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MENT

MENTEtLB (François-Simon), ingénieur géographe français, frère du précédent, né à Paris en 1731, mort à Cayenne en 1799, Après avoir reçu les leçons du géographe Bu.ieheet de l’astronome Lalande, il fut attaché à l’Observatoire de Paris et y travailla à la Carte topographique de France, sous la direction de Cassini. En 1763, Mentelle fit partie d’une expédition envoyée par le gouvernement à la Guyane pour y fonder une colonie, conduisit des colons à Kourou, y traça le plan d’une ville, mais fut bientôt obligé de retourner à Cayenne, après avoir vu périr du typhus presque toutes les personnes qui l’accompagnaient. Il s’occupa alors d’organiser un service sanitaire, fut chargé de la hoirie et se livra en même temps à des opérations topographiques set géodésiques qui Ont contribué à perfectionner les cartes de la Guyane. En 1766, il se joignit à une expédition envoyée contre les nègres marrons qui ravageaient les. plantations des indigènes de la rive droite du Maroni, fit d’intéressantes observations sur les sources de

ce cours d’eau, sur la botanique de cette région, dressa à son retour l’a carie du pays qu’il venait de parcourir, réunit les relevés de terrain, les plans et tous les matériaux’ géographiques qu’il put trouver sur la Guyane, et en forma un dépôt dont Malouet le nomma conservateur, avec un traitement de 2.000 livres (1777). Quelque temps après, Mentelle accompagna Malouet à Surinam, puis revint à Cayenne, où il continua à se livrer à des observations scientifiques. Il demeura, pendant la Révolution, dans là colonie, s’efforça, en 1798, d’adoucir le sort des déportés du 18 fructidor et succomba peu après à une attaque de colique de miserere. Il avait rédigé, pendant près de irente ans, l’Almanach de Cayenne. Les nombreux et intéressants documents qu’il avait réunis furent dispersés et anéantis en partie lors de la prise de Cayenne par les Portugais en 1809.

MENTERIE s. f. (man-te-rt — rad. mentir). Mensonge, chose que l’on dit en mentant ; se dit le puis souvent des mensonges que l’on fait sur des choses de peu d’importance : Le mensonge ne peut être confondu avec la menterib, qui n’est autre chose qu’une fiction échappée à la légèreté de l’esprit. (Latena.)

’ — Syn. Monterie, mensonge. Y. MENSONGE.

MENTEUR, EUSE adj. (man-teur, eu-zerad. mentir). Personne qui ment, qui a l’habitude de mentir : Faux et mkNtkur, quoique voisins, ne sont pas même chose. (St-Siin.) L’homme est né menteur. (La JBruy,) On est menteur en action aussi bien qu’en parole. (A. d’Houdetot.)

— Qui trompe par les apparences, qui n’est pas ce, qu’il parait être ; qui n’est pas conforme à la vérité : Toutes les passions sont menteuses. (La Bruy.) Le monde est menteur ; il promet du plaisir qu’il ne peut donner. (M01» de Tenciu.) Tout est creux et menteur dans ce que l’homme envie. (Ste-Beuve.) Je déteste les imputations générales ; elles sont menteuses et irritantes. (Guizot.)

— Pain. Être menteur comme un laquais, comme un arrackeur.de dents, comme uneépitre dédicatoire, Mentir effrontément ; mentir très-fréquemmeut. f

— Substantiv. Personne qui ment, qui a l’habitude de mentir : La langue du muet vaut mieux que cette du menteur. (Max. orient.) Le menteur n’est pas cru, même s’il dit la vérité. (Max. latine.) Quiconque raille un homme qu’il dit aimer est assurément un effronté menteur. (J.-J. Rouss.) Les paroles du menteur sont autant de témoins de son infamie. (Gnmin.) Un menteur est l’ennemi de sa réputation. (Beauehène.) Le temps est un insigne menteur et un grand arracheur de dents. (Chateaub.) Il n’est pas une qualité de l’âme qu’on ne puisse contester au menteur. (Lateua.) Je demande qu’on interdise aux menteurs de dire la vérité. (A. d’Houdetot.) Le menteur et te fourbe souffrent plus encore qu’ils ne font souffrir. (Raspail.)

Je n’ai jamais cherché les baisers que nous vend Et l’hymne dont nous berce, avec sa voix flatteuse, La popularité, cette grande menteuse.

V. Huoo.

Tout menteur n’est vraiment qu’une franclie pécore ; Même quand il dit vrai, l’on croit qu’il ment encore.

Fréville.

Voulez-vous de menteurs composer une liste. En tête il faut placer le nom d’un journaliste,

F&iVILLE.

— Prov. Il faut qu’un menteur ait bonne mémoire, Les affirmations d’un menteur n’étant pas basées sur la vérité, il est exposé à se contredire, à oublier ce qu’il a die. il On attrape plus vile un menteur qu’un voleur, Il est aisé de convaincre de mensonge celui qui a l’habitude de mentir.

— s. m. Logiq. Argument célèbre parmi les sophistes grecs.

— Syn. Menleur, eraq, ueur, fanfaron) etc. V. CRAQUEUR.

— Encycl. Logiq. Argument du menteur. C’est un sophisme qui nous vient de Zenon d’Elée. Ciccron, dans les Académiques, nous l’a conservé sous la forme suivante : • Si tu dis que tu mens et si tu dis vrai, tu mens ; mais lu dis que tu mens et tu dis vrai, tu mens donc. Mais si tu mens, tu ne dis donc |jas vrai ; il n’est donc pas vrai que tu meu MENT

tes. » L’antiquité, au dire de Sénêque, avait enfanté des volumes sur ce sophisme, mis ordinairement sous le nom d’Epiménide le Cretois. Mais il n’est pas besoin de volumes ; quelques mots suffiront pour le résoudre. La conséquence naturelle de l’argumentation serait qu une même proposition peut être à la fois vraie et fausse ; conséquence absurde en soi, mais qui peut être ici regardée comme vraie, en ce sens que la proposition je meus, employée isolément, est absolument dépourvue de sens. < Quant à l’usage qu’on devait faire d’un pareil argument, dit M. Renouvier, nous croyons qu’il consistait à montrer les difficultés attachées à certaines relations dans une école qui les niait toutes, et à soulever d’inextricables querelles sur la nature de la vérité et du mensonge. »

Menteur (le) (laVertad sospeckosa], comédie espagnole deRuiz de Alarcon (1625). L’imitation que Corneille en a faite nous engage à le placer sous ce titre, quoiqu’il en existe des traductions sous celui de Vérité suspecte, afin de rapprocher les deux pièces. La vérité qui devient suspecte en passant par une bouche habituée au mensonge, tel est le sujet de la pièce d’Alarcon ; notre grand Corneille, en concentrant les idées et les situations fournies par l’Espagnol, a un peu perdu de vue cette donnée fondamentale et s’est plus conformé au titre qu’il avait choisi qu aux développements de son modèle. L’original espagnol est excellent ; il y a dans la succession des scènes, dans l’enchaînement des péripéties une mobilité, un imprévu que ne pouvait admettre le cadre sévère de la comédie française, et dans le style, d’une abondance qui n’exclut pas l’énergie, une fantaisie, une allure dégagée que ne comporte pas la majesté un peu roide de notre alexandrin. Le caractère de Garcia, le menteur espagnol, étourdi, léger, amoureux, s’enibarrassant dans ses contes, mentant pour le plaisir, inventant à chaque fois nouvelle histoire pour se tirer d’affaire, est admirable de vérité et de naturel dans Alarcon. On conçoit que la lecture de ce chef-d’œuvre ait enflammé i’imagination de Corneille ; car c’est un chefd’œuvre dans lequel le maître n’a eu qu’à tailler le sien. Quelques fragments de traduction feront voir tout le mente, toute la rapidité de ce dialogue énergique. Voici la grande . scène entre Garcia et son père. M.Ph. Chasles en a très-bien rendu le mouvement : « Es-tu chevalier, Garcia ? — Je me tiens pour votre fils. — Est-ce assez d’être mon fils pour être chevalier ? — Mais je le pense. — toile pensée 1 Se conduire en chevalier, c’est l’être. Telle a été la source des maisons nobles. Les hommes humbles, dont les actions furent grandes, ont illustré l’avenir... Mais vous, mon fils, si vos actions vous déshonorent, vous n’êtes plus noble. Ecussous paternels, antiques aïeux, qu’importe 1 Vous, noble 1 Vous n’êtes rien. Vous qui mentez sans cesse, vous n’êtes rien I Nubie ou plébéien, qui peut mentir sans être la fable du peuple ? C’est ce que tous disent de toi. As-tu doue l’épée assez large et la poitrine assez dure pour faire face à tous ceux qui t’accuseut ? Oh ! le triste vice, le stérile et misérable vice ! Les voluptés apportent des jouissances, l’argent donne le pouvoir et le plaisir... Mais le mensonge I le mensonge 1 — Qui dit que je mens a menti.

— Tu mens encore ; tu ne sais démentir qu’en mentant... Pense donc, malheureux, que Dieu t’a fait homme, que ton visage est visage d’homme, que tu as barbe virile, que ton flanc est ceint de l’épée, que tu es ne noble et que je suis ion pèrel » il est difficile, en comparant k ce morceau la scène de Corneille, de décider qui l’emporte, et le poëte espagnol a pour lui l’originalité de l’invention. Et comme ces remontrances produisent un bon effet sur Garcia I Bon père lui propose de Je marier et, pour rester fidèle à sa chère Lucrèce, il invente aussitôt ce mariage si prodigieux auquel il aurait été forcé de souscrire. L’idée n’est-elle pas jolie ? « A moi toutes mes ressources, s’écne-t-il ; c’est le moment démontrer toute la finesse de mon génie I » Suit ce récit entraînant, que Corneille a abrégé, tout en lui conservant une bonne longueur. Il a trois cent cinquante vers dans Alarcon, mais de ces vers de huit pieds, si fluides et si poétiques. « Le hasard me fit la voir ; la voir, ce fut être aveuglé d’amour ; pour n’être pas embrasé, il m’eût fallu un cœur de bronze. Le jour, je passais dans sa rue ; la nuit, je rôdais dans sa rue ; ues tiers et des billets l’intéressèrent à mon amour, si bien qu’enfin, compatissante ou passionnée, elle y répondit. J’augmentai mes prévenances, elle augmenta ses faveurs jusqu à me faire entrer une nuit dans le paradis de sa chambre à coucher ; mes prières ardentes sollicitaient la fin de ma peine, lorsque son père entra. Elle, troublée, mais courageuse (elle était femme), me cacha demi-mort derrière son lit. Au moment où son père sortait, ma montre à répétition sonna (au diable l’inventeur des montres I). D’où vient cette montre ? demanda-t-il, etc. • Corneille n’a eu qu’à choisir dans cette étonnante narration, et encore a-t-il négligé des traits excellents. Le père, entièrement convaincu du mariage, s’éloigne décontenancé, et Garcia de s’écrier : « Allons, tout s’est bien passé, le vieux s’en va, très-persuadé. Il ne dira pas que le mensonge ne rapporte ni plaisir ni profit. Se voir écouter avec tant d’attention^ n’est-ce pas un plaisir ? empêcher un mariage

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odieux, n’est-ce pas un profit ? » Presque partout l’original espagnol est égal en énergie à l’admirable traduction de Corneille ; il y a bien des paradis de chambre à coucher, des soleils, des étoiles, des lunes, tout le phébus à la mode, qui n’est pas d’excellent goût ; mais c’était la manie du temps d’Alarcon, et dans sa langue si colorée, si poétique, cela nuit à peine a la rapidité du dialogue, à l’originalité extrême des inventions. Cette belle pièce a une physionomie spéciale dans le théâtre d’Alarcon et dans tout le théâtre espagnol ; elle marque l’avènement de la comédie de caractère, et c’est ainsi que la comprit Corneille. Il ne parait pas qu’elle ait fait grand bruit en Espagne du vivant de son auteur, qui était du reste, l’objet d’un dédain systématique, la victime du silence de ses rivaux qu’il écrasait. Lorsque la Vertad sospeckosa, sans nom d’auteur, tomba entre les mains de Corneille, il l’attribua à Lope de Vega. Voltaire et Laharpe ont flotté entre Lope et Rojas. On peut dire d’Alarcon que sa gloire est bien posthume : elle attendit deux cents ans.

Menteur (lë), comédie en cinq actes et en vers, de P. Corneille (1642). Corneille a transporté la scène espagnole aux Tuileries et place Royale, serrant, du reste, de fort près l’original, de sorte qu’il n’y a pas une scène importante, un beau vers, une expression énergique qu’il n’ait fait passer dans notre langue avec un rare bonheur. Il a traduit jusqu’à ce quiproquo tout espagnol où Dorante (c’est le nom du menteur dans Corneille) prend Lucrèce pour Clarisse, et jusqu’à cette fête sur l’eau, ^bien k sa place en Espagne, un peu dépaysée à Poitiers, où Dorante place le récit de la fêteo

La scène s’ouvre dans le jardin des Tuileries ; on s’y promène sous des ombrages parfumés. Une demoiselle pose son pied k iaux et se donne une légère entorse, un galant jeune homme lui offre son bras ; la connaissance s’établit ; la belle se montre ensuite à son balcon ; on cause d’amour durant la nuit, on se méprend, on se querelle, on se brouille, et cette série de méprises, de reproches, de colères offre un tableau piquant de ces coquettes intrigues qui se nouent et se dénouent dans la belle saison de la jeunesse. Dorante, le Menteur, en conte à deux belles à la fois, afin de toucher le cœur de l’une ou de l’autre. Il semble que Corneille ait voulu démontrer que les hommes égalent, surpassent même les femmes en dissimulation. Le principal personnage est un caractère de convention ; il ment pour mentir, sans nécessité. Les mensonges de Dorante ont autant d’agrément que

! de facilité ; s’ils étaient dictés par un vil intérêt,

le héros serait un tartufe. Les différents embarras où se trouve le Menteur font autant de plaisir que la façon dont il s’en tire cause de surprise. Outre le personnage de Dorante, qui est soutenu avec beaucoup d’art, on remarque les rôles accessoires : celui du valet, esprit naïf ; ceux des maitresses, femmes qui se connaissent en finesse ; celui du bonhomme Géronte. D’ailleurs, il règne dans cette pièce un air de noblesse et un genre de comique inconnu sur la scène française jusqu’à Corneille. C’est au Menteur que Molière a dû la révélation de son génie. Et, suivant la remarque de Voltaire, « il est impossible, en effet, que l’inimitable Molière ait vu cette pièce sans voir tout d’un coup la prodigieuse supériorité que ce genre a sur tous les autres et sans s’y livrer entièrement. Il y a autant de distance de Afélite au Menteur que de toutes les comédies de ce temps-là à AJélite : ainsi Corneille a réformé la scène tragique et la scène comique par d’heureuses imitations, • Corneille n’a songé qu’à^ plaire, et il y a parfaitement réussi. Dans l’examen de sa pièce, il avoue que, si le vice doit être puni et la vertu récompensée au dénoùment d une fable dramatique, il a failli... Mais son Menteur n’est au fond qu’un jeune fou, dont les parôles ont l’air d’être des gasconnades plutôt que des impostures. « Le caractère du Menteur, de Dorante, dit M. Géruzez, est tracé de main de maître ; il y a dans ses hâbleries une verve, une bonne grâce de jeunesse qui entraîne, et les incidents qu’amène cette manie de son esprit s’enchaînent avec tant de vivacité et de naturel, que cette image d’un travers qui côtoie le vice devient un véritable enchantement. Personne avant Corneille n’avaitdonné à la versification française cette allure dégagée, cette prestesse de mouvement qui repond à tous les caprices d’une conversation spirituelle et enjouée. Ce n’est pas à l’hôtel de Rambouillet qu’il avait trouvé le modèle de ces entretiens sans apprêt, de ces plaisanteries sans affectation, de ces saillies si promptes et si nettes. *

Dans la Suite du Menteur, donnée par Corneille en 16*3, on retrouve Dorante etClituu, son valet, qui est le type du valet raisonneur de Don Juan. Dorante s’est amendé au bout de deux ans, et il a bien fait ; car, au lieu d’épouser Lucrèce, il s’était enfui avec la dot qu’on lui avait comptée ; Dorante ne ment plus, et s’il lui arrive de ne pas dire la vérité, c’est par vertu, par héroïsme. Ainsi transformé, le héros intéresse et touche, mais il ne fait plus rire. Les mots plaisants ou qui veulent l’être se trouvent dans la bouche de Cliton. L’intrigue, bien conduite, est trop romanesque et mar.que de gaieté ; la plupart des scènes sont faites avec art et quelques} unes sont attachantes. La pièce est décousue

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et languissante dans ses derniers actes. Le style, net et facile, est le même que celui du Menteur. On y trouve la tirade célèbre sur la sympathie ou la prédestination en amour. Cette pièce n’est donc pas sans mérite ; on y a vu même l’esquisse du genre cultivé par Destouches, genre qui n’est plus la comédie et qui n’est pas encore le drame. Cependant le succès de cette pièce n’a jamais été brillant. La Suite du Menteur est imitée d’une pièce de Lope de Vega, intitulée : Aimer sans savoir qui, et la supériorité est restée à l’original,

Memciir (la suitk mj), comédie en cinq actes, en vers, pur Andrieux (Théâtre-Français, octobre, 1808). L’auteur a pris au sérieux et réalisé un vœu de Voltaire. « Je ne sais si je me trompe, disait celui-ci dans son commentaire à propos de la Suite du Menteur de Corneille, mais, en donnant de l’âme au caractère de Philiste, en mettant en œuvre la jalousie, en retranchant quelques mauvaises plaisanteries de Cliton, ou ferait de cette pièce un chef-d’œuvre. » Andrieux, esprit délicat, ingénieux et laborieux, tenta de faire ce chef-d œuvre. Il conserva presque en entier les trois premiers actes du maître, ajoutant seulement un de ces jolis contes qu’il faisait si bien et modifiant quelques reparties d’un goût douteux. Dans sa pièce, comme dans celle de Corneille, Dorante, qui a quitté Paris pour fuir un mariage auquel il était condamné, se voit tout à coup conduit en prison pour un duel auquel il n’a pas pris part. Il connaît le vrai coupable ; mais il est assez généreux pour ne pas le nommer et laisse durer l’erreur dont il est victime. Mais la sœur de celui pour lequel il se dévoue n’a pu le voir sans être touché de sa belle conduite et aussi de sa bonne mine. Elle lui fait porter de l’or, du chocolat, mille petits cadeaux par une soubrette. Elle le vient visiter elle-même, mais s’enfuit bientôt à la hâte, abaissant son voile, lorsqu’elle voit entrer dans la prison son fiancé, Ariste, ami intime de Dorante. Enfin, l’ancien Menteur, bien converti, devient libre sur la caution d’Ariste et vole au rendez-vous que lui a donné la belle Mélisse. Ici, Andrieux se sépare de Corneille ; il essaye de ramener sur la scène le Menteur et ses mensonges ; mais, pour lutter avec le Menteur véritable, il fallait un autre genre de talent que celui de l’élégant conteur.

Meumur (le), comédie en trois actes et en prose, de Goldoni (1750). Ce n’est qu’une ingénieuse initiation de la pièce de Corneille, La scène se passe à Venise. Le docteur Balaozoni a deux filles à marier, Béairix et Rosaure, qui sont courtisées chacune par un timide amant, Béatrix par Octavio, gentilhomme de ï’adoue, et Rosaure par Fiuiiinle, étudiant bulonais. Ce dernier singéiiie de mille façons pour plaire à Rosaure : sérénades, cadeaux, sonnets, épîtres passionnées, il n’épargne rien ; mais tout cela ne sert qu’à faire bien venir auprès de Rosuure le menteur, Lélio, qui se présente à elle comme gentilhomme napolitain, bien que son père soit un simple marchand, et qui se prévaut de toutes les galanteries anonymes du timide Floriude. Tout d’abord ces supercheries, dans lesquelles Lélio est aidé par son valet, Arlequin, réussissent parfaitement ; mais voici que survient Pantalon, le père du menteur. Pantalon lui annonce sou projet de le marier ; Lélio, pour ne pas quitter Rosaure, répond à son père qu’il est marié à Naples et il fortifie ce mensonge d’une foule de circonstances plus artificieuses les unes que les autres ; mais quand Pantalon lui apprend que Rosaure était la future qu’il lui destinait, Lelio se défend aussi énergiquement d’avoir été marié qu’il se défendait tout à l’heure d’être célibataire. Malheureusement il est trop tard ! Fiorinde s’est décidé à demander au do*<eur la main de Rosaure, et celle-ci ne demande pas mieux que de la lui accorder en apprenant que c’était lui, le soupirant mystérieux, qui lui avait adressé cadeaux, sérénades et tendres poésies. Toutes les menées de Lélio sont découvertes, et il est bafoué de la manière la plus amusante.

MENTEUSEMENT adv, (man-teu-ze-man

— rad. menteur). D’une maniera menteuse, fausse, hypocrite : Le communisme athée et mentkusement mystique a été rêvé par quelques hommes en France. (Villem.)

MENTHASTRE s. m. (man-ta-stre — lat. menthastrum ; de menta, menthe). Bot. Menthe sauvage, à feuilles rondes.

MENTHE s. f. (man-te — lat. menta, gr. mintka, mots que Delàtre rapporte à la racine mand, man, rapetisser. La menthe serait ainsi nommée parce que c’est une plante dont les fleurs sont extrêmement petites ; mais une pareille interprétation est plus que douteuse). Bot. Genre de plantes, de la famille des labiées, dont plusieurs espèces sont employées en médecine : La menthe poivrée exhale, quand on la froisse entre les doigts, une odeur voisine de l’acre senteur du camphre. (H. Berthoud.) Il Menthe de chat, Nom vulgaire de la iiépète cataire.

— Coinm. Liqueur faite avec cette plante : L’un de mes nouveaux amis commanda au garçon un verre de menthe pour chacun de nous, (E. de La Bédolliere.)

— Encyol. Le genre menthe est caractérisé par un calice eu cloche ou tubuleux à cinq