Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 12, part. 3, Phen-Pla.djvu/55

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Î>HIL

tenir, tendent quelques fils isolés, mais ne tissent pas de toile ; elles se cachent dans des fentes ou sous les feuilles pour faire leur

Ïionte. On les divise en quatre groupes : les engipèdes, les filipèdes, les vigilantes et les surveillantes. Plusieurs espèces se trouvent aux environs de Paris ou dans d’autres localités de la France, en Allemagne, en Suède, en Égypte, etc.

PH1LODRYAS s. m. (fl-lo-dri-ass — du prêt. philo, et du gr. drus, ohêof), Erpét. Genre de reptiles ophidiens formé aux. dépens des couleuvres.

PHILOGÉNITUBEs.f.(fi-lo-jé-ni-tu-re —du

préf, phito* et de génilure). Amour pour ses enfants ; désir d’avoir des enfants.

PHILOGLOSSE s. f. (fl-lo-glo-se — du préf. philo, et du gr. gfàssa, langue). Bot. Genre de plantes, de la famille des composées, tribu des sénécionées, comprenant plusieurs espèces qui croissent au Pérou.

PH1LOGYNE adj. (fi-lo-ji-ne-du prêt.philo, et du gr. g une, femme). Qui aime les femmes. Il Peu usité.

PHILOGYNIE s. f. (fi-lo-ji-nî — rad. philogyne). Amour des femmes. Il Peu usité.

PHILOGYNIQUE adj. (tl-lo-ji-ni-ke — r.ad. •phihgynie. Qui a rapport à la philogynie : Passion PHILOGYN1QUK.

PHILOHÈLE s. f. (ti-lo-è-le™ dupréf.pAt’/o, et du gr. hetos, marais). Ornith. Syn. de iuis-

TICOLA OU SCOLOPAX.

PHILOLAtiS, philosophe grec du ve siècle avant l’ère chrétienne ; quelques biographes le font naître à Crotone, d’autres à Tarante, Quoi qu’il en soit, il reçut les leçons d’Arétas, disciple immédiatde Pythagore et il peut, à ce titre, être considéré comme un pythagoricien. 11 eut l’honneur d’être chef d’école. Les plus connus de ceux qui reçurent son enseignement sont Simias, Cébès et Archytas. On croit que Philolaûs mourut h Héraclée après avoir professé à Thèbes en Béotie.

Philolaûs est le premier qui ail su coordonner les idées de Pythagore et les réduire en un corps de doctrine. Pythagore et ses disciples avaient négligé systématiquement d’écrire. Ils pratiquaient la théorie du silence en matière d enseignement comme dans la pratique ordinaire de la vie. L’école avait hérité cette coutume de l’Orient, D’ailleurs la philosophie pythagoricienne, comme plus tard le stoïcisme, était surtout une philosophie pratique. Non-seulement elle avait peur de la publicité, elle avait pour dogme fondamental que la philosophie ne consiste point en paroles, mais en actes. Ceux-ci n’avaient pas besoin d’être coditiés ; quant aux préceptes, on les enseignait au fond des sanctuaires, comme on enseignait les mystères. Ce n’est pus qu’on n’attribue des ouvrages assez nombreux au.t premiers pythagoriciens, c’est-à-dire à Timée, Ocellus, Brontiuus et Euryphamus. La critique a démoutré depuis longtemps qu’ils appartiennent à des contrefacteurs d’une époque relativement récente et qui n’avaient trouvé rieu de mieux, pour donner do l’autorité à leurs principes, que de les placer sous la sauvegarde de ces noms respectés. Philolaiis est donc le premier pythagoricien qui ait écrit, et si ce fait a servi à vulgariser quelques-unes des idées de Pythagore, il accuse chez son disciple une déviation formelle et, pour ainsi dire, la répudiation de la première maxime du maître, qui était de ne rien livrer à la publicité.

Philolaûs serait, d’après la tradition, l’auteur d’un certain nombre de tiers dorés et d’un système du monde écrit en prose, fort estime des anciens et dont il n’a survécu que des fragments. Il fut chassé de la Grande-Grèce avec les pythagoriciens qui y avaient fondé une forme politique détruite par des révolutions successives. Son enseignement h Thèbes date doucette époque de sa vie.

D’ailleurs, le système du monde dont il vient d’être question est considéré comme le fondement de la doctrine socratique, telle que Platon l’a fait connaître. Platon aurait même acheté au prix de cent mines l’ouvrage de Philolaiis, d’après une tradition conservée par Diogène Laëree.

11 est bien difficile de reconstruire la doctrine de Pythagore d’après les fragments du livre de Philolaiis. «Tout ce qui existe, dit-il au début, résulte de l’action combinée de deux principes contraires. L’un de ces principes est la forme en vertu de laquelle tous les êtres individuels ont un commencement et une Au ; l’autre est le principe indéterminé ou l’indéfini qui sert de milieu aux êtres ayant une forme. »11 n’y a de connaissance possible cour l’homme qu’à l’égard des êtres ayant une formé, ce qui est aussi une des théories fondamentales de la philosophie allemande de

nos jours ; ce qui n’a pas de forme, c’est-à-dire est indéterminé, est comme s’il n’était pas, ne saurait être connu. Ce qui est déterminé implique trois termes : un commencement, un milieu, une tin. Ce sont en effet ces trois choses qui déterminent un objet quelconque et lui donnent une forme. Le principe de détermination, pour Philolaiis et l’école pythagoricienne, est l’unité. Il s’ensuit qu’il ny a dans le monde de la connaissance que des nombres. Ici la théorie pythagoricienne perd de sa clarté. Eile enseigne que le principe d’indétermination est le nombre deux, en d’autres termes que le dualisme est le con PHIL.

traire du principe d’unité. Ces deux principes n’ont par conséquent qu’une valeur relative ; ils se font ressortir réciproquement, et, commentant cette donnée, Philolaiis dit que le dualisme est la nature irrationnelle et sans jugement, l’immoral en un mot, car Dieu est l’unité suprême d’où émanent toutes les unités partielles qu’il gouverne et crée. À côté de Dieu, qui emplit l’univers, existe son contraire. qui le remplit également, de manière que lui et les unités placées au-dessous de Dieu participent toutes aux deux principes contraires qui font la réalité de l’être.

Il suit de ce qui précède que le nombre est l’essence de toute chose ; c’est la philosophie mathématique, qu’on trouvera exposée au mot Pythagore.

—Philolaiis parcourt successivement toute la série des êtres, et trouve partout la vertu des nombres dans lesquels il est facile de reconnaître ce que Platon appelle des idées. Au fond de tout on trouve le point dont l’unité est l’essence. Deux points déterminent la ligne, trois points la surface, quatre points les solides. De la théorie du point, Philolaûs conclut que l’essence de la ligne est le nombre deux, l’esseuce de la surface le nombre trois, et 1 essence des solides le nombre quatre. Les intervalles entre les points constituent le domaine de l’indéterminé ou du principe contraire à la forme dans l’univers. Ces intervalles sont les mêmes dans la nature que dans la musique.

Les êtres vivants sont des composés de quatre points : ces quatre points sont l’encéphale, le cœur, l’ombilic et l’organe de la génération. Si l’organe de la génération est la source de la reproduction, le cœur est celle de la vie animale et de la sensation, l’ombilic la source de la germination, et l’encéphale de l’intelligence. Du reste, l’encéphale caractérise l’homme ; le cœur caractérise les animaux ; l’ombilic caractérise les plantes ; l’organe de la génération est commun à tous les êtres vivants.

Poursuivant sa théorie jusque dans l’absurde, Philolaiis fait du nombre cinq le dernier degré de l’existence ; il représente la vie animale par le nombre six et la vie intellectuelle par le nombre sept. Mais il ne s’in- ?tiiète pas de justifier ces attributions de pure antaisie, comme il ne s’inquiète pas davantage d’expliquer pourquoi il personnifie lasagesse et la pensée pure dans le nombre huit.

Quant à la nature inanimée, de même qu’il n’y a de possible que cinq espèces de solides réguliers (la pyramide, le cube, l’octaèdre, le dodécaèdre et l’icosaèrlre), de même, il n’y a que cinq éléments, .qui sont : l<> le feu, qui est en dignité le premier des éléments ; 2» l’air ; 3° l’eau ; i<> ]a terre, et 5° un autre que Philolaûs ne désigne pas. Il fait correspondre chaùiia des cinq éléments, qui précèdeutaux cinq solides énumèrés tout a 1 heure et dans l’ordre où ils âor.t iauraérés. La clef de ce symbolisme, car il doit y en aveir ?u "ne, est maintenant perdue. Ceci est le système pour ainsi dire organiquede Philolaiis ; à côté de lui, l’auteur édilie un système du inonde qui n’est certainement pas son œuvre personnelle, mais qui est à coup sûr remarquable. Le système du monde tel que Copernic l’a constitué se retrouve formellement dans les fragments de Philolaiis. Est-ce une tradition venue d’Orient, où les pythagoriciens ont emprunté tant de choses, et 1 œuvre d’une civilisation éteinte, dont le souvenir s’est conservé dans quelques écoles et que Philolaiis ou son maître Pythagore auraient évoqué ? On ne sait. Toujours est-il que, d’après Philolaûs, le monde est un ; que cette unité le constitue ; que, de même qu’il se compose de nombres, il vit par le nombre. L’école de Pythagore, en ce qui concerne l’univers, était d’avis qu’il s’était constitué d’une façon progressive et qu’il était parvenu au point ou on io voit maintenant à travers une série de métamorphoses. C’était la vraie tradition, que ta science moderne a pu contrôler et démontrer véridique. L’école enseignait encore que jadis le soleil avait suivi un autre chemin, et que la voie lactée était ce chemin ; car on ignorait dans l’antiquité que la voie lactée était un grand chemin pavé d’étoiles, tracé au sein de l’étendue. Sur ce point, Philolaûs est d’un autre avis. Le inonde, à son avis, est éternel ; il a toujours été ; il sera toujours. Il ne voit pas de motif de soutenir le contraire : le monde est gouverné par l’unité, qui est immuable ; il est 1 image de l’unité absolue et le nombre en fait l’harmonie. On pourrait objecter que ce n’est pas une raison pour qu’il ne change pas, pour qu’il ait commencé, ni pour qu’il Unisse ; car le monde est une œuvré concrète, une forme de l’être, et si l’être est conçu par la raison comme éternel, il n’eu est pas ainsi de ses formes ou, si l’on veut, de ses modus.

Quoi qu’il en soit, Philolaûs pose en principe que l’intelligence mathématique est le critérium absolu de la vérité, et que, pour que le monde n’ait pas toujours été ce qu’il est, il faudrait que ce critérium n’ait pas toujours existé, ce qui est inadmissible, car il faudrait nier la raison. On pourrait lui objecter encore que la raison, comme toute chose, est un mode de l’être ; que l’essence de tout mode est d’être sujet à changer ; mais ce n’est pas le lieu. pr-

Quant à la forma du monde, Philolaûs établit qu’elle est sphérique ; le centre n’en est pas la terre, comme pense l’école ionienne :

PEïL

c’est le soleil. Ce n’est pas plus le soleil que la terre, puisque les étoiles sont autant de centres partiels que le soleil ; mais passons. Le soleil n’est pas simplement un corps opaque d’où jaillit la lumière : il est la maison de Jupiter et de la mère des dieux, l’autel de la nature, à laquelle il sert de lien, de mesure et de père. Autour de lui roulent hannoniquement les dix planètes de l’école pythagoricienne.

D’après le système auquel il a été fait allusion plus haut, la terre est mue par un double mouvement, le mouvement diurne, accompli sur elle-même et qui se répète trois cent soixante-cinq fois et demie par an, et le mouvement annuel, qu’elle accomplit autour du soleil. Do même, chacune des dix planètes citées tout à l’heure a ce double mouvement sur elle - même et autour du soleil. Dans chacune, du reste, le double mouvement dont il s’agit a sa vitesse propre. On voit que c’est en toutes lettres le système de Copernic, reproduit sans doute par Philolaûs, non d’après une science qui lui aura été personnelle, mais d’après une science éteinte acquise au sein d’une civilisation morte, mais qui a laissé en Orient d’autres traces de son passage.

Aristote a fait observer que le système de Philolaûs est un système construit à priori et non fondé sur l’observation directe. Il prend le soleil pour centre de l’univers, parce que la terre ne lui en parait pas digne et d’ailleurs parce que la lumière lui vient d’ailleurs.

Copernic n’a fait que renouvelér l’hypothèse astronomique de Philolaûs, car il n’avait pas plus de télescope que son devancier, puisque Galilée est l’inventeur du télescope et qu’il n’a été possible qu’au xvu« siècle de vérifier les assertions de Copernic.

Le philosophe pythagoricien avait distribué l’univers en trois régions distinctes : la région terrestre, qui est la région inférieure et reçoit la lumière du soleil ; la région des astres, qui • est la région intermédiaire, dans laquelle se meuvent la lune, les pianètes et les étoiles ; ta troisième région ou la région supérieure est celle du soleil ou du feu central. L’auteur appelle collectivement cosmos les deux régions supérieures, où il ne se trouve que des êtres incorruptibles, et il nomme auranos la région terrestre, qui est celle de la génération et du changement.

Le soleil est le principe de la vie terrestre, l’eau de la lune la cause de la mort des êtres. La lune est habitée comme la terre ; mais, comme elle est située dans une région supérieure, la mort n’a point de prise sur les êtres dont elle est peuplée.

— Ici-bas, on ne voit des choses que l’ombre. La vertu est le plus haut degné d’élévation où l’on puisse parvenir. Dans les régions supérieures de 1 univers règne la sagesse, qui est à la vertu ce que la victoire esta l’effort, ce que !a sérénité de l’âme est aux angoisses du sacrifice.

Ici, chez Philolaûs, la poésie prend le pas sur la science, et l’imagination vient au secours de i’énteiîdemeut. Il enseigne, d’après Pythagore, que la terre est un lieu d’exil ; l’âme y végète emprisonnée dans un corps qui en est le tombeau, sans doute pour la punir de fautes commises dans un autre monde ; car Philolaûs est partisan de la métempsycose, qui était un des grands principes de la philosophie pythagoricienne, à qui Platon l’a empruntée parmi un grand nombre d’autres choses. Mais, quoique le corps soit une prison, pour l’âme, elle est tenue de respecter cette enveloppe temporaire, qui, étant un intermédiaire entre elle et la nature, lui permet d’ac- ?uérir des connaissances. Le séjour qu’elle y ait est un séjour obligé ; il lui a été imposé comme un devoir, d’où il résulte que le suicide est un crime. Quant à l’essence de cette âme, Philolaûs, ce qui e^t une contradiction formelle avec le dogme do la métempsycose, admet quelle n’est que le résultat de 1 organisme, un rapport numérique, ce que Simmias expose fort au long dans le dialogue de Platon intitulé Phédnn. Platon, du reste, n’adopte cette doctrine que sous bénéfice d’inventaire et, de fait, la transforme complètement.

Philolaûs ne se piqua donc pas d’être logique ; et puis, la psychologie de l’antiquité est une science qui débute, et il a fallu d’immenses travaux pour voir combien la théorie pythagoricienne, à cet égard, est peu conforme

aux données de l’observation intérieure. Philolaûs professe, en outre, que l’âme diffère en même temps que les organes ; par conséquent, qu’elle n’est 1» même ni chez les hommes ni chez les animaux. On a voulu voir dans cette assertion une négation de la spiritualité du principe pensant. L’auteur ne nie pas celte spiritualité en pratique : il enseigne, au contraire, que les harmonies individuelles, les âmes, ne vont pas se confondre dans l’harmonie générale, ce qui ressort évidemment de la doctrine de la métempsycose. L’âme est dono antérieure à son séjour dans un corps animé, de même qu’elle lui survit. L’exemple do Philolaûs le prouve, au dire rie Jamblique. En eiîet, le philosophe alexandrin rapporte qu’elle prit un jour ta parole du fond de ta tombe ; ce fut un berger qui fut témoin de la chose et alla la raconter à Euryte, qui lui demanda, sans s’émouvoir, quel genre d’harmonie la voix de Philolaûs faisait entendre.

La plqpart des fragments qui restent de ^Philolaûs se trouvent uans Stobée et Jara* Clique. Ils ont été publiés par Boeekh (Berlin isi9. 1 vol. in-8»), arec une exposition

pmi

éââ

en allemand de la doctrine du philosophe pythagoricien.

PHILOLOGIE s. f. (ft-lo-lo-jl — du préf. philo, et du gr. logos, discours). Science des langues ou d’une langue en particulier, au point de vue de l’histoire littéraire et grammaticale : Philologib comparée. Philologib latine. La vraie philologie n’est rien de moins que l’histoire mèfne de l’esprit humain. (E. Laboulaye.)

— Encycl. Les mots aussi ont leur destin : produits du hasard ou d’une circonstance fugitive qui n’a laissé aucune trace, ou d’une analogie dont le secret ne manque guère de nous échapper, ils naissent souvent imparfaits, se régularisent, se polissent, s’altèrent au point de devenir méconnaissables, meurent enfin et tombant dans un profond oubli. Nous ne lisons qu’avec des peines, des tâtonnements, des doutes infinis le roman, qui a donné naissance à notre langue, malgré le secours puissant que nous offre le latin, dont le roman est dérivé. Les Romains du siècle d’Auguste trouvaient déjà des difficultés dans Ennius, comme nous en trouvons nous-mêmes dans Corneille, et les plus érudits seulement comprenaient quelque chose au latin des anciennes Atetlanes. Quant à l’osque et à. l’ombrien, personne ne pouvait se vanter de l’interpréter couramment. Mais pourquoi le greo d’Homère et celui deDémosthène, pourquoi le latin de Cicéron et de Virgile ont-ils échapné

à cette fatalité qu’on pourrait croire réservée

à toutes les formes que revêt simultanément ou successivement le langage humain ? Ces langues littéraires doivent ce privilège aux traducteurs qui en ont transmis le sens k des peuples de plus en plus rapprochés de nous, aux commentateurs, qui nous ont expliqué avec soin* les mots vieillis ou tombés en désuétude, aux philologues on-un mot. Conserver à l’humanité toutes les découvertes, toutes les conquêtes, toutes les formes de la pensée humaine, tel est donc le rôle de la philologie, rôle éminemment utile, qu’ignorent assurément ceux qui confondent philologue et pédant. Sans doute, lu philologie est nécessairement un étalage de savoir ;-sans doute elle jette plus d’une fois le savant dans des recherches sans intérêt ou sans mesure ; sans doute enfin, pour tout dire, certains philologues sont en même temps des pédants ; mais si, avec ce défaut ridicule, ils parviennent cependant à rétablir le sens oublié des textes, quand même ils ne seraient ni sages ni prudents dans leurs hypothèses, ce qui est une qualité rare dans cotte classe d’éni’dits, ils auront néanmoins rendu h. l’histoire littéraire, à l’histoire politique, à l’histoire sociale, où les mots jouent un rôle plus important qu’on ne pense, des services signalés, et if ne sera que juste d’oublier leurs petits travers. Qu’il ne suffise donc plus, pour décrier un homme, de l’appeler un savant en us, si d’ailleurs il est un vrai savant.

Du grec !... il eait du grec, ma sceurl

Le faux savant qui faisait pousser cette exclamation admirative se prévalait sans doute de sa science du grec pour des choses où le grec n’a rien à voir ; mais il n’en est pas moins vrai que bien savoir le grec est chose assez rare de nos jours et qui recommande très-justement celui qui en a le privilège ; il est le seul interprète autorisé, non-seulement des livres si admirables de l’ancienne Grèce, mais de notre propre langue scientifique, et il serait bon que tes perruquiers, grands inventeurs do pommades, et les naturalistes, grands baptiseurs d’animaux, se résignassent a consulter de vrais hellénistes afin que nous ne trouvions pas dans nos dictionnaires ce grec de cuisino que nos lexicographes enregistrent aveu des ’grincements de dents. Comme il s’agit de l’honneur de notre langue française, cela est plus grave, en vérité, que le scandale des enseignes baroques qu on signalait déjà au temps des Fâcheux.

Ceci dit, et l’importance de la philologie bien comprise, qu’on nous permette d’en tracer succinctement l’histoire,

La philologie est une des sciences les plus anciennes et qui remonte aux origines de l’histoire de la civilisation. Confuciusa eu de très-nombreux commentateurs ; Manou aussi, ou du moins les lois qui lui sont attribuées, et la littérature indouè tout entière ne se compose guère que de commentaires. En Grèce, les plus anciens philologues connus dans l’histoire littéraire sont les diascévastes qui, sous Piiistrate, rassemblèrent et ordonnèrent le texte des poSmes d’Homère. Vint ensuite Aristote qui, à ses autres titres, peut joindre celui de philologue, puisqu’il donna d’Homère cette édition de la cassette tant vantée dans l’antiquité et qu’Alexandre avait l’habitude de porter avec’fui dans un magnifique écrin provenant du trésor de Darius. Le philosophe de Stagire avait, en outre, écrit, sous le titre de Problèmes homériques, des discussions exégétiques et grammaticales, aujourd’hui perdues. Mais les plus célèbres des philulogues grecs furent, sans contredit, les érudits alexandrins : Zénodote d’Kphèse, qui fonda la critique des textes ; Aristarque, dont le nom est resté synonyme, depuis vingt siècles, de bon sens et de bon goût ; Aristophane de Byzaiiee, si profondément versé dans la connaissance des livres qu’il ne laissait aucun plagiat, aucun emprunt sans le signaler ait’ public et à la critique. Nous devons beaucoup