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Messe blanc, Chose impossible, objet introuvable qu’on a coutume de promettre ironiquement à quelqu’un, s’il fait une chose ou on juge impossible : Si tu devinés, je te donne un merle blanc.

Vilain messe, ou ironiquement : Beau merle, Personne laide ou désagréable : Tais-toi, vilain merle. Voilà un beau merle !

Jaser comme un messe, Parler beaucoup, le messe étant un oiseau très-babillard.

C’est un dénicheur de merles, C’est un homme très-habile à se procurer ce dont il a besoin ou ce qu’il désire.

— Prov. Faute de grives, on mange des merles, Quand on n’a pas ce qui serait meilleur, on se contente de ce qui est moins bon.

C’est l’histoire du merle et de la merlette, Se dit d’une querelle futile qui se reproduit pour ainsi dire périodiquement sur le même sujet. L’origine, vraie ou supposée, de cette façon de parler parait remonter à un de nos vieux fabliaux, fin vilain, voulant fêter dignement le saint patronal, prit quelques merles aux lacets et les remit à sa femme en lui disant : » Tenez, Catherine, voilà des merles qu’il faut nous accommoder de votre mieux pour le dîner. — Ça, des merles, fit la femme après un coup d’œil jeté sur les volatiles ; en ! mon pauvre homme, vous n’y connaissez rien : ce sont des merlettes. — Et moi, je soutiens que ce sont des merles.-Des merlettes, François, des merlettes. — Des merles, encore une rois. — Des merlettes, encore une fois aussi. — Ah ! Catherine, le dos vous démange, ma bonne ; je vous répète que ce sont des merles. — Et moi, François, je me moque de vos menaces et de vos gros yeux, et je vous soutiendrai sans en démordre que ce sont des merlettes. — Ah I c’est comme cela ! » fit François bleu de colère ; et, s’armant d’un bâton, il commençai en caresser le dos de son opiniâtre moitié. Mais celle-ci n’en criait que plus fort : « Des merlettes, François, des merlettes ; » tant que François dut s’arrêter, sous peine de mettre sa femme en cannelle. La querelle finit par s’apaiser, et de toute l’année on laissa en paix merles et merlettes. Mais la fête patronale revint, et, pendant le dîner, Catherine fut frappée du souvenir évoqué par la circonstance. « Il y a un an, François, vous m’avez rouée de coups parce que je vous soutenais que les oiseaux que vous aviez rapportés étaient des merlettes ; et j’avais cependant raison. — Je vous dis, Catherine, que c’étaient des merles. — Des merlettes. — Des merles, mordieu ! — Des merlettes, par Notre-Dame… ! » Et Martin-bâton de recommencer son jeu. L’année suivante, même comédie, et puis encore l’autre année, et puis encore l’autre année. Bref ; cela dura ainsi dix-sept ans, au bout desquels le pauvre François rendit son âme à Dieu. Catherine put alors en toute sûreté jurer que c’étaient bien des merlettes.

— Ichthyol. Poisson du genre labre, qu’on appelle aussi merlot.

— Encycl. Les merles, parmi lesquels se placent naturellement les grives et les moqueurs, offrent, en raison de l’étendue de la famille a laquelle ils appartiennent, des mœurs d’une grande variété, et s’il en est qui, d’une humeur sociable, se réunissent par petites familles ou même par bandes innombrables, il en est d’autres qui vivent solitaires ou qui ne se réunissent que momentanément et au nombre de deux ou trois. Chaque contrée, chaque localité même a ses merles. Bosquets, bords des eaux, plaines, forêts et monts rocailleux sont hantés par quelques-uns de ces oiseaux qui, s’attachant à leurs divers habitats, ne les quittent que par suite de circonstances majeures. Ce qu’il y a de remarquable, c’est que la diversité de ces stations particulièrement affectionnées de ces oiseaux ne coïncide pas avec une différence bien notable dans le régime ; car presque tous les merles sont à la fois insectivores, frugivores et baccivores, et ceux de nos climats peuvent même être appelés omnivores. Les merles mettent une activité extrême à rechercher leur nourriture ; leur avidité est telle que, lorsqu’ils trouvent un ample champ de récolte, il leur suffit de quarante-huit heures pour passer de la maigreur à une obésité réelle. C’est ainsi que la grive commune acquiert en deux ou trois jours, après son arrivée dans le midi de la France, un tel degré d’embonpoint en se gorgeant de figues, d’olives et de raisins, qu’elle ne peut plus voler qu’à de courtes distances. De là est venu le proverbe bien connu : soûl comme une grive, parce qu’on attribue à l’ivresse la lourdeur qui, chez ces oiseaux, comme chez bien d’autres ne provient que d’une obésité embarrassante.

Les merles sont d’un caractère sauvage, inquiet et dériant, et les espèces qui habitent les lieux montueux, celles qu’on nomme saxicoles, se font remarquer surtout par leurs allures farouches. Tout cela n’empêche point que ces oiseaux ne deviennent assez facilement la proie de ceux qui leur tendent des pièges, poussés qu’ils sont par une gourmandise plus grande encore que leur défiance. Les merles ne sont pas seulement sauvages, ils sont encore d’une humeur acariâtre et querelleuse, et parmi eux la draine se fait remarquer par la violence passionnée et intrépide de ses moyens de défense contre les ennemis les plus redoutables.

Cette famille est très-richement douée sous le rapport du chant, et chez elle la beauté de la voix contraste avec la couleur sombre et triste du plumage de la plupart des espèces. Ce n’est point que tous les merles soient chanteurs, mais quelques-uns d’entre eux se font remarquer par l’amplitude de leur voix, depuis la draine et le messe noir de nos prairies et de nos jardins jusqu’au messe bleu des rochers solitaires qui, à Smyrne et à Constantinople, se vendait jusqu’à 500 francs lorsqu’il était apprivoisé, et au moqueur polyglotte d’Amérique dont on connaît, au moins de réputation, le remarquable talent d’imitation. Nous avons chez nous, parmi les pies grièches, les fauvettes et particulièrement chez nos merles indigènes, des oiseaux qui plus ou moins savent imiter le ramage des espèces voisines ; mais rien n’approche du talent de l’oiseau moqueur qui, contrairement à l’idée qu’on pourrait s’en faire d’après son nom, fait bien moins la parodie des chants qu’il imite qu’il ne cherche à les embellir ; aussi les Américains le placent-ils à la tête de tous les oiseaux chanteurs de l’univers, y compris le rossignol qu’il dépasse, paraît-il, par la puissance de son timbre vocal, en même temps que par l’expression passionnée de son chant. C’est naturellement au printemps que les merles de toute espèce déploient toutes les ressources de leur voix : Ils chantent tout le temps que leur femelle emploie à construire son nid et à couver, puis se taisent à l’éclosion des jeunes, à l’éducation desquels ils prennent dès lors une part active.

La plupart des merles nichent de très-bonne heure. La situation des nids, comme la forme de ce,5 derniers, varie beaucoup suivant les espèces. Les œufs sont généralement au nombre de cinq et sont tantôt d’un bleu verdâtre avec des taches noires, comme chez la grive commune, tantôt d’un vert bleuâtre clair avec des taches rousses, comme chez le messe ordinaire, ou d’un bleu sans tache comme chez le messe bleu, ou enfin d’un gris roussàtre taché de brun comme chez la draine. La durée de l’incubation est de quinze à dix-huit jours, et c’est après l’émancipation des dernières nichées que toutes les espèces de merles commencent à émigref hors des cantons où la reproduction a eu lieu. La cause de l’émigration de ces oiseaux étant toujours le manque de nourriture, il en résulte que leur voyage s’étend.d’autant plus loin que les pays qu’ils traversent sont plus dépourvus de provisions.

De tout temps, la chair des merles, et surtout celle des espèces à plumage grivelé, a été fort recherchée à cause de sa délicatesse et de son fumet. Cette réputation est parfaitement méritée ; mais ce que l’on comprend moins, c’est que la chair de ces oiseaux ait été considérée autrefois et à une époque relativement récente, c’est-à-dire au commencement de ce siècle, comme douée de vertus en quelque sorte magiques pour la guérison d’affections diverses (inflammations, sciatiquo, goutte, taches du visage, etc.). Ce qu’il y a d’incontestable, c’est que la chair des grives, en particulier, est d’une extrême délicatesse, et l’histoire nous raconte avec quelles minutieuses précautions les Romains sensuels obtenaient l’engraissement de ce précieux gibier, qu’on enfermait dans des volières sombres et qu’on nourrissait de millet, de figues broyées et de baies aromatiques. Ces procédés ne sont plus employés aujourd’hui ; toutefois, la chasse aux grives forme encore une branche considérable d’industrie dans certaines contrées méridionales, telles que la Corse et la Sardaigne.

Le messe commun, qui se trouve en tant de pays, est l’oiseau noir par excellence ; c’est de là qu’est venue la locution vulgaire par laquelle on dit à celui qu’on met au défi de faire une chose que l’on croit impossible : « Si vous réussissez, je vous donnerai un messe blanc. • Cependant si le messe blanc est l’avis rara, il n’est point l’oiseau impossible à trouver ; il n’existe point comme espèce ou variété a l’état régulier ; mais il existe parfois comme individu et par exception. Il y a le messe albinos, comme il y a le moineau albinos, beaucoup plus commun même, puisque cet oiseau peut devenir blanc par vieillesse, ou être blanc jusqu’à la première mue, comme il y a l’homme albinos, même dans la race nègre, comme il y a, en un mot, dans tous les produits noirs ou colorés de la nature, des phénomènes albinos. Ces jeux se produisent même plutôt du noir au blanc que d’une couleur quelconque un blanc ou à une autre couleur. La nature aime à jouer surtout avec les contrastes parfaits. Le noir, dans les êtres organisés, résulte d’une matière que, chez l’homme, on appelle pigmentum, et qui a la propriété d’absorber les sept rayons du spectre solaire, tandis que le blanc résulte d’une enveloppe composée de manière à posséder la propriété de réfléchir à la fois, et sans les décomposer, ces sept couleurs dont le mélange est le blanc. Pour la production, d’un individu albinos dans les espèces noires, il suffit que, par une cause anomale venant s’ingérer dans le développement premier de l’embryon, la formation de la matière noire soit arrêtée ; il en résultera le blanc, simplement par absence complète de cette matière. Le voyageur Pausanias ne doit donc être suspecté ni de mauvaise foi ni d’erreur lorsqu’il raconte qu’il y avait des merles blancs au mont Cyllène, en Arcadie. « Une des merveilles du mont Cyllène, dit-il, c’est qu’on y voit souvent des merles qui sont tout blancs. Pour des aigles blancs, j’en ai vu au mont Sipyle, près d’un marais nommé le marais de Tantale. Des sangliers et des ours blancs, c’est chose si commune en Thraee que des particuliers même en ont chez eux ; en Libye, on nourrit des lapins blancs, comme on nourrit ailleurs de la volaille, et j’ai vu à Rome des biches toutes blanches, ce qui, à dire vrai, me surprit extrêmement ; il ne me vint pas à l’esprit de demander si elles venaient de quelque île ou d’un pays en terre ferme. J’ai voulu rapporter tous ces exemples, afin que l’on ne croie pas que j’en impose quand je dis qu’il y a des merles blancs au mont Cyllène. »

Les espèces qui composent la famille des merles présentent une distribution géographique très-étendue. Elles sont répandues à peu près partout, avec une certaine profusion, même en Europe où l’on en compte quatorze, huit qui y nichent et six qui s’y montrent de passage. La plus grande confusion règne dans les classifications de ces espèces, et, à ce point de vue, l’histoire des merles laisse beaucoup à désirer. Nous nous bornerons ici à donner un résumé très-succinct, d’après M. Gerbe, de la classification de Cuvier. La famille des merles est divisée en sept vastes sections : I. Les merles, comprenant le messe commun d’Europe, noir à bec jaune, présentant de nombreuses variétés ; le messe à plastron, noir avec une tache blanche sur la poitrine ; le messe à gorge noire, le messe blafard, le messe à sourcils blancs, plus une quinzaine d’espèces étrangères ; la grive commune rousse, tachée de l’un, la draine, la grive dorée, la licorne, le inauvis, plus une dizaine d’espèces étrangères.

— II. Les pétrocincles, comprenant le messe bleu, le messe de roche, le petit messe, le petit solitaire, etc. — III. Les moqueurs comprenant le moqueur polyglotte, le moqueur cendré, le moqueur bleu, le moqueur livide, etc. — IV. Les stournes, renfermant une quinzaine d’espèces. — V. Les turdoïdes.-VI. Les grallines. — VIL Enfin, les crinons, renfermant tous un nombre considérable d’espèces et de variétés.

MEULE (Matthieu), capitaine français, né à Uzès en 1548, mort en 1590. Il est célèbre par quelques hardis coups de main, exécutés tant dans le Vivarais que dans l’Auvergne. Issu d’une famille noble, mais sans fortune, il ne reçut aucune instruction et suivit le métier des armes. Messe se signala de bonne heure par une bravoure extraordinaire et par son attachement au protestantisme. Il avait fait la campagne de 1509 dans le Poitou, sous les ordres de d’Uzès, et il était chargé de la garde du château que François de Peyre possédait dans le Gévaudan, lorsque eut lieu le massacre de la Saint-Barthélémy (1572). Messe, dont la réputation de bravoure était telle que le duc de Montpensier écrivait en parlant de lui : • Il est un peu délabré d’hommes, mais avec lui j’attaquerais l’enfer, sot-il plein de cinquante mille diables, » Messe résolut alors de venger ses coreligionnaires égorgés. Avec une poignée d’hommes, il s’empara d’abord de Malzieu, dans le Gévaudan, en 15.3, puis se tourna surlssoire, place forte dont un coup de main le rendit maître. Étant descendu dans le fossé qui entourait la ville, il fait dresser une échelle au rempart et, dit Gondin, monte le premier, trouve un habitant avec un bâton ferré aux deux bouts, qui s’oppose vivement a lui et tâche de renverser l’échelle ; mais Messe, s’étant fait bailler de main en main deux pistolets, les tire et renverse la sentinelle de la muraille en bus, ce qui lui facilite son entrée avec ses bons capitaines : ainsi il fut bientôt maître d’Issoire, où il établit le même ordre qu’au Malzieu, se fait des amis parmi la noblesse voisine et quelques autres du pays. • Le vaillant capitaine exigea 50,000 livres des habitants d’Issoire ; il répara les murs de la ville, dont le gouvernement lui fut donné par Damville en 1575, et se signala par quelques petites victoires sur les catholiques. Après la paix de Monsieur (1576), il se retira à Uzès ; mais la guerre recommença l’année suivante. Il reprit Malzieu et se porta sur Ambert, dont il voulait châtier les habitants, qui s’étaient montrés cruels envers les protestants, au mépris de l’édit’de pacification. Vingt-cinq d’entre eux furent fusillés. En cette circonstance, Messe fut barbare. Après avoir vainement tenté de s’emparer de Marsac, puis de Saint-Flour (1578), en 1579, dans la nuit de Noël, il escalada les murailles de Monde, sans être vu ni entendu, grâce aux ténèbres et au bruit des cloches, et il resta maître de la place. La noblesse catholique, réunie à Chanac quelques mois après, le lit sommer par un trompette d’évacuer la ville, sous peine d’être passé, lui et ses gens, au fil de l’épée. « Messe, après avoir bien fait boire le trompette, lui dit qu’il notât bien sa réponse, qui étoit que lesdits seigneurs l’avoient fort souvent menacé de ce siège et de cette belle armée, et qu’il lui tardoit fort de les voir ; mais que s’ils ne tenoient parole de le venir voir, qu’il les iroit voir eux. » il tint parole, se jeta un soir sur Chanac, tua un grand nombre d’ennemis et revint à Mende avec deux cents chevaux de guerre et un riche butin. Sa réputation fit des envieux, même parmi ses coreligionnaires. Châtillon s’empara de Mende, par une sorte de trahison, tandis qu’à son appel Messe se rendait sans défiance au siège du château de Balsiège (15S0) ; mais, à quelque temps de là, il reprit cette ville. Le roi de Navarre, qui lui avait donné le titre do gentil’homme de la chambre, le nomma gouverneur de Mende le 25 juin 1580. Le traité de Fleix le força de rendre cette place aux catholiques. »U se retira alors (1582) et prit le titre de baron de Salavas et de La Cette. Après la bataille de Coutras, le rei Henri de Navarre l’envoya à Nîmes, et, à partir de cette époque, il n’est plus question dans l’histoire de cet homme de guerre, qui joignait un grand esprit de ruse à une intrépidité étonnante, et qui, à l’exemple do la plupart des hommes de guerre de son temps, se montra cruel et d’une grande rapacité. Le marquis d’Aubais, dans ses Pièces fugitives pour servir à l’histoire de France, a raconté les Exploits faits par Matthieu Messe, baron de Salauas, en Vivarais, depuis l’an 1576 jusqu’en 1580.

MERLE (Pierre-Hugues-Victor, comte), général français, né à Montreuil-sur-Mer en 1766, mort à Marseille en 1830. Sous-lieutenant en 1792, il se signala tellement par son intrépidité que, deux ans plus tard, il était

Eromu général de brigade. Après avoir comattu.contre les Espagnols, à qui il prit Tolosa (1794), il passa en Vendée, contribua à la soumission des insurgés, fut traduit sur des rapports calomnieux devant un conseil de guerre, qui l’acquitta(1798), mais resta en disponibilité jusqu’au coup d’État du 18 brumaire.’Envoyé bientôt après en Italie, il prit part à la bataille de Marengo, se signalaau passage du Mincio, devint gouverneur d’Alexandrie, puis de Turin, passa en 1805 à l’armée d’Allemagne, et fut promu général de division pour la part qu’il avait prise à la bataille d’Austerlitz (1805). Trois ans plus tard, Messe, attaché à l’armée d’Espagne, prit Villadolid, Santander, refoula les Anglais sur Lugo, entra en Portugal (1810) et reçut de graves blessures à l’assaut d’Oporto et à la bataille de Busaco. Pendant la funeste campagne de Russie en 1812, il se signala en défendant Polotsk, sauva ses bagages et quaranto pièces d’artillerie, reconduisit les débris de sa division jusqu’en Pologne et prit le commandement d’une division militaire de la Hollande. À l’arrivée des Bourbons en 18U, il fut nommé inspecteur général de gendarmerie et vécut dans la retraite k partir de 1816.


MERLE (Jean-Toussaint), auteur dramatique, publiciste et critique français, né à Montpellier en 17S5, mort à Paris en 1852. Il suivit à Paris, en 1803, son oncle Albisson, alors membre du Tribunat, et obtint un emploi au ministère de l’intérieur. Appelé par la conscription en 1805, Messe entra dans les vélites de la garde, partit pour l’Espagne en 1808, mais revint presque aussitôt à Paris, après s’être fait exonérer du service militaire, pour lequel il ne se sentait pas plus de vocation que pour le métier bureaucratique. À partir de ce moment, le jeune homme s’adonna entièrement à ses goûts littéraires.

Pour son début, il fit avec Alexandre Duval une pièce de théâtre instrulée : le Retour au comptoir, qui réussit au Vaudeville ; puis l’Almanach des grands hommes, un acte qui fut interdit par la police après la deuxième représentation, comme contenant des ailusions séditieuses. Messe, dès cette époque, appartenait au parti royaliste, auquel il resta constamment ndèle. En 1808 et 1809, il écrivit dans le Mercure de France , puis il collabora a la Gazette de France et à la Quolidienne, où il dirigea la partie littéraire et fit avec talent des articles de critique théâtrale, qu’il signait des lettres J, T. Instruit et bienveillant, il possédait l’art difficile de dire la vérité, de juger sainement et avec esprit sans blesser personne, sans se faire d’ennemis. Messe collabora, en outre, au Journal des arts, au Diable boiteux, au Nain jaune, au Conteur, etc. En 1810, il fit, en société avec Ourry, une pièce instrulée : Irons-nous à Paris ? on la Mevue de 1810, dont le succès fut très-vif. Dès ce moment, il’continua d’exploiter le filon dramatique et il produisît un nombre considérable de pièces, parmi lesquelles nous citerons : le Ci-devant jeune homme (Paris, 1812, in-8<>) ; les Intrigues de la Ilûpée ; les Petits braconniers (1813, in-S°) ; les Deux Philibert ou Sagesseset Folie (1816, in-S ») ; la Fille Grenadier (1817, in-8°), ouvrage que M. Quérard attribue à Bory de Saint-Vincent ; les Courses de New-Market (1818) ; Jocrisse chef de brigands ; le Code de l’amour (1821, in-8°) ; la Maison du rempart ; la Fête d’un bourgeois de Paris ; la Caria à payer (1822, in-8<>) ; Tout pour l’enseigne ; Marie-Stuart, drame en trois actes, imité de la tragédie allemande de Schiller (1820, in-S«) ; eMonstre et le Magicien, mélodrame en trois actes (18261, pièce qui eut beaucoup de succès, et dans laquelle Cook, mime anglais, était chargé du rôle principal, qu’il remplissait à souhait ; le Bourgmestre de Saardam ; la Lampe merveilleuse ; Ourdka, Préville et Taconnet, etc. Pour tous ces ouvrages et d’autres encore, il fut le collaborateur d’Ourry, déjà nommé, de Brazier, de Dumersan, de Carmouche, etc. De 1822 à 1826, il dirigea le théâtre de la porte-Saint-Martin, fit plusieurs voyages à