-dessous de la basse mer.,

Malgré le poids énorme de ces blocs, la mer en déplace quelques-uns et les transporte quelquefois à 8 et 10 mètres de la place qu’ils occupaient dans la construction ; aussi les mâles qui doivent présenter leur extrémité à la plus forte lame du large demandent-ils un entretien continuel et une solidité à toute épreuve. Parmi les môles remarquables, on compte ceux du Havre, de Cette, d’Alger, etc.

MÔLE s. f. (mô-le — du lat. mola, grec mitiê, même sens, par assimilation a une meule de moulin. L’assimilation, bien que singulière, parait certaine à M. Liltré, qui fait observer que la môle se dit en latin mola. Cependant Dclàtre rapporte môle à moles, musse, et croit que ce mot désigne simplement une masse informe). Physiol. Masse organique informe et inanimée, enveloppée d’un sac cutané, dont accouchent quelquefois les femmes. Il Fausses môles, Concrétions sanguines, caillots de sang, corps charnus on fibreux, qui tantôt adhèrent à l’utérus et tantôt sont libres dans sa cavité par suite de la rupture de leur pédicule.

— Antiq. rom. Pâte faite de farine de froment et de sel, que l’on offrait seule ou que l’on plaçait sur les corues de la victime avant de l’imuio er.

— Ichlhyol. Genre de poissons, de la famille des gymnodontes, détaché des tétrodons.

— Techn. Fil de laiton servant à faire les têtes d’épingle.

— s. f. pi. Mythol. lat. Déesses sabines. filles de Mars.

— Encycl. Physiol. On donne le nom de môle k une masse charnue qui se forme quelquefois dans l’utérus, sous l’influence de la fécondation. Elle provient des enveloppes du germe, dont le développement s’est t’ait d’une manière anomale après la mort ou la résorption d’un embryon et quelquefois même d’un fœtus. Ces moles sont appelées légitimes ou véritables, pour les distinguer des fausses môles, qui ne sont tantôt que des concrétions sanguines formées par les caillots du sang menstruel retenu dans l’utérus, tantôt des masses charnues ou sarcomateuses développées sur la paroi du même utérus.

Quand une vraie mâle est expulsée peu de temps après la destruction d’un embryon très-jeune, elle renferme ou ne renferme point les débris de l’embryon. Quand elle n’est expulsée que longtemps après cette destruction, elle ressemble a un placenta. Dans le eus où la sérosité n’a pas été évacuée avant la môle, le tissu de cette dernière est gorgé de sang et son volume est considérable. Dans le cas contraire, la masse qui constitue la mâle s endurcit et son volume est muius considérable. Lorsque la destruction du fœtus n’a lieu que très-tard, on voit dans la mâle des vestiges d’os, de poils, etc.

On donne le nom ùemàtes vésieuiairesou hydutiformes à des violes où les villosités de la totalité ou d’une partie du chorion, dépourvues de vaisseaux par suite dédestruction précoce de l’embryon, se sont dilatées et ont donné naissance a îles vésicules pleines de sérosité. Ces vésicules sont disposées en grappes ayant la forme des ramifications de chaque villosité choriale ou placentaire, et sans aucune communication les unes avec les autres. Ces vésicules se nourrissent et s’accroissent en empruntant par imbibition des matériaux de nutrition a la caduque utérine, bien qu’elles n’aient pas de communications vasculaires avec elle. Ces dilatations peuvent donner lieu de la sorte à une musse énorme, dont l’expulsion a lieu habituellement avant le terme de neuf mois, et, avant même cette expulMon, l’utérus a le volume qu’il aurait à la fin de lu grossesse. En pareil cas, sa forma est moins régulière que dans le cas de groscesse normale.

Les vésicules hydatiques donnant nais" Bance aux mâles hydaliformes ne renferment jamais d’animaux parasites, tels que les échinocoques.

La connaissance des môles a une grande

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importance dans l’art obstétrical. Très-souvent on a confondu ces masses anomales, ces faux germes, avec le produit normal de la conception, et on a été exposé à des erreurs de diagnostic et de pronostic d’autant plus graves, qu’en aucun sujet elles ne sont aussi fâcheuses au point de vue de leurs conséquences. L’obstétrique est avant tout un art de circonspection et de délicatesse.

La môle hydatique est susceptible de prendre toutes les formes, ce qui explique comment on trouve dans les anciens ouvrages les relations si merveilleuses de femmes accouchées de figures bizarres, ayant la forme d’animaux ou de fruits. Elle peut acquérirun.volume considérable, et, dans ce cas, le volume du ventre est- semblable à celui qu’il a au terme de la grossesse. Quand la môle est expulsée, les soins que réclame cet état pathologique sont les mêmes que pour l’avortement. Cet accident peut se reproduire plusieurs fois chez la même femme, et on ne possède aucun moyen efficace pour le prévenir ou le guérir. Seulement, dans le cas où l’expulsion de quelques petites portions de ces masses hydatiques ferait supposer qu’il en existe encore dans l’utérus, il faudrait, pour en favoriser l’expulsion, avoir recours au seigle ergoté.

— Ichthyol. Les môles sont caractérisées par des mâchoires indivises ; un corps comprimé, sans épines, non susceptible de s’enfler ; une queue si courte et si haute verticalement, qu’on dirait un poisson dont on a coupé la partie postérieure ; une dorsale et une anale hautes et pointues, s’unissant à la caudale. Elles ont l’estomac très-petit et manquent de vessie natatoire. Ces poissons font entendre une sorte de cri ou de sifflement, dont la cause est tout à fait inconnue.. Ils atteignent souvent un poids considérable. Mais leur chair est sèche et insipide ; aussi met-on peu d’empressement à les pêcher. On connaît trois ou quatre espèces de môles, dont deux vivent dans nos mers. La plus remar 3uable est la môle de la Méditerranée ; on la ésigne fréquemment, sûr nos côtes, sous le nom vulgaire de lunil V. ce mot.

MOLE, famille originaire de Troyes, en Champagne. On lui donne pour auteur Guillaume Mole, échevin, qui, de concert avec Jean l’Esguisè, son beau-frère, chassa les Anglais de la ville de Troyes sous le règne de Charles VU. Ce Guillaume Mole mourut en M59. Ses descendants ont formé trois branches : celle des seigneurs de Villy-le-Maréchal, de Montabert et de Villemoron, éteinte en 1678 eu la personne de Pierre-François Mole, tué au combat de Saint-Denis, eu Hainaut ; celle des seigneurs de Jusanvigny, des Hayes et de Vitry-sur-Seine, éteinte dans les mâles, en 1658, en la personne de Jean Mole, président aux enquêtes au parlement de Paris ; celle des seigneurs de Lassy, de Champlâtieux. de Luzarches, etc., qui s’est perpétuée jusqu à nos jours. Cette dernière avait pour chef, à la fin du xvie siècle, Édouard Molb, président à mortier, père du célèbre Mathieu Mole, garde des sceaux, mort en 1656. Celuici eut plusieurs enfants, dont l’un, Jean Molb, seignéur de Champlàtreux, président à mortier, continua la filiation. Louis Molb, fils aîné du précédent et également président à mortier au parlement de Paris, mourut en 1709, laissant Jean-Baptiste Molb, qui lui succéda dans la charge de président à mortier. Jean-Baptiste fut le père de Matthieu-François Molb de Champlàtreux, marquis de Méry-sur-Oise, premier président au parlement de Paris, mort en 1793. Le fils de ce dernier, Édouard-François - Mathieu MOlé de Champlàtreux, président au parlement de Paris, mort sur t’èchafaud eu 1794, avait eu, de son mariage avec une fille du garde des sceaux de Lamoignon, un fils, LouU-Matthieu, comte Molb, qui fut plusieurs fois ministre et mourut en 1*55. Nous allons consacrer des notices biographiquesaux principaux membres de cette famille.

MOLE (Édouard), magistrat, né à Paris en 1540, mort dans cette ville en 1614. Tandis que ses frères entraient l’un à la cour des aides, l’autre dans l’intendance, il étudia le droit et devint comme son père conseiller au parlement de Paris. Pendant la Ligue, en janvier 1589, il fut mis à la Bastille, où il resta cinquante-cinq jours, puis fut nommé malgré lui procureur général, et il dut prêter serinent à la Ligue, bien qu’il fût opposé au mouvement dirigé par les Guises. Grâce à sa prudence, il parvint à éviter le sort de Brisson et des conseillers Tardif et Larcher, et réunit autour de lui les conseillers hésitants. Après avoir négocié en secret l’abjuration de Henri IV, il fit rendre par le parlement le célèbre arrêt du £8 juin 1593, qui défendait « de transférer la couronne de Fiance entre les mains de prince ou princesse étrangers. > Celte fois, Mole ne s’était pas contenté de se défendre ; il avait attaqué et, du même coup, il avait détruit les projets ambitieux de la maison de Lorraine et appelé au trône Henri de Navarre. Celui-ci, reconnaissant, le nomma président à mortier (1602). Comme président, Édouard Mole a attaché son nom à un procès dont la conclusion fut assez remarquable. Un maître des comptes de la ville de Rennes avait rendu mère une jeune fille. Seulement, on assurait qu’égaré pur la passion, le maître des comptes n’avait pas attendu le consentement de sa victime et que,

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redoutant peut-être de ne pas l’obtenir, il avait jugé plus simple de s’en passer. L’affaire avait fait grand bruit. Il s y mêlait des détails fort étranges et qui avaient éveillé la malignité publique. Le maître des comptes, mis en demeure d’épouser la jeune fille, s’y était formellement refusé. Et la brutalité dont il avait déjà fait.preuve s’était de nouveau montrée. La famille insultée porta plainte. Le procès vint devant Édouard Mole ; Le président se montra sévère et insista pour qu’un exemple fût fait. Il fit rendre un arrêt par lequel le coupable était mis dans cette alternative : ou mourir, Ou épouser : Est-il nécessaire d’indiquer la décision du maître des comptes ?

Édouard Mole resta président jusqu’à sa mort. En 1606, il avait fait entrer au parlement son fils, le célèbre Matthieu Mole.

MOLE (Matthieu), célèbre magistrat, fils du précédent, né à Paris en 1584, mort dans celte ville en 1656. Il se prépara de bonne heure à la carrière de la magistrature et, à vingt et un ans, il était reçu licencié. L’année suivante, il entrait comme conseiller au parlement de Paris, où son père était président à mortier. Matthieu Mole prit dès lors une part active aux travaux du parlement, et témoigna, par ses rapports, de son précoce savoir et du soin qu’il apportait à l’étude des affaires qui lui étaient confiées. Ses services furent appréciés du roi, — qui, en 1610, le nomma préaident d’une des chambres des enquêtes et, en 1614, procureur général. Lorsque, en 1626, le cardinal de Richelieu résolut d’aller assiéger les protestants dans La Rochelle et d’emmener avec lui Louis XIII, il constitua auprès de la reine une sorte de conseil de régence chargé d’administrer l’Etat pendant la durée de l’expédition, et appela Mole à y prendre une part prépondérante. Le procureur général justifia par sa fermeté, non moins que par l’habilelé de son administration, la confiance du cardinal. En 1631, Mole donna, dans une circonstance importante, une preuve éclatante de l’indépendance de son caractère et de sa haute impartialité. Les deux frères Murillac, envoyés d’abord devant le parlement de Paris pour être jugés, avaient été enlevés à cette haute juridiction, dont la cour se défiait, connaissant son esprit libéral, pour être traduits devant une commission extraordinaire. Le parlement s’émut do cette atteinte portée à ses prérogatives et de cette violation formelle des lois. Sur les conclusions du procureur général, le parlement déclara illégale la constitution d’une commission extraordinaire et évoqua l’affaire des frères Marillac. Le roi, profondément irrité, fit casser par son conseil l’arrêt du parlement et suspendre Matthieu Mole de l’exercice de ses fonctions. Appelé devant le roi, Mole soutint avec une grande fermeté la cause du parlement, démontra que, l’ordonnance royale étant illégale, le parlement avait fait son devoir en supposant à un acte arbitraire, et fut réintégré-dans sa charge.

Premier présidont du parlement en 1641, Matthieu Mole eut, après la mort de Louis XIII (1643), au milieu des intrigues et des luttes qui déchiraient la cour et Paris, à jouer un rôle des plus difficiles. Il s’attacha n remplir celui de médiateur, soutenant à la fois les droits de sa compagnie, les prérogatives de l’autorité royale, et sévissant contre les perturbateurs de l’ordre public. Presque des le début de la régence, Mole eut un conflit avec Mazarin. Celui-ci porta un édil frappanl d’un iin^ôt l’entrée de certiaines denrées à Paris et voulut le soustraire à la vérification du. parlement, alléguant qu’en cas d’urgence le gouvernement n’était pas oblige de subir les lenteurs de ces formalités. Mais Molu protesta hautement au nom de sa compagnie, déclarant illégal, partant non exécutoire, tout édit auquel le parlement n’aurait pas donné sa sanction. Malgré la résistance de la cour, ce fut le parlement qui l’emporta. La lutte était engagée et ne devait se terminer qu’en 1652, après la majorité de Louis XIV. Quelque temps après, la cour essaya de prendre sa revanche en faisant arrêter deux euiiseillers au parlement, alors très-populaires, Broussel et Blancinesnil, qui furent conduits au For-Lévêque. (Jette arrestation mit le comble à l’irritation qu’avait excitée l’administration arbitraire de Mazarin et provoqua une insurrection. Pendant que le peuple demandait à grands cris la mise en liberté de ses défenseurs, le parlement protestait hautement contre la conduite de la cour et envoyait une députation chargée de demander à la reine l’ordre d’élargir les deux prisonniers. Malgré les sages remontrances du président Mole, qui était à la tète de la députation, Anne d’Autriche refusa de revenir sur sa décision, et, de retour au milieu du peuple soulevé, Mole courut des dangers qu’il brava avec une rare intrépidité (1648). Toutefois, Mazarin, voyant les graves conséquences que pourrait amener une résistance ouverte aux vœu* populaires, amena la reine à céder pour le moment. La situation était, en effet, des plus tendues. La noblesse, le.clergé et la bourgeoisie s’étaient alliés contre le ministre. Le clergé et la noblesse, conduits par de Gondy et de La Rochefoucauld, voulaient à tout prix renverser Mazarin, qui les gênait. Ils s’inqii.étaient fort peu de la liberté, de la mort ou de la vie de Blancmesnil et de Broussel.

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Mais, derrière ces deux braves conseillers, il y avait le parlement, qui était une puissance ; derrière le parlement, il y avait la bourgeoisie, qui était une force ; derrière la bourgeoisie, enfin, il y avait le peuple, tout disposé à renverser le pouvoir oppresseur et a élever des barricades. Voilà.pourquoi la noblesse et le clergé avaient fait alliance avec la bourgeoisie. Mazarin s’était senti faible devant cette révolte armée. Tout en faisant des concessions pour éloigner une explosion imminente, il avait préparè : une fuite qui devait plonger Paris sinon dans la, désolation, au moins dans un singulier embarras. On apprit un matin que le roi, alors âgé de dix ans, la. reine et le cardinal avaient quitté Paris. La cour les avait suivis. On attendait lô"prince de Condé et l’armée de Flandre pour marcher sur la capitale révoltée et la contraindre a l’obéissance. L’exaspération populaire fut alors à son comble, et le parlement, appelé à Montargis par Mazarin, refusa de 3 y rendre. Cependant Mole s’efforçait de ramener la paix, de trouver des moyens de transaction entre les deux partis. Ce fut alors qu’une bande d’èmeutiers payés par les princes qui étaient à la tèLe de la. Fronde envahit l’hôtel du premier président, et^le somma de se prononcer peu rie parti de l’opposition. Effrayés par 1 arrivée d’une foule armée, les familiers de l’hôtel, les laquais’ avaient fui. Mais Mole, ferme au milieu d’il danger, se présentaisvant les émeuliers/les harangua, parvint à les calmer et les renvoya enthousiasmés de sou grand air et dé son éloquence, et criant : t Vive Molêl » Le premier président sentait plus que jamais la nécessité d’amener une prompte solution. Sur ses conseils, des conférences s’étaient ouvertes à Rueil, — où le cardinal s’était transporté avec la cour, —entre Mazarin et les frondeurs. Mole rendit en cette occasion d’importants services à la reine. Réparanfles fautes de l’implacable Autrichienne, calmant les ressentiments des princes, diminuant les griefs réciproques, rappelant chacun à la modération et a l’oubli, Mole parvint à faire signer une convention qui, donnant un semblant de satisfaction aux frondeurs, ramenait la cour à Paris et rendait à la reine le pouvoir.

En récompense de cette conduite, Anne d’Autriche enleva les sceaux à Chateauneuf et les confia à Mole (3 avril 1651).’ Cette nomination irrita’vivement le parti frondeur, surtout le duc d’Orléans, et, peu de jours apre, s, Mole, plus jaloux de la paix publique que de sa propre élévation, remit lui-même sa démission entre les mains de la reine. Toutefois, lorsque le jeune Louis XIV eut été proclamé majeur (7 septembre 1651), Mole devint de nouveau garde des sceaux.’Peu après, la guerre civile recommença. Motô accompagna le roi d’abord à Poitiers, puis à Montargis, où le parlement s’était réuni, et, ’ encore une fois, il montra combien la crainte avait peu d’influence sur son ânie. Le duc d’Orléans, profondément blessé de la nouvelle élévation de celui qu’il regardait comme Son ennemi personnel, avait réuni une troupe d’èmeutiers qu’il avait dirigés vers l’hôtel du premier président. Mole fut prévenu qu’une troupe armée s’avançait vers sa demeure. Il voulut aller au-devant d’elle. L’abbé de Ohanvallon, qui devait être plus tard archevêque de Paris, voulut s’opposer à cet acte de courage. Il supplia le premier président de ne pas s’exposer au poignurd d’un assassin. Il lui représenta de quelle importance, de quelle milite était sa vie, et combien il importait au bien public de la préserver de tout danger. Mais Mole, l’écartant de la main : « Jeune homme, lui dit-il, il y a plus loin que vous ne pensez du poignard d’un sétiitieux au cœur d’un honnête homme. » Et, celté fois encore, sa haute dignité, bon courge, sa majesté firent reculer le crime. Venuspour l’assassiner, les hommes du duc d’Orléans se retirèrent honieux et tremblants. En 1652, Mule revint à Paris avec Louis XIV. Ne pouvant conserver ses deux fonctions de premier président et de garde îles sceaux ; il se démit des premières en l*i3 et garda les sceaux, qu’il conserva jusqu’à sa mort, consacrant ses dernières années-à préparer la réorganisation du pouvoir judiciaire.

Emule des de Harlay, comme eux Matthieu Mole a réuni les qualités éiuinentes qui font le grand magistrat, l’homme d’Etal intègre, le savant. L’étendue de ses connaissances juridiques était célèbre au parlement. La rectitude de son esprit, son impartialité étaient connues de tous, et l’estime publique l’en récompensait. Modeste, simple, affable dans la prospérité, toujours accessible et bienveillant, il opposait à l’adversité une dignité de caractère, une grandeur d’âme digues d’un philosophe. De mœurs faciles et douces, il trouvait, au milieu du danger, cette rare fermeté, ce courage suns forfanterie, cette énergie qui font reculer l’agression, refoulent l’émeute et entraînent les cœurs hésitants.

Matthieu Mole avait épousé, en 1608, la fille du président Nicoluï. Elle le rendit père de dix enfants et mourut en 1641. Matthieu Mole a laissé sur les événements auxquels il a pris part des Mémoires qui ont été publiés à Paris (1855, 4 vol. in-8°). V. plus bas.

Mole (mémoires db Matthiku), premier président au parlement de Paris, publiés, pour ta Société de l’histoire de France, par Oham- ;