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DARD

aux. Troyens, et celui de Dardante à la Troade. Selon quelques auteurs, il fut suivi en Teucrie par Corybas, son neveu, qui y introduisit les mystères des Cabires. Il porta lui-même dans cette contrée le culte de Minerve, et fit faire, en l’honneur de cette déesse, deux statues, dont l’une fut le fameux. Palladium.

Dordanns, tragédie-opéra en cinq actes, paroles de La BruOre, musique de Rameau, représentée à l’Académie royale de musique le 19 novembre 1739. Le poète a tiré son sujet d’un passage de Virgile, dans lequel il est dit que Dardanus vint s établir en Phrygie et qu’il y bâtit la ville de Troie de concert avec Teucer, dont il épousa la fille. Il suppose une guerre allumée entre les deux princes, et il donne à Dardanus, amant d’iphise, Anténor pour rival. La prison de Dardanus, la mort d’Anténor et la réconciliation des deux héros terminent la pièce, qui offrait au compositeur de belles situations. On peut signaler, entre autres beaux morceaux, Iair d’iphise : Arrachez de mon cœur te Irait qui le déchire. La musique de Rameau ne plaisait pas à tout le monde. « J’ai appris, écrivait Rousseau à Racine le fils, le sort de l’opéra de Rameau. Sa musique vocale m’étonne. Je voulus, étant à Paris, en entonner un morceau ; majs, y ayant perdu mon latin, il me vint à l’idée de faire une odetlyricomique. En voici une strophe :

Distillateurs d’accords baroques, Dont tant d’idiots sont férus, Chez les Thraces et les Iroques Portez vos opéras bourrus. Malgré votre art hétérogène, Lulli, de la lyrique scène Est toujours l’unique soutien. Fuyez, laissez-lui son partage, Et n’écorchez pas davantage Les oreilles des gens de bien. »

Dunimius, tragédie lyrique, potime de La Bruere, avec des changements par Guillard, musique de Sacchini, représentée à l’Opéra le 30 novembre 1784. Le succès de cet ouvrage fut très-contesté ; cependant on y remarque de fort beaux morceaux. Nous citerons spécialement l’air d’iphise : Cesse, cruel amour, de régner sur mon âme ; l’air de Dardanus : Jours heureux, espoir enchanteur, et la magnifique scène : Il me fuit, il ne m’écoute plus, dans laquelle Iphise peint les angoisses que lui cause la lutte engagée entre son père et son amant. Les scènes sont beaucoup plus développées que dans l’opéra de Rameau, et les mouvements plus pathétiques. C’est une très-belle musique, et elle serait encore goûtée de nos jours. L’ouverture en ut mineur est bien traitée. On remarque en outre dans la partition un air de ballet en sol et une galante en d’un effet gracieux.

DARDE s. f. (dar-de — rad. darder). Mar. Instrument servant a darder une pièce do bois, a la creuser dans la direction des fibres.

DARDÉ, ÉE (dar-dé) part, passé du v. Darder : Un trait dardé avec vigueur.

DARDBL, ELLE adj. {dar-dèl, è-le — rad. darder). Art milit. anc. Qui su lance comme un dard : Les armes dardellbs.

DARDEL (Robert-Guillaume), sculpteur, né à Paris en 1749, mort en 1821. Il apprit son art dans l’atelier de Pajou et devint administrateur du musée de Versailles en 1790. Nous citerons parmi ses œuvres : Virginius tuant sa fille (1812) ; Henri J V pleurant dans les bras de la Victoire (1814) ; Apollon étant le masque de Voltaire ; Vescarles débrouillant te chaos, etc.

DARDELLE s. f. (dar-dè-le — rad. dardel). Art milit. anc. Petit dard d’arbalète. Il On disait aussi dardille,

DARDEN (Miles), géant américain, né dans la Caroline du Nord en 1798, mort dans le comté de Henderson (Tennessee) en 1857. 11 avait 7 pieds G pouces anglais (2m,28G) de hauteur, et pesait, en 1845, c est-a-dire à l’âge do quarante-sept ans, 871 livres anglaises (395 kilogr.). À sa mort, son’poids dépassait 1,000 livres anglaises (454 kilogr.). Jusqu’en 1853 il jouitd’une certaine activité et pouvait encore travailler ; mais à partir do cette épo

?uo il fut obligé de garder la chambre, ou de se

aire traîner dans un chariot attelé de deux chevaux. En 1839, trois hommes de forte taille prirent une des redingotes de Darden, la boutonnèrent sur eux, et se promenèrent ainsi enveloppés sur une des places publiques de la ville de Lcxington (Tennessee). En 1850 il fallait, pour lui faire un habit, 13 yards et demi (12m,34) do drap suri yard (om,914) de largeur. Son cercueil avait 2"),43 de longueur, 0B>,87 de hauteur, om,45 de largeur à la tète, et oui,33 aux pieds ; pour le couvrir en entier on employa 22 m. de velours noir. Darden s’était marié deux fois. Ses enfants sont d’une forte corpulence, mais aucun d’eux ne semble devoir atteindre la moitié même du poids de leur père.

DARDER v. a. ou tr. (dar-dé— rad. dard). Lancer comme un dard : Darder tw javelot. Il Lancer en général, en parlant d’une arma de trait : Je Tance une pique plus loin qu’un autre ne darde une flèche. (Fén.)

— Frapper d’un dard, ou d’une arme lancée à la manière des dards : Darder une baleine. Cambyse, ne pouvant darder Crésus, dit à ses serviteurs de le prendre et de le tuer. (P.-L. Courier.)

DARE

— Frapper, piquer avec, en parlant des animaux pourvus de dards : L’abeille darde son aiguillon. Une guêpe, partagée par le milieu, continue à marcher, et son ventre darde l’aiguillon comme le ferait la guêpe elle-même. (Bonnet.)

— Par ext. Diriger vivement et en ligne droite : Darder des regards ardents. Il était midi ; le soleil dardait d’aplomb ses rayons sur nos têtes. (Chateaub.) L’aigle est un oiseau de jour qui vole haut dans le ciel, et qui aime à darder ses regards dans les feux du soleil. (Toussenel.) La lumière pétille, te soleil darde ses flèches de feu, et le lourd silence des heures brûlantes pèse sur l’atmosphère. (Th. Gaut.)

Juillet darde d’aplomb ses javelots de feu.

J. AUTRAN.

Tous les yeux, tous les coeurs étaient remplis d’amour ; L’été, du haut du ciel, dardait son ptus beau jour.

B&tzeux.

Il Elancer, porter roide et fixe : Ces arbres dardent leurs branches dans toutes les directions. Cas fleurs dardent leurs longs pistils. L’acacia darde ses épines acérées. Toutes ces statues se profilaient en blanc sur tes hauts cyprès, gui dardaient leurs cimes noires vers le ciel. (Alex. Dum.) il Faire vibrer : Le serpent darde sa langue.

— Fam. Faire éprouver une douleur vive et aiguë : J’ai un mal de tête qui me darde.

— Fig. Emettre, lancer avec vigueur : Darder des sarcasmes acérés. C’est un grand art que de savoir darder sa pensée et l’enfoncer dans l’attention. (J. Joubert.)

Pour me darder son cœur et pour puiser mon âme, Toujours vers moi, toujours ses regards se levaient.

Lamartine.

— Mar. Darder une pièce de bois, La creuser dans le sens de sa longueur, de ses fibres.

— Absol. Lancer des rayons, du feu, de la flamme : Le soleil dardait à nous brûler.

Se darder v. pr. Lancer, pousser vivement l’un contre l’autre : Tous deux

Se dardent dans le flanc leurs becs impétueux.

Lalanne.

— Syn. Dnrder, inneer. Darder ajoute a l’idée de lancer celle de percer, de pénétrer dans un corps et d’y produire une impression pénible ou lunestc. Lancer exprime simplement l’action do jeter en avant avec force. Quand on dit que le soleil lance ses rayons, on représente simplement la lumière comme sortant du soleil ; quand on dit qu’il darde ses feux, on marque en outre l’impression de chaleur violente ou de sécheresse ressentie par l’objet que ces feux atteignent.

DARDESHE1M, petite ville de Prusse, province de Saxe, régence de Magdebourg, cercle et à 17 kilom. N.-O. d’Halberstadt ; 2,000hab. Fabriques de toiles ; moulins h, farine.

DARDEUR s. ni. (dar-deur — rad. darder). Antiq. Nom donné quelquefois à des soldats grecs ou romains qui étaient armés de dards.

DARDI (Beinbo), helléniste italien, né à Venise vers 1560, mort vers 1640. Il acquit la réputation d’un des hommes de son temps les plus versés dans la langue grecque. Il traduisit en italien le Commentaire d’Hiéroclès (1G00) ; les Œuvres de Platon (1605, 5 vol.), et le Traité de Titnêe de Locres sur l’âme du monde (1607).

DARDTÈRE s. f. (dar-diè-re). Sortede piège.

DARDILLE s. f. (dar-di-lle ; Il mil. — rad. dard). Petit dard pour l’arbalète. Il On disait

aussi DARDELLE.

— Hortic. Queue d’oeillet.

DARDILLER v. n. ou intr. ■ (dar-di-llé ; Il mil. — rad. darder). Piquer comme avec un aiguillon.

— Fig. Piquer, offenser, attaquer : La lan{ gve d’une femme acariâtre dardille comme j celle de la vipère. (Boisto.)

j — Hortic. Pousser ses dards ou dardiiles, en parlant des Heurs et particulièrement de l’œillet. Il Syn. de fleurir, dans le langage des arboriculteurs et des horticulteurs.

DARDILLON s. m. (dar-di-llon ; H mil.rad. dard). Pèch. Languette pointue de l’hameçon.

DARDILLONNER s. m. (dar-di-llo-né ; Il mil. — rad. dard). Piquer par des paroles malignes : Je ne pouvais m’empêcher de dardillonner tout ce beau monde. (Mme de Créqui.)

DÂRE s. f. (dà-rc). Patois. Mot en usage à Lyon pour exprimer une scène violente, des injures, des invectives : Faire une dâre à quelqu’un.

— Bot. Nom tartare des panis ou millets.

DARE-DARE OU DARE, DARE interj. (dare-da-re — onomatop.). Imitation du bruit que fait un objet qui roule : Dare, dare, dare, voilà un homme qui vient en cabriolet comme si le diable l’emportait. (Dider.)

— Adverbial. Promptement, en toute hâte : Les enfants sont en course, et voilà pourquoi je vous écris dare-dare à l’autre bout de Paris. (Mme de Créqui.) Favre, à ce moment, entra dans le salon, et JVme de Staël le lança dare-dare, comme arbitre, au milieu de la querelle. (Ste-Beuve.)

DAIIEAU (François), jurisconsulte fran DARE

çais, né à Sainte-Feyre en 1736, mort vers 1783. Il se fixa à Paris après avoir exercé la profession d’avocat à Guéret. Son principal ouvrage a pour titre : Traité des injures dans l’ordre judiciaire (Paris, 1775).

DARÉE s. f. (da-rô). Bot. Genre de fougères de l’Australie, réuni aujourd’hui au genre asplénie ou doradille.

Dar-EL-alem s. m. (da-rè-la-lëmm — mot ar. qui signif. maison du savoir). Nom de l’université de l’empire du Maroc, dont le siège est à Fez.

— Encycl. Le Maroc n’a pas d’autre université que le Dar-el-alem. On y entre en sortant du médressé, ou collège. Les étudiants sont au nombre de plus de 2,000, dit-on. C’est dans cette université que Nicolas Clénard vint apprendre l’arabe, que Averrhoès commenta les livres d’Aristote, que Eln-Kaldoun écrivit son Histoire des Berbères et ses Prolégomènes. Aujourd’hui les plus savants professeurs du Dar-el-alem possèdent à peine les notions les plus élémentaires des sciences et des lettres.

DAR-EL-BAÏDA OU CASABLANCA, ville et port du Maroc, sur les côtes de l’Océan ; pop. environ 1,500 hab. C’est par ce port surtout’ que se fait une exportation de maïs, de dourah et de laines, qui constitue le huitième environ du commerce général de l’empire.

DAR-EL-MAHZEN s. m. (da-rèl-ma-zènn — mots ar. qui signif. la maison du gouverneur). Hist. Réunion des ministres, secrétaires et hauts fonctionnaires de la ville où réside le sultan de Maroc et qui a lieu chaque jour, matin et soir, le vendredi excepté : Dans le dar-el-mahzen, une seule personne, El-Ousir, ou le premier ministre, examine, traite et décide des affaires, le sultan approuve et scelle les actes de son sceau, qui ne le quitte jamais.

DAItEMBERG (Charles-Victor), médecin et érudit français, né à Dijon en 1817. Il s’est fait recevoir docteur en 1841. Nommé en 1844 bibliothécaire de l’Académie de médecine, il est passé au morne titre à la bibliothèque Mazarine en 1850, et a été chargé en 1864 de professer, au Collège de France, un cours sur la littérature et l’histoire des sciences médicales. M. Daremberg s’est occupé spécialement des médecins anciens et do l’histoire do la médecine. Sa connaissance profonde de la paléographie grecque et latine lui a fait confior à plusieurs reprises des missions importantes dans les principales bibliothèques de l’Europe. M. Daremberg est un homme d’une grande activité, qui sait remuer, au profit des études anciennes, tous les ministères du monde et mener de front une série d’entreprises considérables. Quelquesuns, il est vrai, ont prétendu qu’il ne fait rien sans collaborateurs ; s’il en est ainsi, il faut reconnaître qu’il s’entend h, merveille à les choisir. Il encourage de tout son pouvoir les jeunes gens qui se vouent aux études anciennes, et sa bibliothèque particulière, une dos plus riches et des plus complètes de Paris, est ouverte à tous. L’un des rédacteurs littéraires du Journal des Débats, M. Daremberg s’y fait remarquer par l’exactitude de ses comptes rendus, 1 indépendance de sa critique et la facilité avec laquelle il devine l’esprit d’un auteur. Parmi ses ouvrages il faut citer, outre quelques traductions de l’allemand, les Œuvres choisies d’Hippocrate, traduites en français (Paris, 1843, in-12 ; 1855, in-8°) ; les Œuvres complètes d’Oribase, texte grec, traduction française et notes par MM. Bussemaker et Daremberg (Paris, 1853-1862, 4 vol. in-S°) ; les Œuvres médicales et philosophiques de Galien (1854 et suiv., in-8°) ; le Traité sur la gymnastique de Philostrate, texte grec et traduction française (Paris, Didot, 1858, in-8°). M. Daremberg avait promis un commentaire de cet ouvrage, mais il ne l’a pas encore publié, sans doute — et M. Michel Chasles a prouvé que la chose est possible — parce qu’il s’était laissé abuser, quant au texte, par le Grec Minoïde Mynas. Ce dernier avait vendu au gouvernement français une copie falsifiée au lieu de l’original, et les fautes de cette copie sont traduites sans explication dans l’édition de M. Daremberg. Citons encore les Œuvres médicales de Rufus d’Éphèse (1860, in-8°), et une édition de Celsus, a Leipzig, dans la collection Teubner. Il a collaboré aussi à la Collectio Salernilana (Naples, 1852-1854, 4 vol. in-8°). M. Daremberg est fort avantageusement connu à l’étranger. Il est membre correspondant de l’Académie royale de Belgique, et la Faculté de philosophie de Munich lui a conféré le titre de docteur honoraire.

DARENT, petite rivière d’Angleterre, comté de Kent ; elle prend sa source dans le district et près de Westerham, coule du S. au N. et se jette dans la Tamise, un peu au N. de Dartford. Cours de 30 kilom.

DARÈS le Phrygien, Troyen, père de deux guerriers, prêtre de Neptune. Il vécut du temps de la guerre de Troie, à laquelle il prit part, et dont, selon Elien, U écrivit une histoire. Mais cette histoire de Darès, dite la Petite Iliade, était sans doute l’œuvre do quelque sophiste. Il ne nous en reste qu’une traduction latine, faussement attribuée à Cornélius Nepos, écrite à la fin du xn" siècle, sous ce titre : De excidia Trojœ, et d’où naquirent les romans de chevalerie du moyen âge.

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C’est avec l’œuvre de Dictys de Crète qua l’ouvrage attribué à Darès est généralement imprimé. La meilleure édition passe pour être celle de Perizonius (Amsterdam, 1702), qui fait partie des Variomm. Une autre édition, peut-être supérieure a la précédente, est celle de Dederich (Bonn, 1835). Il en existe plusieurs traductions françaises ; la plus récente est celle de Caillot (1813).

DARÈS, athlète de Troie. Il se distingua aux funérailles d’Hector, fut battu en Sicile dans le combat du ceste par le vieil Entelle, qu’il avait défié, et périt en Italie sous les coup3 de Turnus.

DARESTB DE LA CIIAVANNE (Antoine-Elisabeth-CIéophas), historien et économiste, né en 1820. Il embrassa la carrière de l’enseignement. Après avoir profossé l’histoire dans divers collèges, il a été appelé, en 1847, à occuper une chaire à la Faculté de Grenoble, et, en 1849, à celle de Lyon. Depuis cette époque, M. Dareste est membre correspondant de l’Académie des sciences morales et politiques. Outre un Éloge de Turgot (1S46), il a publié deux ouvrages couronnés par l’Institut : une Histoire de l’administration en France depuis Philippe-Auguste (1848, 2 vol. in-8<>), et une Histoire des elasses agricoles en France depuis saint Louis jusqu’à Louis 'XVI (1853, in-S°).

DARESTE DE LA CIIAVANNE (Rodolphe-Madeleine - Cléophas), jurisconsulte, né à Paris en 1824, frère du précédent. Il s est fait recevoir docteur en droit en 1847, et occupe depuis 1851 une charge d’avocat au conseil d’État et à la cour de cassation. Nous citerons parmi ses écrits : Projet de loi sur la division du pouvoir législatif en deux chambres (1850) ; De lapropriétéen Algérie (1852) ; Code des pensions civiles (1854), et Étudessur l’origine du contentieux administratif en France (1855).

DARET (Pierre), dessinateur et graveur au burin, né à. Paris en 1610, mort en 1675 ou 1684. Il se destina d’abord a la peinture, suivant ce que nous apprend le célèbre amateur Mariette dans une note qui mérite d’être reproduite : t S’il est vrai, comme on le prétend, que Pierre Daret, avant d’embrasser la gravure, ait étudié dans la vue de devenir peintre, et qu’il ait acquis la pratique du dessin avant de commencer à manier le burin, il ne pouvait prendre une route plus sûre. Tous ceux qui se sont rendus habiles dans l’art de la gravure ont reconnu la nécessité de savoir bien dessiner. On ne les estime qu’autant qu’ils ont possédé cette partie de leur art à un éminent degré. Il paraît, par tout ce que Daret a gravé, que c’était à quoi il s’était !e plus appliqué ; il s’était formé sur les maîtres qui avaient le plus de réputation de son temps. La manière de Vouet lui était devenue surtout familière. C’était la manière dominante et la seule qui fût reçue. Daret l’a rendue très-heureusement dans tout ce qu’il a gravé d’après ce peintre. Le burin de Daretest assez beau, sa touche estd’un artiste, mais il lui manque une certaine mollesse, ce qui fait que ses ouvrages paraissent secs. On lui a l’obligation d’avoir su former d’habiles élèves, parmi lesquels le célèbre François Poilly tient le premier rang. Daret fut reçu membre de l’Académie royale do peinture en qualité de graveur. Sur-la fin de sa vie il abandonna tout à fait cette profession pour se remettre à la peinture, qui avait été le premier objet de ses études. » Pjerre Daret a travaillé pendant quelque temps en Italie. 11 a gravé entre autres ouvrages : une Sainte Famille, la Nativité, le Christ couronné d’épines, le Christ mort Cupidon et Psyché, d’après Simon Vouet ; Suzanne et les vieillards, la Vierge et l’Enfant Jésus, la Vierge, l’Enfant Jésus et saint Jean-IJaptisie, la Charité, Saint Jérôme, Sainte SFarthe, Sainte Heine, Thétis dans les forges de Vulcain, d’après Jacques Blanchard ; la Sainte Famille, Vénus endormie, Louis XIV jeune entre la Vertu et la Volupté, d’après Eustache Lesueur ; la Visitation, d’après Corneille père ; la Vierge adorant l’Enfant Jésus, d’après Jacques Sarrazin ; Sainte Cécile, d’après Jacques Stella ; Sm’iif Jean-Baptiste, Sainte Catherine et une Madone, d’après le Guide ; Y Ensevelissement du Christ, d’après le Baroche ; Diane découvrant la grossesse de Calisto ;à après lo Titien ; le Christ au roseau, d’après Van Dyck ; une Sainte Famille, d’après le Caravage ; les portraits do Louis XIII, de Charles Ier, roi d’Angleterre, du pape Alexandre VII, de Vladislas IV, do la duchesse Gaston d’Orléans, de Cinq-Mars, du chancelier Lefèvre de Caumartin, des poëtes Adam Billaut, Théophile Viau, François Maynard et Scarron, du duc Bernard de Saxe-Weimar, de Françoise de Chantai, du prince et de la princesse de Condé, de Tristan l’Hermite, etc.

DÂREUR, EUSE adj. (da-reur, eu-ze). Dans le patois lyonnais, Faiseur de cancans, mauvaise langue, calomniateur.

DABFO, bourg d’Italie, prov. et à 42 kilom. N.-E. de Bergame, district et à 12 kilom. S.-E, de Breno, et a 10 kilom. N. du lac d’Iseo, dans le val Camonica, sur la rive gauche de l’Oglio ; 2,005 hab. Commerce de soie, de fer et de bois.

DAR-FOQ, contrée de l’Afrique orientale, partie de la Nubie, au S. du Sennaar, sur la rive gauche du Tournât ; elle est couverte de montagnes boisées et sillonnée de torrents,