Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 2, part. 1, B-Bd.djvu/211

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sophe, littérateur, antiquaire et théologien. On a de lui : Exquisitœ in Porphyrium commentationes ; I dieci libri dell’architettura di M. Vitruvio, tradotti e commentati ; Dell’eloquenza dialogo ; la Prattica della perspettiva, opéra molto utile a’pittori, scultori e architetti.

BARBAROLEXIE s. f. (tiar-ba-ro-lè-ksî — du gr. barbaros, barbare, et lexis, élocution). Rhét. Emploi d’un mot étranger à la langue ; barbarisme : C’est encore une barbarolexie qu’un mot formé d’un autre contrairement aux règles de la langue française. (B. Jullien.) || On dit aussi barbaralexie et barbaralexis.


BARBAROSSA (Paul-Émile), poëte mystique italien, né à Trapani, mort en 1614. On a de lui des poésies italiennes et latines, ainsi que d’autres écrits : l’Échelle de Jacob ; la Couronne de Minerve ; des chants spirituels, des rimes, etc.


BARBAROU s. m. (bar-ba-rou). Hortic. Syn. de barbera.


BARBAROUX (Charles-Jean-Marie), conventionnel, né à Marseille en 1767, était avocat dans cette ville lorsque la Révolution éclata. Il en embrassa les principes avec enthousiasme, et fut envoyé, en 1792, comme mandataire particulier de la ville de Marseille auprès de l’assemblée législative. Pendant son séjour à Paris, il se lia étroitement avec Roland, joua un rôle actif dans la révolution du 10 août et fut élu membre de la Convention par son département. Il n’avait alors que vingt-cinq ans, et il se jeta, avec la fougue de son âge et de son pays, dans le parti des girondins ; poursuivit de ses accusations Robespierre, Marat, les montagnards et la Commune de Paris ; flétrit les auteurs des massacres de septembre ; vota la mort de Louis XVI, mais en demandant l’appel au peuple, et fut proscrit, avec son parti, après le 31 mai. Il avait été secrétaire de la Convention et membre du comité de constitution et du comité de Salut public, à la création duquel il s’était opposé, ainsi qu’à celle du tribunal révolutionnaire. Arrêté un moment, il parvint à s’échapper, se rendit dans le Calvados, où il organisa, avec ses collègues, une insurrection fédéraliste, presque aussitôt réprimée ; alors il se réfugia d’abord à Bordeaux, puis dans un souterrain à Saint-Émilien. Obligé de quitter cet asile, et se voyant poursuivi, il se tira deux coups de pistolet, mais conserva encore assez de vie pour être décapité à Bordeaux, le 25 juin 1794. Il n’avait que vingt-sept ans. Ses Mémoires ont été publiés par son fils, dans la collection des frères Beaudoin (1822).

Jeune, beau, éloquent et courageux, Barbaroux a toujours excité un vif intérêt, augmenté encore par sa destinée tragique. Son intimité avec Mme Roland n’a pas échappé à la malignité publique. On trouve, en effet, dans les Mémoires de cette dame, un brillant portrait qui a paru inspiré par un sentiment plus tendre que l’amitié et la confraternité politique. Voici un passage de ce croquis, où, d’ailleurs, le modèle est un peu idéalisé.

« Barbaroux, dont les peintres ne dédaigneraient pas de prendre les traits pour une tête d’Antinoüs, actif, laborieux, franc et brave, avec toute la vivacité d’un jeune Marseillais, était destiné à devenir un homme de mérite et un citoyen aussi utile qu’éclairé. Amoureux de l’indépendance, fier de la Révolution, déjà nourri de connaissances, capable d’une longue attention avec l’habitude de s’appliquer, sensible à la gloire ; c’est un de ces sujets qu’un grand politique voudrait s’attacher, et qui devaient fleurir avec éclat dans une république heureuse. Mais qui oserait prévoir jusqu’à quel point l’injustice prématurée, la proscription, le malheur, peuvent comprimer une telle âme et flétrir ses belles qualités ? Les succès modérés auraient soutenu Barbaroux dans la carrière, parce qu’il aime la réputation et qu’il a toutes les facultés nécessaires pour s’en faire une très-honorable. Mais l’amour du plaisir est à côté ; s’il prend une fois la place de la gloire, à la suite du dépit des obstacles ou du dégoût des revers, il affaissera une trempe excellente et lui fera trahir sa noble destination… »

Comme on le voit, ce passage n’a rien de décisif. Outre qu’il contient quelques réserves, il y règne un ton tranquille qui ne s’accorde pas avec les enthousiasmes du cœur. D’ailleurs, tous les girondins sont aussi bien traités par Mme Roland, du moins tous ceux qui formaient son cercle et subissaient son influence ; de même que tous leurs adversaires sont représentés sous des traits horribles. La muse de la Gironde était femme ; elle était artiste et scribe ; elle était sectaire ; de là son exclusivisme et sa partialité. D’ailleurs, aucun doute n’est plus possible sur ce problème de sa vie intime : le voile est aujourd’hui déchiré ; des documents récemment découverts nous donnent la preuve irrécusable qu’elle aimait ailleurs. V. Buzot, et Roland (Mme).

Pendant son séjour à Caen, Barbaroux avait vu Charlotte Corday, qui s’était enflammée au contact des girondins proscrits, et qui vraisemblablement n’avait pas été insensible à la beauté de l’Antinoüs du parti, comme le prouve la lettre qu’elle lui écrivit la veille de sa mort. Mais il est extrêmement probable que lui-même ne se douta point du sentiment qu’il avait, suivant toutes les apparences, inspiré à cette femme extraordinaire. Quant à des excitations directes de sa part, ou de celle de ses amis, au meurtre de Marat, il n’est pas nécessaire de réfuter cette vieille assertion, qui est tout simplement absurde et ne repose sur aucun fondement. V. Corday.


BARBAROUX (Charles-Oger), magistrat et littérateur, fils du conventionnel, né à Marseille en 1792. Il fut d’abord avocat à Nîmes, concourut à diverses publications, remplit, après 1830, les fonctions de procureur général à Pondichéry, puis à l’île Bourbon, enfin à Alger en 1848. À cette époque, il fut élu représentant à la Constituante par l’île de la Réunion, et appelé au conseil d’État par l’assemblée. L’empereur l’a nommé sénateur en 1858. Il a publié les Mémoires de son père, échappés à la destruction, et il a lui-même donné plusieurs écrits : Résumé de l’histoire des États-Unis (1824) ; Voyage de Lafayette en Amérique ; Mémoires d’un sergent. Il est commandeur de la Légion d’honneur.


BARBARY (Jacques DE), nommé aussi François Babylone, peintre et graveur du XVIe siècle, dont l’origine est incertaine. Ses estampes sont très-recherchées ; on n’en connaît qu’un petit nombre, qui sont répandues dans quelques collections publiques de l’Allemagne. Les plus remarquables sont : une Sainte Famille ; un Saint Jérôme ; une Sainte Catherine ; Mars et Vénus ; le Triton et la Sirène. Barbary est généralement connu sous le nom de Maître au caducée.


BARBASSE s. f. (bar-ba-se — augment. de barbe). Pop. Grande barbe inculte : Quelle barbasse !


BARBASTELLE s. f. (bar-ba-stè-le — du lat. barba, barbe ; stella, étoile). Mamm. Groupe de chauves-souris, formant une section du genre oreillard.


BARBASTRO, ville d’Espagne, capitainerie d’Aragon, intendance et à 52 kil. S.-O. de Huesca, près de la Cinça, ch.-l. de partido judiciale (juridiction civile), siège d’un évêché, 7,500 habitants, belle cathédrale, théâtre d’un combat sanglant entre les carlistes et les troupes de la reine, le 27 juin 1837.


BARBATA, un des surnoms de Vénus, que les Romains représentaient quelquefois avec une barbe ; on ne sait point, d’une manière certaine, les raisons de cette singularité. Les anciens donnaient aussi quelquefois ce surnom à la Fortune.


BARBATELLI (Bernardin), peintre italien. V. Poccetti.


BARBATO (Marc), poète italien, né à Sulmone, dans le royaume de Naples, mort en 1362. Il n’est guère connu que par l’amitié qui l’unissait à Pétrarque, qui lui adressa un grand nombre de ses lettres latines. Il paraît que l’on conserve, dans sa ville natale, un volume manuscrit de ses poésies.


BARBATO (Pétrone), poëte italien du XVIe siècle, né à Foligno, mort en 1554. Il fut, après Trissino, un des premiers à employer les vers non rimés ou sciolti.


BARBATO (Barthélemi), poëte et critique italien, né à Padoue, vivait dans le XVIIe siècle. Il a laissé des poésies et une édition de la Jérusalem délivrée, avec une Vie du Tasse et des Commentaires (Padoue, 1628).


BARBATO (Jérôme), médecin italien, vivait à la fin du XVIIe siècle. C’est lui qui découvrit le sérum du sang. Cette découverte ayant été d’abord attribuée à Thomas Willis, Andrioli prouva que la priorité appartenait à Barbato. On a de Jérôme Barbato les ouvrages suivants : De Arthritide libri duo (Venise, 1665, in-4o) ; Dissertatio elegantissima de sanguine et ejus sero (Pavie, 1667, in-12, et Leyde, 1736, in-8o), le plus curieux de ses ouvrages, où il raconte les détails de sa découverte ; Dissertatio anatomica de formatione, organisatione, conceptu et nutritione fœtus in utero (Padoue, 1676, in-12).


BARBATULE s. m. (bar-ba-tu-le). Ichthyol. Ancien nom du barbeau.


BARBATUS, un des surnoms de Bacchus.


BARBATUS (Horace), consul romain, joua un rôle actif dans la révolution qui éclata à propos de la mort de Virginie, et qui eut pour résultat l’abolition du décemvirat. Élu consul avec Publicola (449 av. J.-C.), il confirma, avec son collègue, la victoire du peuple et ses libertés nouvelles, par les lois Valeriœ Horatiœ. Il remporta ensuite une victoire décisive sur les Sabins.


BARBAUDE s. f. (bar-bo-de). Espèce de cervoise ou bière ancienne.


BARBAUDIER s. m. (bar-bo-dié). Fabricant de barbaude.


BARBAULD (Anna-Lætitia), femme de lettres anglaise, née dans le village de Kilworth-Harcourt, du comté de Leicester, en 1743, morte en 1825. Fille du docteur Aikin, ministre protestant et maître d’école, elle épousa M. Rochemont Barbauld, issu d’une famille de protestants français et directeur lui-même d’une école particulière, à la prospérité de laquelle elle contribua beaucoup par ses leçons. Dès l’âge le plus tendre, elle avait composé beaucoup de pièces de poésie, qu’un de ses frères publia sous le titre de Miscellaneous pieces, et qui eurent beaucoup de succès. Plus tard, elle composa des livres destinés à l’instruction de la jeunesse, des articles politiques et religieux, des poésies pleines d’enthousiasme et d’idées élevées, et donna une édition des meilleurs romanciers anglais en 50 volumes, avec une introduction et des notices biographiques où elle fit preuve de beaucoup de goût. Son dernier poème, intitulé Eighteen hundred and eleven, mil huit cent onze, lui attira des critiques passionnées, parce qu’elle y prédisait à l’Angleterre des malheurs qui ne se sont pas réalisés ; Mme Barbauld fut tellement sensible à ces critiques et en conçut un chagrin si profond, qu’elle prit, dès lors, la résolution de ne plus écrire.


BARBAULT (Jean), graveur, peintre et dessinateur, célèbre dans son temps, puis oublié des biographes jusqu’au jour où M. Dussieux, à qui les annales de l’art national doivent bien d’autres découvertes intéressantes, lui a consacré une courte notice dans les Artistes français à l’étranger. Nous ne pouvons faire mieux que de reproduire les traits essentiels de cette notice, complétée depuis par M. Paul Mantz dans la Chronique des beaux-arts. Jean Barbault naquit en France vers 1705 ; on ignore dans quelle ville. Il fut pensionnaire du roi à Rome, par la faveur sans doute du surintendant des bâtiments royaux, car son nom ne figure point sur la liste des lauréats de l’Académie. Sa vie entière se passa à Rome, et dans une situation honorée. Il paraît avoir été l’ami et vraisemblablement le maître de Subleyras, dont il a gravé l’œuvre capitale, le Martyre de saint Pierre. Barbault s’adonna tout spécialement à l’étude des ruines de Rome, qu’il grava à l’eau-forte et publia sous ce titre : Les plus beaux monuments de Rome ancienne (2 vol. in-f°, Rome, 1761), ouvrage qui lui assure une place fort estimable parmi les peintres graveurs du dernier siècle. Sa pointe a la touche, l’esprit de son pinceau, plus préoccupé de l’effet pittoresque que de la vérité archéologique. En cela, Barbault nous paraît avoir ouvert la voie à Hubert Robert, qui y trouva, lui aussi, une réputation trop grande alors, aujourd’hui trop déchue peut-être. Après la mort de Barbault, arrivée en 1765, suivant le catalogue du célèbre amateur Paignon Dijonval, des graveurs inexpérimentés publièrent, d’après ses nombreux dessins, les deux ouvrages suivants : Monuments anciens de l’Italie (in-f°, 1770), et Anciens bas-reliefs et fragments égyptiens, grecs, romains, étrusques, etc. (1783). Le crayon presque toujours fin et spirituel du maître y est rendu presque méconnaissable. Comme peintre, notre artiste a laissé une série d’Études d’après nature, devenues assez rares, et dont la plupart ont dû lui servir de modèles pour les figurines dont il étoffait ses vues de Rome. M. Léon Gaucherel vient de graver à l’eau-forte douze de ces études, sous ce titre Douze costumes d’Italie, d’après les peintures inédites de Barbault. Mais l’œuvre capitale de son pinceau est au musée de Besançon ; elle représente la Mascarade exécutée à Rome par les artistes français, en 1761, à l’occasion de l’arrivée de M. de Marigny, surintendant des bâtiments royaux. C’est une esquisse formant une frise de 0 m. 40 de hauteur, sur 4 m. de long, libre d’exécution, gaie comme couleur, et rappelant, quoique d’assez loin, les personnages de Panini ou les fêtes vénitiennes de Guardi. Voilà, un peu résumés, les seuls faits connus touchant Jean Barbault et ses œuvres. C’est un petit maître de plus, venant grossir la liste de ces peintres du dernier siècle, à la touche leste, spirituelle et si éminemment française.


BARBAULT (Antoine-François), chirurgien, né à Paris en 1705, mort en 1784. Il fut reçu maître en chirurgie à Saint-Côme, et se livra exclusivement à l’enseignement et à la pratique des accouchements. On a de lui divers ouvrages, entre autres : Cours d’accouchement en faveur des étudiants, des sages-femmes et des aspirants à cet art (Paris, 1776).


BARBAULT-BOYER (P.-F), homme de couleur, publiciste, prit part à l’insurrection des noirs de Saint-Domingue en 1792, et fut envoyé par les colons pour accuser devant le conseil des cinq cents la conduite de Santhonax et des autres commissaires du gouvernement. Dans la suite, il fut attaché au Rédacteur, journal officiel du Directoire, et employé au ministère des relations extérieures. On a de lui quelques ouvrages de littérature et de politique, aujourd’hui sans aucun intérêt.


BARBAZAN, village de France (Haute-Garonne), arrond. et à 12 kil. S.-O. de Saint-Gaudens, canton de Saint-Bertrand-de-Comminges ; 550 hab. Eaux minérales sulfatées, calcaires, ferrugineuses, connues depuis longtemps. Elles émergent par trois sources ; température, 9°,6 centigrades.


BARBAZAN (Armand-Guilhem de), général des armées des rois Charles VI et Charles VII, dont il fut l’un des plus vaillants capitaines ; né dans le pays de Bigorre, vers la fin du XIVe siècle. Ce héros trop peu connu, surnommé par Charles VII le chevalier sans reproche, défendit Corbeil contre le duc de Bourgogne (1417), Melun contre les Anglais (1420), qui le retinrent pendant huit ans prisonnier (il fut délivré par La Hire), et sur lesquels il remporta la victoire mémorable de la Croisette, en Champagne (1430). Envoyé en Lorraine au secours de René d’Anjou, il succomba des suites de plusieurs blessures qu’il reçut à la bataille de Bulgneville, livrée par le prince contre son avis (1432). Il fut, par ordre de Charles VII, enterré à Saint-Denis, avec le même cérémonial que les rois de France.


BARBAZAN (Étienne), érudit et littérateur, né à Saint-Fargeau en 1696, mort en 1770, se livra à l’étude des auteurs français du XIIe au XVIe siècle, et publia, entre autres ouvrages estimés : Contes et fabliaux des anciens poètes français des XIIe, XIIIe, XIVe et XVe siècles (1756), et l’Ordène de chevalerie (1759). La bibliothèque de l’Arsenal possède de lui, en manuscrit, un Glossaire de la langue française, dont la première partie a malheureusement été perdue.


BARBAZZA (le comte André), poète et littérateur italien, né en 1582, mort en 1656. Il était chambellan du cardinal de Gonzague. On a de lui quelques poésies, divers écrits de controverse littéraire et des comédies pastorales, l’Amoureuse constance, Armidore, etc.


BARBAZZA (Antonio-Giuseppe), peintre et graveur à l’eau-forte, né à Rome en 1722, travailla en Italie et en Espagne. Heineken dit qu’il fut reçu de l’académie de Bologne et qu’il alla en Espagne en 1771. Il a gravé des planches pour l’édition de Virgile publiée par Monaldini, et pour l’Histoire ecclésiastique du P. Bianchini, des têtes d’études et une caricature : Assemblée de musiciens.


BARBAZZA (Francesco), graveur italien, travaillait à Rome vers 1780, suivant M. Ch. Le Blanc. Il était probablement fils du précédent, d’après lequel il a gravé un portrait. On lui doit plusieurs vues de monuments de Rome, d’après Fr. Panini, entre autres celles de la façade de l’église du Gesù, de l’intérieur de Saint-Jean-de-Latran, de l’intérieur de Sainte-Marie-Majeure, de l’intérieur et de l’extérieur de Saint-Paul, de la chapelle Sixtine, de la place Colonna, de la bibliothèque du Vatican.


BARBE s. f. (bar-be — lat. barba, même sens). Ensemble des poils qui poussent sur les joues et au bas du visage de l’homme : Une barbe grise. Couper, laisser croître sa barbe. Peigner sa barbe. Sa barbe blanche tombait sur sa poitrine ; son visage n’avait rien de difforme. (Fén.) Je me voyais de la barbe au menton, et je mourais d’envie de porter l’épée. (Le Sage.) Le serment le plus sacré qu’on puisse exiger d’un Asiatique est de le faire jurer sur sa barbe. (B. de St P.) La plupart des Francs ne laissaient croître leur barbe qu’au-dessus de la bouche, afin de donner à leurs lèvres plus de ressemblance avec le mufle des dogues et des loups. (Chateaub.) La plus grande avanie que l’on puisse faire à un Turc est celle de le prendre par la barbe. (Chateaub.) La malpropreté de leurs longues barbes rendait ces soldats encore plus hideux. (Balz.)

Défaites-vous de cette barbe énorme,
              Andrieux.

Sa barbe à flots épais descend sur sa poitrine.
              Delille.

Sa barbe et ses cheveux sont blanchis par les ans.
              Delavigne.

Holà, ho ! descendez, que l’on ne vous le dise,
Jeune homme qui menez laquais à barbe grise.
              La Fontaine.

      Ils n’apprenaient cette leçon
      Qu’ayant de la barbe au menton.
              La Fontaine.

À ces mots, essuyant sa barbe limoneuse,
Il prend d’un vieux guerrier la figure poudreuse.
              Boileau.

D’un poil déjà blanchi mélangeant sa noirceur,
Sa barbe étale aux yeux son inculte épaisseur.
              Delille.

Ce grand front chauve et cette barbe épaisse,
Que tous les jours argente la vieillesse.
              Malfilatre.

Les tritons ont montré leur face monstrueuse,
Et tordent à deux mains leur barbe limoneuse.
             A. Barbier.

    Pour posséder la sagesse suprême.
    S’il faut avoir force barbe au menton,
    Un bouc barbu pourra, par cela même,
    Nous tenir lieu du sublime Platon.
           (Anthologie grecque.)

— Par ext. Personne qui porte de la barbe : Elle se marie à une jeune barbe. Me voilà déjà barbe grise et bientôt barbe blanche. Allez, grande barbe, pédant hérissé de grec, vous perdez le respect qui m’est dû. (Fén.) Peut-être y a-t-il là-dessous un rendez-vous avec quelque barbe de bouc.(Balz.) Est-ce ainsi qu’une barbe grise se conduit ? (E. Sue.)

Toujours la barbe grise aime la tête blonde.
                 V. Hugo.

Barbe de bouc, Barbe pointue qu’on ne laisse pousser qu’au menton.

Faire la barbe, Couper la barbe : M. le Prince fit faire hier sa barbe. (Mme de Sév.) Selon Sterne, les idées d’un auteur qui s’est fait la barbe diffèrent de celles qu’il avait auparavant. (Balz.) || Loc. fam. Faire la barbe à quelqu’un, En triompher, se moquer de lui : je ne connais en Europe aucun ministre ni plénipotentiaire qui soit capable de faire la barbe à ce capucin, quoiqu’il y ait belle prise. (Card. de Richelieu.) Rien ne rendra triste un Français ; il ira au bout du monde et en reviendra, comme Figaro, faisant la barbe à tout le monde. (H. Beyle.)

Donner l’étrenne de sa barbe à quelqu’un, L’embrasser ou se laisser embrasser immédiatement après avoir été rasé. || Avoir de la barbe au menton, Avoir atteint l’âge viril, ou bien appartenir au sexe masculin : Vous commanderez quand vous aurez de la barbe au menton. Catherine était une maîtresse