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ZÉMI

fréquenté par des chasseurs et des pêcheurs russes qu’envoient des négociants dArkhangel, de Mèzen ; ceux qui viennent de cette dernière localité s’en retournent ordinairement avant l’hiver ; mais ceux d’Arkhmgel y passent ordinairement cette saison et ne s’en vont qu’en été. Ils débarquent sur la côte S.-O., où ils trouvent de petites cabanes construites par leurs prédécesseurs. Chaque navire porte, outre ses instruments de pèche et de chasse, du bois et de la farine pour l’hivernage. Le pays fournit du gibier et du poisson en abondance. Ce sont les Novgorodiens qui sans doute ont donné à la Nouvelle-Zemble son nom russe. Après eux, les Hollandais paraissent y avoir débarqué les premiers, de 1594 à 1596. Dans cette dernière année, Guillaume Barenz atteignit-le cap Nord-Est ou cap Vliessinger. Mais cette contrée n’a été vraiment explorée que de 1819 à 1824. L’amirauté russe fit partir dans ce but cinq expéditions différentes, et c’est aux efforts intelligents et aux observations des commandants Lazaref et Lutke, ainsi qu’à. ceux de l’académicien Baer, que nous devons les quelques notions exactes que nous possédons sur cette région hyperboréenne.

ZEMECH s. m. (ze-mèk). Alchim. Pierre d’azur. Il On dit aussi zumk-lazuli.

ZÉMÈRE s. m. {zé-mè-re). Entoin. Genre d’insectes lépidoptères diurnes.

ZEMES, dieux ou esprits malfaisants qui étaient, avant l’arrivée des Espagnols aux Antilles, l’objet d’un culte de la part des insulaires. On leur offrait des fruits, des gâteaux et du tabac dans leurs temples, qui n’étaient autre chose que des cabanes, et où ils étaient représentés sous une forme hideuse. Les jours où on leur rendait honneur, les indigènes allaient au temple en procèssion et s’enfonçaient une baguette dans la gorge pour se faire vomir avant de paraître devant leurs dieux. Les prêtres, enivrés de fumée de tabac, se livraient à une gesticulation effrénée et rendaient des oracles avec des hurlements affreux.

ZÉM1E s. f. (zé-ml— du gr. zêmia, amende, punition, qui correspond exactement au sanscrit yama, punition, contrainte, pénitence, de la racine yam, presser, dompter. Le s grec remplace l’y sanscrit, comme dans zug, équivalant au sanscrit yug, zea, épeautre, yaoa, orge, etc.). Antiq. gr. Sacrifice expiatoire qu on célébrait à Eleusis, après les mystères, pour effacer les fautes commises pendant la solennité.

ZEMINA, déesse polonaise, la personnification de la terre.

ZÉMINDAR s. m. (zé-main-dar — mot persan qui signifie littéralement propriétaire foncier). Agent chargé de recueillir les impôts au nom du gouvernement, dans l’Indoustan.

— Encycl. Le mot sémindar a dû être introduit dans l’Inde par les inahométans, mais il est probable que les fonctions auxquelles il est appliqué existaient antérieurement, à en juger du moins par le système d’organisation des villages qui est en vigueur dans toute la contrée. Un village dans l’Indoustan n’est pas simplement une agglomération de maisons moins imposante que celle qui constitue une ville ; c’est une étendue de pays comprenant des centaines, parfois des milliers d’acres (l’acre vaut 40 ares) dé terre labourable ou stérile. Sur ce territoire, les habitants forment une sorte d’association, avec un certain nombre de magistrats, dont chacun a une fonction particulière. À la tête de cette association est placé le polail, qui a sous ses ordres la police du village. Plusieurs villages réunis forment un district, qui est plus ou moins grand, selon le nombre et l’étendue des villages qu’il comprend. Le chef du district porte dans la plus grande

fiartie de l’indoustan le titre de sémindar et e district lui-même forme une zémindarie. Le devoir principal du zëmindar est de recueillir les impôts pour le gouvernement, et, afin qu’il puisse le faire plus facilement, la police du district est placée sous ses ordres. Ce que nous venons de dire des zémindars s’applique surtout aux États qui étaient demeurés indépendants de l’Angleterre ; dans les autres, une modification fut introduite dans les perceptions des impôts par Warren Hastiugs en 1772, époque à laquelle les zéminduries fuient concédées pour un certain nombre d’années aux plus offrants et derniers enchérisseurs} on donna toutefois la préférence aux zémindars déjà en fonction qui firent des offres suffisantes. L’organisation actuelle des zémindars fut introduite en 1793 par lord Cornwallis, auquel l’Inde doit une foule d’autres réformes financières et judiciaires. Le montant de la redevance à payer au gouvernement fut fixé à un chiffre déterminé pour une période de dix ans d’abord, mais ce chiffre devuit demeurer invariable pour l’avenir s’il obtenait la sanction du gouvernement anglais. Les zémin- dars étaient reconnus comme propriétaires du sol et devenaient ainsi, sous le gouvernement de la Grande-Bretagne, ce qu’ils n’avaient jamais été auparavant, même sous leurs princes nationaux, possesseurs du territoire de la zémindarie. Les ryots, qui possédaient tous leurs terres par droit héréditaire, furent ainsi livrés à la discrétion des

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zémindars, qui usèrent souvent de leurs nouveaux droits de la façon la plus arbitraire. Ils peuvent disposer de la terre comme ils l’entendent, et le gouvernement n’a pas le droit d’intervenir tant que la redevance fixée est payée.

ZÉMINDARi s. m. (zé-min-da-ri). Hist. Soldai béuétïciar de l’année persane.

ZÉMINDARIE s. f. (zé-main-da-rl). District administré par un zémindar,

ZÉMINE s. f. (zé-mi-ne — du gr. zêmia, dommage). Eutom. Genre d’insectes coléoptères pentamères, de ia tribu des buprestides, comprenant cinq espèces, qui habitent l’Amérique du Sud.

Zémire et Azor, opéra-comique de Grétry, paroles de Marmontel, en’quatre actes ; représenté à Fontainebleau le 9 novembre 1771 et à Paris le io décembre de la même année. Cette pièce est restée au répertoire, et elle est une de celles que le public revoit avec le plus de plaisir.

Marmontel l’a écrite en vers libres. Zémire et Azor eut autant de succès dans les provinces de la France qu’à la cour et à Paris. La pièce fut traduite dans presque toutes les langues, et l’on rapporte qu un Français assista à trois spectacles, dans une foire d’Allemagne, où Ion jouait le même jour Zémire et Azor en flamand, en allemand

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et en français. À Londres, on le traduisit en italien ; on y ajouta un seul rondeau qui n’était pas l’œuvre des auteurs. Le public, après l’avoir entendu, cria : « Plus de rondeau, il n’est pas de la pièce. »

Parmi les morceaux les plus applaudis et demeurés les plus populaires de cet opéra, on cite l’air :

Ah ! quel tourment d’être sensible ! Personne n’a oublié le ravissant air : Du moment qu’on aime. On devient si doux ! Citons encore le remarquable trio : Ali ! laissez-moi, laissez-moi la pleurer’ et le duo : Le temps est beau, où les bâillements d’Ali sont si parfaitement indiqués par les notes ténues du basson. La pièce se termine par un duo plein de verve entre Zémire et Azor : Amour ! amour ! quand ta rigueur, etc. L’imagination de Grétry a montré toute sa fraîcheur dans Zémire et Azor. « Malgré les transformations de certaines parties’de la musique, dit M. Fétis (Biographie des mu’• siciens), de pareilles inspirations ne peuvent I cesser d’être belles ni d’intéresser les artis■ tes sans préjugés. » À toutes tes reprises, cet opéra a été fort bien accueilli par le public, et l’on se rappelle encore l’effet produit ’ par Ponchard dans le rôle d’Azor,

Nous citons l’air : Du moment qu’on aime.

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FIN.

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N’a - yez plus de peur !

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ci - de.

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ZEMLIE s. f. (zè-mli). Gramm. Huitième lettre de l’alphabet slave et russe, équivalant à notre z.

ZEMLIN, ville de l’Esclavonie autrichienne. V. Semlir.

ZEMME, bourg du royaume d’Italie, province de Pavie, district de la Lomeliine, mandement de Sartirana ; 2,200 hab.

ZEMMI s. m. (zèmm - mi). Hist. ottom. Nom que les Turcs donnent aux sujets non musulmans de l’empire.

ZEMN1 s. m. (zè-mni). Mamm. Syn. de rat-taupb ou spalax : Le zkmni a à peu prés le même iiaturel et tes mêmes habitudes que le hamster. (V. de Bomare.)

ZEMPELBURG, ville de Prusse, province de Prusse, régence de Marienwerder, cercle et à 37 kiiom. N.-E. de Flatow, sur le petit lac de son nom ; 3,500 hab. Fabrication de draps.

ZEMPL1N (COM1TA.T de), division administrativéde la Hongrie, comprise entre la Galicie au N., les comitats d’Unghvar et de Szaboles à l’E., d’Abauj-Torna et de Saros à l’O., de Borsod et de Nord-Bihar au S. Superficie, 6,169 kilom. carrés ; 250.000 hab. Chef-lieu, Ujhély. Les Carpathes couvrent de leurs ramifications méridionales la partie N, de ce comitat ; à un de ces rameaux se rattache le Hegyalla, sur les flancs duquel on récolte l’excellent vin de Tokai. La Theiss limite en grande partie ce comitat vers le S., le Heruad vers ie S.-O. Dans l’intérieur coulent le Bodrog et ses tributaires, l’Ondava, la Tupla et le Laborz. Le climat est très-froid dans la partie septentrionale du comitat, mais fort doux dans le sud. Les vallées sont riches en blé, tabac, chanvre, fruits ; les collines en vins et les montagnes en bois. On y trouve du fer, de l’alun, du pétrole, du jaspe, du salpêtre et plusieurs sources minérales. L’élève du bétail y est très-importante, surtout celle des chevaux et des moutons. Industrie manufacturière presque nulle ; exportation des produits du sol.

Zcroient, fontaine qui se trouve du côté oriental de la Caaba, à La Mecque, sous une coupole, où les pèlerins vont boire dévotement son eau. Cette eau, regardée par les

Est loin de mon cœur 1 Du momusulmans comme provenant de la source que Dieu fit jaillir de terre pour Agar et Ismaôl lorsqu’ils furent chassés de la maison d’Abraham, passe pour avoir des vertus merveilleuses, aussi bien pour l’âme que pour le corps, et, de même que chez nous l’eau de la Salette, elle est transportée en bouteilles dans tous les États mahométans. ZEMZEMA s. f. (zè-mzé-ma). Sorte de ’ gourde faite de cuir, .ou doublée de velours brodé, en usage dans la Tunisie.

ZÉNADÉCAH s. in. (zé-na-dé-kâ). Hist. relig. Sectaire mahométan.

ZÉNAÏDE s. f. (zé-na-i-de — nom de femme). Ûrnith. Genre d’oiseaux, de la famille des colombidées ou pigeons,

— Entom. Genre d’insectes diptères, de la famille des athéricères, tribu des muscides, dont l’espèce type vit aux. environs de La Rochelle.

ZENALE (Bernardin), peintre et architecte italien, également connu sous le nom de

Bernardin» da Trevigllo, né k Tievigliû,

près de Bergame. Il vivait au xve siècle, et ce fut à Milan, sous la direction de Vincent Civeechio, dit le Vieux, qu’il fit son éducation artistique. Ses progrès furent très-rapides et le talent dont il fit preuve le fit charger de nombreux travaux pour lesquels il s’associa son compatriote Bernard Buttinoue. En même temps, il se montra1 architecte très-habile et reçut la direction des travaux d’entretien et de réparation de la cathédrale de Milan. Cet artiste a exécuté un grand nombre de tableaux et de fresques tant à Milan que dans les villes voisines. Parmi ses œuvres, où l’on trouve de grandes quai.lés de dessin, mais un peu de sécheresse et de crudité, on cite : la Résurrection, dans le cloître de Saiute-Marie-delle-Grazie ; le Martyre de saint Pierre et de saint Paul, autre belle fresque dans l’église des Franciscains ; l’Annonciation, dans l’église Saint-Symphorien ; la chapeile de la Madeleine, dans l’église del Carminé. Zenale avait coinposé un Traité de perspective, qui est resté manuscrit et dont Lomazzo fait un grand éloge.

ZENANAH s. m. (zé-na-ni). Appartement des femmes, dans les habitations des riches musulmans de l’Inde.

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— Encycl. On nomme ainsi, chez les musulmans de l’indoustan, le gynécée, la retraite mystérieuse où s’écoule la vie des femmes dans le calme des soins domestiques. Une Anglaise, devenue l’épouse d’un mahométan, mistress Mir Hassan-A !i, a laissé une description curieuse des zenanahs.

Le zenanah forme généralement un carré assez régulier, dont trois côtés sont occupés par autant de bâtiments d’habitation à toiture plate, le quatrième par les cuisines, l’office, le garde-meuble, et le centre par une cour. Le rez-de-chaussée des pavillons habités est exhaussé de quelques pieds au-dessus du niveau de la cour ; ces pavillons n’ont point d’étage supérieur, et leur façade se compose d’un rang de colonnes ; les murs latéraux et ceux de derrière n’ont aucune ouverture et sont fort élevés ; l’air ne pénètre dans l’intérieur que par la cour. Les appartements sont divisés en grandes salles, dont les placards ou cabinets de dépôt occupent les angles ; ce sont les seuls endroits des zenanahs où l’on voie des portes. Le carreau est en terre battue, en dulle ou en brique. L’usage des parquets est inconnu. A défaut de portes et de croisées, d’épais rideaux occupent les entre-colonneinents et défendent l’intérieur contre la chaleur et l’indiscrétion. Quelques zenanahs ont une double colonnade garnie de rideaux, de manière à faire de chaque pièce, suivant l’occasion, un salon et une galerie, et à offrir à l’air extérieur un double rempart ; cet arrangement est d’ailleurs utile partout où l’on a un nombreux domestique. Les rideaux sont en drap, ou plus communément en gros calicot de deux couleurs, à damier ou à ramages, et bordés de franges ou autres garnitures plus ou moins élégantes. Outre ces lémures, l’intérieur est abrité par des jalousies de bambou, de style et de couleur divers. Le carreau des salles est couvert de nattes.

Les lits sont dressés, pendant le jour, le long des murs de l’appartement ; chaque soir on les place à l’endroit lu plus convenable pour passer la nuit ; souvent c’est dans la cour, pour jouir de la fraîcheur. Les dames ne font point de toilette de nuit ; elles se couchent avec leurs vêtements du jour, qu’elles gardent jusqu’à ce qu’ils soient sales ou usés.

Ce qui distingue dans le zenanah la maîtresse de maison, c’est le siège d’honneur, le tnusnud, qui lui e^st exclusivement réservé. Ce meuble précieux repose sur un tapis étendu vers le milieu de la salle contre une des colonnes. Sa dimension est ordinairement de 6 pieds carrés ; la richesse de l’étoffe qui le compose varie suivant la fortune et le rang des personnages ; il est recouvert d« drap d’or, de soie, de velours ou de calicot, et a pour satellites des coussinets qui servent de points d’appui aux coudes, auxg)noux, etc. Lorsqu’une dame veut faire honneur à une personne d’un rang égal ou inférieur au sien, elle l’invite au partage du tnusnud. Quand c’est un personnage d’un rang plus élevé, elle lui cède la plaça et vient modestement s’asseoir au bord du tapis.

On voit très-peu de glaces, même dans les plus riches zenanahs ; point de tables ; les mets sont servis à terre, sans aucun ustensile qui ait le moindre rapport avec nos couteaux, fourchettes, etc.

La vie des femmes dans le zenanah est nssez monotone. Il leur est défendu de recevoir des hommes étrangers à la famille, mais les rapports avec les personnes de leur sexe sont tort étendus. Certaines dames de distinction ont jusqu’à dix demoiselles de compagnie, sans compter leurs nombreuses esclaves. Un zenanah qui a un personnel nombreux est un signe de noblesse. Il n’est pas jusqu’aux femmes peu aisées qui ne cherchent à posséder au moins quelques esclaves. Des l’enfance, la société est pour elles un besoin ; c’en est un que de. fumer ; le houka leur est aussi précieux que leur mari.

La première femme d un musulman reste toujours à la tête du zenanah, et il est de règle qu’un homme ne doit pas épouser plus de femmes qu’il n’en peut entretenir convenablement. Les enfants sont élevés dans le zenanah ; un de leurs grands amusements est l’éducation des pigeons, pour lesquels les musulmans de l’inde conservent toute leur vie un grand attachement. Les filles y restent jusqu’à leur mariage ; les fils en sortent sitôt qu’ils sont en état de monter à cheval et de manier la lance.

Le nombre de serviteurs et de servantes attachés au service des dames du zenanah d’un prince souverain de l’Inde, du roi d’Oude, par exemple, était considérable ; il y avait d’abord les femmes cipayes, qui montaient la garde à ht porte des appartements et qui formaient un régiment complet, armé et vêtu à peu de chose près comme les cipayes de l’autre sexe ; il y avait ensuite les porteuses, dont l’occupation consistait à por ter dans les cours intérieures les palanquins et autres voitures fermées à l’usage du roi et de ses femmes ; puis venaient quantité de femmes employées à différents services. Les eunuques se trouvaient également en très-grand nombre dajs les zenanahs. Il n’y en avait pas moins de cent cinquante dans celui du roi d’Oude. Ces eunuques sont ordinairement des enfants volés dans l’Inde supérieure ; ils jouissent d’une foule de privi-