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(Salon de 1867). Bas-reliefs de Luca délia Robbia (musée des Oftices), d’Ant. Filarete et Simone., frère de Domuo (porte de bronze de Saint-Pierre de Rome), de J. Berger (bois, au musée de Bruxelles). Eau-forte de Louis de Boullongne !e père (1645). Gravures de Gio.-B. de Cavallerii et de Michèle Lucchese (d’après Michel-Ange). V. crucifiement de saint Pierre (V, p. 602).

Pierre (les actes de saint), célèbres fresques de Masaccb, de Masolino da Panieale et de Lippi, dans la chapelle des Brancaoci, église des Cannes, à Florence. La riche et puissante famille des Brancacci, dont un membre, Felice di Michèle, fut plusieurs fois ambassadeur de la république florentine (de M18 à 1434), avait fondé une chapelle particulière, comme c’était alors l’usage, dans l’église des Carmes nouvellement réédifiés et solennellement consacrée en 1422. Masolino da Panieale fut chargé de décorer cette chapelle ; il y travailla en 1423 et 1424, et, étant parti pour la Hongrie en 1424, il fut remplacé par Masaccio, alors âgé de vingt-trois ans seulement, mais qui avait déjà manifesté son merveilleux génie. Masaccio lui-même s’éloigna de Florence en 1427 et laissa l’œuvre inachevée ; elle fut reprise et terminée par Fra Filippo Lippi, selon quelques autours, ou par Filippino Lippi, comme ont essayé de le démontrer les savants annotateurs de la dernière édition de Vasari (Florence, 14 vol., 1846-1870).

Les peintures de la chapelle des Brancacci doivent être considérées comme un des plus importants et des plus admirables monuments de la Renaissance italienne. « Elles marquent un des immenses progrès de l’art, a dit un critique, et, à près d un siècle de distance, elles participent déjà de l’ampleur magistrale qui brillera dans les œuvres de Raphaël. » Elles comprennent quatre grandes compositions et huit petites, formant deux rangées superposées. Deux des petites compositions représentent, l’une Adam et Eve assis au pied de l’arbre de la science du bien et du mal, l’autre Adam et Eve chassés du paradis ; la première est attribuée à Masolino da Panieale, la seconde à Masaccio. Des six autres petites compositions, une passe encore pour avoir été peinte par Masolino, trois par Masaccio et deux par Lippi. Celle de Masolino représente Sain* Pierre préchant a de nombreux auditeurs, les uns debout, les autres agenouillés ; parmi ceux-ci on remarque une femme, Ut tête encapuchonnée d’une étoffe noire. Lippi a peint Saint Paul visitant saint Pierre dans sa prison et la Délivrance de saint Pierre : dans la première de ces compositions, saint Paul, vêtu d’une robe verte et d’un manteau rouge, montre le ciel à saint Pierre dont le visage apparaît derrière une fenêtre grillée ; dans la seconde, le vieil apôtre joint les mains eu suivant le bel ange, vêtu de blanc, qui l’emmène hors de la prison ; un jeune garde, assis et appuyé sur son arme, ne semble pas se douter de cette évasion. Les trois petites compositions peintes par Masaccio nous montrent : Saint Pierre distribuant des aumônes, Saint Pierre guérissant des malades avec sua ombre et Saint Pierre baptisant. Dans cette dernière scène se trouve une figure d’homme nu qui a été vantée par Vasari et qui est restée célèbre dans l’histoire de l’art : admirable pour la correction du dessin, elle est admirable aussi pour la vérité de l’expression ; on croit la voir frissonner de froid. Dans & Distribution des aumônes, Pierre, accompagné de saint Jean, met une pièce de monnaie dans la main d’une jeune femme coiffée d’un turban et qui porte un enfant en chemise sur son bras. Le personnage qui, dans la Guërison des malades, est coiffé d’une capuche rouga et s’appuie sur un bâton passe pour être le portrait de Masolino.

Masaccio n’a exécuté en entier qu’une des quatre grandes compositions, celle qui représente Jésus ordonnant à saint Pierre d’aller prendre dans la gueule d’un poisson la monnaie pour payer le tribut. La scène, distribuée avec une simplicité magistrale, est grave, solennelle, imposante. Les personnages, au nombre de quinze, sont groupés au milieu d’un vaste paysage, sur le bord d’un lac. Le Christ, retenant de la main gaucho son manteau, désigne, de la droite, la pièce d’eau par un geste plein de noblesse. Les apôtres témoignent, par leurs uttitudes, de leur foi et de leur dévouement. Masaccio a introduit son propre portrait dans ce tableau ; c’est le personnage placé le plus près de la maison, à la gauche du Christ ; il est vêtu d’un manteau violet et a le visage presque de profil ; c’est une çhysionomie énergique et même un peu rude, qui dénote un caractère vigoureusement trempé. Deux autres groupes de cette fresque représentent, l’un Saint Pierre retirant les quatre drachmes de ta gueule dupoisson, l’autre Saint Pierre payant le tribut.

Chacune des trois autres grandes compositions offre deux actions, deux scènes différentes, comme cela se voit fréquemment dans les tableaux antérieurs au xvie siècle. Celle qui représente, comme sujet principal, Saint Pierre ei saint Paul ressuscitant Eutychus a été commencée pur Masaccio et terminée par Lippi : les deux saints, l’un à genoux, l’autre debout, sont en prière, tandis que le jeune prince, agenouillé sur un linge à côté de crânos.et d’ossements humains, témoigne sa )oie d’être ressuscité ; une foule «ombreuse,

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où il n’y a pas une femme, assiste au miracle. La seconde scène, à droite, nous montre Saint Pierre préchant, assis sur un trône et les yeux levés au ciel, en présence de moines et d’autres personnages vêtus à la mode florentine du xv» siècle.

L’une des deux autres grandes compositions, Saint Pierre guérissant un estropié et ressuscitant Petronillaou Tabithe, est l’œuvre de Masolino. La scène principale se passe sur une place publique ; l’estropié, la tête enveloppée d’un biindeau blanc, tend la main à saint Pierre, qui le relève. Dans l’autre scène, la ressuscitée, encore enveloppée de son suaire, les bras croisés sur la poitrine, est debout et regarde l’apôtre, qui la bénit.

La quatrième grande composition, enfin, est tout entière de la main de Lippi, qui y a représenté Saint Pierre et saint Paul disputant avec Simon le Magicien et le Crucifiement de saint Pierre. Dans la première scène, les deux saints se retournent vers Simon, qui tient un rouleau de papier de la main droite et qui, de la gauche, saisit Pierre au collet ; le proconsul, assis sur son trône, entre deux assesseurs vieux et graves, tend la main vers les disputeurs. D ; ms la scène du Crucifiement, deux bourreaux demi-nus soutiennent la croix sur laquelle le saint est fixé la tête en bas, et un troisième la hisse au moyen d’une corde. Parmi les figures de cette fresque, accusées avec une remarquable énergie., on a cru reconnaître les portraits de Filippino Lippi, de Botticelli et de Poltaiuolo.

Dans ces fresques, où la part de Masaccio est considérable, ■ le maître initiateur, dit H. Paul Mantz, ne se contente pas de restituer à la figure humaine la vérité de la physionomie, de l’attitude et du costume ; il rend le même service à la nature ambiante, aux paysages, aux architectures qui entourent l’homme et qu1 s’associent à sa vio. Masaccio n’a pas seulement réhabilité l’acteur, il a reconstitué le théâtre où le drame s’accomplit. Dans ses grandes scènes de la chapelle dos Brancaoci, le décor, très-sobre dans ses lignes et volontairement atténué dans ses colorations, est aussi vrai, aussi beau que les personnages dont l’artiste a raconté les aventures. Ces paysages sont sévères et solennels, comme les faits évangéliques qu’ils encadrent. »

Les Actes de saint Pierre ont été gravés par Ferd. Gregori et par C. Lasinio ; plusieurs des compositions ont été reproduites dans l’Histoire des peintres de toutes les écoles.

l’icrrc rcceinul les clef» de l’Église (SAINT), fresque du Pérugin, à la chapelle Sixtine (Rome). Le Christ, vêtu d’une robe violette et d’un manteau bleu, remet les clefs de l’Eglise à saint Pierre, qui est agenouillé devant lui, la main sur la poitrine. Derrière le prince des apôtres, onze autres disciples sont debout ; -derrière Jésus, il y a huit personnes, parmi lesquelles on distingue une femme vêtue d’un manteau sombre, deux vieillards à barbe blanche et deux jeunes gens coiffés de bonnets rouges. Ces diverses figures, dessinées avec une remarquable élégance, savamment drapées et ayant pour la plupart des têtes très-caractérisées, sont évidemment des portraits. Au fond, de nombreuses figurines montent ou descendent les degrés d’un vaste escalier qui conduit à un édifice a rotonde flanqué de deux portiques ; des arcs de triomphe a trois baies s’élèvent de chaque côté de cet édifice, dont ils sont séparés par des arbres au feuillage léger.

Vasari nous apprend que cette fresque, une des plus nettes et des mieux conservées de la Sixtine, fut exécutée par le Pérugin en collaboration avec dom Bartolommeo délia Gaua, abbé de Saint-Clément d’Arezzo. Elle a été gravée dans le Valicano descritto(M, pi. 141) d’Érasme Pistotesi et dans le premier volume de ï’Ape Italiana délie belle arti (pi. xxx),

Pierre (LE RENIEMENT DE SAINT), tableau

de David Tèiiiers le jeune (musée du Louvre). À part le violent anachronisme qui consiste à transporter la scène dans un corps de garde flamand, ce tableau est un des plus remarquables du maître. Dans une salle basse et enfumée quatre soudards jouent aux cartes et un cinquième suit le jeu d’un œil attentif. Saint Pierre, au second plan à gauche, se chauffe devant une haute cheminée contre laquelle s’appuie Un paysan, assis et vu de dos. Une servante interroge l’apôtre en lui touchant le bras d’un geste familier très-uaturel, et un homme placé derrière lui attend curieusement sa réponse ; il vtentd’ôter sa pipe de sa bouche et lu tient a la main. En ce moment, un coq, perché sur la cheminée, se met à chanter. Dans le fond, trois soldats se disposent à sortir précédés d’un portedrapeau. La toile est signée : David Teniers, f. an. 1646. Ce tableau si naïf et si animé est parfait au point de vue de la composition et de la couleur ; il provient de la collection de Louis XVI qui l’avait acheté m,320 livres à la vente du comte de Merle ; il a été gravé par Delaunay.

Pierre recevant les clefs du paradis (SAINT) OU Jésus-Christ donuuut les clefs à suint

Pierre, tableau d’Ingres, au musée du Luxembourg. Jésus, montrant d’une main le ciel, remet, de l’autre main, les clefs du paradis à. saint Pierre qui, un genou on terre, lève vers le Seigneur son visage bruni dont l’expression est mêlée d’étoiinement et de respect. A

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droite sont groupés les autres apôtres. Au fond, on aperçoit une ville. Cette composition est l’interprétation du passage suivant de saint Matthieu : « Et moi aussi je vous dis que vous êtes Pierre et que sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de 1 enfer ne prévaudront point contre elle. Et je vous donnerai les clefs du royaume des cieux, et tout ce que vous lierez sur la terre sera aussi lié dans les cieux. • Ingres a peint cette toile en 1S20 pour l’église de la Trinité-du-Mont, à Rome, où l’a remplacée une copie exécutée par Murât ; elle a été transportée au musée du Luxembourg et a figuré à l’Exposition universelle de 1855. Th. Gautier en a fait un éloge excessif : t C’est un tableau d’un style sévère, qui rappelle les cartons d’Hampton-Court ; les draperies sont largement agencées, les têtes ont un caractère énergique et robuste, comme il convient a des pécheurs d’hommes qui vont jeter le filet sur l’univers pour ramener les âmes. Le saint Pierre est superbe ; la tête du Christ mêle au type traditionnel le sentiment particulier de 1 artiste ; c’est ainsi que les maîtres savent être neufs en traitant des sujets en apparence usés. La couleur de ce tableau, que chaque jour améliore, prend une intensité toute vénitienne ; les gris, tant reprochés à M. Ingres il y a quelques années, ont disparu sous une belle teinte chaude et dorée ; les draperies, d’abord un peu entières de ton, se sont harmonieusement rompues. » Une autre fois, T. Gautier a été un peu moins louangeur ; il a reconnu que le type de la tète du Christ est un peu lourd et que les plis de son manteau bleu sont trop compliqués. M. Du Camp a exprimé l’avis que l’artiste aurait mieux fait de laisser à l’église de la Trinité-des-Monts ce tableau qui est, en réalité, fort inférieur à d’autres œuvres du même pinceau ; « L’ordonnance générale est sans mouvement ; les draperies des personnages sont lourdes ; leurs chairs mates n’ont pas de transparence ; dans toute cette composition on sent trop l’effort qui n’a point abouti. » Le Saint Pierre recevant les clefs a été gravé au burin par Pradier et au trait par Réveil. Une petite esquisse de ce tableau appartient à Mme Monteu-Gilibert et a figuré à l’exposition posthume des œuvres d’Ingres en 1867.

Pierre (LE CRUCIFIEMENT CE SAINT), Sujet

représenté par divers artistes. V. crucifiement.

Pierre guérissant le paralytique (SAINT) OU la Guérïsou du boiteux, tapisserie (arazzo) exécutée d’après un carton de Raphaël, au Vatican. La scène se passe sous le péristyle du temple ; saint Pierre, accompagné de suint Jean, rencontré un paralytique qui lui demande l’aumône ; il lui prend la main et lui dit : « Lève-toi et marche I « La foule qui se rend au temple est frappée d’étonnement et d’admiration à la vue du miracle. Quelques personnes toutefois, ignorant ce qui se passe, contrastent pur leur indifférence avec celles qui sont témoins du prodige ; dans ce nombre, on remarque une femme avec son nourrisson dans les bras. À droite, on voit aussi deux autres femmes avec de jeunes enfants nus, dont l’un porte deux colombes attachées au bout d’un petit bâton. À gauche, un infirme se traîne vers les apôtres dans l’espoir d’obtenir lui aussi sa guérison. Les colonnes torses du péristyle, décorées d’élégantes arabesques, semblent avoir été imitées de celles qui se voient dans l’église de Saint-Pierre et qui passent pour avoir appartenu au temple de Jérusalem.

Le carton de Raphaël se voit à Hampton-Court ; il a beaucoup souffert et a été repeint en plusieurs endroits. La tête du second paralytique, qui est un des morceaux les mieux conservés, est fort belle et a sans doute été peinte par Raphaël lui-même. La manière dont sont traitées quelques autres têtes et les ombres noirâtres des chairs de quelques figures font supposer à Passavant que Jules Romain a travaillé à ce carton.

Cette magnifique composition a été gravée, d’après la tapisserie, par Louis Sonunerau (1780), Carlo Délia Rocca (1825) et P. Marchetti ; d’après le carton, par Nie. Dorigny, B. Lépicié (1721), Sim. Gribeliu, James Fittler, John Simon (manière noire), E. Kirkal (manière noire), Th. Halloway ; d’après des dessins ; pur Gio.-Bat. Franco, Dom. Veneto, le Parmesan (clair-obscur de 3 planches), Jac. Bos, etc.

Une ancienne tapisserie reproduisant celle du Vatican appartient à la galerie de Dresde.

Pierre institué elief de l’Église (SAINT) OU

le Posée oto» uiens, tapisserie (arazzo) exécutée d’après un carton de Raphaël, au Vatican. Le sujet de cette composition est tiré de l’Évangile de saint Jean (xxi) : ■ Après qu’ils eurent mangé, Jésus dit à Simon Pierre ; « Simon, fils de Jean, m’aimez-vous plus que ne m’aiment ceux-ci î — Oui, Seigneur, lui répondit-il, vous savez que je vous aime. » Jésus lui dit : « Paissez mes brebis (pasce « ooes meas). ■ Et deux fois encore le Christ ressuscité répéta son interrogation et son commandement. Raphaël a présenté le Christ debout, indiquant de la main gauche un troupeau de brebis et, de la droite, saint Pierre agenouillé et tenant les clefs du paradis. Los autres apôtres, au nombre de dix seulement, car le traître Judas n’est pas là, sont debout derrière Jésus et se montrent diversement émus de sa parole. Dans le paysage qui

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forme le fond du tableau, on voit une barque de pêcheur, il gauche.

Le carton de Raphaël, que possède la galerie de Hampton-Couri, est d un dessin très-arrêté ; les lumières et les ombres sont disposées par grandes et belles masses, mais le coloris est généralement gris, quoique transparent et puissant. Raphaël, selon Passavant, semble avoir exécuté lui-même la figuro du Christ, avec les trois apôtres qui en sont le plus rapprochés. La coloration des draperies accuse la manière de Francesco Penni, qui aida le maître dans l’exécution de ses cartins pour les arazzi du Vatican. Le Pasce ooes meas a été gravé, d’après la tapisserie, par Michel Sorello, A.-P. Tardieu, Louis Sommerau : d’après le carton, par Nicolas Dorigny, B. Lépicié (1721), Sim. Gribelin, Jnmes Fittler, John Simon, E. Kirkal, Th. Halloway, d’après des dessins, par Diana Ghisi (de Mantoue), Giulio Bonasone, P. Soutman (sous la direction de Rubens), F. Mazot, Gérard Audran, "J.-F. Cars, etc.

Pierre (CHAtNES DE SAINT). V. LIMAILLE (la

sainte).

Pierre (ordre de Saint-). Cet ordre religieux et militaire fut créé à Rome en 1520 par le pape Léon X pour opposer une résistance aux attaques des Turcs qui ravageaient les côtes des États pontificaux. Le pape Paul lit créa dans le même but, en 1537, l’ordre de Saint-Paul. Les deux institutions n’ayant pas suffisamment répondu aux espérances de leurs fondateurs, ce dernier pontife les réunit en une seule, à laquelle il donna le nom d’Ordre de Saint-Pierre-et-SaintPaut (1540). Cet ordre n’exista que pendant quelques unnées. En 1860, un nouvel ordre de Saint-Pierre fut projeté pour donner au gouvernement pontifical un corps de troupes dévouées. Il devait se recruter dans tous les pays catholiques et se composer de six divisions ou langues dites italienne, française, anglaiso, ibérique, orientale et allemande. D’après les statuts, les membres devaient s’engager par serment à défendre, en tout temps et eu tout lieu, les intérêts du saint-siège et l’intégrité des États de l’Église. Ce projet, imaginé par quelques légitimistes ardents, ne fut pas mis à exécution par Pie IX.


Pierre de Rome. (église et place Saint-). Suint-Pierre de Rome, la plus colossale des basiliques chrétiennes, est située sur la rivo droite du Tibre, près du Vatican et du château Saint-Ange, à l’extrémité N.-O. de la ville éternelle. Bâtie au xvr» siècle, sous les pontificats de Nicolas V, Paul II, Jules II, Léon X, Pie V, Clément VIII et Paul V, elle occupe l’emplacement d’une ancienne basilique du même nom élevée par Constantin, à la prière du pape Sylvestre, sur les ruines du Cirque et des jardins de Néron. La avait déjà été bâti un petit oratoire, attribué fabuleusement au pape Anaclet (80 de l’ère moderne), en mémoire des chrétiens mnssacrés après l’incendie de Rome et de-ceux qui, enduits de poix, avaient éclairé, comma des flambeaux vivants, les divertissements nocturnes de l’empereur ; leurs corps passaient pour avoir, été recueillis dans une loge de gladiateurs, près du cirque. À la place de ce modeste oratoire, Constantin fit élever une sorte de temple antique d’une grande magnificence. Sa façade, tournée vers l’occident et surmontée d’un fronton triangulaire, s’élevait de deux étages au-dessus d’un portique ; elle était précédée d’un vaste cloître carré, dont le portique faisait un des côtés et sous les arceaux duquel se tenaient agenouillés les pénitents non réconciliés aveu l’Église, Au milieu de la cour formée par les quatre langées d’arcades s’élevait un petit temple à jour, couronné de l’énorme pomme de pin eu bronze du tombeau d’Adrien. Au côté du cloître qui faisait face à la basilique était adossé un immense bâtiment couronné d’un clocher quadrangulaire et destiné au logement du chapitre ; ce bâtiment était lui-même précédé d’une place au milieu de laquelle avait été érigé un dos grands monolithes amenés d’Égypte à Rome sous Auguste. La basilique présentait une ordonnance architecturale très-simple ; tuais, à l’intérieur, elle resplendissait de marbres, de bronzes, de mosaïques provenant en partie de la dépouille des temples romains. Les cinq nofs, coupées en croix latine par un transsept, étaient séparées par quatre-vingt-seize énormes colonnes de marbre ; les fonts baptismaux, les pupitres du eheaur étaient d’argent massif ; les portes, les poutres étaient plaquées de lames d’argent. Le grand autel, enrichi de ciselures d’or et d’argent, de pierreries, surmonté d’un baldaquin de vermeil que supportaient des colonnes de porphyre, avait un éclat incomparable. Douze colonnes torses en marbre blane, qui le précédaient, passaient pour provenir du temple de Jérusalem ; plus tard, parmi ces colonnes, on en choisit une ; on reconnut à des signes « certains • que Jésus-Christ avait dû s’y appuyer et elle a été conservée dans la nouvelle "basilique. On voyait encore dans l’ancienne un édicule d’or massif à douze portes, enrichi de basreliefs, présent de Valeiuinien III, et un tapis de drap d’or, offert par saint Zacharie et représentant la nativité. Une de ses curiosités était la crypte ou Confession, renfermant la châsse de saint Pierre et éclairée par uno ouverture pratiquée dans le pavé du temple. On y descendait par un escalier de marbre ;