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majorité conservatrice, fit partie, peu après, d’une commission envoyée en Algérie et se prononça à son retour contre l’abandon de nos possessions africaines. En 1837, il entra dans la coalition qui battit en brèche et renversa le ministère Mole ; mais, après ia chute de ce cabinet, il Ht partie de la majorité ministérielle que devait diriger M. Guizot jusqu’à la chute de la monarchie. Les électeurs de Chinon ayant élu à sa place, en 1842, AI. Crémieux, membre de l’opposition, M. Piscatory tut appelé à siéger au conseil général d’agriculture et fut envoyé, en 1844, comme ministre plénipotentiaire, en Grèce, où il lit preuve d’une grande habileté en contre-balançant l’influence anglaise et en maintenant au pouvoir le ministère Coletti. C’est pendant son séjour à Athènes qu’eut lieu dans cette ville la fondation de l’École française (1845), à l’établissement de laquelle il donna tous ses

soins. Rappelé en France en 184G, il reçut un siège à la Chambre des pairs, puis i ! passa, à la fin de 184", en Espagne, où il succéda comme ambassadeur k. 51, Besson. La révolution de février 1848 lit rentrer M. Piscatory dans la vie privée. Après s’être pendant quelque temps tenu à l’écart des affaires publiques, il se mêla activement au mouvement de réaction qui suivit l’élection de Louis Bonaparte a la présidence de la république et fut élu, en. 1849, représentant du peuple à la Législative par le département d’Indre-et-Loire. Il devint bientôt un des membres influents de la majorité contre-révolutionnaire et du comité de la rue de Poitiers, vota les mesures rétrogrades proposées par le ministère, fut un des membres de la commission chargée de mutiler le suffrage universel et de préparer la loi du 31 mai 1849, demanda la révision de la constitution, etc. ; mais finit par se ranger parmi les membres de la majorité que mécontentaient les mesures prises par Louis-Napoléon et qui entrevoyaient ses projets ambitieux. Lors du coup d’État du S décembre, il se réunit aux représentants qui se rendirent à la mairie du X« arrondissement pour prononcer la déchéance du président. Après l’accomplissement du coup d’Etat, il rentra définitivement dans la vie privée et mourut un mois après la chute de l’Empire.

P1SCATRICE adj. f. (pi-ska-tri-se — du lat. pùcatrix, pêcheuse). Archéol. Se dit d’une figure représentant une femme qui pèche : Venus P1SCA.T1UCE.

P1SCEM NATARE DOCKS (Vous vouiez apprendre à un poisson à nager), C’est-à-dire, dans l’application, vouloir en remontrer à quelqu’un sur son art, son métier, sur ce qui lait sa spécialité. C’est notre proverbe : Gros-Jean veut en remontrer à son curé,

PISCENNiE, ville de la Gaule ancienne, dans la Narbonnaise !’«. C’est aujourd’hui

PÉZÉNAS.

P1SCHEK (Jean-Baptiste), chanteur allemand, né à Melnik (Bohême) en 1814. Il étudiait le droit lorsque, sur les instances de quelques connaisseurs, frappés de la beauté de sa voix de baryton, il se décida à prendre des leçons de chant. Son éducation musicale terminée, Pischek aborda résolument le théâtre et débuta avec succès à Prague en 1835. Gùhr, chef d’orchestre à Francfort, l’engagea, en 1840, pour son théâtre, où Berlioz eut occasion d’entendre l’artiste dans Fidelio, Voici dans quels termes l’émineut critique a jugé le baryton allemand : ■ Quant à Pischek, que j’ai pu mieux apprécier quelques mois après dans le Faust de Spohr, il m’a réellement fait connaître toute la valeur de ce rôle du gouverneur que nous n’avons jamais pu comprendre à Paris ; et je lui dois, pour ce fait seul, une véritable reconnaissance. Pischek est un artiste ; il a sans doute fait des études sérieuses, mais la nature l’a beaucoup favorisé. Il possède une magnifique voix de baryton, mordante, souple, juste et assez étendue. Sa figure est noble, sa taille élevée ; il est jeune et plein de feu. Quel malheur qu’il ne sache que l’allemand 1 » Quelque temps après, Meyerbeer fitengager Pischek au théâtre de Berlin. En 1845, 1 artiste se fit entendre à Londres. Il s’y posa comme un chanteur ^ du premier ordre, à ce point que, depuis ce moment, il a été mandé à plusieurs reprises pour les grandes fêtes musicales qui ont eu lieu dans cette ville. Pischek a été longtemps un des meilleurs chanteurs de l’Allemagne. Il a composé dû très-remarquables lieders qui ont encore accru sa réputation.

PISCHON (Frédéric-Auguste), historien et théologien allemand, né dans la Marche de Brandebourg en 1785, mort à Berlin eu 1857. 11 fut successivement prédicateur et professeur à l’orphelinat de Frédéric-Guillaume (1815), professeur d’histoire à l’École des cadets militaires et archidiacre du temple Saint-Nicolas. On lui doit de nombreux ouvrages destinés à l’enseignement. Nous nous bornerons k citer ; Histoire universelle (1820-1824) ; Guide de l’histoire de la littérature allemande (1830) ; Guide de l’histoire universelle des pays et des Etais (1832-1836) ; Manuel de l’histoire universelle (1833) ; Sermons (1837-1840, 2 vol.) ; Ji/onuments de la langue allemande depuis les temps les plus reculés (1840-1850,6 vol.) ; Mécit succinct de l’histoire de t’invention de ta typographie (1840), etc.

PISCUTIAN ou PUSCHT1N, petite ville des États autrichiens (Hongrie), près de la Waag i

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3,200 hab. Ses environs renferment des sources thermales et alcalines qui jouissent d’une grande réputation.

PISCICEPTOLOGIE s. f. (piss-si-sè-ptolo-ji

— du lat.piscis, poisson ; capere, prendre, et du gr. logos, discours). Traité sur l’art de la pèche.,

PISOICOLE s. f. (piss-si-ko-le — du lat. piseis, poisson ; colère, habiter). Annél. Syn. d’HÉMOCHARis, genre d’annélides.

PISCICULTEUR s. m. (piss-si-kul-teurdu lat. piscis, poisson ; cultor, ce qui cultive). Celui qui pratique la pisciculture.

P^SCilCULTORE S. f. (piss-si-Itul-tu-redu lat. piscis, poisson, et de culture). Art de multiplier et d élever les poissons : La risciculturb était deuenue, sous l’influence des idées iehthyophagiques, une industrie fructueuse. (Toussenel.)

— Encycl. La fécondation artificielle des œufs de poisson est un art essentiellement moderne, on peut même dire contemporain. Des recherches faites dans ces derniers temps constatent, il est vrai, que, dès le xivo siècle, un moine, dom Pinchon, de l’abbaye de Réorne, près de Montbard (Côte-d’Or), se livrait déjà à la multiplication artificielle des poissons. « Il avait, dit M. de Montgaudry dans ses Observations sur la pisciculture, des boites longues en bois fermées aux deux extrémités par un grillage d’osier. Sur le fond de bois, il formait un lit de sable fin et, imitant la truite qui creuse un peu le sable avant d’y déposer ses œufs, il préparait une légère excavation dans la couche de sable pour déposer les œufs qu’il avait préalablement fait féconder. Il plaçait la boîte dans un lieu où l’eau était faiblement courante et attendait l’éclosion qui, à son dire, s’opérait après vingt jours rarement et pour tous les œufs dans le mois à peu près. « Cette découverte ne reçut pendant longtemps que peu d’applications et demeura le privilège exclusif de quelques pêcheurs de profession, pour lesquels elle constituait ce que les gens du peuple nomment un secret. Cependant, au xvuie siècle, la science avait abordé les questions relatives aux modes de reproduction des poissons. Qn savait que le contact de l’œuf et de la semence était un phénomène externe réalisé entre deux produits expulsés de l’organisme des parents et se combinant en dehors de cet organisme. C’est dors qu’un lieutenant des miliciens du comté de Lippe-Detmold, plus tard major au service de la Prusse, G.-L. Jacobi de Hohenhausen, eut connaissance du procédé employé par dom Pinchon et conservé par quelques pêcheurs. Jacobi comprit aisément tout le parti qu’on pouvait tirer de cette découverte. Le résultat de ses observations fut publié dans un mémoire que Fourcroy traduisit en français en 1773 et que Duhamel introduisit dans son Traité général des pêches. Jacobi ne se borna pas à la publication de son mémoire ; il établit des piscifactures à Hambourg, h Hohenhausen et à Nortelem. Le procédés qu’il mit en usage diffèrent peu de ceux qu’on emploie de nos jours. Il ne tarda pas à avoir des imitateurs dans toute l’AUemagne. En Italie, Kusconi ; en Suisse, Agassiz et Vogt ; en Angleterre, Shaw et Boccius suivirent aussi son exemple. Néanmoins, la pisciculture n’était pas encore, à proprement parler, sortie du domaine de la science ; c’était à la France qu’était réservée la tâche de la rendre véritablement popufaire. En 1842, un pauvre pêcheur de la Bresse (Vosges), nommé Eemy, entreprit les premiers essais de pisciculture qui devaient rendre son nom célèbre. Le premier, dans notre pays, il appliqua réellement la fécondation artificielle à l’élève du poisson. Dans l’isolement où il se trouvait, cette application doit avoir pour lui tout le mérite à une véritable invention. Cependant il est probable, et des témoignages recueillis sur les lieux mêmes semblent en faire foi, que les procédés employés par lui étaient connus dans le pays, mais qu’on ne s’en servait pas faute de voir la possibilité de retenir le poisson fécondé artificiellement dans les eaux de la localité. Cependant la découverte de M. Remy n’ayant été notifiée qu’à la Société d’émulation des Vosges, qui décerna une médaille à M. Remy et a son associé, M. Gehin, elle resta iuconnue de 1842 à 1848. À cette époque, une communication de M. de Quotrefages à l’Académie des sciences amena une réclamation en faveur des deux pécheurs. L’Académie chargea une commission d’examiner les résultats obtenus et, sur le rapport de M. Milne Edwards, le gouvernement, voulant donner à ces deux pêchears un témoignage de bienveillance, accorda à M. Remy un bureau de tabac et une indemnité annuelle de 1,500 francs, à M. Gehin un bureau do tabac et une subvention annuelle de 500 francs, 1,200 francs de traitement, 10 francs par jour quand il est en voyage, 2 fr. 50 par myriamètre lorsqu’il change de département. Cette découverte connue, on vit tout le profit que l’on pourrait en retirer ; sur la proposition de M. Coste, un établissement fut fondé près d’Huningue et la direction en fut confiée à MM. Berthot et Detzem. Des expériences furent instituées dans un laboratoire du Collège de France pour étudier toutes les conditions qui entravent ou favorisent le succès des opérations. À la suite de la guerre de 1870-1871, notre établissement d’Huningue nous a été pris par

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la Prusse ; mais le laboratoire du Collège de France subsiste et continue l’œuvre commencée à une autre époque. Pour faire une fécondation artificielle, on se procure au moment du frai quelques mâles et femelles de l’espèce qu’on a choisie. On les conserve dans des réservoirs convenablement disposés ou bien on les met dans une huche dite boutique à poisson. Cette huche est une espèce de caisse en bois percée de trous et baignant dans l’eau. Si l’on n’avait pu se procurer des poissons vivants, on pourrait encore se servir d’individus morts depuis deux ou trois heures au plus. Lorsqu’on s’aperçoit que les femelles sont prêtes à jeter leurs œufs, c’est-à-dire lorsque leur ventre est mollement distendu, que l’orifice anal est fortement injecté, gonflé et proéminent, on les prend avec précaution, en ayant soin, si elles sont très-grosses, de les envelopper dans un linge. On passe légèrement la face interne du pouce ou celle de deux doigts sur le ventre, en allant du dessous de la tête à l’anus sans déployer la moindre force. Les œufs, s’ils sont murs, coulent alors naturellement et sous la plus légère pression, en jaillissant même d’une manière marquée. Le vase dans lequel on les reçoit peut être de verre, de faïence ou de bois ; mais le fond doit en être plat et assez large pour que les œufs ne s’y accumulent pas trop. On le remplit d’une eau claire et très-propre à la hauteur de om,0S ou om,10. Si les œufs n’étaient pas assez inûrs, on sentirait une résistance qu’il ne faudrait pas chercher à vaincre ; on remettrait la femelle dans le réservoir ou dans la boutique et on attendrait iin temps plus propice, à moins que l’on n’eût d’autres femelles sous la main. Si, pendant la ponte, l’eau du vase avait été salie par les mucosités, dont le corps des poissons est englué, il faudrait la renouveler, en ayant soin de ne jamais laisser les œufs à sec. L’eau doit avoir la même température que celle observée lors du fiai naturel. La fécondation doit être faite immédiatement après la ponte. Pour cela, on prend un mâle et on fait tomber la laitance sur les œufs par les mêmes moyens et avec les mêmes précautions prises à l’égard de la femelle. Si la laitance est à l’état complet de maturité, elle coulera abondante, blanche, épaisse comme de la crème. Dès qu’il en sera assez tombé pour que le mélange prenne les apparences du lait très-coupé, on jugera que ta saturation est suffisante. On aura soin d’agiter le mélange soit avec la main, soit avec la queue du poisson ou les barbes d’un pinceau. Après avoir laissé reposer une minute ou deux, on fera écouler l’eau laïtancée et on placera les œufs dans l’appareil à éclosion. Un seul mâle peut suffire à ta fécondation des œufs de trois ou quatre femelle» et même plus, pourvu qu’il soit bien nourri et qu’on ait soin de le prendre au moment où ia laitance entre en pleine maturité. La température de l’eau employée doit être, pour les poissons d’hiver, comme la truite, de 4« à a» ; pour ceux de premier printemps, comme le brochet, de 8° à 10° ; pour ceux de second printemps, comme la perche, de 14» à 16" ; enfin, pour les poissons d’été, comme la carpe, le barbeau, la tanche, de 20° à 25<>. Pratiquement et dans les circonstances ordinaires, on n’utilise guère ces renseignements, car on opère purement et simplement avec l’eau, d’où sort !e poisson. Il y a une autre manière d’opérer le mélange des molécules fécondantes avec l’eau qui leur sert de véhicule et de favoriser leur absorption par les œufs qu’elles doivent féconder : c’est de placer dans le récipient une passoire bien criblée ou mieux une corbeille à mailles fines. On élève ensuite et l’on abaisse, on agite en sens divers, après que les œufs et la laitance y sont tombés, cette passoire ou cette corbeille, en évitant de jamais la faire sortir du liquide. On peut encore exprimer d’abord dans l’eau du récipient la laitance du mâle et faire arriver les œufs dans l’eau toute préparée. Tous ces procédés ont une valeur a peu près égale. La fécondation artificielle permet d’obtenir, par. le croisement des espèces, des métis qui peuvent avoir des qualités différentes de celles des parents dont on aura mêlé la semence. On a déjà fait des croisements de cette nature ; ainsi on a fécondé des œufs de truite avec la laitance du saumon et réciproquement. Les Chinois se livrent à ces pratiques sur les carpes dorées, dont ils varient les espèces à l’iufini ; mais leur industrie se borne à opérer sur des races de la même espèce, qu’ils séquestrent dans des viviers où elles se croisent par la propagation naturelle.

Telle est dans sa simplicité la fécondation artificielle ; c’est à tort qu’on a cherché à en faire un art hérissé de difficultés ; en réalité, elle n’exige qu’un peu de soin et une habileté de main que la pratique enseigne mieux que les minutieuses prescriptions des savants^ C’est ainsi qu’ont toujours agi les plus célèbres praticiens, Remy’et Glaser par exemple. Les œufs une fois fécondés, il reste à les faire éclore. Pour cela, on se sert d’appareils dont les formes et les dispositions peuvent varier à l’infini. Pour les personnes qui ne regardent pas à la dépense, nous citerons l’appareil à ruisseaux factices et à courants continus inventé par M. Coste et employé par lui au Collège de France. Cet appareil est formé par l’assemblage de canaux parallèles, disposés en gradins de chaque côté n’ua canal supérieur et central qui les alimente

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tous. On garnit chacun de ces canaux ou ruisseaux artificiels d’une claie en osier où en verre placée à environ om,02 ouom,03 u«dessous de la surface de l’eau. C’est sur cette claie que sont placés les œufs fécondés. Les rigoles peuvent être eu terre ou en fonte émaillée ; elles doivent être munies h. leur partie inférieure d’un robinet de décharge qui permet de les vider à volonté. Au Collège de France, l’eau arrive par un robinet à l’une des extrémités du canal supérieur. Elle s’échappe vers l’extrémité opposée au moyen d’échancrures latérales et va alimenter les deux canaux situés au-dessous. De nouveaux courants se forment dans ces canaux en sens inverse du premier et trouvent à leur tour une issue à l’extrémité opposée par une êchancrure qui les précipite dans d’autres canaux inférieurs. L’appareil tout entier n’a pas

I mètre carré de surface et cependant il peut contenir près de 300,000 poissons nouvellement éclos ou sur le point d’éclore. Les pisciculteurs qui sont dans l’impossibilité de faire construire un semblable appareil ou qui opèrent dans les cours d’eau peuvent employer dans les eaux courantes et pures, ne laissant aucun sédiment, des boites en ferblanc ou en terre cuite vernie, percées do petits trous. Les œufs étant fécondés, on les dépose avec précaution dans tes appareils à éclosion. Si l’on suit la méthode de M. Coste, on dépose simplement les œufs sur les claies en verre dont nous avons parlé ; si l’on fait usage de la boîte de Remy, on en garnit le fond d’une petite couche de gravier sur laquelle les œufs sont déposés, de manière à former une couche uniforme. Les œufs libres des saumons, truites et ombres, dont la pesanteur spécifique est de beaucoup supérieure à celle de l’eau, sont placés sans autre soin sur les claies ou le gravier. Quant aux œufs qui s’attachent aux corps étrangers, conmp ceux des carpes, des tanches et qui sont plus légers que l’eau, il est indispensable de les placer dans l’appareil avec les herbeS(sur lesquelles on les a reçus. Il ne faut pas s’imaginer qu’une fois placés dans les appareils à éclosion les œufs n’ont plus besoin d’aucun soin ; ils exigent, au contraire, des soins minutieux et une sollicitude de tous les instants.

II faut vingt fois par jour enlever les œufs gâtés, régler les courants, ne rien laisser qui puisse altérer la pureté de l’eau, en noter la température, qui doit être étudiée d’une manière permanente. On pont se dispenser presque entièrement de ce dernier soin, si l’on adopte l’excellente pratique de quelques éleveurs, qui consiste à déposer les œufs, immédiatement après leur fécondation, dans les eaux mêmes où les poissons doivent passer tout le temps de lour vie. Si on opère en grand, il faut un homme spécial, si on opère sur une petite échelle et qu’on ne soit pas certain de rester chez soi pendant toute la durée de l’incubation, il faut absolument avoir quelqu’un qui soit en état de vous remplacer au besoin. Ce n’est pas non plus une petite tâche pour le pisciculteur de préserver les œufs des maladies auxquelles ils sont exposés et des ennemis qui cherchent à en fairo leur proie. Des conferves et diverses plantes parasites engendrées par l’humidité s emparent d’aborudes œuts avariés, que l’on reconnaît à leur teinte blanchâtre et opaque, et les recouvrent d’une couche de filaments multicolores. Elles s’attaquent ensuite aux œufs sains et bientôt la couvée entière est perdue. Le seul remède à ce fléau consiste dans l’enlèvement, au moyen* d’une pince, de tous tes œufs attaqués. Plusieurs espèces de la famille des diatomées, entre autres les mendions et les vauchéries, sont aussi des ennemis très-redoutables pour la couvée. Leur présence se décèle par une sorte de tapis brunâtre ou vert jaunâtre qui recouvre le fond des appareils ; Le moyen le plus efficace et le plus simple d’empêcher la multiplication de ces végétaux consiste dans la suppression de la lumière. On recommande aussi, dans ce cas, de procéder au transvasement des œufs, qui s’opère facilement au moven de l’instrument appelé pipette. Les ceufa^ peuvent être aussi attaqués par des larves d’insectes, surtout par celles de quelques hydrocanthares. Le gammarus des poissons, l’argulus de la carpe et un autre petit insecte, probablement l’ascarides minor, à l’état de larve, exercent aussi de grands ravages dans les appareils à éclosion. Ce n’est que par une surveillance attentive qu’on peut parvenir à en préserver les couvées. Les œufs subissent différents changements après leur fécondation. On dirait d’abord qu’ils se troublent et deviennent moins transparents. Pourtant ce changement n’est que momentané et ils reprennent insensiblement leur première couleur. Les yeux

apparaissent ensuite- sous la forme de deux points noirs ; puis la queue, la tête et la vésicule ombilicale. Le jeune poisson n’est pas encore maître de ses mouvemeuts ; il reste à demi enfermé dans l’enveloppe dé l’œut. Après quelques heures d’efforts, réitérés, il peut enfin sortir de sa prison. Ce n’est pas tout de faire éclore les œufs ; il faut savoir la manière de les transporter, et cette opération exige certaines précamions qu’il est utile de connaître. On prend une de ces boites légères, circulaires ou oblongues, formées de> feuilles minces de bois blanc dans lesquelles on a coutume de conserver les fruits secs ; puis au fond de cette boîie on dépose une couche de sable fin bien mouillé ; sur cette