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Londres dans le but d’étudier les trucs et, le

Ïiremier, lit paraître des acteurs anglais sur a scène française. Plus littérateur qu’administrateur, il se fatigua bientôt de sa position, y renonça en 182G et épousa Mme Dorval, la célèbre actrice qui a créé les premiers rôles du théâtre romantique moderne. Devenu secrétaire du maréchal de Bourmont et historiographe de l’expédition d’Alger (1830), il assista à la prise do cette ville. Après la révolution de Juillet, Merle cessa d écrire des pièces de théâtre et se consacra tout entier au feuilleton critique du journal légitimiste l’Union. Merle a sa place à côté de Jules lanin et de Rolle, à la suite des Geoffroy, des Hoffman, des Feletz, etc. On a de lui les ouvrages suivants : Mémoires historiques, littéraires et critiques de Bachaumont, depuis l’année 1762 jusqu’à l’année 178G (Paris, 1808-1809, 3 vol. in-8o) ; une édition de la Grammaire espagnole de Port-Royal, augmentée de notes et d’un Traité d’orthographe espagnole (Paris, 1808, in-8o) ; l’Espion anglais ou Correspondance de deux lords sur les mœurs publiques et privées des Français (Paris, 1809, 2 vol. in-S°) ; Extraits des mémoires de Bachaumont (Paris, 1809, 3 vol. in-8o) ; Esprit du Mercure de France, depuis son origine (en 1G72) jusqu’en 1792 (Paris, 1811, 3 vol. in-S») ; Exposé justificatif de la conduite politique de M. le lieutenant général comte Clavsel, depuis le rétablissement des Bourbons en France jusqu’au £b juillet 1815 (Paris, 1816, in-8o), travail qui fut signé par le maréchal Clausel et" auquel, dit-on, Jouy collabora ; Mémoire en faveur des bannis (Paris, 1819, in-8o) ; Description historique et pittoresque du château de Chambord, offert par la France à S. A. B. Mgr le duc de Bordeaux (Paris, 1821, in-fol.) ; Lettre à un compositeur français sur l’état actuel de l’Opéra (Paris, 1827, în-S») ; De l’Opéra (1827, in-8o), écrit dans lequel Merle signale les améliorations à introduire dans ce théâtre ; Anecdotes historiques et politiques, pour servir à l’histoire de la conquête d’Alger (Paris, 1831-1832, in-8o) ; Chambord (Paris, 1832, in-12).

Merle n’a pas produit moins de cent vingt ouvrages dramatiques, et son zèle pour les Bourbons lui a inspiré maintes pièces de circonstance qui n’ont rien ajouté k sa réputation. Il passe pour avoir aidé de Jouy dans la publication de l’Ermite de la Chausséed’An tin.

MERLE (Paul van), érudit hollandais.-V. . Mkkula.

MERLE D’AUBIGNÉ (Jean-Henri), théologien et historien suisse, né aux Eaux-Vives, faubourg de Genève, en 1794, mort en 1872. Sa famille, originaire de Nîmes et qui descend, dit-on, d’Agrippa d’Aubigné, alla se fixer en Suisse à l’époque de la révociition de l’édit de Nantes. Henri Merle d’Aubigné fit ses études à Genève, suivit les cours de théologie, se fit recevoir docteur et fut admis au ministère évangélique en 1817. Afin de compléter ses études, il visitales principales universités de l’Allemagne et suivit à Berlin les leçons de Néander. Pendant cinq années. Merle exerça les fonctions ecclésiastiques k Hambourg, comme pasteur de l’Église française ; ensuite il se rendit à Bruxelles, où il devint président du consistoire et y resta jusqu’en 1830. À cette époque, il revint à Genève et fut nommé professeur d’histoire ecclésiastique k l’école libre de théologie nouvellement fondée.

La réputation de M. Merle d’Aubigné lui vient principalement de son Histoire de la Béformation au xvie siècle (Paris, 1835, 5 vol. in-8o). Cet ouvrage, réédité en 1861, et dont la traduction anglaise s’est vendue à un nombre considérable d’exemplaires, est important et a de grandes qualités. M. Merle excelle à dramatiser les événements et à mettre en relief ses personnages. Il faut noter, toutefois, que sa réputation est surtout établie en Angleterre et aux États-Unis, ce qui montre suffisamment qu’on salue en M. Merle l’homme d’un parti, non moins que l’historien. Le style de l’auteur est pompeux, déclamatoire et trop souvent d’un goût douteux. Outre cet ouvrage et des articles insérés dans les Archives du christianisme et autres recueils, on lui doit : les Miracles ou Deux erreurs (1840, fh-12) ; le Luthéranisme et la Réforme (1844, in-S») ; le Protecteur ou la République d’Angleterre aux jours de Crnmuieil (Paris, 1848, in-8«) ; l’Allemagne, l’Angleterre et l’Écosse (1848, in-8o) ; Trois siècles de luttes en Écosse ou Deux rois et deux royaumes (Paris, 1850, in-18) ; Témoignage de la théologie (1850, in-8o) ; VAutorité des Écritures inspirées de Dieu (1850, in-12), l’Église' et la diète de l’Église (1853, in-S») ; le Christianisme aux trois premiers siècles (1857, in-12) ; l’Ancien et le ministre (1856, in-8o) ; Il y a un ministère de la parole institué de Dieu (1858, in-8o) ; Caractère du réformateur et de la Béformation de Genève (1862, in-8<>) ; Histoire de la Béformation en Europe au temps de Calvin (1862-1868, 4 vol. in-8o).

MERLE s. m. (mèr-lé). Vitic. Variété de raisin. Il On écrit aussi MERLET.

MERLEAU ou MERLOT s. m. (mèr-lôdimin. de merle). Ornith. Jeune merle.

MERLER (Jacques), en latin Jacobus noniiu«, théologien hollandais, né à Hprst en 1597, mort k Cologne en 1644. Élevé par son oncle, U reçut la prêtrise en 1621 et devint

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chapelain de l’évêque de Verdun, François de Lorraine, qui lui donna la cure de Notre : Dame-in-Pasculo. On a de lui : Enchiridion officii divini, tum ecclesiasticormn, tum aliorum divinis officiis pie interesse cupientium usui accommodatum (Cologne, 1623, in-S») ; Monita sapientix chrisiianx, ad mores et vitze spiritualis officia omnemque pietalis cultum utifia (Cologne, 1630, in-24) ; Fasciculus myr— rhse et thuris (Cologne, 1630) ; Paradisus aninns christianx, lectissimis omnigeniB pietalis de liciis ainœnus (Cologne, 1630 et 1644, in-24). Cet ouvrage, souvent réimprimé, eut un immense succès ; mais plusieurs évêques.en interdirent la lecture, parce que l’auteur enseignait que Jésus-Christ n’est mort que pour les élus ; Viaticum quotidianum hominis chris-, tiani (Cologne, 1633, in-4<>) ; Septem tubx orbis chrisliani, ad reformationem ecclesiasticx disciplina toto orbe, et prxsertim in Germania, etc. (Cologne, 1635, in-8o) ; Aphorismi eucharistici, etc. (Cologne, 1638, in-18), etc.

MERLERAULT (le), bourg de France (Orne), chef-lieu de canton, arrond. et à 25 kilom. K. d’Argentan, dans une charmante vallée ; pop. aggl., 848 hab. — pop. tôt., 1,328 hab. Fabrication de bonneterie, chaux, toiles ; corroierie. Commerce de bestiaux, bois. Hôtel de ville monumental. Église romane flanquée d’une tour carrée. On élève dans ce canton, dont les herbages sont excellents, des chevaux très-estimés. M. Charles du Hays a publié, sur ce sujet, une étude intéressante intitulée le Merlerault.

MERLET (Jean-François-Honoré, baron), homme politique et administrateur français, né k Martigué-Briand, près de Saumur, en 1761, mort en 1830. Avocat au moment où éclata la Révolution, il fut élu, en 1790, procureur-syndic du district de Saumur, devint, .

l’année suivante, député du département de Maine-et-Loire à l’Assemblée législative, dont il fut vice-président et président aux époques les.plus orageuses, dénonça, en 1792, Lecointre de Versailles pour avoir fait arbitrairement arrêter des soldats de la compagnie des Cent-Suisses, revint dans son pays natal à l’expiration de la session et vécut dans la retraite jusqu’au coup d’État du 18 brumaire. Peu après, le premier consul Bonaparte le nomma préfet de la Vendée, où, pendant huit années d’une administration aussi ferme que sage et conciliante, il s’attacha k réparer les maux causés par la guerre civile. Commandant de la Légion d’honneur en 1804, maître des requêtes en service extraordinaire en 1806, baron en 1808, Merlet

devint préfet de Maine-et-Loire en 1809, et fut appelé peu après k administrer le département de la Roër (chef-lieu, Aix-la-Chapelle), qui réclamait une administration ferme et vigoureuse ; mais il refusa d’accepter ce dernier poste, pour ne pas participer aux opérations de la conscription qui commençait à peser d’un poids intolérable sur la France. Nommé peu après président du magistrat du Rhin, il organisa cette administration dont les attributions étaient à la fois administratives et diplomatiques, donna sadémission en 1812 et vécut, à partir de ce moment, dans la retraite.

MERLET (Lucien-Victor-Claude), paléographe français, né à Vannes (Morbihan) en 1827. Il venait de se faire recevoir licencié es lettres lorsqu’il devint, en 1848, élève de l’Ecole des chartes. M. Merlet en sortit avec le diplôme d’archiviste paléologue (1851) et, peu après, il fut nommé archiviste du département d’Eure-et-Loir. Il s’est avantageusement fait connaître par des publications estimées, est devenu président de la Société archéologique d’Eure-et-Loir, correspondant

du comité des travaux historiques, officier d’académie, chevalier de la Légion d’honneur, et a reçu une médaille lors du concours des antiquités nationales. Nous citerons de lui les ouvrages suivants : Histoire des relations des Hurons et des Abnaquis du Canada avec Notre-Dame de Chartres (1858, in-S») ; Robert de Gallardon, scènes de la vie féodale au xnie siècle (1858, in-8o) ; Dictionnaire topographique du déparlement d’Eure-et-Loir{S<jl, in-8o) ; Études sur les anciens registres de l’état civil (L8S1, in-S<>) ; Carlulaire de l’abbaye de Natre-Dame-des-’aux de Cernay (1857-1858, 3 vol. in-4o, avec atlas in-fol.), ouvrage publié aux frais du duc de Luyties ; Carlulaire du chapitre de Notre-Dame de Chartres (Chartres, 1863-1865, 3 vol. in-4o) ; Journal de D. Geslain (1862, in-s°) ; Belation du siège de Prague par les Autrichiens ; Histoire de l’abbaye de Notre-Dame de Coulomb (1865, in-8o), etc.

MERLET (Gustave), littérateur français, né à Paris en 1829. Après avoir fait de brillantes études et remporté de nombreux prix au concours générai, il entra à l’École normale en même temps que MM. Taine, ’About, Sarcey, Libert, se fit recevoir agrégé des lettres en 1851, professa quelque temps les humanités a Douai, puis revint k Paris (1859), où il a été successivement professeur de troisième et de seconde au lycée Charlemagne et professeur de rhétorique au lycée Louis-le-Grand. M. Merlet s’est fait connaître comme un écrivain ingénieux et spirituel par des articles publiés dans divers journaux et revues, l’Indépendant de Douai, le Journal de l’instruction publique, la Bévue française, la Revue euro- I péenne, la France, etc.- Il a fait paraître en

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volumes : les Béalistes et les fantaisistes (1861, in-18) ; les Portraits d’hier et d’aujourd’hui (1863) ; Causeries sur les femmes et les livres (1865), etc.

MERLET DE LA BOULAYE (Gabriel-Eléonore), naturaliste français, né à Angers en 1736, mort dans la même ville en 1807. Une fortune considérable lui permit de satisfaire son goût pour les arts et les sciences. Pendant un voyage qu’il fit en Italie, il devint membre de l’Académie des Arcades, forma une précieuse collection d’objets d’art et d’histoire naturelle, passa ensuite en Angleterre et.devint, après son retour dans sa ville na,tale, professeur de grammaire générale a’I’Ecole centrale, puis directeur et professeur du Jardin des plantes. On a de lui un petit traité manuscrit intitulé Connaissance de la physionomie, et ses élèves ont publié, d’après un herbier qu’il avait formé pendant trente ans, Herborisations dans le département de Maineet-Loire et aux environs de Thouars, dans les Deux-Sèures, par feu M. Merlet de la Boutaye (Angers, 1809, in-S").

MERLETTE s. f. (mèr-lè-te — fém. de merle). Ornith. Femelle du merle. || On dit aussi merlesse.

— Blas. Petit oiseau posé de profil, sans pieds ni bec, et de couleur noire : De Malfilâtre : D’argent, à trois merlettes de sable.

— Art milit. anc. Sorte de casque.

MERLEY (Louis), sculpteur et graveur français, né k Saint-Étienne (Loire) en 1815. Élève de Galle, de David d’Angers et de Pradier, il entra à l’École des beaux-arts en 1839 et en sortit, en 1843, avec le grand prix de gravure en médailles. Son morceau de concours, Arion sauvé par un dauphin, est charmant, et l’auteur n a pas fait mieux depuis. À cette époque, M. Louis Merley avait exposé quelques bustes, mais le peu de succès qu’ils eurent le détermina à ne plus s|occuper que de gravure en médailles. Après avoir passé cinq ans en Italie, M. Merley revint k Paris en 1848, remporta le premier prix au concours des monnaies, et exposa, cette même année, les. Villes d’Algérie faisant leur soumission àja France et les Têtes et Bevers de la République française, type des pièces d’or de Février. Beaucoup de talent se révélait dans ces deux médailles ; mais la dernière fut écrasée par la belle Bépublique de M. Oudiné.-Les portraits-médaillons, envoyés par M. Merley aux Salons de 1849 et de 1850, eurent du succès, succès qui eût été plus vif et plus franc si ces médaillons avaient rappelé avec moins de précision les fameux médaillons do David. Le Maréchal Bugeaud, commande de la Monnaie ; la Découverte de Ninive et la Pacification de l’Algérie, pour le ministère d’État, trois médailles importantes, exposées en 1851, mirent l’artiste en faveur auprès de l’administration qui, depuis lors, lui a fait de nombreuses commandes. Le Chemin de fer de Paris à la Méditerranée, pour le ministère d’État ; le Chemin de fer de ceinture ; la Statue de Napoléon Ier, de Lyon, d’après M. le comte de Nieuwerkerke, qui figurèrent k l’Exposition de 1855, et l’Emprunt des 500 millions, médaille qu’il envoya à celle de 1857, n’ajoutèrent rien au renom de l’artiste.

Au Salon de 1861, il exposa des portraitsmédaillonset camées, dont le principal mérite

consiste dans l’habileté de l’exécution ; la Médaille commémorative du voyage de la reine d’Angleterre en France, celle du Traité de com7nerce entre la France et l’Angleterre, qui

Earurent en 1863, sont également remarquales au double point de vue de l’arrangement et de l’exécution. Parmi les autres œuvres de cet artiste habile, nous citerons : Médaille des récompenses décernées aux artistes par l’Académie des îles Baléares (1864) ; Acte de courage du général Naglée, médaille ; un Buste en terre cuite (1865) ; Palais de Long champ, à Marseille, médaille (1866) ; Médaille commémorative de l’achèvement du tribunal de commerce de Paris (1867) ; Portrait-camée de M. de La Morandière (1867) ; Médaille pour les récompenses de la Société de l’industrie minérale de Saint-Étienne ; Tête laurée (1872). M. Merley a exécuté, en outre : la Chasse, fronton, et deux bas-reliefs sur la façade du palais des Tuileries ; Aristarque, statue en marbre dans la cour du. Louvre ; la Justice, la Vérité et la Force, groupe pour le palais de justice de Saint-Étienne, etc. Il aété nommé chevalier de la Légion d honneur en 1866.

MERLI (Joseph), ingénieur hydraulique italien, né à Milan eu 1759, mort dans la même ville en 1829. Il devint surintendant des fortifications avec le grade de colonel, puis directeur des études à l’hospice des orphelins de militaires. On a de lui un travail estimé sur la table parabolique de Régis, un savant Mémoire pour la solution de questions sur la conduite des eaux, et plusieurs ouvrages manuscrits, entre autres un Traité sur différents genres de courbes. ■ •

MERL1ER s. m. (mèr-lié). Bot. Nom vulgaire du néflier.

MEULIEXJX (Louis-Parfait), sculpteur, né à Paris en 1796. Élève de Roman et de Cartellier, il débuta, en 1821, par un groupe en bronze, Hercule étouffant Antée, qui n’eut aucun succès. Cuvier désirait alors avoir au Jardin des plantes un praticien habile pour modeler, sur ses données, les membres perdus

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des animaux antédiluviens. On lui recommanda M. Mèrlieux, qu’il agréa pour ce travail, et il eut tout lieu d’être satisfait de ce choix ; car c’est k cet artiste qu’on doit les restaurations intelligentes que l’on admire dans les galeries de paléontologie au Muséum. Toutefois, les travaux faits pour Cuvier ne firent point oublier k M. Mèrlieux son art do prédilection. En 1824, il exposa l’Enfant qui veut prendréun lézard, puis lu buste de Cuvier (1833) ; celui de Soitfflot (1834), qui a été placé depuis k la bibliothèque Sainte-Geneviève ; celui de Lalreille (1835). En 1S37, il envoya au Salon un Capanée foudroyé. Les Trois archanges de la fontaine Notre-Dame sont encore de lui. Mais ces divers morceaux n’ont rien de saillant : on y trouve de l’acquis, du bon sens, une assez grande habileté d’exécution, mais nullement les qualités qui font les œuvres originales et fortes.

MERLIN s. m. (mèr-lain — anglais marline, danois mzrling, flamand maarline, de maar, mer, et de Une, corde. Le flamand maar se rattache au gothique marei, ancien haut allemand et anglo-saxon merc, du même radical que le latin mare). Mar. Petite corde formée de trois fils de caret commis ensemble, ’ et d’une longueur de 30 brasses.

— Techn. Gros marteau dont les bouchers se servent pour assommer les bœufs : Deux ou trois coups de gros mkrlin sont assenés sur l’os frontal du bœuf pour l’étourdir. (P. Vinçard.) il Hache k fendre le bois.

MERLIN (l’enchanteur), personnage légendaire, rendu ’fameux par les romans de

chevalerie. Merlin, appelé aussi Myrdbiu et Mcriin, surnommé plus tard Einrji et Amiiro.iu», paraît n’être autre que le Mercure celtique. Notons qu’on retrouve dans Merzin (gaélique Merszen) la racine merx (commerce, marchandise), dont les Latins ont fait Mercure. Merzin était un des noms de Teutatès et de Gvvyon, le grand dieu gaulois, et on le lui appliquait lorsqu’on le considérait comme divinité infernale, guide des voyages célestes et terrestres, conducteur des âmes, toutes fonctions analogues k celles deToth, Hermès et Mercure. „

Au ve siècle de l’ère moderne, sous 1 influence de circonstances restées obscures, la légende de Gwyon-Merzin subit une transformation. Merzin devint Merddhyn, puis

Merlin, compagnon du roi Arthur, ’et revêtit une forme humaine au point que les érudits, rencontrant sa légende, crurent qu’elle avait un point de départ dans 1’exiâtence réelle d’un sage, né vers 470 ou 480, dans les montagnes de l’Écosse, versé dans la connaissance des secrets de la nature, fort supérieur par la science k ses grossiers contemporains, et autour duquel s’était par la suite formée une série de légendes et de fables.

Dans ces traditions, Merlin est le fils d’une prêtresse qui, ayant violé ses vœux de chasteté et par conséquent destinée k une mort horrible, attribue la paternité du fils qu’elle va mettre au monde à une sorte de divinité inférieure que les Gaulois appelaient Duz, et pour laquelle les Bretons avaient le plus grand respect. Une étrange affection nerveuse, sous l’influence de laquelle les facultés intellectuelles acquièrent une énergie extraordinaire que les Romains appelaient lues deifica et les anciens Bretons d’Armorique mal sacré, vint ajouter encore au prestige mystérieux’qui s’attachait à la naissance do Merlin, et ne contribua pas médiocrement à sa réputation.

Il commence k jouer un rôle lors de 1 invasion des Saxons en Calédonie. D’après

Gildas (Historia Gildoe de excidio BrilannisSi Ed. Stevenson), le chef militaire suprême du pays, le gnortigern comme on l’appelait, trahit sa patrie en faisant alliance avec les envahisseurs ; mais.un des princes bretons, que

les indigènes nomment Embreiz Guletik, et qui est plus connu sous le nom latin d’Ambrosius Aurelianus, se mit k la tète de ses compatriotes et repoussa les barbares. Il fut secondé dans cette noble tâche par le barde Merlin qui le suivait partout, usant de son ascendant moral sur les populations pour les soulever, chantant leurs exploits lorsqu’elles étaient victorieuses, les consolant après la défaite et leur donnant, le glaive k la main, l’exemple du patriotisme et de la vaillance. Dans cette lutte gigantesque, Merlin nous apparaît comme le type du barde k la fois prophète, magicien, savant, poète et guerrier. Il continua pendant de longues années auprès d’Ambrosius Aurelianus ses hautes fonctions, et conserva son rang auprès du successeur de ce prince, qui paraît être le fameux Arthur. Dans une pièce de vers bretons attri : buée k Merlin, et qui est citée dans le Livre noir de Carmarthen, on trouve le récit d’une terrible bataille en Calédonie, où il aurait combattu les Saxons après avoir prédit leur défaite. Les légendes galloises nous le montrent encore guerroyant avec Arthur contre l’usurpateur Hueil et contre Médrod.son n&-, veu. Mais ces guerres intestines auxquelles il se voyait contraint de prendre part désolaient le grand enchanteur, et k la bataille d’Arderidd, près du golfe de Solway, il brisa son épée et se sauva dans les bois, préférant, disent lès vieux poètes cambriens, « la société des animaux k celle des hommes féroces de son pays. ■ ’

À cette époque, Gildas raconte que Merlin devint, fou par suite du chagrin profond que