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par les conseils municipaux ; et le gouvernement avait, en outre, le droit de dissoudre quand bon lui semblait cette consulte, sans être nullement obligé de la réorganiser dans un délai Axé. Quant aux munieipes, ils étaient administrés par des hommes désignés par le pouvoir et par des conseils municipaux élus par un petit nombre d’électeurs choisis avec soin. Le seul progrès consistait a admettre des laïques dans l’administration ; mais ces laïques, ne pouvant avoir aucune action, aucune influence sérieuse, étaient les instruments très-humbles du clergé tout-puissant. Toile était cette belle organisation que Pie IX proposait k l’Europe comme un modèle. Grâce à elle, grâce à l’absence de tout contrôle, k la compression incessante, k l’administration du cardinal Antonelli, les finances furent ruinées, les privilèges restaurés ; les résultats de ce nouveau régime furent : le commerce nul ; le développement des études, les chemins de fer, les télégraphes, l’armée nationale vainement réclames ; la contrebande florissante, le brigandage sans répression, l’état de siège permanent, les vengeances atroces, les factions frémissantes, le mécontentement universel.

Débarrassé, grâce k l’occupation française, des réclamations importunes des libéraux, qui l’avaient empêché jusqu’en 1850 d’établir le plus beau des gouvernements cléricaux possibles, Pie IX put enfin se souvenir qu’il était le chef de l’Église catholique et, à ce titre, il montra un esprit d’initiative, un goût d’innovation tels, qu’il devait arriver a transformer de fond en comble la constitution de l’Église. Presque aussitôt après son avènement au pontilicat, il avait lancé une encyclique contre le rationalisme (1846). Le U juin de l’année suivante, il adressa à tous les chefs d’ordres religieux une lettre pour les exciter à se réformer dans le sens d une plus stricte observation de leurs règles. Le 2 février 1849, il publia, pendant son séjour k "laëte, une encyclique sur la question de l’immaculée conception de la Vierge, dans le but d’attirer sur ce sujet l’attention des catholiques et de préparer l’accomplissement d’un fait inouï depuis un grand nombre de siècles dans l’Eglise, la proclamation d’un dogme nouveau. Le 24 septembre 1850, il rétablit la hiérarchie épiscopale en Angleterre et, le 4 mars 1853, en Hollande, Le 8 décembre 1854, en présence d’un grand nombre d’évêques réunis par lui à Rome, Fie IX érigea en dogme, de son autorité privée et contrairement k tous les précédents de l’Église qui exigeaient les délibérations préalables d’un concile, l’immaculée conception de la Vierge, question qui avait toujours été fort controversée parmi les théologiens catholiques. Il « déclara, prononça et définit que la doctrine qui aftirme que la bienheureuse Vierge Marie a été préservée et affranchie de toute tache du péché originel dès le premier instant de sa conception, en vue des mérites de Jésub-Christ, sauveur des hommes, est une doctrine révélée de Dieu, que, pour ce motif, tous les fidèles doivent croire avec fermeté et constance.» L’année suivante, le 18 août, le pape signa avec l’empereur d’Autriche, François-Joseph, un concordat qui donnait au clergé la haute main sur l’instruction, la presse, la publication des livres, etc. Au mois de mars 1856, il consentit à devenir le parrain du fils de Napoléon 111, qui continuait, aux frais de la France, h protéger son pouvoir temporel. En ce moment, un congrès chargé de régler les affaires d Orient était réuui à Paris. Le plénipotentiaire sarde ] M. de Cavour, profita de l’occasion pour signaler aux puissances ta situation des États romains et réclamer en leur faveur les réformes demandées par Louis Bonaparte dans sa lettre à M. Edgar Ney. Mais les autres plénipotentiaires, tout-en reconnaissant que la situation des États de l’Église était anomale, ne crurent pas pouvoir s’occuper d’une question que la position exceptionnelle du pape rendait insoluble.

Pie IX avait inflexiblement maintenu son système de gouvernement par la compression et l’appui des baïonnettes étrangères, lorsque, en 1859, lo Piémont, soutenu par la France, déclara la guerre à l’Autriche. Une grande agitation se produisit alors dans toute 1 Italie, qui entrevoyait l’heure de la délivrance. À peine la guerre fut-elle déclarée que les duchés de Panne, de Tos^îine et de Modèue se soulevèrent, forçant a fuir leurs princes, inféodés au système autrichien. A peine les Autrichiens qui forçaient la Romagne a subir le joug du pape eurent-ils évacué Bologne (12 juin 1S59), que la Romagne, secouant ce joug détesté, se rangea sous l’administration provisoire du Piémont. Vainement, par la convention de Villafranca (il juillet), Napoléon III, dans le but de conserver au pape l’intégrité de ses États, stipula la formation d’une confédération italienne, dont le présidence honoraire serait dévolue à Pie IX. les Légations, imitant l’exemple de la Toscane, de Panne et de Modène, déclarèrent, par un double vote à peu près unanime, qu’elles voulaient faire partie de la monar. chie sarde, et le roi Victor-Emmanuel, malgré les représentations de la diplomatie, malgré les foudres impuissantes lancées par l’évêque de Rome, accepta leur annexion.

L’enthousiasme avec lequel les Légations se séparaient des États de l’Église donnait la mesure de ce que valait le gouvernement clérical. Tout autre homme que Pie IX y eut vu

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un avertissement salutaire et eût cherché par une administration plus sage et plus libérale à rattacher à lui la partie de ses États qui, grâce à la présence des corps d’occupation français, n’avait pu manifester ses sentiments. Le pape n’en fit rien. À ce qu’il considérait comme une révolte impie, il ne vit qu’un remède, l’appel à la force pour rétablir sous le joug les malheureuses Légations. Fort heureusement, nulle puissance n’était désireuse de reprendre en sous-œuvre la folle expédition faite en 1849 par Louis Bonaparte, de déclarer la guerre à l’Italie, de mettre à feu et à sang la péninsule pour complaire à Pie IX. Napoléon III lui-même, sachant avec quelle raillerie hautaine et parfaitement justifiée, du reste, on lui avait répondu chaque fois qu’il s’avisait de demander pour les Étata de l’Église des garanties et des libertés qu’il violait hautement en France, Napoléon III, quelque peu ménager qu’il fût du sang et de lor du peuple, reculait devant une pareille entreprise. Le 31 décembre 1859, en réponse à une lettre du pape datée du 2 décembre, il lui écrivit que, tout en reconnaissant les droits du pape sur les Légations, il l’engageait à s’incliner devant le fait accompli, a taire le sacrifice des provinces séparées. Le i«f janvier 1860, le général Goyon alla porter ses félicitations à Pie IX. Celui-ci, faisant allusion ■ à une brochure fameuse, le Pape et le congrès, qui exprimait les mêmes idées que Napoléon III et avait été écrite sous son inspiration, n’hésita point à l’appeler « uq monument insigne d’hypocrisie et un tissu ignoble de contradictions. » Le 19 janvier, il adressait aux évêques de la chrétienté une encyclique dans laquelle, renversant les rôles, il se prétendait persécuté et émettait cette théorie étonnante qu’il ne pouvait renoncer k la possession des provinces séparées de la domination pontificale ■ sans faire tort k tous les catholiques. > En même temps, il engageait les évêques • à enflammer chaque jour davantage les fidèles confiés à leurs soins, afin qu’ils ne cessent jamais d’employer tous leurs efforts, leur zèle à la défense de l’Eglise, ainsi qu’au maintien du pouvoir civil du saint-siége. » Répondant k cet appel, les évêques publièrent de tous côtés des mandements, dans lesquels ils réclamaient à cor et à cri la partie perdue de ce i patrimoine de saint Pierre, » dont saint Pierre, s’il avait pu revivre, eût été stupéfait d’apprendre l’existence. Vainement, dans une circulaire adressée aux évêques, M. Rouland, ministre de l’instruction publique, exprimait le désir que « le pape voulût bien, en sa qualité de souverain d’un État italien, envisager les événements comme la Providence les laisse elle-même se dérouler dans la longue histoire de l’humanité ; ■ l’épiscouat accueillit avec dédain la circulaire, et le clergé inférieur redoubla d’ardeur et d’audace. < Non content, dit M. Delord, d’injurier en chaire les ennemis du pouvoir temporel et de les vouer aux peines éternelles, il fit remonter ses anathèmes jusqu’au chef de l’État. »

Cependant les Italiens, sans se préoccuper de ces vaines clameurs, commençaient leur grande œuvre d’unification. En présence de cet état de choses, Pie IX fit appel de toutes parts aux volontaires catholiques et résolut d’organiser pour son propre compte une armée avec laquelle il espérait pouvoir se passer bientôt du corps d’occupation français. Au mois d’avril 1860, Lamoricière consentit, avec l’autorisation du gouvernement français, k aller, prendre le commandement de cette armée et lui adressa une proclamation dans laquelle il lui annonçait qu’elle allait combattre la révolution, « ce nouvel islamisme. » Pendant qu’au milieu de difficultés et de déceptions de tout genre Lamoricière essayait d’organiser ses troupes, composées d’étrangers, Garibaldi débarquait en Sicile (mai 1860) et accomplissait cette prodigieuse campagne qui, en quelques mois, le rendit maître du royaume des Deux-Siciles. Il venaitde s’emparer de Naples (7 septembre), lorsque le gouvernement italien, voyant Lumoricière prêt à entrer en campagne pour s’emparer des Légations, somma le gouvernement pontifical de dissoudre son agglomération de « croisés » étrangers, armés à Rome, en dehors du peuple et contre le peuple ; et, sur son refus, il ordonna» un corps de troupes, commandé par Cialdini et Fanti, de pénétrer sur le territoire pontifical. Quelques jours plus tard, Lamoricière, k la tête de 8,000 hommes, rencontrait à Castelfidardo le général Cialdini et lui livrait bataille ; mais aux premiers coups de canon, " l’armée des croisés, k l’exception des volontaires français, s’enfuit dans toutes les directions, et Lamoricière dut chercher un refuge à Ancône, où il fut contraint de capituler. Sauf la ville de Rome et le territoire qui s’étend entre cette ville et Civita-Vecchia, tout ce qui n’était pas occupé par l’armée française fut envahi par les Piémontais et, encore une fois, malgré les protestations du pape, les populations volèrent leur annexion au royaume de Victor-Emmanuel. Le 17 décembre, Pie IX prononçait une allocution dans laquelle se trouvait ce passage ; à La perfidie, la trahison régnent maintenant partout, et notre âme est fortement attristée de voir que l’Église est persécutée, même en France, ou le unef du gouvernement s’était montré si bienveillant pour nous et avait feint d’être notre protecteur. Maintenant, il nous est difficile de savoir si nous

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sommes protégé par dés amis ou si nous sommes mis en prison par des ennemis : Petrus est in vinculis (Pierre est dans les fers). » À vrai dire, Pie IX n’était pas plus dans les fers que le clergé n’était persécuté en France, où seul il avait impunément le droit de tout dire. Mais cette double assertion ne servit pas moins de thème aux nouveaux mandements des évêques, dont le langage fut des plus virulents, et cet état de choses ne contribua pas peu k amener des rapports très-difficiles entre Pie IX et le cabinet des Tuileries. Ce fut à cette époque qu’à la suite d’une très-yiye altercation entre le prélat de Mérode, ministre de la guerre du pape, et M. de Goyon, commandant le corps d’occupation français, ce dernier déclara qu’il « le souffletait moralement a et qu’il ne voulait plus traiter directement qu’avec le cardinal Antonelli. Pendant ce temps, le parlement italien proclamait Victor-Emmanuel roi d’Italie (Ï6 février 1861) et déclarait Rome capitale définitive du nouveau royaume, dont la capitale réelle était encore Turin. En présence de ce vote, le pape ne trouva rien de mieux à faire que de prononcer son allocution du 1S mars 1861, dans laquelle il déclarait qu’il « ne pourrait sans blesser gravement sa conscience faire alliance avec la civilisation moderne. » Lorsqu’un chef de religion a la prétention de se doubler d’un chef d’État et lorsque, en tant que chef d’Etat, il repousse comme exécrables la liberté de conscience, la liberté de pansée et le droit pour un peuple de se gouverner lui-même, il donne la mesure de sa capacité gouverné mentale et prononce sa propre condamnation. Pie IX, en essayant de flétrir dans son allocution « cette civilisation moderne qui s’attache k favoriser tout culte non catholique, qui u’èearte même pas les infidèles des emplois publics et qui ouvre les écoles catholiques à leurs enfants, » ne soupçonnait pas qu’en reconnaissant à tous les mêmes droits la civilisation est l’expression même de la justice, et qu’en affirmant le contraire le pontife romain montrait lui-même d’une façon irréfragable que son pouvoir temporel était définitivement condamné.

Eu 1862, Pie IX appela à Rome un grand concours d’évêques pour assister à la canonisation de Michel de Sanctis et de vingt-trois martyrs morts au Japon en 1597. Le gouvernement français crut devoirJi cette occasion, rappeler aux évêques de France qu’ils ne pouvaient s’éloigner du territoire sans la permission du chef de l’État, et quelques-uns d’entre eux se rendirent à Rome avec cette autorisation. Pie IX n’avait fait jusque-là que des béatifications. La canonisation des martyrs japonais, qui eut lieu le 8 juin, était la première qu’il prononçait. Les évêques présents profitèrent de leur réunion pour 1 encourager dans sa résistance au démembrement du pouvoir temporel et signèrent une déclaration dans laquelle ils affirmèrent la nécessité de ce pouvoir.

Le gouvernement français avait compris, mais un peu tard, la faute qu’il avait commise par son intervention de 1849. Rendu responsable par le pape, qu’il protégeait à Rome, et par le clergé, qu’il comblait d’honneurs, du démembrement des États de l’Eglise, il songea à mettre un terme à l’occupation de Rome par ses troupes, laquelle n’avait servi qu’a irriter les Italiens contre la France. Dans ce but, il signa avec le roi Victor-Emnuel la convention du 15 septembre 1864. Par cette convention, le terme de l’occupation française était fixé au 15 septembre 1866, et le pape devait alors être abandonné k ses propres ressources et l’Italie k son initiative. Ce fut, en quelque sorte, pour répondre à cette convention que Pie IX lança, le S décembre 1864, la plus célèbre de ses encycliques, accompagnée d’un Syllabus non moins laineux, qui en condensait les doctrines sous forma de propositions. Ces deux documents, longuement élaborés, contenaient la condamnation expresse de toutes les idées que re-Frésentent les sociétés modernes. C’est dans encyclique surtout qu’on trouve indiqués avec une extrême précision les termes du débat engagé entre les idées libérales et les prétentions ultramontaines. On y voit traités « d’impiété, d’absurdité et de délire » les principes fondamentaux de notre droit public, tels que la liberté de conscience et des cultes et l’incompétence des gouvernements en matière de toi religieuse. L’encyclique déclare que la puissance royale est avant tout conférée aux princes pour la protection de l’Église, et elle condamne l’opinion selon laquelle l’Eglise n’aurait pas le droit de punir par des peines temporelles les violateurs dé ses lois. Ce document eut l’extrême avantage de détruire tout équivoque et, en supprimant le catholicisme libéral, de ne plus laisser en présence que les partisans de l’état franchement laïque et ceux de l’état franchemeut théocratique. Le gouvernement français, par décret du 5 janvier 1865, interdit la publication officielle du Syllabus.

Cependant le terme assigné k l’évacuation des troupes françaises de Rome approchait. Pour protéger son pouvoir temporel après le départ de nos soldats, le pape ne pouvait songer au peuple romain. Il s adressa donc encore une fois au gouvernement français, qui, au commencement de 1866, consentit à lui faciliter le recrutement d’un, corps étranger, dit légion d’Amibes, et autorisa des officiers de notre armée à en faire partie. Cette légion,

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grossie des eouaves pontificaux, se trouvait à Rome lorsqu’en partit l’armée française. Pour entretenir ses troupes, Pie IX, dont le budget se liquidait par des dépenses doubles des recettes et qui ne pouvait contracter que difficilement des emprunts à un taux usuraire, fit un appel aux fidèles et chargea tous les évêques du monde de recueillir le denier de saint Pierre. Depuis lors, cette contribution volontaire des catholiques ne cessa d’être une source abondante de revenus pour le souverain pontife. Cette même année 1866, Pie IX adopta le système monétaire français et consacra k perpétuité par un bref le collège d’écrivains jésuites qui fondèrent le journal ta Civiltà cutloliea et se proposèrent de défendre les doctrines de l’Église par la voie de la presse.

En 1867, Garibaldi, désireux de consommer le dernier acte de l’unité italienne, s’échoppa de Caprera, où il était gardé k vue, et envahit les États pontificaux. À cette nouvelle, le gouvernement français envoya au secours du pape un corps d’armée sous les ordres du général de Failly. De son côté, Victor-Eminanuel offrit à Pie IX d’aller le protéger contre la tentative des garibaldiens ; mais celui-ci refusa, malgré les instances de la municipalité romaine, qui lui demandait de se placer sous la protection des troupes italiennes (18 octobre). Cependant Garibaldi avançait, battait les pontificaux à Monte-Rotoudo (26 octobre) et allait occuper le3 hauteurs de Mentana, à quelques kilomètres de Rome. Ce fut alors que le général de Failly, arrivé en toute hâte, se joignit k l’armée pontificale. Grâce aux chassepots français, qui, selon son expression, « firent merveille, • il battit les garibaldiens et les força à se disperser. Encore une fois le pouvoir temporel était sauvé du naufrage et l’occupation française recommençait.

Peu de temps auparavant, Pie IX avait publié une encyclique (18 octobre 1867), dirigée contre le gouvernement italien, et, le £0 septembre, il avaîtcondainné, comme étant nulles et de nul effet, les lois votées par le Parlement italien concernant la sécularisation des biens ecclésiastiques. En février 1868, il écrivit une lettre k l’évêque d’Orléans, Du par loup, pour le féliciter d’avoir vivement attaqué, au sujet de l’instruction secondaire des filles, le ministre de l’instruction publique Duruy ; puis il ordonna le dessèchement du marais d’Ostie (mai-octobre 1868), un des actes les plus méritoires de son règne. Cette vaèma année, Pie IX eut de vifs démêlés avec le gouvernement autrichien qui, forcé par les événements de se retremper et de se régénérer dans le courant des idées libérales, lui demanda la révision du concordat. Toujours rebelle k toute concession, le pape refusa, en se livrant aux plus amères récriminations. Les Chambres autrichiennes passèrent outre et votèrent successivement, en harmonie avec les idées modernes, des lois sur la liberté de conscience et de la presse, sur les mariages mixtes, la tenue de 1 état civil, L’enseignement primaire. Le pape ne se borna pas k déclarer ces lois ■ hautement réprouvables, abominables, contraires à la doc > ri ne, aux droits et à la constitution de l’Église, att pouvoir du saint-siége, au concordat et au droit naturel ; t il engagea les évêques à résister au gouvernement qui les avait promulguées (juin 1868). Cette même année, au mois de janvier, Pie IX envoyait k la reine d’Espagne Isabelle la fameuse rose d’or bénite à fa messe des rois, comme témoignage de satisfaction pour son attachement au saintsiége et, sans doute aussi, pour ses vertus privées. Après l’expulsion d’Espagne de cette princesse (septembre 1868), il reconnut le gouvernement provisoire, tout en refusant d’admettre en sa présence son ambassadeur, puis il défendit aux évêques espagnols d’aller siéger aux cortès constituantes et de prêter serment à la constitution de leur pays. Enfin, le 29 juin 1868, il publia la bulle jH terni patris, par laquelle il convoquait un concile oecuménique k Rome pour lo 8 décembre de l’année suivante.

Cette bulle de convocation produisit la plus vive sensation dans le monde catholique, car elle avait pour objet la promulgation d’un dogme nouveau. C’était la seconde fois que Pie IX venait apporter au Credo de l’Église des modifications profondes, et cette fois le dogme qu’il allait taire décréter, l’infaillibilité personnelle du pape, ne tendait k rien moins qu’a changer de fond en comble la constitution même de l’Église (v. infaillibilité). Pendant les derniers mois de l’année 1868 et les onze premiers de l’année 1869, Pie IX s’occupa à peu près exclusivement de faire préparer les travaux du prochain concile. Fendant ce temps, il se produisait parmi les évêques et dans le clergé catholique un vaste mouvement d’opinion. De toutes parts s’élevaient des controverses animées. Pendant que la majorité des évêques et du clergé soutenait avec une ardeur passionnée les prétentions pontificales, appuyées par les jésuites, par tous las ultramoiitains et propagées par des journaux, dont les principaux étaient tu Civiltà caltolica, k Rome, et l’Unineri, a Paris, une minorité, imposante surtout parla talent, s’élevait avec chaleur contre le dogme, l’opportunité de sa promulgation et contre les conséquences qu’on devait en tirer. Parmi les opposants, on remarquait les cardinaux Rauscher, Schwarsenberg, Mathieu, Guidi, les

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