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le prétexte de reviser la constitution, voulaient ramener la Révolution en arrière.

Il était alors très-lié avec Robespierre, et tous les deux étaient les grandes popularités du moment. À la fin de la session, au sortir de la dernière séance, ils furent acclamés par le peuple, couronnés de feuilles de chêne et presque portés en triomphe.

Après la démission de Bailly (novembre 1791), Pétion fut élu maire de Paris en concurrence avec La Fayette. C’est en cette qualité, comme chef de la municipalité, qu’il s’associa à la fête donnée en l’honneur des Suisses de Châteauvieux ramenés des galères, réparation nationale qui fit pousser des cris de fureur à la réaction.

Son rôle dans la journée du 20 juin 1792 ne fut pas moins attaqué. On lui reprochait de n’avoir point, comme premier magistrat municipal, empêché le mouvement. Mais l’aurait-il pu ? D’ailleurs, comme homme de parti, il est à croire qu’il l’approuvait. Il proposa d’y mêler, par une convocation, toute la garde nationale, afin d’être assuré qu’il serait pacifique. Mais le directoire du département de Paris refusa, ne voulant à aucun prix légitimer un rassemblement illégal. Mais il n’avait aucune force pour faire respecter ce refus. Dans le fait, une foule de gardes nationaux, leurs officiers en tête, marchèrent avec le peuple. Comment arrêter ce torrent ? À l’article consacré à cet événement, on en trouvera d’ailleurs tous les détails, que nous ne pouvons reproduire ici.

Dès qu’il eut connaissance de l’invasion des Tuileries, Pétion accourut au château ; on l’a accusé de ne s’être pas trop pressé ; peut-être bien, en effet, n’était-il pas fâché que les incorrigibles de la cour reçussent cette dure leçon et cet avertissement, et qu’à cette heure il jugea qu’il était temps d’enrayer.

Acclamé, porté pour ainsi dire, il parvint, à travers une foule énorme, à pénétrer dans les appartements, fut hissé sur un fauteuil, harangua le peuple et l’adjura de se retirer, mais sans oublier d’établir, avec une fermeté habile, la légitimité de la manifestation.

« Citoyens, dit-il, vous venez de présenter légalement votre vœu au représentant héréditaire de la nation ; vous l’avez fait avec la dignité, avec la majesté d’un peuple libre ; retournez chacun dans vos foyers, vous ne pouvez exiger davantage. Sans doute votre demande sera réitérée dans les quatre-vingt-trois départements, et le roi ne pourra se dispenser d’acquiescer au vœu manifeste du peuple. Retirez-vous, je le répète, et, en restant plus longtemps, ne donnez pas occasion d’incriminer vos intentions respectables, etc. »

Sergent et quelques officiers municipaux se joignirent à Pétion, ainsi que des députés, et peu à peu le château fut évacué, mais non sans peine. Tous les rapports constatent que le maire de Paris déploya la plus active énergie pour obtenir ce résultat.

Néanmoins, il subit un débordement d’injures de la part des royalistes. Le lendemain, sur de faux bruits de nouveaux mouvements, il fut mandé au château et reçu de la manière la plus brutale par le roi. Le 6 juillet, il fut suspendu de ses fonctions par le directoire du département (composé de La Rochefoucauld et autres feuillants). Mais il avait alors une popularité immense ; Paris s’émut, les sections s’agitèrent et des attroupements parcoururent les rues au cri de : Pétion ou la mort !

Le 13, l’Assemblée leva la suspension. Le lendemain, à la fête de la Fédération, au Champ-de-Mars, le maire de Paris fut l’objet d’ovations enthousiastes ; des citoyens portaient, écrit à la craie sur leurs chapeaux : Vive Pétion ! Il paraît même que quelques écervelés lui criaient de se saisir de la magistrature suprême ou tout au moins de la régence (d’où ces persiflages qu’on fit plus tard sur le roi Pétion).

Quant à lui, il jouissait avec ivresse de sa gloire et était à mille lieues de prévoir le sort funeste et prochain qui l’attendait.

Au 10 août, il ne fit rien qu’écrire une proclamation pour inviter les citoyens à attendre avec calme que l’Assemblée eût statué sur la question de la déchéance. La Commune insurrectionnelle le maintint à la mairie, mais en réduisant respectueusement un homme si précieux, l’idole populaire, à une complète inaction. Pétion était d’ailleurs un homme de parole facile et de représentation, mais placide, indécis, nullement fait pour les résolutions extrêmes et l’action rapide. Il était en outre paralysé par ses fonctions de maire ; et les commissaires des sections, en cette chaude journée, firent un acte de sagesse et de bonne stratégie révolutionnaire en l’annulant, en l’empêchant de se compromettre dans un sens ou dans l’autre.

Dans la nuit du 9 au 10, il avait été appelé aux Tuileries pendant que le tocsin sonnait. Il s’y rendit avec quelque hésitation, mais avec son flegme ordinaire, tout en sentant bien qu’on voulait le garder comme otage. À l’Hôtel de ville, les commissaires étaient fort perplexes ; on ne pouvait rien faire qu’on n’eût repris Pétion, qui, entouré de furieux royalistes, eût été probablement égorgé dès les premiers mouvements. On imagina d’envoyer demander à l’Assemblée qu’elle le réclamât. Un petit nombre de députés s’étaient rassemblés au bruit du tocsin ; ils rendirent un décret qui mandait le maire de Paris à la barre. Les gens du château le laissèrent partir, s’imaginant naïvement qu’il aurait la simplicité de revenir se placer entre les griffes de ses ennemis.

Il resta en fonction après la chute de la royauté, gémit sur les massacres de septembre, mais ne fit presque rien pour les empêcher. Il alla cependant à la Force pour essayer de haranguer les massacreurs, qui recommencèrent leur affreuse besogne dès qu’il fut parti. On sait d’ailleurs que, dans ces journées funestes, les autorités et même l’Assemblée nationale furent réduites à l’impuissance (v. septembre). Ce qu’il y a de certain, c’est que, tout en voyant ces scènes avec horreur, Pétion resta trop inerte et ne montra nulle vigueur. L’histoire a le droit et le devoir de s’en souvenir.

Nommé député d’Eure-et-Loir à la Convention nationale, il fut le premier président de cette grande assemblée. Le 11 octobre, il entra au comité de constitution. Manuel proposa même de faire de lui un président à l’instar des États-Unis. Depuis l’ouverture de la session, il monta souvent à la tribune pour demander la mise en jugement de Louis XVI.

Le 18 octobre, il fut réélu maire de Paris à la presque unanimité. À cette place était encore affecté un traitement de 75, 000 livres. Pétion néanmoins donna sa démission pour rester au poste où l’avaient appelé ses concitoyens d’Eure-et-Loir. Peut-être aussi ressentait-il quelque dépit de n’avoir pas été nommé représentant à Paris, où les hommes de la Gironde avaient tous échoué. Sans être exclusif, Pétion appartenait cependant au groupe des girondins par les opinions comme par les relations journalières. Il était un des hôtes assidus des réunions où trônait Mme Roland. Il était cependant resté en relations très-amicales avec Robespierre. Mais le moment était venu où les partis se tranchaient définitivement. Pétion avait évité de se prononcer lors des premières attaques contre la Montagne, mais en novembre la rupture éclata. Dans un factum imprimé, Pétion, entraîné sans doute par son parti, non-seulement ressassa les accusations habituelles contre la Commune et les montagnards, mais encore attaqua Robespierre avec une âpreté qu’on n’eût pas attendue de sa bonhomie proverbiale et de sa placidité. Ces deux hommes éminents, qu’on avait longtemps comparés à deux doigts de la main, étaient dés lors des ennemis acharnés.

Dans le procès du roi, l’ancien maire de Paris se prononça pour l’appel au peuple, pour la mort et contre le sursis. Le 25 mars, il fut nommé membre du premier comité de Salut public et de défense générale. Il prit part aux luttes de la Gironde et de la Montagne et ne se montra pas l’un des moins ardents. Le 12 avril notamment, il monta à la tribune pour attaquer Robespierre et ses amis avec une extrême violence. On sait comment ces lamentables discordes devaient se terminer. Lors de la chute de la Gironde, au 31 mai-2 juin 1793, Pétion fut compris parmi les vingt-deux députés décrétés d’arrestation. Sa grande popularité parisienne était alors évanouie comme celle des autres girondins. On ne l’appelait plus par dérision que le roi Pétion. Cette chute avait été aussi complète que rapide. Il faut dire que les girondins, quoique dépassés dans la carrière de la Révolution, auraient pu se maintenir encore, et par leurs talents, et par le souvenir des services rendus ; mais leurs attaques et leurs menaces incessantes contre leurs adversaires et contre Paris devaient amener et amenèrent en effet leur perte.

Gardé chez lui par un gendarme, il s’évada avec plusieurs de ses amis, se rendit à Caen, participa à la tentative d’insurrection girondine du Calvados et, après l’échauffourée avortée de Vernon, dut quitter la Normandie avec une dizaine d’autres députés fugitifs et gagner le département de la Gironde à travers toutes les misères et tous les périls. Il avait été mis hors la loi, ainsi que ses amis. Recueilli à Saint-Émilion avec Guadet, Buzot et Barbaroux, réduit à errer d’asile en asile, il s’empoisonna, à ce qu’on croit, avec Buzot ; du moins leurs cadavres furent trouvés dans un champ, près de Saint-Émilion, à demi dévorés par les loups (juin 1794). Nous avons parlé ailleurs de ces morts tragiques des girondins et nous n’avons pas à revenir sur ce lamentable sujet.

Les Œuvres de Pétion ont été publiées en 1793 (4 vol. in-8°). Elles se composent de ses opuscules politiques, de ses discours, de ses comptes rendus comme maire, etc.

Ses mémoires manuscrits ont été conservés et publiés en 1864. Ils n’offrent pas un très-grand intérêt.

Mme Roland a tracé de Pétion un portrait où se reconnaît la main de l’amitié. Nous en donnerons ici quelques traits :

« Pétion, véritable homme de bien et homme bon ; il est incapable de faire la moindre chose qui blesse la probité, comme le plus léger tort ou le plus petit chagrin à personne ; il peut négliger beaucoup de choses pour lui et ne saurait exprimer un refus d’obliger qui que ce soit au monde. La sérénité d’une bonne conscience, la douceur d’un caractère facile, la franchise et la gaieté distinguent sa physionomie… Un jugement sain, des intentions pures, ce qu’on appelle la justesse de l’esprit caractérisent ses opinions et ses écrits, marqués au coin du bon sens plus qu’à ceux du talent. Il est froid orateur et lâche dans son style comme écrivain ; administrateur équitable et bon citoyen, il était fait pour pratiquer les vertus dans une république, et non pour fonder un tel gouvernement chez un peuple corrompu, qui le regarda durant quelque temps comme son idole et se réjouit de sa proscription comme de celle d’un ennemi. »


PÉTION (Alexandre Sabès, dit), président de la république d’Haïti, dont il fut le Washington, né au Port-au-Prince en 1770, mort en 1818. Fils d’un riche colon blanc, nommé Pascal Sabès, il eut pour mère une mulâtresse appelée Ursule. Bien que faisant partie des hommes de couleur, il reçut une assez bonne instruction et se fit soldat k dix-huit ans. Lorsque éclata, en août 1791, le soulèvement des nègres et des mulâtres contra le régime colonial et l’oppression des blancs, le fils de Sabès prit le nom de Pétion, vraisemblablement en l’honneur du député français dont nous avons parlé plus haut, se joignit aux insurgés, sous les ordres de Beauvais, et se signala par sa bravoure. Il devint officier d’artillerie, puis lieutenant du général Rigaud, et combattit avec le grade de commandant contre les Anglais, sous le commandement du général Montalembert, Ce fut lui qui, en enlevant le camp La Coupe (15 février 1790), força les Anglais k évacuer le Portau-Prince. Aussi généreux que brave, Pétion protégea toujours la vie des colons, et lorsqu’il entrevit les projets ambitieux et sanguinaires de Toussaint Louverture, dont il était le compagnon d’armes, il se sépara de lui et se rendit auprès du général Rigaud, resté fidèle à la Fiance et aux idées de liberté (1799). Pendant la guerre qui eut lien entre ce dernier et Toussaint, Pétion battit Dessalines au Grand-Goave, s’empara de la ville de Jacmel, où il fut assiégé, traversa, avec 1, 900 hommes, l’armée ennemie forte de 21, 000 hommes et combattit jusqu’à la défaite complète du parti de-Rigaud. Pétion s’embarqua alors pour la France, tomba pendant son voyage entre les mains des Anglais, qui le gardèrent pendant deux mois sur les pontons, puis gagna Paris. En 1802, il consentit k faire partie de l’expédition française k Saint-Domingue, après avoir reçu l’assurance d’une émancipation graduelle des noirs et des hommes de couleur. Il revint k Haïti avec le grade de colonel, et, après la soumission de Toussaint Louverture, envoyé captif en France, il fut chargé de soumettre les insurgés qui refusaient de déposer les armes ; mais il s’aperçut alors qu’il avait été odieusement trompé par Bonaparte, que l’expédition n’avait d autre but que de replacer les hommes de couleur sous l’horrible joug qu’ils avaient secoué, et il apprit en même temps que l’esclavage venait d être rétabli k la Guadeloupe, après l’écrasement des défenseurs de la liberté. En apprenant cette nouvelle, Pétion n’hésita pas à abandonner la cause de la France pour défendre la liberté de son pays. Faisant un appel aux armes (13 octobre 1802), il marcha aussitôt contre le poste français du Haut-Cap, dont il s’empara, se joignit à l’armée des indépendants, combattit les Français avec les généraux Christophe, Geffrard, Clerveaux, Dessalines et reçut, avec le grade de général, le commandement de l’Ouest de Saint-Domingue. Le général français Lavalette lui ayant proposé alors une amnistie générale ; la conservation des grades et la promesse du nonrétablissement de l’esclavage, Pétion répondit : « Il est trop tard ; nous avons résolu de vivre libres et indépendants ou de mourir. » Rochambeau’mit sa tête k prix ; mais Pétion n’eu continua pas moins son œuvre de délivrance. « il battit le général Keerverseau dans la plaine de Mirebalais (mai 1803), dit Melvil-Bloncourt, rallia les débris des corps des généraux Gabart et Cangé, mis en déroute par Lavalette, et entra, le 16 octobre 1S03, au Port-au-Prince après un siégu au succès duquel il avait le plus contribué. Le 4 décembre suivant, les débris de l’armée de Saint-Domingue évacuaient cette lie, et le même jour le drapeau de l’indépendance flottait sur le môle de Saint-Nicolas, ■ Après le départ des Français, Dessalines se fit proclamer empereur. Pétion contribua k sa chute, arrivée le 17 octobre 1806. Il dut bientôt relever l’étendard déjà liberté contre un nouvel usurpateur, Christophe. Il fit proclamer la république k Port-au-Prince (27 décembre 1800), fut chargé par l’Assemblée de combattre Christophe et fut élu, le 10 mars 1807, président de la république. Sa lutte contre Christophe, qui dominait dans le Nord et qui se lit proclamer roi sous le nom de Henri Ier, continua avec des alternatives de revers et de succès jusqu’au moment où les deux rivaux épuisés laissèrent finir la guerre. En 1810 arriva à Haïti l’ancien rival de Toussaint Louverture, le général Rigaud, très-populaire dans l’île. Profitant de son uscendunt sur les populations du Sud, il se déclara indépendant aux Cayes et réduisit beaucoup la république httuieune que présidait Pétion. Toutefois, celui-ci ne voulut pas recommencer avec lui la guerre civile pour ne pas épuiser le pays, et, k la mort de Rigaud (1811), la région où dominait ce dernier reconnut le pouvoir de Pétion. Attaqué de nouveau en 1812 par Christophe et assiégé dans Port-au-Prince, il força son ennemi a lever le siège. Depuis lors jusqu’k sa mort, il gouverna paisiblement, fut réélu par le Sénat et

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fonda son gouvernement sur la liberté et le bonheur du peuple. Il déploya dans la magistrature suprême un beau caractère, une

grande mansuétude et de remarquables talents administratifs. Législateur de sa patrie, Pétion devint le créateur des institutions qui fixèrent les destinées de la république d’Haïti et assurèrent la liberté des noirs. Il donna un puissant appui à Bolivar lorsque celui-ci affranchit les colonies espagnoles de l’Amérique du Sud, et prépara les négociations qui amenèrent la reconnaissance de l’indépendance d’Haïti par la France. D’après quel— ? ues écrivains, Pétion Se laissa mourir de aim ; selon d’autres, il mourut d’une lièvre putride maligne. Avant sa mort, il désigna pour son successeur le général Boyer, qui se montra digne d’un tel honneur en achevant l’affranchissement de l’Ile, Les restes de ce grand citoyen ont été transportés en France et déposés au Père-Lachaise.


PETIOT, IOTE adj. (pe-tio, io-te — dimin. de petit). Fam. Petit, petite.

Pour ce qu’on le voit escumer
En une petiote galère…
VILLON.

— Substantiv. Petit garçon, petite fille : II est gentil, ce i-etiotI

Dors, petiot, sur le sein de ta mère.

Clotilde de Surviixb.

— Rem. Ce mot n’est plus en usage que dans les patois de campagne et dans les paysanneries qui imitent ces patois.


PÉTIS (François), savant orientaliste français, né en 1822, mort k Paris en 1095.11 était issu d’une famille originaire d’Angleterre. Pétis dut a son oncle, secrétaire interprète de la langue turque au ministère de la marine et des colonies, le goût des langues de l’Orient qu’il cultiva avec beaucoup de succès. Il devint secrétaire interprète du roi pour le turc et l’arabe en 1652, et remplit cet emploi avec distinction pendant quarante uns. Il traduisit en langue turque l’Histoire de France et composa i’Histoire du grand Genghis-Khan /", empereur des Mogols et l’artares (Paris, 1710, in-lï), ouvrage entrepris k la demande de Colbert et qui lui coûta dix ans de travail. On doit encore à Pétis un Dictionnaire turc-français et français-turc et un Catalogue raisonné de tous les manuscrits turcs et persans que possédait en son temps la Bibliothèque du roi. Il est inutile d’ajouter que cette collection s’est beaucoup accrue depuis lors.


PÉTIS DE LA CROIX (François), orientaliste, fils du précédent, né k Paris en 1653, mort dans la même ville en 1713. Il suivit la carrière où s’étaic signalé son père et fit de bonne heure toutes les études indispensables. Envoyé en Orient par Colbert (1670), il visita l’Égypte, la terre sainte, la Perse, l’Arménie, etc., et se rendit k Constantinople par l’Asie Mineure. Pendant ces voyages, il étudia & fond les idiomes, les littératures, las mœurs, les usages, les arts, etc., et rapporta beaucoup de curiosités de toute espèce, ainsi que bon nombre de manuscrits qui enrichirent le dépôt formé k la Bibliothèque du roi. Louis XIV voulut le voir et l’entretenir. Pétis devint secrétaire interprète pour les langues du Levant au ministère de la marine et eut des missions scientifiques et politiques en Turquie, au Maroc, dans les États barbaresques. Eu 1692, il professa l’arabe au Collège royal et, quelques années après, il hérita de remploi de secrétaire interprète du roi qu’avait occupé son père. On lui doit les ouvrages suivants:Histoire de la sultane de Perse et des vizirs, contes turcs, traduits de Cheikh-Zadeh (Paris, 1707, in-12) ; les Mille et un jours, contes persans (Paris, 1710, 171 !, 5 vol. in-10), ouvrage qui eut du succès, de nombreuses éditions et qui est comme le pendant des Mille et une nuits de Galand  ; Histoire de Timur-Beg (Tamerlan), traduite du persan de Cherif-Eddyn-Ali-’Yezili (Paris, 1722, 4 vol. in-12); Voyage en Syrie et en Perse (fait de 1670 k 1680). L’Extrait du journal de François Pétis a été publié par Langiès k la suite de la relation de Dourry-Effendi (Paris, 1810, in-8 « ) et dans le Magasin encyclopédique de 1805 (t. V). Parmi ses ouvrages manuscrits, nous citerons:État de la Perse ; Histoire de la conquête de Syrie par tes Arabes d’Al-Wakedy (2 vol. in-1 » ) ; Dictionnaire arménien et latin (3 vol. in-fol.) ; le Hure des témoignages des mystères de l’unité, par Hamza, trad. de l’arabe ; De la vérité de ta religion chrétienne, k Sohuh-Abbas, roi de Perse, par Paul Piromale (1674), trad. de l’arménien ; Jérusalemtxncienne et moderne. Relation de la haute Ethiopie; l’Égypte ancienne et moderne:Histoire des antiguilés d’Égypte (1700) ; Mémoire sur l’Église grecque et sur les révolutions de Tunis ; ces six derniers ouvrages sont conservés à la Bibliothèque nationale (département des manuscrits); Bibliothèque orientale de HadjiKhulfa, trad. du turc en 3 vol. in-fol.


PÉTIS DE LA CROIX (Alexandre-Louis-Marie), orientaliste, fils du précédent, né à Paris en 1698, mort en 1751. Il suivit la carrière que lui avaient ouverte son aïeul et son père. Comme eux, il fit des voyages, eut des missions, rendit des services, fut interprète et professeur. On lui doit tes ouvrages suivants : Bibliographie ; Canon du sultan Suleïman, etc., ou État politique et militaire, tiré des archives des princes ottomans, tra-