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res des Prtys-Bas, bien qu’il eût un organe désagréable et une laideur repoussante. Sur l’invitntioR du pape Adrien VI, il se rendit en 1SS3 à Rome. Peu après, il fut envoyé en Allemagne pour combattre les réformateurs, assista aux diètesde Worms et de Ratisbonne, fut chargé de diverses négociations par les papes Clément VII et Paul III, devine, en ■535, prévôt de Saint-Jean d’Utrecht, dont il était chanoine depuis 1524, et reçut en même temps du pape Pau ! III, a qui il avait donné des leçons de mathématiques, un don de S,000 ducats. C’était un homme de beaucoup d’esprit, d’érudition, d’éloquence. « Il avait, dit Bayle, toutes les qualités d’un bon sophiste et d’un bon avocat des mauvaises causes. Ses principaux ouvrages sont  : Adversus prognosticatorum vulgus, astrolngia defensio (Paris’, 1518, in-4") ; De lequinoctiorum solstitiorumque inventione (Paris, 1520) ; Adversus nocam Marei Benevenlani astionomiam, (Paris, 1522) ;//terarc/tite ecclesiastics assertio (Cologne, 1538), démonstration historique de la religion chrétienne ; De libero hominis arbitrio (Cologne, 1542, in-fol.) ; ilatio campaiteiulorum dissidiorum et sm-ciends in retigione concordis (Cologne, 154 ?).

PlfllUUS (Étienne-Winand), savant antiquaire, neveu du précédent, né à Campen, dans les Pays-Bas, en 1520, mort en 1604. Après un séjour de huit ans à Rome, où il étudia avec soin les au’iquités, il se rendit en Allemagne et le cardinal de Granvelle l’attacha à sa personne en qualité de secrétaire et de bibliothécaire. Quatorze ans plus tard, il devint précepteur du prince de Juliers et do Clèves, qu’il accompagna à Rome. En 1575, H revint dans son pays et y obtint une place de chanoine régulier. Pighius était un travailleur infatigable. Il a laissé : Themis dea, seu de lege diviua (Avers, 1568) ; Hercules prodicius (Anvers, 1ES7) et un ouvrage considérable sur la chronologie de l’histoire romaine, Annules magistratuum et provinciarum {Anvers, 1599, 3 vois in-fol.), dont un extrait a été reproduit dans le Thésaurus de Grœvius, t. XI), qu’on peut encore consulter avec confiance et qui prouve une profonde érudition. On lui doit aussi une bonne édition de Valère-Maxime (1567), et ses papiers inédits, ses lettres ont une grande valeur.

PIGMENT s. m. (pi-ghman— lat. pigmentvm, couleur ; de piuyere, peindre). Anat. Matière particulière qui donne à la peau sa coloration : II existe chez beaucoup de femmes enceintes, sur la ligne médiane, une coloration brunâtre due à la sécrétion plus abondante du pigment. (Chomel.)

— Encycl. Dans l’homme blanc, l&pigment n’existe en couches appréciables que sur la lace interne de la choroïde, la face postérieure de l’iris et les procès ciliaires. U arrive quelquefois pourtant qu’une petite portion de pigment apparaisse, soit temporairement, soit d’une façon permanente, sous l’épiderme de la peau d’autres régions. Le pourtour du mamelon, chez les femmes, pendant la grossesse et la lactation, la peau de la verge et du scrotum présentent aussi des colorations pigmentaires. Les taches de rousseur, communes chez les personnes blondes et rousses, sont dues aussi à du pigment. Eniin ces taches larges et toutes rouges, nommées nanti, que certaines gens ont en naissant, proviennent également d’une accumulation de pigment.

Le pigment est composé d’une substance organique particulière dont la teinte varie du fauve pale au brun noir et au noir roux (v. mélanine), laquelle, unie à divers principes immédiats azotés et non azotés, forme une substance qui se présente à l’état de granulations pigmentaires. Ces granulationssoin le plus souvent déposées dans les cellules épithéliales de la rangée profonde de la couche de Malpighi (v. épidermi ; ;, soit par places (taches de rousseur, taches vineuses, nanti), soit en des portions déterminées de la peau (auréole du mamelon, scrotum, grandes lèvres, verge, parties colorées de certains animaux), soit sur toute l’étendue de la peau (nègres, peaux-rouges et quelques animaux).

Chez les nègres et dans les parties très-uoires de la peau des autres espèces, les granulations pigmentaires des cellules de la couche de Malpighi sont éparses dans chaque cellule. Quelques-unes cependant en offrent des amas très-foncés. Dans la choroïde, dans l’iris (face postérieure) et dans les procès ciliaires, les granulations sont déposées dans des cellules épithéliales appelées dans cette région-là seulement cellules pigmentaires. Ce sont des cellules sans granulations ordinaires et sans nucléole, larges de 12 à 20 millièmes de millimètre. Chez les albinos, ces cellules existent ; seulement leur contenu est incolore ou k peine grisâtre.

Chez les reptiles, les poissons, les crustacés, etc., on trouve ces granulations pigmentaires à la surface de la peau ou sous le péritoine, dans des cellules volumineuses, régulières quelquefois, mais plus souvent irrégulières, à prolongements plus ou moins

étendus, avec ou sans noyau vers le centre.

La connaissance chimique de la matière pigmeniaire est encore peu avancée, et il y a d’autres pigments que le pigment dont nous venons da parler. Il y a encore le pigment biliaire, le pigment urinaire, etc., etc., qu’on ce connaît pas mieux.

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PIGMENTAIRE atlj. (pi-ghman-tè-ra — rad. pigment). Anat. Qui appartient au pigment, qui le constitue : Substance pigmentaire.

PIGMENTATION s. f. (pi-ghman-ta-si-onrad. pigment). Action de colorer-à l’aide d’un pigment : Le phénomène de la pigmentation de la peau.

PIGNA, bourg du royaume d’Italie, province de Porto-Maurizio, district de San-Remo, mandement de Dolceacqua ; 3,246 hab.

PIGNA (Jean - Baptiste Nicolucci, surnommé), historien et littérateur italien, né à Ferrure en 1529, moi’t en 1575. Il consacra sa vie à l’étude des sciences et à des travaux littéraires, refusa constamment toutes les dignités que lui offrit le duc Alphonse II, avec qui ilétait intimement lié, et jouit de son temps de beaucoup de réputation. On lui doit : Il principe (Venise, 1561, in-S"») ; Il duello, nel quale si traita detl’ onore e dell’ ordine délia cuvaleria (1554, in-4o) ; Istoria dé principi.di liste (Ferrure, 1570, . in-8u) ; I romanst ne' quali délia poesia e délia tiita d’Ariosto (Venise, 1554, in-4o) ; Carminum libri quatuor (Venise, 1553, in-S°).

PIGNADE s. f. (p -gna-de ; gn mil. — rad. pin). Forêt de pins, dans les départements du Midi.

PIGNÀN, bourg et commune de France (Hérault), eant., arrond. et à 10 Itilom. S.-O. de Montpellier, sur un ruisseau ; pop. aggl., 2,150 hab. — pop tôt., 2,166 hab. Fabrication d’eau-de-vie. On y voit les ruines d’un château du xe siècle et une ancienne église, reste —d’une abbaye de femmes.

— P1GNANS, bourg de France (Var), cant. de Basse, arrond. et à 23 kilom. S.-K. de Brignolles, dans une belle vallée arrosée par des sources abondantes ; pop. aggl., 2,372 hab.pop. tôt., 2,517 hab. Fabrication de papier, distillation d’eau-de-vie ; martinets à cuivre. On y remarque une ancienne collégiale fondée au vie siècle et portant deux inscriptions curieuses ; sur une colline voisine s’élève la chapelle de Notre-Dame-des-Anges, but d’un pèlerinage fréquenté.

PIGNARESSE s. f. (pi-gna-rè-se ; gn mil.

— rad. peigner), Techn. Femme qui peigne le chanvre.

PIGNATAHO-MAGGIORE, bourg duroyaume

d’Italie, province de la Terre de Labour, district de Caserte, ch.-l. de mandement ; 3,430 hab.

PIGNATELLE s. f. (pi-gna-tè-le ; gn mil.). Ane. metrol. Petite monnaie de Rome, qui valait à peu près cinq centimes.

P1GNATELU (François), prince de Strongoli, général napolitain, né à Naples en 1732, . mort en 1812. Créature de la reine Caroline et d’Acton, il s’éleva par les moyens les plus méprisables aux emplois les plus élevés. Devenu gouverneur des Calabres, il détourna à son profit des sommes destinées à secourir les victimes de tremblements de terre, n’en fut pas moins nommé gouverneur de Naples, où il se livra à toutes sortes d’actes de rapacité, trouva dans la construction d’un grenier d’abondance une nouvelle occasion de rapines, devint capitaine général (1789), chef de la police de tout le royaume, remplit les cachots de victimes, transforma en prisons les remises et les écuries de son palais et fut investi, à l’approche des Français, de pouvoirs extraordinaires avec le titre de vicaire général (1798). Odieux au peuple, il fut alors en butte à des embarras de tout genre, arma les lazzaroni, emprisonna des suspects, n’osa défendre la ville entre Championnet et les Français et s’enfuit en Sicile, après avoir brûlé la flotte napolitaine. À peine débarqué à Palerme, il fut disgracié par Ferdinand, enfermé au château de Girgenli et relâché au bout de quelques mois. Vainement il essaya de reconquérir la faveur royale ; néanmoins, lorsque Naples retomba sous la domination française en 1806, il entra dans un complot ayant pour but de ramener les Bourbons. Condamné à mort, il vil sa peine commuée en un exil perpétuel, revint à Naples sous le règne de Murât et acheva ses jours dans l’abandon et le mépris.

PIGNATELL1, pape. V. Innocent XII.

PIGNE s. f. (pi-gne ; gn mil. — rad. pin). Bot. Nom vulgaire des fruits ou cônes des pins, et particulièrement du pin pignon, dans le midi de la France, u Petite graine qu’on trouve dans ces fruits, et qui est employée dans certains gâteaux. Il On dit aussi pignon.

— Métall. Masse d’or ou d’argent qui reste après l’évaporation du mercure qu’on avait amalgamé avec le minerai pour en dégager lo métal qu’elle contenait.

PIGNEAU DE BEHAINE. V. BEHAINE.

PIGN ÈRE s. f. (pi-gnè-re ; gn mil. — rad. peigne, qui s’est dit pigne). Etui contenant des peignes et divers autres objets de toilette.

P1GNE110L, en italien Pinerolo, ville forte du royaume d’Italie, province et a 57 kilom. S.-O. de Turin, sur le Clusone, ch.-l. de district et de mandement ; 18,000 hab. Evéché suffragant de Turin ; collège. Importantes fabriques de draps communs, filatures de soie, forges, papeteries, tanneries ; commerce de grains, vins, eau-de-vie, bois. Toute la population est employée dans des fabriques de

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lainages, de soieries, de papiers, etc., at occupée k un commerce actif de grains, de soies, de vins, de drogueries, d’épiceries et de bois. On y remarque une superbe cathédrale dédiée à San Donato, le temple vaudois, la grande salle de tir et, sur une colline voisine, l’église de San-Maitriùo, but d’un pèlerinage très-frèqiieuté. La place de Pignerol, clef des Alpes, fut acquise par la maison de Savoie en 1042 ; François Ier s’en empara en 1532, mais elle retomba au pouvoir de la maison de Savoie en 1574. En 1630, le maréchal de Créqui prit Pignerol en deux jours. Par un traité conclu à Millefleurs, le 19 octobre 1631, la ville et le château de Pignerol furent cédés à Louis XIII. Les Français défendirent courageusement Pignerol en 1693, pendant la guerre de la succession d’Espagne, et ce ne fut qu’en 1706 que le duo de Savoie parvint à s’en rendre maître. En 1796, les soldats dé la république française s’en emparèrent sans difficulté, et Pignerol appartint à la France jusqu’en 1814. C’est dans la citadelle da Pignerol que furent emprisonnés l’homme au. masque de fer, Fouquet et Lauzun. Il Le district de Pignerol, subdivision administrative do la province de Turin, mesure 70 kiloin. da longueur sur 40 kilom. de largeur et présente une superficie de 1,456 kilom. carrés, avec une population de 132,168 hab. Industrie agricole ; récolte de légumes, grains, vins, huile de noix, châtaignes ; élève de bétail ; exploitation de carrières de marbre. Arrosé par le Clusone et le Pô, le sol est accidenté par quelques ramifications des Alpes Cotriemies,

PIGNEROLLE s. f. (pi-gne-ro-le ; gn mil). Bot. Nom vulgaire de la centaurée chaussetrappe.

PIGNEROLtE (Charles-Marcel de), peintre français, né à Angers en 1815. Appartenant à une famille riche, il ne considéra d’abord la peinture que comme un simple délassement et ce n est que fort tard, en 1848, après un voyage en Italie, qu’il exposa quelques tableaux de genre, à sujets italiens, dont plusieurs furent remarqués. Il avait étudié dans l’atelier de M. Léon Coigniet et, trop imbu des formules conventionnelles que ce maître prenait à tâche d’inculquer à ses élèves, il fut longtemps suns trouver sa voie. An Salon de 1848, premier essai d’une exposition ouverte à tous, sans jury préalable, et resté célèbre dans les fastes de la peinture, son Pèlerinage à Loretie et ses Petites mendiantes de Vite de Capri furent honorés d’une 2« médaille ; c’était brillant pour un début. La critique trouva à reprendre dans ces tableaux la correction trop apprêtée des figures, une observation trop superficielle s’auaehant plus aux costumes qu’aux types ; mais la composition en était intelligente et même pittoresque. En 1850, la Gondole vénitienne, petite pochade intéressante, vive d’impression, à l’allure franche et décidée, puis une Scène d’inondation dans la campagne romaine (Salon de 1S55) affirmèrent plus nettement sa personnalité. Il y a du drame dans cette scène émue que l’artiste a transportée sur la toile et qui frappe le spectateur ;’la couleur en est sobre, l’exécution sévère et large ; le motif principal bien indiqué se développe avec goût ; les détails épisodiquessont habilement fondus dans l’ensemble. Une seconde 2» médaille fut accordée à M. de Pignerolle. Les années suivantes, il exposa ; Haphaël faisant le portrait de Jeanne d’Aragon, le Ghetto à Home, le Printemps, un Portrait (Salon de 1859) ; les Vendanges à Naples (1SG1) ; Souvenir de Caslellamare, Portrait de MU* de P... (1863) ; Souvenir de Naples (1865). Toutes ces toiles sont d’une exécution habile et la dernière est une tête d’étude très* réussie. M. de Pignerolle n’a rien exposé aux dix derniers salons.

P1GNERRE s. m. (pi-gnè-re — rad. peigner)- Ancien nom des cardeurs.

PIGNET s. m. (pi-gnè ; gn mil.— rad. pin). Bot. Nom vulgaire de l’épicéa.

PlGNEWART (Jean), poëte latin moderne, né à Namurvers 1590, mort en 1G55. Ii devint prieur des moines de CHeaux, dans le monastère de Boneffe, comté de Namur. On a de lut : Liber epigrammatum in honorem sanctorum (Louvain, 1614) ; Caio Sernardinus siue sententis morales (Louvain, 1624) ; PU discursus, eum variis poemalibus (Namur, 1629) ; Xeniolum poeticum (Namur, 1633).

PIGNOCHER v. n. ou ïntr. (pi-gno-ché ; gn mil. — C’est peut-être une variante de épiuocher, manger par petites bouchées, de épinoehe, sorte de petit poisson ayant des arêtes fort piquantes. On rapporte aussi pignociter au latin spina, épine, et on l’interprète par éplucher scrupuleusement ce que l’on mange en écartant les épines ou arêtes). Fam. Manger sans appétit et en ne prenant que de très-petits morceaux : Qu’est-ce que tu as donc, bibiche ? tu ne manges pas, tu es là, tu PIGNOCHïïs, (Mélesville.)

— Dessin. Faire les teintes plates des lavis a. petits coups de pinceau, au lieu de les étendre prestement et largement, comme on fait d’oruinaire.

PIGNOCOCO s. ro. (pi-gno-ko-ko ; gn mil.). Linguist. Idiome parlé dans l’Amérique méridionale.

PIGNOLAT s. m. (pi-gno-la ; gn mil. — rad. pignon). Espèce de dragée qu’on faisait autrefois avec les amandes de la pomme de pin.

PIGNON s. m. (pi-gnon ; gn mil. — du lat.

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pinna, créneau de muraille, .d’où le provençal pena, italien penna, sommet de montagne, que l’on dérive également du celtique pen, tête, sommet. Du reste, le latin pinna et le kymrique p«i ont très-probablement la même origine). Archit, Partie supérieure d’un mur qui su termine en pointe et dont la sommet porte le bout du faîtage d’un comble à deux égouts : Dans les anciennes maisû7is, le pignon était sur la face principale. (Acad.) U Pignon à redans, Mur de maison qui se termine en pointe et dont les deux pentes s’élèvent en forme de degrés d’escalier, a Pignon entrapeté, Celui qui a la forme d’un trapèze.

— Loc. fam. Avoir pignon sur rue, Avoir une maison à soi :

Ce sont tous bons bourgeois ayant pignon sur rue.

Régnas».

— Mécan. Roue d’un petit diamètre s’engrenaut sur une roue plus grande : Le pignon sert à transmettre à l’arbre d’une roue d’un diamètre plus considérable un mouvement plus lent que celui de l’arbre sur lequel it est monté. (F. Tourneux.) Il Piynon de renvoi, Pignon d’horloge servant à communiquer le mouvement à une partie du mécanisme éloignée de cet organe.

— Techn. Sorte de cylindre cannelé qui sert à meure en mouvement ou à maintenir en place le pêne de certaines serrures.

— Blas. Meuble de l’écu figurant un fragment de mur coupé en forme de degrés,

— Encycl. Coustr. Les pignons servent d’appui aux pannes du comble et reçoivent le plus souvent les cheminées, soit extérieurement, soit intérieurement ; dans ce cas ils prennent alors le nom de murs dosseretf Suivant la manière dont le bâtiment est tourné, il présente sur sa façade soit un des piguons) soit un des murs goutterots. Les maisons élevées pendant l’époque romane présentaient habituellement un des murs goutterots sur la rue ; les murs piynons étaient alors mitoyens ; ce n’est que plus tard, vers le xive siècle, que les habitations commencent a montrer leur pignon en façade. Tuni que les combles n’eurent pas une inclinaison plus forte que 45°, on ne se préoccupa pus beaucoup des moyens d’augmenter leur stabilité ; mais, lorsqu’on en arriva k dépasser cette pente, on fut contraint d’adopter des moyens extraordinaires. Après avoir commencé à construire des arcs de décharge reportant une partie du poids en différents points de la base du mur pignon, on reconnut l’insuffisance de ce procédé, qui ne changeait rien à la résistance horizontale que l’on devait offrir au vent et aux efforts résultant du mouvement des bois du comble, et l’on en vint à aei-oler, suivant les dimensions du mur, un certain nombre de contreforts saillants k l’extérieur et dans les angles, contre-forts dont on profita pour décorer ces grandes surfaces triangulaires. Tout le système de la construction acs grands pignons du moyen âge est établi sur la répartition des pesanteurs, non pas conformément à la gradation donnée par la configuration du pignon, mais contrairement à cette gradation. Lorsque le bâtiment ne contient qu’un vaisseau, les points d’appui sont reportés aux extrémités, le triangle du pignon est terminé par deux épaulements ; mais, lorsqu’il est divisé dans sa longueur par un mur ou une épine de piliers, le pignon accuse la construction intérieure, et son milieu est maintenu par un contre-fort qui s’élève jusqu’au sommet du triangle. Tous les pignons dans les monuments gothiques sont tiecorés d’imbrications de billelles, d’incrustations de pierres de deux couleurs, blanches et noires, de roses, de sculptures et d’arcatures vitrées. Le pignon n’affecte pas toujours la forme recfiligne sur ses pans inclinés : il est parfois ogival, comme celui de la face occidentale de l’église abbatiale de Vézelay. La pignon accuse la coupe transversale d’un édifice ; c’est la partie qui indique le plus clairement sa construction et sa destination. Parmi les pignons les plus remarquables par leur importance et par leur richesse, on peut citer celui de la salle du palais à Poitiers et celui de la grande salle du château de Coucy, qui appartenait, aux constructions élevées par Louis d’Orléans pendant les premièresannées du xve siècle. Parmi les piynons plus simplement traités, nous citerons, avec M. Viollet- ’ le-Duc, ceux du logis du château de Pierrefonds, dont les crénelages se combinent parfaitement avec eux. Les pignons, dans les édifices civils, ont t’avantage d’éviter les croupes en charpente, d’une construction et d’un entretien dispendieux, et de fournir da beaux dessous da combles bien fermés, aérés et sains. Le fronton des temples grecs n’est qu’un pignon, monté tantôt sur des murs, tantôt sur des colonnes, où il est soutenu par des arcs de décharge ou par des plates-bandes appareillées ou non appareillées". Si un pignon est mitoyen entre deux bâtiments, il n’est à proprement parler qu’un inur de refend, maintenu des deux côtés par les charpentes des combles, et auquel il n’est pas utile de donner une grande épaisseur} toutefois, pour obvier aux inconvénients qui résultent d’une moindre épaisseur et éviter autant que possible les procès de mitoyenneté, la loi règle les dimensions qu’il doit avoir et les droits da chacun sur la portion qui lui appartient.

— Mécan. Les pignons sont extérieurs OU