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Que j’ay mèn solé desquiré.
Que j’ai déchiré mon soulier.
            Trou la lirette.
            Trou la liré.

DEUXIÈME COUPLET.

Per l’escorion l’ay ramassé ;
Par l’empeigne je l’ai ramassé ;
Au cordognez m’en sus allé.
Chez le cordonnier je suis allée,
Ung piés descaux, l’aultre cauché.
Un pied nu, l’autre chaussé.

TROISIÈME COUPLET.

Dedens se moéson l’ai trouvé.
Dans sa maison je l’ai trouvé
« Jehannet li bieu cordonnié,
« Petit Jean le beau cordonnier,
Rassemelleras-tu mén sole ? »
Ressemelleras-tu mon soulier ? »

QUATRIÈME COUPLET.

La révérense il m’a tiré :
Il m’a tiré la révérence :
« Ouida, ma cœurette, mén babé,
« Ouida, mon petit cœur, ma biche,
Vostre sole j’y refairay. »
Je referai votre soulier. »

CINQUIÈME COUPLET.

« Et pour ço quantes vos bailleray ?
« Et pour cela que vous donnerai-je ?
Sur vos vesaiges mignolet,
— Sur votre mignon petit visage,
Je m’y poïerai d’ung doulx boisié. »
Je me payerai d’un doux baiser. »
            Trou la lirette.
            Trou la liré.

Cette chanson, extraite d’un manuscrit de 1649, était chantée dans les environs de Doullens, le jour du Behourdis, — c’est ainsi qu’on désignait le premier dimanche du carême, — en dansant dans les vergers, où l’on allumait des feux de joie.

— Bibliogr. On peut consulter sur le patois picard : Glossaire étymologique et comparatif du patois picard ancien et moderne, par l’abbé J. Corbelet (Amiens et Paris, Techener, 1861, in-8o).

— Hist. ecclés. Les uns disent que les picards de Bohême étaient des vaudois, qu’ils n’avaient pas d’autre croyance que celle qui a été embrassée deux cents ans après par les protestants, que ces sectaires ont été accusés injustement d’avoir les mêmes erreurs et de pratiquer les mêmes infamies que les adamites.

Mosheim pense que les picards de Bohême étaient une branche des beggards que quelques-uns nommaient biggards et par corruption picards, secte répandue en Italie, en France, dans les Pays-Bas, en Allemagne et en Bohême, et à laquelle on donnait différents noms dans ces diverses contrées. Comme le très-grand nombre de ceux qui la composaient étaient des ignorants fanatiques, il est impossible que tous aient eu la même croyance et les mêmes mœurs. C’est donc une très-vaine entreprise de leur attribuer la même profession de foi et la même conduite.

Beausobre cherche à absoudre les picards des désordres qui leur ont été imputés par plusieurs historiens ; mais il n’allègue que des conjectures et des preuves négatives qui ne concluent rien. « C’était, dit Mosheim, vouloir blanchir la tête d’un nègre ; je puis prouver, par des pièces authentiques, que je n’avance rien que de vrai. Les recherches que j’ai faites et les connaissances que j’ai de l’histoire civile et religieuse de ce siècle me rendent plus croyable que le laborieux auteur dont je refuse d’adopter le sentiment, qui ne connaissait qu’imparfaitement l’histoire du moyen âge et qui, d’ailleurs, n’était point exempt de préjugé et de partialité. »

On ne doit point confondre les picards de Bohême avec les frères de bohémiens ou frères de Bohême ; ceux-ci étaient une branche des hussites qui, en 1467, se séparèrent des calixtins.


PICARD (Mathurin), ecclésiastique et écrivain français, qui vivait dans la première moitié du xviie siècle. Il devint curé de Mesnil-Jourdain, dans le diocèse d’Evreux, fut traité de sorcier comme Urbain Grandier et se vit accusé d’actes de profanation et de débauche, particulièrement d’avoir ensorcelé les religieuses de Saint-Louis de Louviers. Après sa mort, on intenta un procès à sa mémoire et son corps, exhumé, fut brûlé à Rouen par arrêt du parlement en 1647. On a de lui un livre singulier et très-rare, intitulé : le Fouet des paillards ou Juste punition des voluptueux et des charnels (Rouen, 1623, in-12).


PICARD (Jean), astronome distingué, prêtre et prieur de Rillé, en Anjou, né à La Flèche en 1620, mort à Paris en 1688. Il se trouvait déjà, en 1645, en relations scientifiques avec Gassendi, qu’il remplaça, en 1655, dans la chaire d’astronomie du Collège de France. Probe, modeste, confiant et soucieux avant tout des intérêts de la science, il fit venir en France et recommanda à Colbert Rœmer, qui lui resta attaché jusqu’à sa mort, et Cassini, dont l’humeur glorieuse et jalouse s’exerça contre lui en toute occasion, soit pour rabaisser le mérite de ses travaux, soit pour empêcher que le gouvernement ne lui fournît les moyens de faire les recherches dont son intelligente activité lui suggérait les projets.

Le premier titre de Picard à l’estime et à la reconnaissance des astronomes est, dit Delambre, l’application qu’il fit des lunettes à la mesure des angles et le plan qu’il forma, en conséquence, d’un nouveau système d’observation pour déterminer les lieux apparents de tous les astres par leurs passages au méridien, à l’aide des horloges nouvellement imaginées par Huyghens. Ce mérite et celui d’une vie entièrement employée à des travaux utiles ne peuvent être sentis et appréciés que par les astronomes. L’entreprise qui a le plus contribué à établir la réputation de Picard est sa mesure de la terre, exécutée avec des instruments dont il était l’inventeur et beaucoup plus parfaits que ceux qu’on employait avant lui ; il a assez approché du but pour que Newton, qui attendait les résultats de cette grande opération avant d’oser publier sa découverte de la loi de gravitation universelle, y pût trouver une pleine confirmation de sa théorie. Fernel, Snellius et Riccioli avaient successivement donné au degré du méridien les longueurs de 56,746 toises, 55,021 toises et 62,900 toises ; Picard trouva 57,060 toises, résultat trop faible, mais de 14 toises seulement. L’arc de méridien qu’il mesura s’étendait de Sourdon, près d’Amiens, à Malvoisine, au sud de Paris. Il prit pour base la distance de Villejuif à Juvisy (5,663 toises) et relia les extrémités de l’arc par 26 triangles.

La toise dont se servit Picard était celle du Châtelet ; cette désignation ne nous la ferait pas connaître aujourd’hui ; mais il est remarquable que Picard prit soin de fournir les moyens de la retrouver en la comparant à la longueur du pendule simple qui bat la seconde à Paris. « De peur, dit-il, qu’il n’arrive à cette toise ce qui est arrivé à toutes les anciennes mesures dont il ne reste que le nom, nous l’attacherons à un original, lequel étant tiré de la nature même doit être invariable et universel. » C’est, comme on voit, l’idée qui a été mise en pratique d’une autre manière dans la construction du système métrique.

Picard prit, dans la mesure de la base qu’il avait choisie, des précautions énormes dont on n’avait jamais eu l’idée ; le quart de cercle dont il se servit portait deux lunettes, l’une fixe, l’autre mobile, munies de réticules ; il avait 33 pouces de rayon et lui donnait les quarts de minute. Il déterminait l’erreur de la collimation par le renversement, méthode qui était neuve alors. Le secteur qu’il employait pour retrouver la méridienne, de distance en distance, avait 10 pieds de rayon et était également muni de lunettes : enfin le temps sidéral lui était donné par deux horloges à pendule dont l’accord devait garantir l’exactitude. On voit que l’ère des bonnes observations va naître. Picard ne connaissait ni l’aberration ni la nutation, qui ne furent découvertes que soixante ans plus tard ; on est étonné, en conséquence, qu’il soit arrivé à une valeur si rapprochée du degré.

Les observations de Tycho-Brahé formaient encore du temps de Picard le fonds dans lequel puisaient tous les astronomes ; mais, pour en faire usage, il fallait connaître exactement la position de son observatoire d’Uranibourg. Picard se décida à faire le voyage. Il partit en juillet 1671. Outre ce qu’il était allé chercher, Picard rapporta une copie des observations de Tycho, faite sur l’original, et fit lui-même des observations qui, comparées à celles de l’astronome danois, mirent sur la voie de la découverte de l’aberration en signalant de petits déplacements inexplicables de l’étoile polaire.

Les beaux travaux de Picard ne furent pas appréciés comme ils eussent dû l’être de Colbert et de Louis XIV, qui lui préférèrent Cassini pour la direction de l’observatoire qu’on venait d’ériger à de si grands frais, mais qui manquait d’instruments. Picard demanda en vain, pendant quatorze ans, qu’on y établît un mural pour faire, comme il l’avait tant recommandé, toutes les observations dans le méridien. Mais Cassini ne prisait pas encore cette méthode et le mural ne fut dressé qu’après la mort de Picard.

Picard est l’un des hommes qui, sous tous les rapports, font le plus d’honneur à la France.


PICARD (Louis-François), auteur dramatique et romancier français, né à Paris en 1769, mort en 1828. Il était fils d’un procureur au parlement de Paris et neveu d’un médecin en réputation, et il semblait devoir suivre ou la médecine ou le barreau ; mais, doué de l’esprit d’observation et d’un véritable talent mimique, il se décida pour le théâtre et, à peine âgé de dix-huit ans, s’essaya comme acteur sur le petit théâtre Mareux, rue Saint-Antoine. Il y débuta dans le rôle de Tartufe et fut jugé très-mauvais ; il prit alors celui d’Orgon, où il obtint plus de succès, puis il aborda les valets et fut fort applaudi dans le Mascarille de l’Étourdi et le Dubois des Fausses confidences. En même temps qu’il s’essayait comme acteur, il préludait comme écrivain et publiait un petit roman composé dès le collège, Eugène de Senneville (1787, 4 vol. in-12), et fit bientôt après représenter le Badinage dangereux, en collaboration avec Fiévée (théâtre de Monsieur, 1789). C’était, si on l’en croit, sa douzième pièce composée ; il en avait déjà eu onze refusées par les directeurs de divers théâtres et il offrait d’ordinaire cette anecdote comme fiche de consolation aux jeunes auteurs, lorsqu’il fut directeur à son tour. Le Masque, comédie en deux actes (1790), Encore des Ménechmes (théâtre Louvois, 1791), le Passé, le présent et l’avenir, comédie en trois actes et en vers, reçue d’abord au Théâtre-Français, puis transportée aux théâtres du boulevard, commencèrent sa réputation ; mais Picard n’en continua pas moins de suivre sa carrière comme acteur. Il était entré au théâtre Feydeau peu après ses débuts au théâtre Mareux ; il se maria vers cette époque et obtint un engagement au théâtre Louvois avec sa femme et son frère ; il jouait les valets, sa femme les soubrettes et son frère les niais. Ce ne fut qu’après le succès des Visitandines, opéra-comique en deux actes, musique de Devienne (théâtre Feydeau, 1792), que Picard entra à la Comédie-Française. Il y tint l’emploi des comiques et des valets et, pour citer une pièce où tout Paris alla le voir, il créa le rôle de Frantz dans Misanthropie et repentir. Vers 1800, Picard prit la direction du théâtre Louvois, transféré peu d’années après à l’Odéon. Il y remplit, avec un talent inépuisable et une infatigable activité, la triple fonction de directeur, d’auteur et de comédien. En 1807, il quitta cette dernière profession pour siéger à la seconde classe de l’Institut. Il y succédait à Dureau de La Malle, et ce fut Andrieux qui lui en fit ouvrir les portes. Peu après, il fut appelé à la direction de l’Opéra, qu’il quitta, en 1816, pour reprendre celle de l’Odéon. L’incendie de ce théâtre l’obligea de chercher avec sa troupe un refuge à la salle Favart. Ce fut alors qu’il fit la cession de son privilège et abdiqua, pour ne plus les reprendre, les fonctions de directeur de théâtre.

Le talent dramatique de Picard est incontestable. La vérité d’observation, la recherche d’un but moral, l’abondance piquante, quelquefois un peu verbeuse, des développements, constituent sa manière. Il possède surtout à un haut degré les deux qualités qui font essentiellement le poète comique, le naturel et la gaieté. Peu d’écrivains ont tracé d’aussi bons portraits et créé un aussi grand nombre de ces personnages qui semblent avoir vécu et sur la figure desquels chacun met un nom. Sa manière de composer était curieuse et toute particulière : il avait coutume d’écrire, sous forme de roman et comme préparation, l’histoire des principaux personnages de ses pièces. Il les prenait à leur naissance et les conduisait jusqu’au moment où il voulait les mettre en scène. Cette habitude était si forte chez lui que, quand il voulait se rendre compte des beautés d’un chef-d’œuvre dramatique ou les faire sentir à d’autres, il suivait le même procédé. On l’entendit un jour faire l’histoire de tous les personnages du Misanthrope et du Tartufe. Dorine, par exemple, était, disait-il, une fidèle domestique qui avait rendu à son maître, pendant la Fronde, de très-grands services, que lui, Picard, connaissait. Il racontait comment, par son bon sens, elle l’avait tiré de plusieurs mauvais pas ; quoique assez belle encore pour que M. Tartufe lui prêtât son mouchoir pour ne pas voir ses seins, c’était elle, sans aucun doute, qui avait élevé la petite Marianne. Aussi n’avait-elle aucune crainte d’être renvoyée de la maison : de là son franc parler, qui, sans cela, eût été de l’impertinence. Une analyse de l’Hamlet de Shakspeare, composée par un critique anglais, M. Tick, présente à peu près le même procédé. On ne saurait assurément se ressembler de plus loin et sans le moindre concert. Comme méthode de composition, cette habitude suppose une étonnante facilité ou un profond travail. Il y avait de l’un et de l’autre dans Picard, qui travaillait douze ou quatorze heures par jour, et une telle application peut seule expliquer la multiplicité de ses ouvrages. Il disait souvent qu’à trente ans il était déjà à la tête de trente pièces, sans compter les onze premières, qui avaient été refusées.

Picard composa en société, non ses meilleures comédies, mais ses petites pièces les plus vives et les plus gaies. Ses collaborateurs furent d’abord Duval, Chéron, Barré, Radet et Desfontaines, Waflard et Fulgence ; puis, vers la fin de sa vie, Empis et Mazères. On a calculé que les pièces qu’il a fait jouer s’élèvent à plus de cent. À ses travaux dramatiques il faut ajouter plusieurs romans, non sans mérite et sans gaieté ; Aventures d’Eugène de Senneville et de Guillaume Delorme, écrites par Eugène en 1787 ; cet ouvrage, retouché par l’auteur, eut depuis plusieurs éditions ; la cinquième a été donnée en 6 vol. in-12, par le libraire Ladvocat, en 1815 ; l’Exalté ou Histoire de Gabriel Desodry sous l’ancien régime, pendant la Révolution et sous l’Empire (Paris, Baudouin frères, 1823, 4 vol. in-12) ; l’Honnête homme ou le Niais, histoire de Georges Dercy et de sa famille (1823,3 vol. in-12) ; le Gil Blas de la Révolution ou les Confessions de Laurent Giffard (Paris, Baudouin frères, 1824, 5 vol. in-12) ; les Gens comme il faut et les petites gens ou Aventures d’Auguste Minard, fils d’un adjoint de maire de Paris (Paris, 1826, 2 vol.). Ce roman fut traduit en allemand. Il a composé de moitié avec Joseph Droz les Mémoires de Jacques Fauvet, publiés par L.-F. Picard et J. Droz (1822, 4 vol. in-12). Les Sept mariages d’Éloi Galland (1827, 3 vol. in-12) furent le dernier roman qu’écrivit Picard. Tous sont agréables à lire, écrits avec entrain et facilité.

Mais c’est surtout comme auteur dramatique que Picard vivra. Ses pièces de théâtre sont si nombreuses, que lui-même aurait eu de la peine à en fournir la liste complète. Les huit volumes de son Théâtre, publié chez Barba (1821, in-8o), en contiennent quarante ; il existe, dans les collections, des recueils de pièces détachées qui en contiennent près du double. Voici les titres des principales : le Passé, le présent et l’avenir (1791), comédie en trois actes, en prose ; cette pièce ne figure pas dans le Théâtre de Picard ; on l’a réimprimée après sa mort avec quelques autres dans son Théâtre républicain (1832, in-8o) ; Encore des Ménechmes (1791), trois actes en prose ; les Visitandines (1792), opéra-comique en trois actes ; Arlequin friand (1793), comédie-parade en un acte, en prose ; le Conteur ou les Deux postes (1793), trois actes, en prose ; la Moitié du chemin (1794), trois actes, en vers ; la Vraie bravoure (1794), avec Duval, un acte, en prose ; la Prise de Toulon (1794), opéra, un acte, musique de Dalayrac ; Andros et Almona ou les Français à Bassora (1794), avec Duval, un acte ; Rose et Aurelle (1794), un acte ; l’Écolier en vacances (1794), un acte, en prose ; la Perruque blonde (1795), un acte, en prose ; les Suspects (1795), avec Duval, un acte, en prose ; les Conjectures (1795), comédie en trois actes et en vers ; les Amis de collège (1795), trois actes, en vers ; Médiocre et rampant (1797), cinq actes, en vers ; le Voyage interrompu (1798), trois actes, en prose ; les Comédiens ambulants (1798), opéra-comique en deux actes ; l’Entrée dans le monde (1799), cinq actes, en vers ; les Voisins (1799), un acte, en prose ; le Collatéral (1799), cinq actes, en prose ; les Trois maris (1800), cinq actes, en prose ; la fête de Corneille (1800), un acte, en prose, représenté à Rouen ; la Petite ville (1801), cinq actes, en prose ; Duhaucourt (1801), avec Chéron, cinq actes, en prose ; les Provinciaux à Paris (1801), quatre actes, en prose ; le Mari ambitieux (1802), cinq actes, en vers ; la Saint-Jean (1802), trois actes, en prose ; le Vieux comédien (1803). un acte, en prose ; Monsieur Musard (1803), un acte, en prose ; les Tracasseries (1804), quatre actes, en prose ; l’Acte de naissance (1804), un acte, en prose ; le Susceptible (1805), un acte, en prose ; la Noce sans mariage (1805), cinq actes, en prose ; les Filles à marier (1805), trois actes, en prose ; les Marionnettes (1806), cinq actes, en prose ; la Manie de briller (1806), trois actes, en prose ; lesRicochets(1807), un acte, en prose ; le Jeune médecin (1807), un acte, en prose ; le Mariage du grenadier (1807), un acte, en prose ; l’Ami de tout le monde (1807), deux actes, en prose ; les Capitulations de conscience (1808), cinq actes, en vers ; les Charlatans et les compères (1808), cinq actes, en prose (non représenté) ; Lantara (1809), avec Barré, Radet et Desfontaines, vaudeville ; les Oisifs (1809), un acte, en prose ; l’Alcade de Molovido (1810), cinq actes, en prose ; les Deux lions (1810), avec Barré ; Un lendemain de fortune (1811), un acte, en prose ; la Vieille tante (1811), cinq actes ; les Prometteurs (1812), trois actes, en prose ; Monsieur de Boulanville (1816), cinq actes, en prose ; les Deux Philibert (1816), trois actes, en prose ; le Capitaine Belronde (1817), trois actes, en prose ; une Matinée de Henri IV (1817), un acte, en prose ; Vanglas (1817), cinq actes, en prose ; la Maison en loterie (1817), avec Radet, vaudeville ; l’Intrigant maladroit (1820), trois actes, en prose ; Un jeu de Bourse (1821), avec Waflard et Fulgence, un acte, en prose ; les Deux ménages (1822), avec Waflard et Fulgence, trois actes, en prose ; l’Absence (1823), vaudeville ; l’Enfant trouvé (1824), avec Mazères, trois actes, en prose ; les Surfaces (1825), trois actes, en prose ; le Landau (1825), avec Mazères, vaudeville ; Héritage et mariage (1826), avec Mazères, trois actes, en prose ; l’Agiotage (1826), avec Empis, cinq actes, en prose ; Riche et pauvre (1827), un acte, en prose ; les Trois quartiers (1827), avec Mazères, trois actes, en prose ; les Éphémères (1828), avec un anonyme, un acte en trois parties avec un prologue.

On est effrayé de cette longue suite de travaux. Picard a été, si l’on excepte Scribe, le plus fécond de tous nos poètes dramatiques ; mais il sut joindre à la fécondité beaucoup de talent. L’auteur de la Petite ville, des Ricochets, des Marionnettes, s’il n’est qu’un moraliste superficiel et un peu commun, se montre observateur habile et peintre de mœurs excellent. Ses petits tableaux de genre, sans parler de ses grandes comédies, sont encore aujourd’hui amusants à lire et, à plus forte raison, seraient amusants à voir représenter. L’Odéon, sous la direction de M. La Rounat, s’est avisé d’en reprendre quelques-uns et s’en est assez bien trouvé. La franche gaieté qu’ils ont excitée a presque justifié le proverbe un peu trop absolu que la Revue rétrospective de M. Taschereau (la première, en 20 volumes) avait pris pour épigraphe : Il n’y a de nouveau que ce qui a vieilli.

Voici le jugement que Dussault a porté sur Picard : « Cette gaieté franche et vraie, ce don de la nature, que l’étude peut contrefaire et qu’elle ne saurait imiter ; cette précieuse disposition de l’esprit, qui n’admet aucune affectation et qui repousse tout effort ; cette qualité, un des éléments les plus essentiels du talent comique, se montre et respire partout dans les ouvrages de Picard ; elle est pour ainsi dire l’âme, elle est le premier stimulant de cette verve féconde qui, pendant si longtemps, s’est épanchée, pour les plaisirs du