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Célestin III fit canoniser l’archevêque de Tarentaise, dont on célèbre la fête le 8 mai.

PIERRE D’ALCANTARA (saint), religieux franciscain espagnol, né à Aleantara en 1499, mort en 1502. Il était fils d’un gouverneur de Mureie. Dès l’âge de seize ans, il renonça au monde, entra dans l’ordre de Saint-François, se rendit célèbre par ses aus- • térités et par ses extases, fut élu, en 1538, provincial de l’Esirainadure et réunit, deux, ans plus tard, à Plucentia, un chapitre pour prendre des mesures afin de réprimer les désordres qui s’étaient introduits dans l’ordre dont il faisait parité. N’ayant pu parvenir à faire triompher ses idées, il se rendit en Portugal et fonda, en 1555, sur la montagne d’Arabida, près de l’embouchure du Tage, la congrégation dite des Franciscains déchaussés ou conventuels, qu’il soumit a une règle fort austère, celle de l’étroite observance, et qui fut approuvée par le Pape Paul IV en 1562. Il connut sainte Thérèse et l’engagea à reformer les Carmélites. Brisé par une vie d’austérités incessantes, Pierre d’Alcantara alla terminer ses jours au couvent des Arenas. « fendant quarante ans, raconte sainte Thérèse, ce saint personnage ne dormit qu’une heure et demie par jour et ne mangea qu’une fois cous les trois jours. » On a de lui quelques écrits ascétiques : De la oracion y méditation (Saragosse, 15G0) ; Tractatus pacis anims (Rome, 1600). L’Église célèbre sa fête le 19 octobre.


PIERRE NOLASQUE (saint), fondateur de l’ordre de la Merci, né à Saint-Papoul (Languedoc) vers U89, mort k Barcelone en 1256.

II suivit Simon de Montfort dans son expédition contre les albigeois et devint ensuite le précepteur de Jacques d’Aragon. En 1218, il fonda, à Barcelone, la première maison de l’ordre de la Merci, desciné au rachat des captifs chrétiens, et contribua à la délivrance de plus de 400 chrétiens dans le royaume de Valence et sur la côte d’Afrique. Sur le bruit de sa réputation, saint Louis voulut l’emmener en Palestine ; mais, les infirmités de Noiasqiie ne lui permirent pus d’entreprendre cette longue Davigation. L’Église l’honore le 31 janvier. L’ordre de la Merci fut continué par Grégoire IX en 1230.

Pierre Nolnaqno (saint), tableau de Zurbaran (musée du Louvre). Pierre Nolasque, fondateur de l’ordre des pères de la Merci, est représenté au milieu du chapitre de Barcelone, présidé par Raymond, grand vicaire duchapitre. Sa pose et ses gestes indiquent qu’il prononce une allouution ; Raymond et tout le chapitre l’écoutent avec bienveillance et sympathie. Ce qui frappe tout d’abord, c’est la merveilleuse perfection des draperies. Ce tableau précieux est de la couleur la plus vigoureuse et la plus brillante ; les tètes sont toutes remarquables par la variété d’exfpression que l’artiste a su leur donner, et a manière dont le sujet a été compris et rendu donne une très-haute idée du talent de Zurbaran. Comme Vcluzquez, Zurbaran ne peignait jamais une figure sans en avoir sous les yeux le modèle. Il rectirtait, il embellissait et donnait avec un rare bonheur l’expression qu’il voulait ; mais, dans son amour au vrai, les ajustements mômes étaient toujours disposés sur un mannequin avant qu’il les transportât sur la toile. Celte habitude, dont il ne se départit jamais, explique la parfaite corérection de dessin qui forme une de ses qualités les plus saillantes. Ce grand et bel ouvrage figura longtemps dans le cabinet de travail du maréchal Soult, duc de Dalmatie, qui l’avait rapporté d’Espagne. Il a été acquis pour le musée du Louvre en 1858.


PIERRE DE VÉRONE (saint), inquisiteur italien, né à Vérone dans les premières années du xme siècle, mort en 1252. Sans le célèbre tableau du Titien qui l’a immortalisé (v. l’art, ci-après), ce moine, qui mourut victime de sa cruauté, ne mériterait guère que ’ l’on parlât de lui ; on n’a, du reste, sur sa personnalité, que les récits légendaires des Vie* des saints, avec lesquels il est impossible de constituer une biographie sérieuse. Ses parents étaient hérétiques et appartenaient a la secte des manichéens ; mais « Dieu, qui sait faire sortir du feu de la pierre à fusil, « dit le bon Père Ribadeneira, sut aussi faire, sortir, de cette souche coupable, une des lumières de l’Église. Il étudia la théologie à l’université de Bologne, où saint Dominique le fit entrer dans l’ordre qu’il venait de fonder et lui donna l’habit de sa propre main, Dès l’âge de vingt ans, i) passait pour un théologien consommé et pour un des plus austères de l’ordre. Cependant, au couvent Sau-Giovannt-Battista, près de Côme, il lui arriva une mauvaise affaire. Un moine, passant près de sa cellule, y entendit distinctement des voix de femmes, et le prieur, devant lequel il fut mandé, n’ayant pu obtenir de lui aucune explication satisfaisante, le condamna au cachot. Le Père Ribadeneira dit qu’il recevait souvent la visite de sainte Catherine, de sainte Agnès et de sainte Cécile, descendues du ciel pour converser avec lui, et que c’étaient leurs voix que le méchant moine avait entendues ; mais Pierre de Vérone ne voulut jamais révéler, pour se disculper, les faveurs célestes dont il était l’objet. Il fallut que Dieu lui-même prit la parole et fit connaître tout ce mystère aux religieux. Au sortir de ce couvent, il commença à prêcher, spécialement à Florence, dans la Romagne,

pieu

les Marches d’Aneône et à Milan, où il séjournait de préférence ; le pape Innocent IV l’appela aux fonctions d’inquisiteur dans cette dernière ville vers 12-fs. La Vie des saints ne raconte aucune des exécutions qu’il ordonna en cette qualité ; en échange, elle rapporte des miracles surprenants, comme les luttes de Pierre de Vérone avec le diable, apparaissant en public sous diverses formes quand il prêchait, et l’histoire singulière d’un jeune garçon qui, s’étant confessé à l’inquisiteur d’avoir donné un coup de pied à sa mère, fut tellement frappé de ses reproches, que, rentré chez lui, il se coupa le pied d’un coup de hache ; Pierre de Vérone le lit venir au couvent, le gronda de sa violence et, s’étant fait apporter le pied qui était resté à la maison, le rejoignit facilement à la jambe. Ce n’est point par de tels faits que l’inquisiteur se serait attiré la haine des Habitants ; Ce qui est certain c’est qu’une conspiration se trama contre lui, provoquée non par ses miracles, comme le donne à entendre le Père Ribadeneira, mais, plus probablement, par ses rigueurs. Un assassin, payé par les conjurés, un certain Carino, le guetta au coin d’un bois, entre Côme et Milan, au lieu appelé Barlasine, et le tua à coups de couteau. Un moine qui voyageait avec lui s’enfuit éperdu jusqu’à Milan et raconta ta nouvelle. L’assassin trouva un asile à Porli, fit pénitence et entra lui-même comme frère lai’dans l’ordre des dominicains. Pierre de Vérone fut canonisé pur Innocent IV en 1253, un an après sa mort, et Sixte V fixa sa fête au 29 avril.

— Iconog. Le moine de Vérone n’eût-il inspiré que le chef-d’œuvre du Titien, dont nous donnons ci-après la description, qu’il mériterait de survivre à la foule des bienheureux inconnus dont le catholicisme a peuplé le paradis. Comme s’il eût pressenti que cette admirable toile était destinée à disparaître duns un avenir prochain, Lanzi disait d’un tableau que le Garofalo peignit sur le même sujet pour l’église des dominicains de Ferrare : « L’œuvre du Garofalo est exécutée avec une grande vigueur et passe, parmi quelques professeurs, pour avoir été faite en concurrence aveu le Saint J’ierre martyr du* Titien, et ils jugent que, si celui-ci venait à périr, l’autre serait digne de le remplacer, ■ Le tableau du Garofalo a été transporté, il y a quelques années, à la pinacothèque de Ferrare. Vasari en a fait l’éloge et nous apprend que l’auteur y avait déployé une manière beaucoup plus tière et moins affectée que celle de ses premiers temps. Sur la façade du Bigallo, à Florence, un artiste, que l’on eroit être Taddeo Gaddi, peignit a fresque, vers le milieu du xivB siècle, deux compositions relatives k saint Pierre martyr ; dans l’une, il le représenta préchant la parole de Dieu au peuple ; dans l’autre, il le lit voir donnant un étendard blanc avec une croix rouge à douze nobles florentins qui, sous le nom de capitaines de sainte Marie, se vouèrent à la-répression des hérétiques ; ces peintures ont été à peu près détruites par les intempéries. La pinacothèque de Bolugne possède plusieurs tableaux consacrés à saint Pierre le dominicain ; celui de Fr. Brizzi nous le montre ressuscitant un enfant ; dans celui d’A. Albini, if voit apparaître sainte Catherine, sainte Agnès et sainte. Cécile ; L. Garbieri l’a représenté priant devant un crucifix et visité par un ange ; le Guerchin et Cavedone ont peint son martyre. Ce dernier sujet a été traité encore par Soderini (église San-Domenico-nel-Maglio de Florence), A. Salimbeni

(église San-Domenico de Sienne), F. Moraadiu (musée du Belvédère, k Vienne), Beruardo Castello (église Santa-Maria-di-Castello de Gênes), Bonaventura Lainberti (église Santa-Maria-sopra-Minerva, à Rome), Alonso-Sanchez

Uoello (église de l’Escurial), Emile Lafon (Salon de 1848, lithographie par Soulange Teissier), etc. Des images de Saint Pierre martyr ont été gravées par MathiasGreuter, Lobeck (d’après J.-W. Baumgartner), Cornelis Galle (d’après Antoine Kaïlaeri), etc.

Pierre de Vérone, martyr (MEURTRE DE

saint), tableau du Titien, une de ses œuvres capitules. Il était à Venise, dans l’église des Saints-Jean-et-Paul (communément Sun-Zanipolo), où il a péri dans-un incendie en 1867, C’est une perte irréparable, car il passait pour un des trois grands chefs-d’œuvre de la peinture, avec la Transfiguration de Raphaël et la Communion de saint Jérôme du Duuiiiiiquin. Le sujet était le meurtre du farouche inquisiteur qui s’attira tant de haines en exerçant à Milan ses horribles fonctions avec la plus cruelle insensibilité. Le peintre, idéalisant ce personnage peu sympathique, avait représenté la scène de façon à produire une impression profonde. On ne peut plus maintenant admirer ce chef-d’œuvre que dans les belles gravures de Martin Rota, de V. Lefèvre, 11. Laurent et Réveil. À l’entrée d’un bois, sous de hauts arbres qui dominent toute la composition, l’assassin, à figure bestiale et repoussante, frappe Pierre de Vérone, qu’il a terrassé, d’un large coutelas qu’il tient à la main ; l’inquisiteur, étendu par terre, a la physionomie calme et résignée d’un martyr ; son compagnon fuit éperdu, et le génie de l’artiste se manifeste surtout dans cette opposition de la terreur de l’assassin avec la sérénité de celui qui va mourir. Dans la haut du tableau, deux anges apportent au nouveau saint les palmes du martyre. « Tout est grand,

ÊIËR

énergique et expressif dans cette belle peinture, dit Duchesne ; la noblesse des figures, la hardiesse et la vérité des raccourcis, l’expression mâle des têtes, le développement des draperies agitées par le vent" la chaleur du coloris, la vigueur du paysage, sont également dignes d’admiration. ■ Nul genre d honneur n’avait manqué k ce tableau. D’abord, le sénat de Venise, ayant appris qu’un certain Daniels Nil en offrait aux dominicains, possesseurs de l’église San-Zanipolo, 18,000 écus, défendit, par un décret spécial et sous peine de mort, que ce tableau sortit du territoire de la république ; puis le Dominiquin en fit une répétition, qui se trouve à la’ pinacothèque de Bologne et qui, malgré ses beautés éininentes, n’a pas atteint la hauteur de l’original ; enfin, il était venu à Paris après la conquête de Venise par nos armées républicaines, et c’est là qu’une opération hardie et heureuse lui avait rendu une nouvelle vie et tout l’éclat de la jeunesse en le faisant passer d’un bois vermoulu sur une toile neuve et plus durable. «Tantd’honneurs sont pleinement justifiés, dit M, Viardot. La mystérieuse horreur du paysage, l’effroi du. meurtrier qui s’enfuit, la sainte résignation du martyr qui, tombé sous le couteau, voit s’ouvrir les cieux, l’arrangement naturel et bien entendu de la scène, son effet puissant et pathétique, relevé par ceua-iucomparable vigueur de coloris que le nom de Titien porte avec lui, tout concourt à faire de ce tableau une œuvre grande, supérieure, et à justifier le mot de Vasari ; • Jamais, dans toute sa vie, Titien n’a produit un morceau > plus achevé et mieux entendu. • Il aurait pu ajouter que c’était probablement le premier essai de paysage historique où, par l’abaissement de la ligne horizontale, la justesse de la perspective et la profundeur des plans, le peintre produisait enfin une vue vraie de la nature. • Le même critique demandait, dans ses Musées d’Italie, que ce chef-d’œuvre fût transporte à l’Académie des beaux-arts, pour lui assurer une plus certaine conservation. Il est fâcheux que son vœu n’ait pas été exaucé. Titien avait peint le Meurtre de Pierre de Vérone en 1528, à la suite d’un concours avec Palma le vieux.

II. PIERRE (SOUVERAINS ET PRINCES).


PIERRE Ier ou PEDRO ou PEDRE, roi d’Aragon et de Navarre, mort en 1104. Il succéda, en 1094, à son père, Sanche Ramire, tué d’un coup de flèche au siège d’Huesca, et abolit l’humiliante cérémonie du serment que les rois d’Aragon étaient obligés de prêter, tête nue, aux pieds du grand justicier, dont l’autorité contre-balançait celle du roi. Ce prince reprit aux Maures Exisa, Hesca, Balustro et plusieurs autres villes ; tua, d’après des récits légendaires, quatre princes musulmans dans la bataille qu’il livra aux Maures près d’Alcovaz en 1096 et eut pour successeur son frère Alphonse Ier, le Batailleur.


PIERRE ou PEDRO II, roi d’Aragon et de Catalogne, né en 1174, mort à la bataille de Muret en 1213. À la mort de son père, Alphonse II, il lui succéda (1196) et laissa à son frère Alphonse la Provence. Mû par l’esprit de son siècle, il commença son règne par des persécutions contre les hérétiques, dont il fit brûler un grand nombre, joignit ses armes à celles d’Alphonse IX, roi de Castille, contre le roi de Navarre Sanche VII, et obtint quelques avantages sur les Maures. Pour affermir son autorité sur les grands barons, il s’appropria plusieurs grands fiefs, établit un tribunal suprême de justice et assigna le premier rang aux fonctionnaires de sa cour. En 1204, il épousa Marie, fille et héritière de Guillaume VIII, comte de Montpellier, se rendit, cette même année, à Rome, où il se fit couronner par le pape Innocent III, s’engagea, pour lui et ses successeurs, à payer au saint-siége un tribut annuel de 500 pièces d’or, épuisa le trésor par son luxe et par ses libéralités envers le clergé, altéra les monnaies, augmenta les impôts et provoqua un soulèvement de la noblesse et des villes (1205), qu’il parvint à comprimer. Cette même année, il fit une expédition en Provence pour délivrer son frère Alphonse, tombé entre les mains du comte de Forcalquier, puis réunit, en 1212, ses forces à celles d’Alphonse VI, roi de Castille, pour combattre les Maures, sur lesquels il remporta une éclatante victoire à Tolosa. En 1213, par une contradiction singulière avec ses premiers actes, il alla secourir le comte de Toulouse, qui était à la tête des albigeois, et fut tué à la bataille de Muret. Il eut pour successeur son fils Jayme Ier. Pierre II était grand, bien fait, d’une grande vigueur corporelle, magnifique jusqu’à la prodigalité, courageux, mais aussi cruel et passionné pour les femmes. Il aimait et cultivait la poésie provençale. On possède encore une chanson de lui, adressée à Giraud de Borneilh.


PIERRE ou PEDRO III, surnommé le Grand, roi d’Aragon, né en 1236, mort à Villafranca-de-Penadas en 1285. Il était fils de Jayme Ier et de Yolande de Hongrie. Il se signala dans sa jeunesse en combattant contre les Maures, contribua à la soumission de Murcie, manifesta une haine implacable contre son frère, Ferdinand Sanche, fils naturel de Jayme, chercha toutes les occasions de lui nuire, l’amena à se soulever, le traqua de château en château, s’empara de lui et le fit noyer (1275). L’année suivante, son père étant mort, Pierre III lui succéda. L’expulsion des Maures et l’abaissement de la puissance des nobles, tels étaient, à cette époque, les deux points principaux de la politique des rois chrétiens d’Espagne. Pierre III eut à lutter contre les seigneurs catalans et triompha de diverses révoltes, autant par la voie des négociations que par celle des armes. Ses prétentions à la couronne de Sicile l’engagèrent, avec Jean de Procida, dans la fameuse conjuration qui aboutit aux Vêpres siciliennes (1282). Reconnu roi de Sicile après le massacre des Français, il eut à lutter contre son compétiteur Charles d’Anjou, dont il ruina la flotte en 1284. Excommunié par le pape Martin IV, qui fait prêcher une croisade contre lui et donne l’investiture de l’Aragon à Charles de Valois, attaqué par le roi de France, Philippe le Hardi, il fut à la hauteur des circonstances et sut faire face à tous ses ennemis. Son amirauté Roger de Loria battit la flotte des Français et prit tous leurs magasins à Rosas. On sait comment cette grande expédition de Philippe se termina : la disette et les maladies forcèrent le monarque français à battre en retraite ; il repassa les Pyrénées et vint mourir à Perpignan (1285). Pierre III le suivit de près au tombeau. Il avait obtenu, avant sa mort, d’être relevé de l’excommunication, sans qu’il renonçât, toutefois, à la couronne de Sicile, qu’il transmit à Jacques, son second fils. Ce prince, brave, habile, rusé, heureux surtout, fut le premier roi d’Espagne qui osa lutter contre la papauté. Il avait été contraint, en 1283, par les nobles et les bourgeois, ligués pour la défense de leurs libertés, à leur donner une sorte de constitution, connue sous le nom de 'privilegia general et qui n’est pas sans analogie avec la grande charte d’Angleterre. De son mariage avec Constance, fille de Mainfroy, roi de Sicile, il avait eu trois fils, dont l’aîné lui succéda sous le nom d’Alphonse III, et une fille, Élisabeth, reine de Portugal, qui s’est rendue célèbre par sa sainteté,


PIERRE ou PEDRO IV, dit le Cérémonieux, roi d’Aragon, fils d’Alphonse IV, né en 1319, mort à Barcelone en 13S7. En montant sur le troue k la mort de son père (1336), il plaça lui-même, dans la cérémonie du sacre, la couronne sur sa tête, en disant qu’il tu tenait de Dieu seul et de nul autre, puis confisqua les places furtes qu’Alphonse IV avait données à sa seconde femme, Eléonoi-e de Portugal, et aux eufuuts qu’il avait eus d’elle. Cette conduite suscita une guerre civile k laquelle le pape mu fin eu 133S. Biuutot après, ligué avec la Castille contre les Maures, il remporta lu victoire navale de Ceuta (1339), puis enleva Majorque à Jacques II, son beau-frère (1343), et, après avoir soumis tes Iles Baléares, il réunit k l’Aragou le Roussillon et la Cerdugtie (1344). Deux ans plus tard, mécontent ae son frère Jacques ou Jayine, héritier présomptif du trône, il désigna comme sou successeur su tille aînée Constance, a laquelle il donna eu apanage le royaume de Valence, Mais cette mesure excita un mécontentement général, suivi d’une révolte formidable à la tète de laquelle su mit l’infant Jayine. Deux ligues se formèrent sous le nom d’Unions a’Aragon et de Valence, et Pierre se vit contraint, aux états de Sarugosse, de reconnaître son frère pour héritier présomptif (1347). Ce prince étant mort peu après, empoisonné, dit-ou, la guerre civile recommença ; les troupes de l Union, commandées par 1 infant Feruaud, battirent 1 année royale ; Pierre IV sa vit enfermé dans Valence (1348) ; mais la victoire d’Epila, remportée pur les troupes royalistes, changea la face des choses. Pierre entra en vainqueur k Sarugosse, lacéra de son poignard la liste des privilèges de l’Union, porta un coup mortel à la haute noblesse de t’Aragon et confisqua les biens de la majorité des nobles révoltés contre lui. Une tentative que fit, en 1349, Jayme, roi de Majorque, pour recouvrer cette Ile avorta, et ce prince y trouva la mort. Délivré de cet ennemi, Pierre s’allia avec Venise et essaya d’enlever la Sardaigne aux Génois (1354). Il soutint ensuite Henri de Trausiauiare contre Pierre le Cruel, roi de Castille, puis le combattit pour la possession de la Mureie et fit alors la paix avec le roi de Castnle (1375), paix cimentée par un mariage entre don J uau, futur rui de Castille, et 1 infante Eléoitore d’Aragon. Les dernières années du règne de Pierre IV furent remplies par des querelles intestines. Ce priune mourut après un règne de cinquante ans. Il avait épousé cinq femmes, Marie d’Evreux, Election) de Purttigal, Éléonore de Sicile, Marthe et enfin Sibylle de Forlia, qui lui survécut, et il eut onze enfants, entre autres Juan Ier et Martin, qui lui succédèrent. Ce roi, d’une apparence frêle et maladive, avait une volonté de fer, une activité infatigable, une persévérance sans égale. Il était ambitieux, dissimulé, cruel sans emportement ; la vengeance fut pour lui un moyen, jamais un but, et, comme il sut punir, il sut pardonner à propos. Son goût pour les règles d’une étiquette sévère lui valut sou surnom de Cérémonieux. De même -me Louis XI, il détestait ta haute noblesse. On lui doit une curieuse histoire do sou rebne, écrite en patois catalan, et que Carbone ! a publiée dans ses chroniques.


PIERRE LE CRUEL, roi de Castille, né à Burgos en 1334, mort assassiné en 1369. Il