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ZEND

lègôs refusés aux autres classes d’esclaves, accompagnent d’ordinaire au bain les dames, et on les préfère même aux femmes pour cet emploi. Lorsque la padshah begum du roi d’Oude Nnssir - ud - Deen se rendait à la sainte Durgah pour y faire ses prières, elle ne se faisait pas suivre de moins de cent cinquante à deux cents femmes, Le luxe des costumes de ces femmes et des serviteurs mâles qui lui faisaient cortège était si extraordinaire, si éblouissant, <jue les merveilles des Mille et une nuits étaient bien dépassées.

ZEND, ZENDE adj. (zaindd, zain-de), Linguist. Se dit d’une langue aryenne qu’on parlait dans l’ancienne Médie : La langue ZENDii. Les alphabets zknd et peklvi paraissent se rattacher aux alphabets araméens. (Renan.)

— s. m. Nom de la même langue : Le zend, tel qu’il nous est connu, ne remonte pas aussi loin que le sanscrit, mais il est fort ancien. (A. Ré ville.)

— Encscl. Le sena appartient au groupe des langues iraniennes ou persanes, division importante de la famille indo-européenne, C’est l’idiome sacré des mages, celui dont Zoroastre se servit pour exposer sa doctrine religieuse. Il fut parlé à une époque très-reculée, et, de même que le sanscrit, il avait cessé d’exister comme langue vivante longtemps avant l’ère chrétienne. On est peu d’accord sur la contrée où cette langue a été primitivement parlée. Les uns pensent que ce

fut dans la Baciriane, d’autres dans l’Iran septentrional, d’autres encore dans la haute Medte, d’autres enfin dans la province d’Atropatène. On place aujourd’hui son berceau à côté de celui du sanscrit, chez les Aryas. Le mot zend, selon M. Max Millier, est identique au sanscrit chhandas (scandere), nom donné

. aux hymnes védiques. On sait que la doctrine de Zoroastre a été conservée dans.un ouvrage connu sous le nom de Zend-Avesta, Cet ouvrage, dont il ne reste que quelques livres, avait déjà été traduit en français, d’après une traduction persane, par Anquetil-Duperron, lorsque la clef du zend fut trouvée par le Danois Érasme Rask. Après la mort prématurée de ce savant, ses recherches sur l’ancienne langue de Perse turent complétées par notre illustre orientaliste Eugène Burnouf. Ce futBurnouf, un des plus grands savants que la France ait jamais produits, dit M. Max Millier, qui, à l’aide de sa connaissance du sanscrit et de la grammaire comparée, déchiffra le premier le texte original de l’ouvrage attribué au fondateur de l’antique religion de la lumière. Le premier aussi, il appliqua la même clef, avec un véritable succès, aux inscriptions cunéiformes de Darius et de Xerxès.

L’alphabet zend, d’origine sémitique, se compose de trente contounes et de treize voyelles. Les lettres cérébrales, qui forment un des traits phonétiques du sanscrit, sont inconnues au zeml, et on n’y voit point apparaître le leh, si usité dans cet idiome. La série des palatales et des labiales est incomplète ; les semi-voyelles sont inconnues, notamment la lettre e voyelle. Par contre, il y a abondance de sifflantes et de nasales. Cette langue paraît avoir été peu cultivée et être resiée à un état de développement incomplet.

Burnouf a distingué dans les racines du zend quatre classes principales. La première comprend les racines qui lui sont communes seulement avec les formes les plus anciennes du sanscrit ; ta seconde présente celles qu’on ne retrouve que dans tes listes des radicaux indiens, dont les dérivés n’existent plus dans le vocabulaire ; la troisième classe, la plus riche, se compose de racines fréquentes, non-seulement dans le sanscrit classique, mais encore dans les principales langues qui lui sont alliées, telles que le gothique, le slavon, le latin et le grec ; la quatrième, eufin, comprend les mots qui ne se rencontrent dans aucune des langues étrangères à la Perse, bien qu’ils se conservent sous une forme plus ou moins altérée dans le persan moderne.

Le zend possède un temps conjonctif que n’a pas le sanscrit védique. Diverses formes verbales fort anciennes de cet idiome se trouvent également dans Je zend. La racine du pronom y est la même qu’en sanscrit védique, mais le pronom de cet idiome n’appartient pas au zend, tandis qu’un autre radical pronominal, awa, existant dans le zend, ne se retrouve plus dans le sanscrit. On constate dans le zend, comme caractère spécial, l’emploi fréquent de ces sortes de flexions appelées par les grammairiens épeuthèses ou intercalations. Cette langue présente, comme

le sanscrit et le grec, un a et même un e privatifs. Elle n’admet ni la distinction des genres grammaticaux ni l’emploi de l’article déiini ; mais elle a les trois nombres. On ne remarque dans cette langue aucune préposition proprement dite ; en revanche, elle a un grand nombre d’ai’fixes.

À côté de la dénomination du zend, on trouve fréquemment celle de pazend On ignore la valeur de ce dernier mot ; mais il a été admis généralement qu’il désigne une forme corrompue ou populaire du zend, un dialecte qui est à cet idiome ce que le pràcrit est un sanscrit. Le docteur Haug, parlant du Zend-Avesta, donne une nouvelle interprétation du mot pazend. Dans une leçon sur

xv.

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l’Origine de la religion des parsis (Bombay, 1861), il pense qu’Attesta désigne les plus anciens textes des livres de Zoroastre, Zend le commentaire et Pazend les notes explicatives, et que les trois parties ont toutes été écrites dans ce que l’on est convenu d’appeler la langue zende.

Du zend est sorti, par voie d’altération, le vieux perse, quia produit, après des mélanges sémitiques, le pehlvi et le parsi avant d’arriver au persan actuel. On a remarqué que presque tous les mots persans se sont formés du zend par la contraction des voyelles, des aspirations ou des lettres sifflantes médiates et par la suppression des finales. C’est ainsi que de deotcliengo, lumière, on a fait rouschen ; de maongho, la lune, mah ; de kecniao, femme, zen (en arménien kin) ; de mereto, homme {littéralement mortel), mardi de pothxo, enfant, pusr, pouhr, pour (en latin puer) ; de mehergo, la mort, merg ; de maerio, serpent, mar ; de dihko, village, dih, etc. V. iraniennes (langues).

Zend (alphabet) (Das Ursprùngliche zend alphabet], par Lepsius (1863, in-4»). Ces observations de M. Lepsius sur l’alphabet zend ont ouvert une nouvelle voie pour la critique des textes et l’étymologie des mots zends. Le savant auteur montre que l’alphabet bactrien doit avoir possédé soixante lettres correspondant à autant d’inflexions de la voix ; que plus tard, probablement par l’influence des tendances de prononciation en Perse, une partie de ces inflexions s’est perdue et qu’il n’en reste que la trace dans d’anciens alphabets que les Rivayet nous ont conservés, et dans l’emploi confus de lettres, originairement différentes, pour une seule prononciation, comme nous le voyons dans les manuscrits du Zend-Avesta, pendant qu’un certain nombre de lettres, qui se trouvent dans les alphabets, ne se rencontrent plus dans les textes. ïl essaye de reconstituer l’ancien alphabet et de fixer les nuances de prononciation qui ont disparu en se. confondant avec des sons analogues et voisins. Il espère que, par l’examen plus attentif des manuscrits zends, on pourra arriver à rectifier jusqu’à un certain degré la négligence qui s’est introduite déjà très-anciennement dans ï’onhographe zende. Il est évident que l’étymologie des mots zends gagnera en certitude si 1 on parvient à rétablir ces distinctions délicates aujourd’hui effacées par un changement graduel de prononciation et les habitudes de négligence que ce changement a nécessairement amenées dans l’orthographe.

Zend (MANUEL DB LA LANGUE) (Handbuch

der Zendsprache], par Ferd. Justi (Leipzig, 18C4, 1 vol. in-8"). Cet ouvrage, qui a obtenu de l’Institut le prix Volney au concours de 1865, comprend un dictionnaire, une grammaire et une chrestomathie. L’ouvrage entier est imprimé en caractères latins, et M. Justi y suit le système de transcription adopté par M. Brocknaus, avec quelques changements qu’il indique dans la préface. Le mot zend est suivi de son étyniologie quand l’auteur a cru pouvoir en" proposer une, ou de sa dérivation quand c’est une forme dérivée ; ensuite viennent le sens et la citation des phrases dans lesquelles on le trouve employé. Ces citations n’indiquent pas tous les passages où un mot se trouve, excepté pour les mots rares et difficiles. La rédaction du lexique est aussi concise que possible, mais elle est claire. Les passages cités paraissent bien choisis, et les explications, les renvois aux auteurs qui ont spécialement traité une question sont suffisamment développés. Dans la grammaire, l’auteur traite des sons, des racines, dont il donne la liste, de la formation des mots par afiixes ou par composition, des numéraux, des pronoms, de la déclinaison divisée en douze classes et de la conjugaison en dix classes. Dans cette partie du livre, la concentration est poussée au dernier degré et paraît excessive. • Le lecteur, dit M. Mohl, s’arrête devant ces listes d’aflixes, sans indication de la nuance qu’ils apportent aux mots, et devant ces listes de mois sans traduction et sans autre explication que le numéro de la classe à laquelle ils appartiennent ; on dirait qu’on a devant soi Panini lui-même et ses énigmes grammaticales. Je ne doute pas que M. Justi n’ait réussi à y faire entrer tous les résultats de ses études sur le zend et qu’on ne puisse les tirer de ses formules et les développer, et qu’à, l’aide du lexique on ne puisse se rendre compte de ses listes ; niais c’est un procédé très-laborieux.» Quoiqu’il en soit, le livre de M. Justi est fait avec beaucoup de soin et une parfaite connaissance de l’état actuel de la science, et il a rendu un service signalé à l’étude de la langue zende, Jusqu’alors on n’avait eu qu’un vocabulaire zenu très-restreint, publié par M. Brocknaus, et quiconque s’occupait de Zoroastre devait composer son propre dictionnaire

Zend - Avesm, livre sacré des guèbres.

V. AVESTA.

ZENDIC1SME s. m. (zain-di-si-sme). Irapiété, défaut de foi religieuse, dans le langage des nmhométans : Aboulota-Ahmed, fameux poète arabe, fut accuté de Zi.ndicismb ou de nier la Providence. (S, Maréchal.)

ZEND1K s. m (zain-dik). Iiist. relig. Impie, homme sans loi religieuse, dans le lan ZENG

gage des mahométans. n Membre d’une secte mahométane qui niait la résurrection et croyait à la métempsycose.

ZENDJAM (Aaz-Eddin ou Ezz-Eddin Aboul-Fadhail Abd-Alwahhah), grammairien arabe, mort vers 1257 de notre ère. On ne possède aucun détail sur sa vie, mais il s’est fait connaître par une grammaire arabe, intitulée Tasrif, laquelle a pour objet la conjugaison des verbes et la formation des noms et des adjectifs verbaux. Pour distinguer cet ouvrage, qui jouit en Orient d’une grande célébrité, on le désigne sous le nom d’Azzi ou A’Ezzi, dérivé d’Ezz-Eddin, titre honorifique de Zendjani. J.-B. Raymond a publié le tasrif (Rome, 1610), dans le texte arabe, avec une traduction latine et un commentaire.

ZENDR1NI (Bernard), célèbre hydranlicien italien, né à Saviore, dans la vallée de l’Oglio, en 1679, mort en 1747. Il compléta son éducation scientifique à Padone, sous Guglielmini, exerça quelque temps la médecine dans sa patrie et vint s’établir à Venise vers 1704. Il continua k s’occuper de matières médicales, mais se livra surtout aux sciences mathématiques, fut un des premiers à adopter les principes de Descartes, de Newton et de Leibniz, et débuta dans l’hydrologie par l’analyse et la solution d’un problème extrê-’ mement compliqué sur la puissance d’érosion des eaux courantes. Il développa ensuite ses idées sur la matière dans une suite d’ouvrages qui lui valurent d’éclatants témoignages d’admiration. Les Ferrarais le nommèrent premier ingénieur hydraulicien, le duc de Modène le choisit également pour son premier ingénieur, et la république de Venise le nomma surintendant des eaux, fleuves, lagunes et ports des États vénitiens (1720). Outre les travaux journaliers que nécessitaient les hautes fonctions dont il était chargé, il améliora pour la république do Lucques le port de Viareggio (1735), creusa de nouveaux lits au -Ronce et au Montone, qui inondaient périodiquement Ravenne, et exécuta un grand nombre d’autres opérations hydrauliques. Zendrini s’est également occupé avec succès d’astronomie et de météorologie. Il a laissé un grand nombre d’ouvrages remarquables dans les diverses sciences qu’il avait cultivées ; mais ce sont surtout ceux qu’il a écrits sur l’hydraulique qui l’ont placé au premier rang des grands ingénieurs de l’Europe. Les principaux sont les suivants : Trattaio delta china china (1715), sur les propriétés médicinales du quinquina ; Modo di ritrovare né fiumi la linea di corrosione (1715), écrit qui commença à établir sa réputation comme hydraulicien et dans lequel il étudie le problème relatif à la forme que prend, sous l’action d’une masse fluide en mouvement, la surface d’une paroi susceptible d’érosion. On y trouve la description d’un instrument fort simple que Zendrini avait imaginé pour déterminer l’échelle des vitesses ; Considerazioni sopra la scienza délie acque correnti, et sopra la storia naturale del Po (Ferrare, 1717, in-go), où il expose les principes généraux sur les eaux courantes ; Relazione per la deviasione di Ronco e Montone (1731) ; llelazione que concerne il miglioramenti, dell’aria di Viareggio (1735), où l’on trouve dos considérations sur le rehaussement du niveau attribué à la mer ; sur des relations supposées entre le courant littoral et le flux et le reflux ; Leggi e fenomeni, regolazioni e usi délie acque correnti (Venise, 1741, son ouvrage capital. Zendrini y traite du mouvement des fluides au sortir des vases, de celui des eaux courantes, des méthodes pour déterminer leurs vitesses, des causes des crues et des décroissances, des érosions des rives, des moyens de prévenir la rupture des digues, des dessèchements, des machines hydrauliques alors en usage, etc. « Cet ouvrage, dit Prony, réunissait au mérite de faire connaître ia science dans l’état où elle était à l’époque de sa publication celui de présenter les rectifications d’anciennes théories et les conceptions nouvelles dont l’auteur l’avait enrichie. On le regardait à. juste titre comme un ouvrage de premier ordre dans son genre lorsqu’il parut, et, malgré les grands progrès qu’a faits l’hydraulique depuis le milieu du siècle dernier, c’est encore un livre qu’un ingénieur doit avoir dans sa bibliothèque. » Memorie storiche dello stalo anticho e moderno délie lagune di Venezia (Padoue, 1811, 8 vol. in-4»), ouvrage publié, longtemps après sa mort, par son neveu Angelo Zendrini, professeur de mathématiques à Venise. Enfin on doit à ce savant divers mémoires sur des questions de mathématiques, d’astronomie et de météorologie, insérés dans des recueils scientifiques.

ZENGII, en croate Szeny, en italien Segna, la Senia des Romains, ville de l’empire d Autriche ? dans les Confins militaires de Croatie, à 80 kilom. S.-U. de Carlstadt, sur le golfe de Quarnero, où elle a un port franc ; 5,000 hab. Evêché, lycée épiscopal ; séminaire théologique ; école de navigation. Commerce peu actif. Escale des bateaux à vapeur de Trieste.

ZENG111AN, ville de Perse, V. Zahdjan.

ZENUllY (Emad-Eddyn), émir de Mossoul et d’Alep, fondateur de la dynastie des Atabeks de Syrie et de Mésopotamie, né en Turquie en 1084, mort assassiné eu 1145 de notre ère, Ce prince, que les historiens des

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croisades désignent sous le nom do Snugniu, était fils de Cacim Eddaulah, émir d’Alep, qui fut vaincu et tué par le roi de Damas en 1094. Le jeune Zenghy, devenu orphelin à dix ans, apprit l’art de la guerre sous le célèbre émir de Mossoul, Karbougn, et se distingua par sa valeur en combattant les chrétiens sous les successeurs de cet émir. Sa bravoure, ses talents militaires le firent remarquer du sultan de la Perse Mahmoud, qui le nomma successivement gouverneur de Waseth (1122), intendant, puis gouverneur de Bassora, intendant de Bagdad, enfin émir de Mossoul (1127), Ambitieux autant que brave, Zenghy ne songea plus qu’à agrandir ses États par tous tes moyens, sans en excepter la perfidie, s’empara de plusieurs villes fortes de la Mésopotamie, secourut Joscelin, comte d’Edesse, contre Booémond d’Antioche, devint maître d’Alep, dont les habitants lui ouvrirent leurs portes (1128), d’Hamah, dont il enleva l’émir par un acte de trahison, voulut agir de même pour la possession d’Hetnesse, mais n’y réussit point et s’attira par ses procédés la haine des princes, ses voisins. Les frères Daoud et Timour-Tasch, rois de Hisn-Khaïfa et de Nardin, ayant envahi ses États, il les battit complètement près de Dara, puis alla mettre le siège devant Athareben Syrie (1130), gagna près de cette ville sur Bohémond II, roi d’Antioche, la bataille où ce prince perdit la vie, prit d’assaut et rasa Athareb et marcha sur Antioche ; mais l’arrivée de Baudouin II, roi de Jérusalem, l’empêcha de profiter de sa victoire et d’enlever cette ville, puis, peu après, Foulques, successeur de Baudouin, le força à abandonner le siège de Barin et a, revenir a, Mossoul, Sa qualité de vassal des Seldjoucides contraignit, en 1132, Zenghy à marcher contre Bagdad au nom du sultan Sandja ; mais, en arrivant devant cette ville qu’habitait le calife Mostarched, il se vit abandonné pur une partie de ses troupes intimidées par la pensée d’entrer en lutte avec le chef de l’islamisme.. Il dut alors se replier sur Mossoul, y fut assiégé par le calife, mais sut par une manœuvre habile lui couper les vivres et l’amena à signer la paix. Il ravagea alors le territoire des Kourdes, qui avaient combattu contre lui, entra en Syrie, on il essaya vainement de prendre Damas et Hemesse (1136), puis, pour punir les chrétiens d’avoir secouru le roi de Damas, il fit ravager Jes environs de Laodicèe par ses troupes, qui amenèrent une quantité énorme de prisonniers des deux sexes et de dépouilles prises à l’ennemi. Pendant les années qui suivirent, Zenghy profita des divisions des Grecs et des Francs pour tomber sur ces derniers, à qui il enleva quelques places. Il continua cette guerre, même lorsqu’il eut vu l’empereur Jean Comcène se liguer avec les chrétiens de Syrie (1137), sema la mésintelligence entre les alliés, qui lavèrent le siège de Scbizour, les poursuivit et leur enleva une partie de leurs bagages. Après avoir pris la forteresse d’Arca, puis Balbeck, il assiégea ensuite Damas (1140) ; mais le régent Moin Eddyn Anar lui fit la plus vigoureuse résistance, et il se trouva heureux de lui imposer la paix à la condition d’être nommé dans la khathbah ou prière publique. Eu JUS, il fit avec succès la guerre dans le Kourdistan, où il éleva la forteresse d’Êroadiah, Le sultan Masoud, inquiet de l’ambition et des conquêtes de son vassal, résolut de lui faire la guerre ; mais Zenghy, dont la puissance était encore mal affermie, jugea prudent de conjurer l’orage et sut, dans ce but, regagner la confiance de son suzerain en lui envoyant des sommes considérables, en lui donnant des marques apparentes de dévouement et en s’elibrçant, tout en travaillant à sa propre graudeur, de lui montrer qu’il était le plus ferme soutien de l’islamisme. En 1144, il prit d’assaut Edesse, le boulevard des États chrétiens au delà de l’Euphrate, en répara les fortifications, y laissa une garnison nombreuse et alla s’emparer alors des places qui restaient aux chrétiens dans la Mésopotamie. Malgré le déclin de la puissance des Seldjouciues, il continuait à leur témoigner une grandel considération et affectait se ne régner qu’à l’ombre de leur autorité sou3 le titre modeste d’atabeck (viïir, lieutenant). Après avoir réprimé une sédition qui avait éclaté à, Mossoul, il alla assiéger la forteresse de Djabar en Syrie (1145). Ce fut là qu’il fut assassiné dans Sa tente par quelques-uns de ses mameluks. « Zenghy, dit Audiffret, posséda éminemment les qualités et les talents d’un guerrier, d’un graud roi, d’un fondateur de dynastie. Par son courage, sa prudence, son habileté, il se forma un État puissant en Mésopotamie et en Syrie aux dépens des princes ortocides, des Francs et du royaume de Damas. > 11 veillait avec une grande sollicitude sur le bien-êtra de ses soldats, vivait familièrement avec eux, les récompensait avec discernement. Il exigeait de ses ministres et de ses sujets l’exactitude et l’activité dont il donnait l’exemple ; il était d’une grande sévérité sur l’article des mœurs. Enfin il repeupla Mossoul, y établit l’abondance et l’embellit de superbes monuments. À ses Qualités, il joignait, entre autres défauts, 1 art de la dissimulation, se montra souvent perfide et fut peu scrupuleux lorsqu’il s’agit de l’exécution des traités signés par lui, À sa mort, ses deux fils, le célèbre Nour-Eddyn et Seïf-Eddyn, se porta gèrent ses États.

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