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ques et continua de s’opposer, de concert avec rie IX, à l’organisation de la garde civique, qu’on réclamait vivement. Mais, par un revirement subit, le pape publia son manifeste ou Motu proprio du 12 juillet, dans lequel il accordait l’établissement des gardes civiques, et le cardinal Gizzi donna sa démission, en déclarant qu’il était impossible à un ministre de gouverner avec un homme aussi faible et aussi mobile que Pie IX. Il fut remplacé, comme secrétaire d’État, par le cardinal Ferretti, parent du pape.

En ce moment, le parti des cardinaux hostiles à tout progrès et dont tous les efforts avaient eu pour effet de paralyser l’exécution de quelques réformes mises à l’étude, ce parti avait ourdi une conspiration dans le but d’enlever Pie IX, de l’isoler de ses conseillers libéraux et de frapper, par des mesures de terreur familières au gouvernement pontifical, les Romains qui s’étaient signalés en revendiquant les libertés publiques. Selon toute vraisemblance, le complot était connu à Vienne, car, le jour même où il devait éclater à Rome, les Autrichiens envahissaient Ferrare (17 juillet 1847). Grâce au cardinal Ferretti, le complot avorta et la nouvelle en parvint au public en même temps que celle de l’occupation de Ferrare. Ces faits produisirent la plus vive agitation. Les Romains coururent aux. armés, s’organisèrent en compagnies, en bataillons, et se donnèrent des chefs provisoires. Dès lors, la garde nationale existait, et le pape, qui voyait cette garde se lever et se constituer pour le défendre, ne pouvait refuser sa sanction au fait accompli. En même temps, Ferretti adressait au gouvernement autrichien une énergique protestation contre l’occupation de Ferrare par le général Àuersperg, et cette protestation eut pour effet l’évacuation immédiate de cette ville. Ces faits eurent pour résultat d’exciter au plus haut point le sentiment national contre l’étranger qui occupait le nord de l’Italie. L’émotion qui s’ensuivit etl’attitude de Pie IX ne réagirent pas seulement alors sur toute la péninsule, mais encore, et avec une puissance ’ toute particulière, sur l’enchaînement et la marche des événements qui allaient s’accomplir en Europe.

Devenu malgré lui et sans s’en douter le souverain le plus libéral de l’Europe, Pie IX, tiraillé en tous sens, poussé dans les voies les plus opposées, d’une part par la grande majorité des cardinaux et par le corps diplomatique étranger, qui l’accusaient de céder à un courant également menaçant pour la théocratie et pour les trônes étrangers ; de l’autre par les libéraux et les patriotes, qui avaient l’étonnante naïveté de Croire que le chef d’une religion pouvait contribuer à régénérer un peuple par la liberté, Pie IX allait au hasard, reculant ou avançant tour à tour, ne sachant jamais prendre dans un sens ou dans l’autre une résolution virile. Toutefois, le cardinal Ferretti, homme sans" talent mais d’une nature droite, parvint a persuader au pape qu’ayant promis des réformes il devait tenir sa promesse, (Je fut à lui qu’on’ dut l’établissement de la municipalité romaine, la

diminution de l’impôt du sel, l’établissement d’une union douanière entre les États romains, la Toscane et la Sardaigne, ce qui était un pas important vers l’unité de l’Italie, enfin la nomination d’une consulte d’État, composée des notables élus par les provinces. Cette assemblée, qui se réunit pour la première fois le u novembre, sous la présidence du cardinal Antonelli, n’avait d’autre droit que celui d’initiative. Poussée par l’opinion, elle demanda la liberté de la presse, lu fédération de l’Italie, l’émancipation des juifs, l’abolition de la loterie, l’établissement d’écoles d’économie politique, la colonisation du territoire romain, le renvoi des jésuites. Pie IX n’obtempéra point à tous ces désirs, mais il composa un nouveau ministère dans lequel il admit quelques laïques. Cependant les anciens conseillers de Grégoire XVI conservèrent leur influence et le peuple romain s’éloigna chaque jour du pontife. D’autre part, le parti libéral modéré, voyant ses efforts superflus et son impuissatice à obtenir rien de sérieux, abandonna la direction du mouvement au parti révolutionnaire qui, encouragé par ce qui se passait dans le reste de l’Italie 1 et en France (février 1848), réclama impérieusement une constitution.

Le cardinal Fenetti, craignant de se. voir entraîné plus ioin qu’il ne voulait dans la’ voie des transformations, avait donné sa démission le 7 février et avait été remplacé par le cardinal Bonfonti, qui ne fit que s’opposer aux vœux de la consulte. Le mécontentement s’en accrut ; on ne voulut plus de ministres ecclésiastiques, sachant qu’il n’y avait rien à attendre d’eux ; dans une grande manifestation on cria : « Mort aux jésuites LPlus de prêtres au gouvernement I • et on demanda avec une insistance de plus en plus grande une constitution donnant de réelles garanties. À la suite d’une démarche de la municipalité ayant à sa télé le prince Corsini, le pape Huit par céder ; il annonça comme toujours des réformes et promit enfin une constitution analogue à celle des autres États italiens. Pendunt qu’une commission était chargée de l’élaborer, Pie IX réorganisa, le 9 mars, son ministère, à la tête duquel il plaça le cardinal Antonelli, qui se faisait alors remarquer par un semblant de libéralisme ardent. Sur i»euf ministres, troia seulement étaient eeclé PIE

siastiques. Tous les autres, parmi lesquels se trouvaient l’avocat Sturbinetti et le docteur Galletti, étaient laïques, « Les nouveaux ministres, avant d’accepter, dit M. Perrens, avaient demandé qu’on leur donnât connaissance du projet de constitution ; il leur fut répondu que, dans un État ecclésiastique, la constitution devait être exclusivement l’œuvre des hommes d’Église et qu’ils la connaîtraient lorsqu’elle serait promulguée. C’était entendre singulièrement la responsabilité ministérielle ; pour prendre le pouvoir dans de

pareilles conditions^ il ne fallait pas moins qu’un excès d’ambition ou de dévouement. Enfin, le 14 mars, parut ce statut tant désiré par les citoyens et que Pie IX donnait a contre-cœur, n’en ayant jamais compris la nécessité. Il avait une si médiocre intelligence des choses constitutionnelles, qu’il croyait de bonne foi que les autres États européens avaient pris modèle de leurs institutions sur celles de Rome. Leur Chambre des députés, disait-il, c’est notre collège des avocats consistoriaux ; leur Chambre des pairs n’est qu’une imitation du collège des cardinaux. Le sacré collège formait, dans la constitution nouvelle, comme un sénat suprême ; au-dessous étaient le haut conseil, composé de membres à vie, nommés par le pape, véritable sénat, et le conseil des députés, nommés par le peuple, un par trente mille âmes. Le conseil d’État était chargé de préparer les lois, lesquelles n’étaient exécutoires qu’après avoir été soumises aux deux conseils délibérants et au pape en consistoire secret. Le pape se réservait un pouvoir absolu sur les matières ecclésiastiques et interdisait aux deux conseils de présenter des propositions relatives à des matières mixtes ou contraires aux canons et à la disciplinéde l’Église. Cette interdiction rendait impossible le rôle des

Chambres tant qu’on n’aurait pas rigoureusement déterminé quelles seraient les matières mixtes ; d’ailleurs, dans un gouvernement spirituel et temporel tout ensemble, à quoi n’était-il pas aisé d’attribuer ce caractère ? C’était l’article 14 de la nouvelle charte, et l’on y trouvait d’autant plus de facilité pour la violer que le conseil suprême, celui des cardinaux, délibérait en secret. Si l’on ajoute que la censure était maintenue contre la presse et qu’il fallait être catholique pour être admissible aux plus modestes emplois comme aux plus élevés, on aura une idée de ce statut qui permettait de gouverner comme par le passé, à moins que le mouvement libéral ne vînt le développer et le vivitier. Tel qu’il était, H semblait à Pie IX une concession extrême, « Je crois que le peuple est content, disait-il aux membres de la municipalité ; dans tous les cas, j’ai fait tout ce que je pouvais ; je ne saurais accorder davantage. • Le peuple romain, toujours prompt à l’enthousiasme, applaudit a l’octroi de cette constitution, ce qui prouve qu’il n’était pas exigeant. En ce moment, une question de politique plus générale occupait tous les esprits. Une partie de l’Italie septentrionale venait de se soulever contre le joug autrichien pour expulser l’étranger de la péninsule. À l’appel de Milan et de "Venise, les Romains répondirent en demandant au pape de prendre part au mouvement d’indépendance et de rappeler de Vienne la nonciature. Pie IX refusa, ne voulant pas prendre les armes contre l’Autriche. Toutefois, l’élan national devint tellement irrésistible, qu’à la suite d’une émeute pendant laquelle on brisa lesécussons de l’ambassade d’Autriche (21 mars) il se décida à envoyer sur le Pô, le 23 mars, un corps d’armée comprenant 17,000 hommes, mis sous les ordres du général Durando. En ayant l’air de céder ii l’opinion, il espérait se débarrasser des patriotes libéraux qui réclamaient des réformes avec le plus d’instance, .et, d’autre part, il était convaincu que cette démonstration armée serait sans objet, car il avait eu soin de recommander à Durando, dont il connaissait le peu de décision, de ne prendre part k la guerre que si les Autrichiens envahissaient les États pontificaux. Mais lorsque l’armée arriva sur les rives du Pô, elle se montra impatiente de le franchir, et Durando, ne sachant plus que faire, demanda au gouvernement de le tirer d’embarras. Le ministère supplia alors instamment Pie IX de donner aux troupes l’ordre de prendre part à la guerre. Le pape ne répondit pas et continua à tergiverser ; enfin, le 29 avril, il prononça dans un consistoire une allocution dans laquelle il déclara qu’il répudiait toute solidarité avec les Italiens, qui avaient combattu les Autrichiens dans le nord de la péninsule, que, < vicaire du Christ, il ne ferait jamais la guerre à. ses enfants, » et qu’il n’avait envoyé des soldats aux frontières que pour défendre au besoin l’intégrité des États de l’Église. Si, Eelon l’expression du cardinal Lambrusehini, c’était « parler en pape, » ce n’était point, dans les circonstances présentes, parler eu prince italien. Les Romains, qui avaient cru au patriotisme du pape, purent voir alors combien grande avait été leur illusion. En même temps qu’on lisait à Rome l’allocution du pape, on apprenait que les Autrichiens avaient pendu un soldat romain et attaché sur la potence cette inscription : « C’est ainsi qu’on traite les soldats de Pie IX. > À cette double nouvelle, les Romains, excités par les chefs populaires, Sterbini, Aneelo Brunetti, dit Cieeruacchio, et autres, cintrèrent ûaua u*>ocai.trô»i« agîuuioxi.i„ckpa.p4

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ne put la calmer qu’en acceptant un nouveau’ programme et en formant un nouveau ministère (4 mai 1848). Dans ce cabinet, dont faisaient partie le cardinal Altieri, comme président, et le cardinal Ciacchi, légat de Ravenne, comme ministre des affaires étrangères, entra l’exilé Mamiani, dont les œuvres étaient à l’index et qui prit le portefeuille de l’intérieur, Mamiani, très-moderé, mais alors très-populaire, parvint à calmer les esprits. En même temps, le pape écrivit à l’empereur d’Autriche pour lui conseiller d’abandonner ses possessions en Italie. Sur le refus de ce dernier, la guerre fut définitivement engagée et le général Durando fut muni cette fois du pouvoir de combattre. Cependant le pape, n’ayant pris Mamiani que parce qu’il y avait été forcé, lui faisait une sourde opposition dans toutes les occasions et l’empêchait notamment d’établir cette fédération de l’Italie qui avait été le rêve de sa vie. Le 18 mai, les électeurs furent appelés à élire le Parlement, dont l’ouverture fut fixée au 5 juin. Mamiani écrivit, dans un sens libéral et modéré, le discours du trône, qu’il présenta à l’approbation de Pie IX ; mais celui-ci n’en fut nullement satisfait. Il le refit et le lui renvoya tellement modifié que le ministre offrit sa démission. Jugeant périlleux de l’accepter, le pape consentit à ce que Mamiani refit son discours et le lût sous cette nouvelle forme à l’Assemblée, comme étant l’expression de la pensée du ministère, approuvée par le pontife. La Chambre répondit par une adresse et demanda diverses améliorations peu faites pour plaire au pape. Aussi celui-ci, dans sa réponse à la députation qui lui présenta l’adresse, fit-il une vive sortie contre le programme du ministère. À la suite de ce blâme et d’un mouvement populaire, Mamiani donna sa démission (2 août). Il tombait du pouvoir haï de la cour, suspect au parti populaire et n’ayant pu faire que quelques réformes administratives. Édouard Fabri fut chargé de former un nouveau cabinet. En ce moment, les Autrichiens envahirent les légations, prirent Vicence et essayèrent sans succès de se rendre maîtres de Bologne. Le pape se borna à ordonner à son ministre des affaires étrangères, Soglia, de protester. Le nouveau ministère demanda qu’on répondît» cette agression par un mouvement offensif ; mais, impuissant à faire la guerre malgré le pape, il donna sa démission.

Ce fut alors (15 septembre 1848) que Pie IX mit à la tête des affaires Pelegrino Rossi, ancien ambassadeur de France à Rome et ami personnel de M. Guizot. Rossi entreprit d’établir, en s’appuyant sur la bourgeoisie, le régime parlementaire. Dans ce but, il se tint également éloigné du parti révolutionnaire et du parti de la réaction, se fit également détester des deux partis et n’eut pas le temps de réaliser son programme ; il fut assassiné le 15 novembre à Ta porte de l’Assemblée. Personne ne poursuivit l’assassin, qui resta inconnu. Quant au pape, il se borna à nommerun nouveau ministère, composé d’hommes essentiellement impopulaires. Il n’en fallut pas davantage pour faire éclater l’orage. Le lendemain, la foule, à laquelle se joignirent les troupes, se porta au. Quirinal, et une députation, à la tête de laquelle se trouvaient Sterbini et Galletti, alla demander au pape de changer son ministère. Pie IX, entouré’du corps diplomatique étranger, se montra intraitable. Cette attitude mit le comble à l’irritation populaire. Une lutte sanglante s’engagea entre le peuple et les Suisses. Les balles pénétrèrent jusque dans l’intérieur du palais et un canon fut braqué sur la porte extérieure. Le pape, tout en protestant, finit alors par céder et consentit a prendre pour ministres Sterbini, Galletti, Mamiani et l’abbé Rosmini. Quelques jours plus tard, le 25 novembre, déguisé en abbé, il montait en voiture avec Mme Spaur, femme du chargé d’affaires d’Autriche, gagnait sans encombre la frontière et se rendait à Gaete, où il se mettait sous la protection du roi de Naples.

De là, Pis IX adressa aux Romains une protestation contre ce qui venait de se passer et nomma pour gouverner à sa place une commission de sept membres appartenant au parti rétrograde ; mais aucun d’eux n’accepta. Le ministère envoya alors au pape une députation ; mais celui-ci refusa de la recevoir et rendit la rupture irrémédiable. Dans ces conjonctures, la Chambre des députés nomma

une junte de gouvernement, contre l’établissement de laquelle le pape protesta, puis se sépara spontanément.’La junte d’État convoqua alors le peuple dans ses comices pour élire, le 21 janvier 1849, une Assemblée constituante par le suffrage universel et direct. Ce fut le 6 février 1849 que se réunit la nouvelle assemblée qui, tout eu garantissant au pape son pouvoir spirituel, le déelara déchu de ses droits comme souverain temporel par 143 votes contre 11 (9 février). La république romaine fut proclamée et un ministère républicain fut installé sous la direction d’une commission exécutive composée de trois membres, Armellini, Montecchi et Saliceti. À ces mesures radicales le pape répondit par une protestation ; et l’on vit alors ce même homme, qui, parlant des Autrichiens, disait : « Jamais le vicaire du Christ ne fera la guerre à ses enfants, > faire adresser, le 18 février, par le cardinal Antonelli une note aux puissances pour réclamer l’intervention année de la

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Deux-Siciles. Pour conserver son titre de roi, pour régner sur un peuple malgré ce peuple, pour lui imposer un gouvernement despotique, le seul qu’il put lui donner, le représentant de celui qui disait : « Mon royaume n’est pas de ce inonde, >, n’hésitait pas, comme étant la chose ia plus naturelle, à faire verser des flots de sang !

Nous n’avons pas k entrer ici dans les détails de l’expédition qui s’ensuivit. Rappelons seulement.qu a la suite d’un pacte fait entre Louis Bonaparte et M. de Montalembert, le chef des catholiques en France, le président de la république française prenait la résolution d’aller étouffer, au profit de l’absolutisme papal, la république romaine et envoyait en Italie un corps d armée sous tes ordres du général Oudiuot. Vainement l’ambassadeur de France, M. d’Harcourt, tenta une réconciliation entre le pape et le parti constitutionnel romain ; M. Mamiani et ses amis déclarèrent le rapprochement tardif et impossible. Mazzini (v. ce nom) devint le chef effectif de la république romaine et Garibaldi, à la tête des troupes, s’apprêta à la résistance. Après l’échec subi, le 30 avril, par le général Oudinot, qui croyait pouvoir prendre Rome sans coup férir, pendant qu’on lui envoyait k la hâta des renforts, M. de Lesseps, intervenant diplomatiquement, signait une trêve avec le

triumvirat et entamait des négociations qua le gouvernement français devait répudier. Dès que l’armée française fut assez forte pour reprendre l’offensive, Oudinot assiégea et bombarda Rome. Après une longue résistance, cette ville dut capituler, au moment où l’Assemblée venait de promulguer la nouvelle constitution. Le 5 juillet 1849, l’armée française entrait à Rome et l’on vit commencer cette occupation de vingt et un ans qui devait coûter si cher a la France, lui aliéner l’Italie et ne pas même satisfaire le parti de réaction à outrance qu’elle protégeait.

Redevenu maître de Rome grâce aux baïonnettes françaises, le pape ne voulut point y rentrer immédiatement. Il envoya trois commissaires, les cardinaux délia Genga, Vanicelli et Altieri, connus par leurs sentiments réactionnaires, et, le 17 juillet, le général Oudinot leur remit tous ses pouvoirs. Ces trois cardinaux s’acquittèrent de leur mission avec une implacable rigueur, emplirent les prisons, donnèrent le pouvoir de tout faire à la police pontificale, firent revivre les institutions les plus surannées et fondèrent leur gouvernement sur la proscription et la tyrannie. En même temps, les triumvirs rouges, comme on les appelait, témoignaient leur reconnaissance envers le gouvernement français par une défiance extrême et par un système d’espionnage contre les officiers de notre armée. Ce fut alors que Louis Bonaparte, blessé du peu de gré qu’on lui savait de son expédition, écrivit àlSon aide de camp, Edgard Ney, ea ce moment à Rome, la fameuse lettre du 18 août 1849. Dans cette lettre, il déclarait que la république française n’avait pas envoyé une armée à lîome pour y étouffer la liberté italienne, et résumait le rétablissement du pouvoir temporel du pape par ces mots : t Amnistie générale, sécularisation de l’administration, code Napoléon et gouvernement

libéral. • Ce langage fut vivement critiqué

Ear les catholiques. Pie IX y répondit en puliant, le 12 septembre, de Portici, où il se trouvait auprès du roi de Naples, le sanguinaire Ferdinand II, un molu prùprio, dans lequel il promettait des réformes administratives et municipales, qu’il se chargeait de déterminer ultérieurement, un conseil d’État et une consulte des finances. En même temps, il accordait une amnistie générale, dont il exceptait les membres du gouvernement provisoire, du triumvirat et du gouvernement de la république, les chefs militaires, tous les anciens amnistiés qui avaient participé à la révolution, tous ceux qui s’étaient rendus coupables de délits prévus par les lois pénales faites par le gouvernement pontifical, etc., exceptions qui faisaientde l’amnistie une pure dérision.

Le 12 avril 1850, le pape se décida enfin à quitter le royaume de Naples et à, revenir a Rome. Il prit pour secrétaire d’État le cardinal Antonelli, personnage plein d’astuee, qut, à partir de ce moment, ne devait cesser d’être l’interprète de sa politique, l’exécuteur de ses hautes œuvres, et qui montra autant d’ardear réactionnaire qu’il avait montré, en 1848 et 1849, de zèle démocratique. D’implacables rigueurs continuèrent à être exercées, non-seulement dans les légations occupées par les Autrichiens, mais à Rome même, sous les yeux de l’armée française. C’est ainsi que dans cette ville on condamna à plusieurs années de galères des citoyens qui avaient voulu fêter l’anniversaire de la république ou se coaliser contre l’usage du tabac. Ces simples faits disent suffisamment ce qu’on doit penser des prétendus bienfaits du gouvernement paternel papal. Ce ne fut qu en 185» que Pie IX se décida enfin à tenir les promesses qu’il avait faites par son motu proprio et à tracer les règle* da son gouvernement idéal. Il organisa alors la consulte et les muuieipes. Cette consulte, simple syndicat économique, n’ayant nulle attribution politique, nulle action sur les affaires publiques, se composait d’un délégué de chaque province. Ce délégué était nommé par le pape sur les listes dressées par les conseils provinciaux, nommés eux-mêmes par Pie IX sur les listes laites