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Ses rues sont larges, droites, bien pavées. Les édifices sont : l’église paroissiale, en brique et en pierre, dans le style du XIIIe siècle ; l’hôtel de ville, édifiée élégant, de construction moderne ; l’hospice, installé dans l’ancienne mairie ; l’église du quartier du Petit-Paris ; une chapelle anglicane, une chapelle wesleyenne, la chapelle des dames du Sacré-Cœur ; citons la jolie promenade située au N. de la ville où l’on remarque une fontaine monumentale. « Saint-Pierre-lez-Calais, appelée primitivement Petressa ou Peternesse, dit M. Michelant, est d’origine ancienne, mais n’offre aucun souvenir historique important. Baudouin Bras de Fer y fit bâtir, en 869, une tour de garde dont il ne reste aucune trace. Elle était située au delà du pont Jourdan. Pendant les guerres du XIVe et du XVe siècle, la ville, comme tout le Calaisis, eut beaucoup à souffrir de l’occupation anglaise ; mais aucun fait remarquable ne se rattache à cette époque de son passé. » Bien qu’elle ne soit qu’une simple commune, Saint-Pierre-lez-Calais est la première ville manufacturière du département.


PIERRE-DE-CHARTREUSE (SAINT-), village et commune de France (Isère), cant. de Saint-Laurent-du-Pont, arrond. et à 22 kilom. N. de Grenoble ; 1,734 hab. Fabrication de liqueur très-estimée, connue sous le nom d’eau de la Grande-Chartreuse ; scieries, ouvrages de boissellerie. Commerce de bois de construction. Près de ce village se trouve le vallon pittoresque, nommé Désert, qui conduit à la Grande-Chartreuse. L’entrée de ce vallon est formée par des rochers à pic d’une hauteur de 100 mètres et tellement rapprochés, que le torrent du Quiers-Mort remplit l’intervalle qui les sépare.


PIERRE-CHATEL (SAINT-), fort de France (Ain), commune de Viriguin, cant., arrond. et à 5 kilom. S.-E. de Belley, sur la rive droite du Rhône. Ce fort, place de guerre de 2e classe, bâti sur un rocher isolé qui domine le fleuve, était autrefois un monastère, dont la cour du cloître a été transformée en caserne ; la nef de l’église subsiste encore ; les chapelles latérales ont été détruites par le génie militaire. Une batterie couverte de 12 pièces d’artillerie défend ce rocher escarpé, dans les flancs duquel s’ouvrent de nombreuses grottes pour la plupart inaccessibles.


PIERRE-DE-CHIGNAC (SAINT-), bourg de France (Dordogne), ch.-l. de cant., arrond. et à 14 kilom. S.-E. de Périgueux ; pop. aggl., 208 hab. — pop. tot., 882 hab.


PIERRE-DE-CORMEILLES (SAINT-), village et commune de France (Eure), cant. de Corneilles, arrond. et a 16 kilom. de Pont-Audemer ; 1,013 hab. Moulins à blé, à chanvre et à huile ; briqueterie ; fabrication de toiles, bonneterie. De l’ancienne abbaye de Cormeilles, il ne resté que quelques pans de murailles de l’enceinte.


PIERRE-LA-COUR (SAINT-), village et commune de France (Mayenne), cant. de Bais, arrond. et à 30 kilom. de Mayenne ; pop. aggl., 452 hab. — pop. tot., 2,303 hab. || Autre commune de France (Mayenne), cant. de Lovion, arrond. et à 50 kilom. de Laval ; 1,261 hab.


PIERRE-SUR-DIVES (SAINT-), bourg de France (Calvados), ch.-l. de cant., arrond. et à 25 kilom. S.-O. de Lisieux ; pop. aggl., 1,590 hab. — pop. tot., 1,995 hab. Commerce de bestiaux, chevaux et miel. L’église paroissiale de Saint-Pierre-sur-Dives est une ancienne chapelle d’une abbaye de bénédictins, construite en grande partie au XIIIe siècle ; les stalles du chœur sont du XVIe siècle. Quelques parties des anciens bâtiments de l’abbaye sont affectées aujourd’hui à un dépôt d’étalons. Dans le bourg, on remarque l’hôtel de ville et quelques jolies maisons du XVe et du XVIe siècle, ornées de sculptures.


PIERRE-ÉGLISE (SAINT-), bourg de France (Manche), ch.-l. de cant., arrond. et à 17 kilom. E. de Cherbourg ; pop. aggl., 1,396 hab. — pop. tot., 2,167 hab. Fabrication de toiles ; papeterie. Commerce de bestiaux, céréales, lin, chanvre. Ruines d’un ancien château fort. Aux environs, deux beaux menhirs, dont l’un, dit la Pierre-Longue, est le plus important du département.


PIERRE-DE-FURSAC (SAINT-), bourg de France (Creuse), cant. du Grand-Bourg, arrond. et à 32 kilom. de Guéret ; 1,483 hab. L’église paroissiale est une remarquable construction du XIVe et du XVe siècle ; on y admire principalement la fresque de la voûte du chœur, les innombrables nervures de la voûte de la nef, une élégante chapelle latérale du style ogival flamboyant et le beau vitrail du chevet. Aux environs du bourg, on trouve un dolmen bien conservé.


PIERRE-DES-LANDES (SAINT-), bourg de France (Mayenne), cant. de Chailland, arrond. et à 30 kilom. N.-O. de Laval ; pop. aggl., 238 hab. — pop. tot., 2,012 hab.


PIERRE-MONTLIMART (SAINT-), village et commune de France (Maine-et-Loire), cant. de Montrevault, arrond. et à 27 kilom. de Cholet, sur une éminence, près du ruisseau de Notre-Dame-du-Pont ;1,720 hab. Au S. du bourg, on voit une tombelle de 8 mètres de hauteur, jadis entourée de fossés dont on aperçoit encore les traces. Aux environs, beaux châteaux modernes.


PIERRE-LE-MOUTIER (SAINT-), bourg de France (Nièvre), ch.-l. de cant., arrond. et à 23 kilom. N. de Nevers, près de la rive droite de l’Allier ; pop. aggl., 3,114 hab. — pop. tot., 3,153 hab. Manufactures de briques réfractaires, carrière de sable pour faïence ; élève et commerce de bestiaux, commerce de bois.

Saint-Pierre-le-Moutier doit son nom et son origine à un couvent ou moutier fondé à la fin du VIe siècle par des religieux de Saint-Martin, qui placèrent leur communauté sous la protection de saint Pierre. Aux religieux, de Saint-Martin vinrent se joindre, au IXe siècle, les moines de d’Estrées-Saint-Genou, dont les Normands avaient pillé l’abbaye, et Charles le Chauve leur accorda en indemnité la propriété des maisons qui commençaient à s’agglomérer autour de leur couvent. Au XIIe siècle, une ville n’avait pas tardé à se former ; mais ni la ville ni le monastère, à défaut de fortifications, ne pouvaient se défendre contre les brigandages des routiers et les exactions féodales. L’abbé de Saint-Martin-d’Autun, supérieur direct du moutier Saint-Pierre, implora alors le secours du roi de France et Louis le Jeune répondit favorablement. En échange de sa protection, néanmoins, le monarque exigea la moitié de la juridiction et des terres appartenant aux moines, sans oublier le droit d’impôt proportionnel sur les hommes de la cité et des champs. En outre, il nomma un prévôt qui rendit la justice de concert avec celui de l’abbaye. Les religieux, bientôt débordés par les usurpations de la royauté, se renfermèrent de bonne heure dans l’enceinte de leur couvent, abandonnant au roi la ville, ses faubourgs et ses dépendances, ne se réservant que quelques droits de peu d’importance. Enfin, Philippe-Auguste installa à Saint-Pierre-le-Moutier un bailliage royal, dont le ressort comprit d’abord l’Auvergne et le Nivernais, puis le Bourbonnais et le Berry. Les baillis royaux empiétèrent bientôt sur la justice des comtes, comme avaient fait ceux-ci sur la justice des moines, et la ville devint rapidement tout à fait royale. Cependant elle avait gagné à cette protection de fortes murailles ; mais les Anglais furent les premiers à qui ces murailles profitèrent. La ville tomba, en effet, en leur pouvoir en 1421 et y resta pendant près de neuf années. Au bout de ce temps, Jeanne Darc, à la tête d’un gros d’armée, se présenta pour les en chasser. Saint-Pierre-le-Moutier fut investi et l’assaut donné, d’abord sans succès, et les compagnons de la Pucelle allaient battre en retraite malgré elle, quand elle tenta un dernier effort, enflamma le courage de quelques-uns et réussit à s’emparer de la ville de vive force (1430). Mais les Français avaient à peine quitté leur conquête en y laissant une garnison insuffisante, que les Anglais s’en saisirent de nouveau. Les événements qui suivirent ne tardèrent pas néanmoins à les en faire partir, cette fois définitivement. Pendant les guerres de religion du XVIe siècle, un parti de protestants venu d’Allemagne s’empara de Saint-Pierre-le-Moutier ; mais ils s’y étaient à peine installés qu’un renfort de troupes catholiques, arrivant d’Auvergne, les obligea à l’abandonner (1569). Les ligueurs se rendirent également maîtres de la place en 1590 et furent forcés de même de se retirer, au bout de quelques jours, devant les troupes royales. Saint-Pierre-le-Moutier possédait depuis 1551 un présidial qui fut successivement transféré à Nevers, puis à la Charité-sur-Loire. Un dicton, resté populaire dans le pays, nous apprend la mauvaise renommée dont jouissait cette cour de justice : « À Saint-Pierre-le-Moutier, jugé aujourd’hui, pendu demain. » Les habitants de Saint-Pierre eurent de bonne heure une commune et des franchises ; ils suivaient la coutume du Nivernais. Pendant la Révolution, la ville échangea le nom qu’elle a repris depuis contre celui de Brutus-le-Magnanime. On y remarque une assez belle église, dans le style byzantin, et les anciens bâtiments du monastère, attenant à cette église.


PIERRE-D’OLERON (SAINT-), bourg de France (Charente-Inférieure), ch.-l. de cant., arrond. et à 23 kilom. S.-O. de Marennes, au centre de l’île d’Oleron ; pop. aggl., 1,575 hab. — pop. tot., 4,968 hab. Marais salants ; distilleries, fabrication de vinaigre et fours à chaux. Dans le cimetière, on voit un petit chef-d’œuvre d’architecture, qui sert de croix principale. Ce monument, qui a une élévation de 20 mètres, est composé par une base hexagonale de 15 mètres de hauteur, qui supporte une élégante lanterne à jour, surmontée d’une flèche pyramidale, au-dessus de laquelle s’élève une simple croix. Ce petit édifice est du XIVe siècle.


PIERRE DE-PLESGUEN (SAINT-), bourg de France (Ille-et-Vilaine), cant. de Combourg, arrond. et a 27 kilom. de Saint-Malo ; pop. aggl., 358 hab. — pop. tot., 2,389 hab.


PIERRE-LE-PORT (SAINT-), en anglais Saint-Peters-Port ou Town, ville des îles anglo-normandes, dans l’île de Guernesey, dont elle est le ch-l., avec un port sur la côte S.-E., à 52 kilom. de Cherbourg, à 40 kilom. de Jersey ; 17,000 hab. Port profond et sûr, protégé par un môle qui s’étend au N. Fabriques de bas ; commerce assez actif, consistant principalement en exportation de granit, pommes de terre, fruits, ciment et briques, et en importation de poissons et de grains. La ville, propre et bâtie en amphithéâtre, est entourée de murailles et protégée par deux châteaux forts. À sa principale rue, qui est étroite et flanquée d’assez belles constructions, aboutissent plusieurs grands faubourgs.


PIERRE-DE-SEMILLY (SAINT-), village et commune de France (Manche), cant. de Saint-Clair, arrond. et à 7 kilom. E. de Saint-Lô ; 337 hab. Sur les bords d’un étang, on voit les ruines d’un ancien château fort, classées au nombre des monuments historiques. Vestiges de constructions romaines ; curieuse église paroissiale.

I. SAINTS.


PIERRE (saint), en latin Petrus, en langue syro-chaldaïque Céphas (rocher), l’un des douze apôtres, le premier de tous et le vicaire du Christ, selon les traditions de l’Église, né vers l’an 10 avant notre ère, mort en 66 après Jésus-Christ, à Rome, suivant l’opinion consacrée, à Babylone ou même à Antioche, d’après quelques auteurs. Quoique Pierre ait reçu le titre de prince des apôtres et que les papes se considèrent comme ses successeurs sur le siège épiscopal de Rome, son séjour et son martyre à Rome restent douteux. Il aurait dû préoccuper plus que tous les autres l’attention des évangélistes et du rédacteur des Actes ; mais loin de là, on a sur lui beaucoup moins de renseignements certains que sur Paul. Les Évangiles, contradictoires sur bien des points en ce qui le touche, ne mentionnent que la légende de ses rapports avec Jésus ; les Actes racontent ses miracles et se taisent sur son apostolat proprement dit ; l’histoire ecclésiastique elle-même n’offre sur saint Pierre que des traditions et des conjectures dont quelques-unes ne peuvent être soutenues.

Avant que le nom de Céphas lui eût été imposé par Jésus-Christ, Pierre se nommait Simon ; il avait pour frère André ; leur père s’appelait Jonas. Tous deux étaient pêcheurs. Les circonstances relatives à la première entrevue de Pierre avec Jésus et à sa vocation à l’apostolat sont racontées diversement dans les Évangiles. Suivant Matthieu, la scène se passa sur les bords de la mer de Galilée ; Jésus, y rencontrant les deux frères qui jetaient leurs filets, leur dit : « Venez avec moi, je vous ferai pêcheurs d’hommes ; » et ils le suivirent. C’est dans une autre occasion et longtemps après, à Césarée, que Jésus, suivant le même narrateur, lui dit cette parole mémorable : « Tu es heureux, Simon Bar Joua... Et je te le dis, tu es Pierre, et sur cette pierre j’édifierai mon Église, et les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle. Je te donne les clefs du royaume des cieux. » Dans Luc, Jésus rencontre pour la première fois Simon au chevet de sa belle-mère malade, qu’il guérit miraculeusement ; suivant saint Jean, André et Simon étaient deux disciples de saint Jean-Baptiste et lorsque Jésus vint se faire baptiser dans le Jourdain, André lui présenta son frère. « Jésus, après l’avoir considéré, lui dit : « Tu es Simon, fils de Jonas ; désormais tu t’appelleras Céphas, ce qui veut dire pierre. » Ces divergences sont assez remarquables ; ce ne sont pas les seules. Quoi qu’il en soit, Pierre, dès le commencement de la mission du Christ, accompagne presque partout le maître et occupe la première place ; il est institué le premier des douze apôtres (Matt., ch. X, 2 et suiv.) ; c’est en sa présence que s’accomplit la transfiguration ; il n’y a là que lui, Jacques et Jean, frère de ce dernier (Matt., ch. XVII, 1 ; Luc, ch. IX, 28). Matthieu est le seul des évangélistes qui rapporte la circonstance où Jésus commanda à Pierre de venir à lui en marchant sur les eaux ; en revanche, Luc raconte une pêche miraculeuse que Jésus lui fait accomplir. À travers ces légendes, Pierre apparaît avec une physionomie spéciale, tour à tour ardent et pusillanime, confiant et manquant de foi. Les interrogations qu’il pose à son maître, au cours de ses prédications et de ses entretiens familiers, décèlent un homme dans l’esprit duquel il y a toujours place pour le doute, malgré les miracles dont il a été le témoin ; mais une seule parole du Christ le convainc et il se prosterne, quitte à revenir un peu après à ses défiances habituelles. Jésus paraît l’avoir bien jugé, puisque, en réponse à ses dernières protestations de fidélité, un peu avant l’arrivée de Judas et l’arrestation, il lui disait : « En vérité, je te le dis, cette nuit, avant que le coq ait chanté, tu m’auras renié trois fois. » Dans la scène qui suit, c’est-à-dire au moment où les gardes des pontifes et des pharisiens, armés de haches et de bâtons, viennent s’emparer de Jésus, à la lueur des torches, saint Pierre, selon l’Évangile de Jean, eut seul l’idée d’opposer de la résistance ; il tira l’épée du fourreau et coupa l’oreille d’un des serviteurs du prince des prêtres. Les autres évangélistes ne nomment pas Pierre et se contentent de dire : « Un de ceux qui étaient avec Jésus, Et ecce unus ex his qui erant cum Jesu...(Matt., XXVI, 51) ; Unus autem quidam de circumstantibus (Marc, XIV, 47) ; Unus ex his qui circum ipsum (Jesum) erant (Luc, XXII, 49, 50). Aussi Jean, pour donner plus de poids à son témoignage, nomme-t-il aussi l’homme à l’oreille coupée ; « C’était, dit-il, un certain Malchus. »

Le reniement de saint Pierre est un des faits capitaux de sa légende ; aucun des évangélistes ne l’a passé sous silence ; il s’en faut pourtant qu’ils soient tous d’accord sur les détails. D’après Matthieu, c’est une servante qui interroge l’apôtre, l’ayant reconnu à son parler pour un Galiléen ; une autre femme renouvelle la même demande quelques instants après, puis ce sont les assistants, les hommes assemblés dans le corps de garde, qui s’adressent à Pierre et le font renier une troisième fois celui qu’il avait juré de suivre jusqu’à la mort. D’après Marc, c’est la même servante qui, trois fois de suite, interpelle Pierre ; d’après Luc, c’est d’abord une servante, puis un des assistants (alius videns eum, v. 58), puis un autre (alius quidam, v. 59) ; d’après Jean, c’est d’abord la portière, qui refuse de le laisser entrer, puis les assistants et enfin un parent de Malchus, auquel Pierre avait coupé l’oreille quelques instants auparavant, circonstance caractéristique. Il est vrai que Jean est le seul qui lui attribue le fait de l’oreille coupée et cet acte de bravoure mis au compte de Pierre, toujours si timoré, semble bien extraordinaire.

La rare faiblesse qu’il avait montrée dans cette occasion décisive n’empêcha pas le Christ, après sa résurrection, de le confirmer comme pasteur de son troupeau. Trois fois, il lui dit ; Pasce agitas meos. Jean est le seul aussi qui parle de cette apparition.

Après la descente du Saint-Esprit sur les apôtres (en tout ceci nous suivons la légende sans la discuter), Pierre commença ses missions apostoliques ; il est fâcheux que l’on n’ait pas sur ces missions des renseignements aussi précis que sur celles de saint Paul. Les Actes des apôtres, saint Justin et Eusèbe, lui font évangéliser la Palestine, présider ce que l’on a appelé le premier concile de Jérusalem ou concile des Apôtres, opérer de nombreux miracles et des conversions publiques, accomplir de grands voyages dans l’Asie Mineure, confirmer l’Église d’Antioche, aller au moins deux fois à Rome et y souffrir enfin le martyre sous Néron. Ce sont des faits qui appartiennent à la tradition sacrée, mais qui n’ont aucun caractère historique. Les Actes des apôtres lui attribuent en outre une foule de visions et de guérisons miraculeuses. À Jérusalem, peu de temps après la Pentecôte, comme il montait au temple avec Jean, — preuve que les chrétiens ne se séparaient pas ostensiblement des Juifs, — il guérit un boiteux en présence d’un grand nombre de personnes assemblées sous le portique de Salomon. Un peu plus tard, il frappe de mort Zéphira et Ananias, qui avaient voulu faire partie de la petite association chrétienne et n’avaient pas mis tout leur argent dans la bourse commune. Les Actes lui font ensuite évangéliser Lydda ou Diospolis, près de Damas, où il guérit un paralytique ; Joppé (Jaffa), où il ressuscite la sainte veuve Tabitha. À Joppé, comme il priait sur la terrasse de la maison d’un tanneur, où il recevait d’ordinaire l’hospitalité, il eut une vision : il vit le ciel ouvert et une nappe relevée aux quatre coins en descendre. Ayant regardé à l’intérieur de la nappe, il y vit des animaux de toute espèce et crut entendre une voix qui lui disait : « Tue et mange. » Et sur l’objection qu’il fit que plusieurs de ces animaux étaient impurs : « N’appelle pas impur ce que Dieu a purifié, » répondit la voix. Pierre donna à cet avertissement un sens symbolique et comprit qu’il s’agissait des gentils appelés, aussi bien que les Juifs, à la communion chrétienne. C’est à la suite de cette vision qu’il aurait admis au baptême un soldat romain, le centurion Cornélius ou Corneille, et converti tous les assistants, sur lesquels le Saint-Esprit descendit comme sur les apôtres. Cette fable paraît avoir été imaginée par Luc pour faire disparaître toute trace de dissentiment entre Pierre, considéré comme chef de l’Église et Paul, l’Apôtre des gentils. Il raconte, en effet, que la communauté de Jérusalem, lorsque Pierre lui rendit compte de ces conversions, lui reprocha aigrement d’avoir admis à la communion « des gens qui avaient encore leur prépuce » et d’avoir mangé avec eux. Pierre se disculpa en racontant sa vision et l’ordre qui lui avait été symboliquement donné par le Seigneur. Si les choses s’étaient passées de cette façon, la querelle qui éclata si vivement entre Pierre et Paul lorsque celui-ci vint pour la première fois à Jérusalem, précisément à cette époque (41 de l’ère chrétienne), n’aurait pas eu sa raison d’être. Or cette querelle, portant sur l’admission des incirconcis et qui fut tranchée par Pierre et toute la communauté hiérosolymite contre Paul, est bien réelle et il en reste un témoignage énergique dans l’Épître aux Galates (II, 6 et suiv.).

Tout porte à croire que Pierre, à partir de ce retour à Jérusalem, continua d’y séjourner, comme chef de la primitive Église, de celle qui s’opposait à l’admission des incirconcis et qui pensait que Jésus n’était venu sauver que les Juifs, et qu’il fit seulement quelques courts voyages en Palestine et en Syrie. Il était à Jérusalem en 44, lorsque Hérode Agrippa Ier, irrité contre les sectateurs de la religion nouvelle, qui cependant faisait bien peu de bruit, fit trancher la tête à l’un des apôtres, Jacques, fils de Zébédée, frère de Jean. La persécution ne s’arrêta pas là ; on était au commencement des fêtes pascales, fête où se manifestait toujours, chez les Juifs orthodoxes, un redoublement de fanatisme. Agrippa, pour plaire aux prêtres, fit jeter Pierre en prison ; il se proposait de le