Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 16, part. 2, C-F.djvu/147

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Une discussion s’engagea ensuite au sujet des objets artistiques saisis chez M. Thiers.

« Le citoyen Courbet. — Le sieur Thiers a une collection de bronzes antiques ; je demande ce que je dois en faire.

« Le citoyen président. — Que le citoyen Courbet nous fasse l’exposé de son sentiment sur cette question.

« Le citoyen Courbet. — Les objets de la collection de Thiers sont dignes d’un musée. Voulez-vous qu’on les transporte au Louvre ou à l’Hôtel de ville, ou voulez-vous les faire vendre publiquement ?

« Le citoyen Protot, délégué à la justice. - J’ai chargé le commissaire de police du quartier de faire conduire les objets d’art au Garde-Meuble et d’envoyer les papiers à la Sûreté générale.

« J’ai fait commencer de suite la démolition.

« Les papiers sont entre nos mains. Quant aux petits bronzes, je pense qu’ils arriveront en bon état.

« Le citoyen Courbet. — Je vous ferai remarquer que ces petits bronzes représentent une valeur de peut-être 1,500,000 francs.

« Le citoyen Demay, — Relativement à la collection des objets d’art de Thiers, la commission exécutive, dont faisait partie le citoyen Félix Pyat, avait désigné deux hommes spéciaux : c’étaient le citoyen Courbet et moi. Je demande que vous complétiez cette délégation.

« N’oubliez pas que ces petits bronzes d’art sont l’histoire de l’humanité, et nous, nous voulons conserver le passé de l’intelligence pour l’édification de l’avenir. Nous ne sommes pas des barbares.

« Le citoyen Protot. — Je suis ami de l’art aussi ; mais je suis d’avis d’envoyer à la Monnaie toutes les pièces qui représentent l’image des d’Orléans ; quant aux autres objets d’art, il est évident qu’on ne les détruira pas... »

Voilà de quoi s’occupait la Commune au moment où le canon battait les remparts ; elle s’imaginait sans doute, en pressant la démolition de la maison de M. Thiers et en s’emparant de sa collection d’objets d’art, imiter les Romains vendant le champ où campait Annibal. Mais il faut faire la part de chacun ; on semblait faire assaut à Paris d’extravagance, à Versailles d’égoïsme et de machinations perfides ; le délire semblait être partout. Au sujet même de l’incident qui vient de nous occuper, voici celui qui se produisit à l’Assemblée nationale dans sa séance du 11 mai ; il est tout à fait caractéristique.

« M. Mortimer-Ternaux, — Après m’avoir blâmé d’avoir apporté à la tribune un document signé par un syndicat parisien, on a reconnu que j’avais bien fait. Eh bien, messieurs, si j’ai bien fait, j’en apporte un autre plus important encore, puisqu’il porte la signature de M. Fourcand, maire de Bordeaux, et de deux membres du conseil municipal délégués pour venir à Paris et à Versailles faire, il paraît, de la conciliation. Ils rendent compte de leur entretien avec le chef du pouvoir exécutif.

« Un membre de la gauche. — Voilà qui est inopportun.

« M. Mortimer-Ternaux. — On va juger si je suis dans la question.

Voici les paroles qu’on prête à M. Thiers :

«... Si les insurgés veulent cesser les hostilités, on laisserait les portes ouvertes pendant une semaine à tout le monde, excepté aux assassins des généraux Clément Thomas et Lecomte... »

« Donc, on ne pourrait, si ces paroles étaient exactes, poursuivre l’exécution des lois, comme le demandait M. de Belcastel et le promettait M. le garde des sceaux. {Long mouvement, récriminations.)

« M. le président. — La parole est à M. le chef du pouvoir exécutif. (Mouvement d’attention.)

« M. Thiers, chef du pouvoir exécutif. — Je demande pardon à l’Assemblée de l’émotion que j’éprouve ; j’espère qu’elle la comprendra quand elle saura que, consacrant, jour et nuit, ma vie au service du pays avec un désintéressement que je crois évident...

« Sur un grand nombre de bancs. — Oui ! oui ! et tout le monde vous en sait gré !

« M. le chef du pouvoir exécutif. — ... Exposé à tous les dangers, je rencontre ici, pardonnez-moi le mot, une tracasserie... (Murmures et réclamations sur un certain nombre de bancs à droite. — Applaudissements à gauche et au centre.)

« M. Mortimer-Ternaux. — Je proteste contre l’expression dont M. Thiers vient de se servir.

« M. le chef du pouvoir exécutif. — J’ai raison, je l’affirme, j’ai raison. (Nouveaux applaudissements sur les mêmes bancs.)

« M. le comte de Maillé. — Les applaudissements venant de ce côté (l’orateur désigne la gauche) prouvent que ce n’est pas une tracasserie ! (Applaudissements sur quelques bancs à droite. — Rumeurs à gauche.)

« M. Henri Brisson et plusieurs autres membres à gauche. — C’est une injure ! Nous demandons le rappel à l’ordre, monsieur le président ! (Agitation.)

« M. le chef du pouvoir exécutif. — Je maintiens le mot !... (Murmures à droite. — Nouveaux applaudissements à gauche et sur divers bancs dans les autres parties de l’Assemblée.)

« Oui, messieurs, lorsque prévoyant les ingratitudes... (Exclamations à droite.)

« M. Langlois et plusieurs autres membres à gauche. — Très-bien ! très-bien.

« M. le vicomte de Lorgeril.— Eh quoi ! vous dites que nous ne sommes pas reconnaissants ? (Nouvelle agitation.)

« M. le président. — Messieurs, je vous invite au silence ; je rappellerai nominativement à l’ordre quiconque interrompra.

« M. le chef du pouvoir exécutif. — Oui, messieurs, lorsque, prévoyant des ingratitudes, n’en ayant aucun doute, je dévoue ma vie au service du public, il ne faut pas au moins que vous m’affaiblissiez.

« Eh bien ! messieurs, que tous ceux qui sont de cet avis se lèvent et qu’ils prononcent ; que l’Assemblée décide : je ne puis pas gouverner dans de telles conditions.

« Sur plusieurs bancs. — Très-bien ! très-bien ! C’est vrai !

« M. Jules Simon, ministre de l’instruction publique. — Et on le sait bien !

« M. le chef du pouvoir exécutif. — Je demanda à l’Assemblée un ordre du jour motivé.

« Sur des bancs à gauche. — Très-bien ! très-bien !

« M. le chef du pouvoir exécutif. — Ma démission est toute prête. (Mouvement.)

« Une voix à droite. — Remettez-la ! (Exclamations et murmures.)

« À gauche. — À l’ordre ! à l’ordre !

« M.le chef du pouvoir exécutif. — J’entends une voix : « Remettez-la ! » Oui ! mais ce n’est pas à vous, qui m’avez interrompu, c’est au pays que je la remettrai. C’est de lui, c’est de cette Assemblée souveraine qui représente la France, que je dois recevoir l’autorisation d’aller chercher dans le repos l’oubli de tous les traitements que j’essuie de ia part de certains membres de cette Assemblée. (Rumeurs et protestations à droite.)

« Nous sommes dans une situation où il faut une absolue franchise. Eh bien ! je vous le déclare, il m’est impossible de me dévouer au service public, lorsque je ne recueille que des traitements comme ceux dont je suis l’objet en ce moment. (Nouvelles protestations à droite.)

« Si je vous déplais... (Non ! non !) dites-le-moi. Il faut nous compter ici, et nous compter résolument ; il ne faut pas nous cacher derrière une équivoque. Je dis qu’il y a parmi vous des imprudents qui sont trop pressés. Il leur faut huit jours encore ; au bout de ces huit jours, il n’y aura plus de danger, et la tâche sera proportionnée à leur courage et à leur capacité. (Applaudissements sur un grand nombre de bancs de la gauche et du centre. — Exclamations et murmures sur plusieurs bancs du côté droit.)

« M. le marquis de La Roohejaquelein. — Je constate l’injure faite à l’Assemblée.

« M. Thiers vient de dire : « Dans huit jours nous serons à Paris, et alors la tâche sera à la hauteur de votre courage. »

« Je proteste contre une pareille insulte... (Agitation.)

« M. Richier. — Il n’y a pas d’insulte pour nous dans les paroles de M. Thiers ; nous ne nous trouvons pas insultés.

« M. le marquis de La Rochejaquelein. — Moi, je me trouve insulté.

« M. Richier. — Eh bien, vous avez tort.

« M. Mortimer-Ternaux. — Je fais juges l’Assemblée et la France entière...

« M. le chef du pouvoir exécutif. — Oui, la France, qui comptera vos services et les miens.

« M. Mortimer-Ternaux. — ... de la question de savoir si j’ai, dans une seule de mes paroles, attaqué M. le président du conseil. (Exclamations diverses.)

« M. le chef du pouvoir exécutif. — Oui, monsieur, je me tiens pour attaqué et pour offensé.

« M. Dufaure, garde des sceaux (à M. Mortimer-Ternaux). — Que veniez-vous faire en cette circonstance ?

« M. le chef du pouvoir exécutif. — Je n’admets pas d’équivoque. Si vous vous tenez pour attaqué, adressez-vous à moi.

« Un membre à droite. — Il n’y a rien de personnel dans ce qu’on vous a dit.

« M. le chef du pouvoir exécutif. — Je veux une explication et une compensation à vos indignités à mon égard. (Exclamations à droite.)

« M. le président. — Veuillez entendre l’orateur, messieurs, vous serez ensuite appelés à voter.

« M. Mortimer-Ternaux.— M. le président du conseil vient de me dire qu’il veut une compensation à l’indignité que j’ai commise à son égard. (Interruptions.)

« M. le chef du pouvoir exécutif. - Me traduire à la tribune tous les jours, quand je suis proscrit, oui, j’appelle cela une indignité. (Très-bien ! très-bien !)

« M. Jules Simon, ministre de l’instruction publique. — Monsieur Ternaux, vous avez bien mal choisi votre jour.

« M. le garde des sceaux. — Est-ce après avoir lu le Journal officiel de la Commune que vous êtes venu parler ?

« M. le chef du pouvoir exécutif. — Si vous êtes offensé, adressez-vous à moi, je suis fatigué de cela, entendez-vous ?

« M. Mortimer-Ternaux. — Il n’y a pas eu la moindre équivoque dans mes paroles. Le Journal officiel pourra le constater. Je n’ai en aucune façon... (Bruit.) Je n’ai en aucune façon attaqué M. le président du conseil ; en aucune façon, je le répète. J’ai demandé une explication, comme je l’avais demandée hier...

« M. le chef du pouvoir exécutif. — Je la refuse !

« M. Mortimer-Ternaux. — Cette explication consistait purement et simplement à solliciter un démenti à un document officiel. (Exclamations sur plusieurs bancs. — Assez ! assez !)

« Plusieurs voix. — Le ministre de l’intérieur a donné ce démenti hier.

« M. Ducuing. — Vous avez sommé le président du conseil d’avoir à répondre sans l’avoir prévenu.

« M. Mortimer-Ternaux. — Je ne veux pas continuer le débat ; je maintiens seulement ce que j’avais commencé par dire : c’est qu’un document de l’importance de celui que j’avais apporté à la tribune doit être démenti hautement. (Bruit et interruptions.) Je dis que ce document, qui n’est que la suite de celui que j’ai apporté hier, devait, comme celui d’hier, être démenti à la tribune. Je n’ai point attaqué, ni par des équivoques, ni par des paroles, M. le président du conseil. (Assez ! assez !) Je regrette d’être oublié, sans motif, d’une amitié qui datait de trente ans.

« M. le chef du pouvoir exécutif. — Oui, et à laquelle vous avez manqué. (La clôture ! la clôture !) »

Un député, M. Berthauld, lit alors le décret relatif à la démolition de la maison de M. Thiers, que nous avons cité plus haut, et la séance se termine par un vote de confiance accordé au chef du pouvoir exécutif.

Cette séance est restée célèbre ; c’est pourquoi nous avons tenu à en reproduire la partie la plus caractéristique. M. Thiers était exaspéré, hors de lui, et jamais main plus implacable n’avait cinglé la figure d’une majorité d’un coup de fouet plus sanglant. Mais il faut reconnaître qu’il était largement mérité.

Quelques jours après la délibération relative à la maison de M. Thiers, le Journal officiel de la Commune publiait cet arrêté :

« Sur la délibération approuvée du comité de Salut public, le citoyen Jules Fontaine, directeur général des domaines,

« En réponse aux larmes et aux menaces de Thiers, le bombardeur, et aux lois édictées par l’Assemblée nationale, sa complice,

« Arrête :

« Article 1er. Tout le linge provenant de la maison Thiers sera mis à la disposition des ambulances.

« Art. 2. Les objets d’art et livres précieux seront envoyés aux bibliothèques et musées nationaux.

« Art. 3. Le mobilier sera vendu aux enchères, après exposition publique au Garde-Meuble.

« Art. 4. Le produit de cette vente restera uniquement affecté aux pensions et indemnités qui devront être fournies aux veuves et orphelins des victimes de la guerre infâme que nous fait l’ex-propriétaire de l’hôtel Georges.

« Art. 5. Même destination sera donnée à l’argent que rapporteront les matériaux de démolition.

« Art. 6. Sur le terrain de l’hôtel du parricide sera établi un square public.

« Paris, le 25 floréal an LXXIX. »

Voilà à quel point de démence en était venue la Commune. Se sentant perdue, voyant que les événements militaires prenaient pour elle une tournure de plus en plus désastreuse, elle agitait tous les spectres, elle faisait appel à tous les moyens capables de détourner et d’absorber l’attention publique. Ainsi, c’est vers cette époque qu’eut lieu, au couvent de Picpus, la découverte de religieuses soi-disant séquestrées et enfermées dans des cages ; des instruments de torture furent trouvés dans une chambre. Qu’y avait-il de vrai dans ces allégations mélodramatiques ? Les personnes bien pensantes répondaient que ces religieuses étaient tout simplement des aliénées, et les instruments de torture des appareils orthopédiques. Mais qui jamais révélera les mystères de ces retraites fermées à tout regard indiscret ? Quoi qu’il en soit, la sensation fut profonde dans Paris et s’accrut encore à la suite d’une seconde découverte faite dans les caveaux de l’église Saint-Laurent. Voici le récit que nous trouvons dans le Journal officiel du 16 mai, récit emprunté à un journal de l’époque.

« Nous avons pu pénétrer hier dans le curieux ossuaire qui vient d’être découvert dans les substructions de l’église Saint-Laurent.

« Cette trouvaille, rapprochée des bruits sinistres qui coururent il y a quelques années, et surtout les circonstances singulières dans lesquelles elle s’est produite ont donné lieu à une enquête qui éclaircira sans doute ce mystérieux événement.

« La crypte où se trouvent les squelettes est située derrière le chœur, au-dessous de la chapelle de la Vierge, qui occupe le petit bâtiment circulaire faisant le coin de la rue Saint-Martin et de la rue Sibour.

« On enjambe des décombres, puis on descend un petit escalier de pierre rapide et sombre ; on pose le pied sur une terre molle ou grasse : c’est l’entrée du caveau.

« Tout d’abord une odeur étrange me saisit à la gorge, odeur sui generis, et que j’appellerai sépulcrale.

« Je venais de quitter le boulevard tout ensoleillé, et mes yeux ne s’habituaient pas encore à la lumière vacillante d’une bougie fichée dans la terre.

« Cette lueur frappait obliquement sur le crâne dénudé d’un squelette, dont elle accusait avec exagération les saillies et les dépressions.

« Les mâchoires étaient démesurément ouvertes, comme si le mort eût voulu, dans un suprême effort, lancer un appel désespéré.

« Autour de lui tout était sombre.

« Bientôt, cependant, on apporta d’autres bougies, et je pus me rendre compte de la conformation du caveau et de son funèbre contenu.

« C’est un hémicycle voûté, percé de deux soupiraux fort étroits, qui ont été bouchés à une époque relativement récente.

« On y pénètre par trois entrées fermées au moyen de deux piliers en arceaux.

« Le côté droit seulement a été déblayé ; à gauche, la terre recouvre encore les squelettes, peu profondément enfouis, car le pied se heurte à chaque instant à quelque affreux débris.

« Quatorze squelettes ont été mis ainsi à découvert ; mais ils recouvrent une seconde couche de cadavres, et peut-être une troisième.

« Ils ont été ensevelis sans bière, dans de l’humus ou terre de jardin, et recouverts de chaux.

« Ils sont symétriquement pressés, et avec un ensemble de dispositions qui impliquerait que l’opération a été faite en une seule fois et avec la préoccupation de faire tenir le plus grand nombre de cadavres dans un espace donné.

« La plupart sont des squelettes d’hommes, reconnaissables surtout par la forme du crâne et la formation de l’os iliaque ; leur taille varie de 1m,50 à 1m,70.

« Quatre sont disposés pieds contre pieds, en forme d’éventail ; un cinquième squelette, dont on aperçoit seulement la tête et les vertèbres supérieures de l’épine dorsale, leur sert de traversin.

« Neuf autres sont ensevelis sur deux rangées, de façon que la tête de l’un touche presque les pieds de son voisin.

« Les mâchoires distendues de ces restes humains donnent, à la lumière, des effets d’un fantastique surprenant ; par moments, il semble que ces os décharnés vont s’agiter pour raconter quelque lugubre tragédie.

« Presque toutes les têtes ont conservé leurs dents, et les sutures imparfaites de la boite osseuse dénotent la jeunesse des sujets. Ces têtes sont généralement penchées à droite, ce qui indiquerait que l’ensevelissement a eu lieu avant la rigidité cadavérique.

« En outre, l’inhumation, paraissant de beaucoup postérieure au décret de la première Révolution qui interdit l’ensevelissement dans les églises, doit avoir été, sinon criminelle, au moins illégale.

« Un témoin, parmi les infiniment petits, vient corroborer cette opinion : c’est un insecte que vient de trouver un entomologiste qui nous accompagne, et qui se nourrit exclusivement de ligaments ; il est peu probable que cette bestiole se soit imposé un jeûne de quatre-vingts ans.

« En outre, près de la tête d’un squelette de femme, déterré non loin d’un des piliers de la triple entrée, on a trouvé un peigne d’écaillé, dont la fabrication ne peut remonter fort loin, et qui a pu être orné de matières précieuses.

« En inspectant les murs du souterrain, on voit qu’il a dû servir de prison à une époque fort antérieure à l’enfouissement de ces cadavres.

« Nous avons, à l’aide d’une allumette-bougie, déchiffré quelques grossières inscriptions :

               BARDOM 1713
                 JEAN SERGE 1714
                 VALENT.....

« Ces noms sont placés en face de l’ouverture du soupirail qui donnait sur la rue Sibour, ancienne rue de la Fidélité.

« Les murs du caveau portent des traces de crépi qui dénoncent une restauration qui ne doit pas remonter à plus de quelques années.

« Il serait intéressant de questionner l’architecte et le conducteur des travaux de la dernière restauration de l’église Saint-Laurent.

« Après avoir assisté à la reproduction photographique des squelettes, très-habilement faite par Étienne Carjat, à l’aide de la lumière électrique, je me suis empressé de quitter ce lieu funèbre, dont la pesante atmosphère commençait à m’écœurer.

« J’ai remonté le petit escalier de pierre, en haut duquel on m’a fait remarquer une excavation pratiquée sous la maçonnerie en brique du calorifère et dont la récente construction est de toute évidence.

« Là ont été retrouvés sept cadavres ; leur enfouissement ne peut absolument remonter à plus de quelques années, et la situation anormale de leur sépulture prouve surabondamment qu’il y a crime.

« Quel est l’assassin ? Quelles sont les vic-