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très grands crimes et délits. Il est commandant en chef des armées de terre et de mer, conclut les traités, et nomme les ambassadeurs et autres agents politiques. Il reçoit un traitement de 100,000 fr. par an ; le traitement du vice-président est de 40,000 fr. Le président a près de lui un cabinet composé de sept ministres nommés par lui, confirmés par le sénat, et désignés sous les noms de secrétaires d’État des affaires étrangères (chef du cabinet), des finances, de l’intérieur, de la marine, de la guerre, et d’attomey général (justice). Le traitement d’un ministre est de 40,000 fr. par an.

Le pouvoir législatif est dévolu au congrès, qui comprend un sénat et une chambre des représentants.

« Le sénat est formé de deux sénateurs de chacun des États de l’Union, choisis pour six ans par les législatures locales, et de façon qu’un tiers du corps-entier se renouvelle tous les deux ans. Le vice-président des États-Unis est ex officio président du sénat. Tout sénateur doit être âgé de trente ans, être depuis neuf ans citoyen des* États-Unis, et, au moment de son élection, résider dans l’État qui le choisit. Le sénat est la seule cour qui puisse juger les fonctionnaires publics.

La Chambre des représentants est composée de membres choisis pour deux ans par le peuple de chaque État : ils doivent avoir vingt-cinq ans, être citoyens des États-Unis depuis sept ans, et résider, au moment de leur élection, dans l’État qui les choisit. Le nombre des représentants, fixé par la loi à 233, est réparti parmi les divers États proportionnellement à leur population électrice. Chaque État a droit au moins à un représentant. Les territoires envoient au congrès des délégués qui n’ont que voix consultative. La Chambre désigne son propre président (speaker).

Les membres du sénat et de la Chambre reçoivent 30,000 fr. par congrès, 15,000 fr. par session, et une indemnité de déplacement calculée sur la base de 40 francs pour l’aller et autant pour le retour, par 32 kilomètres de la distance qui sépare leur résidence du siège du gouvernement, par les voies de communication ordinaires. |Le traitement du speaker est de 60,000 francs par congrès de deux années.

Le congrès établit les impôts, droits, contributions, qui doivent être uniformes dans toute l’étendue de la confédération • il contracte les emprunts, frappe monnaie, déclare la guerre, lève et soutient les armées de terre et de mer, et tient sous sa juridiction absolue.le district de Columbia. Il ne peut établir une religion, prohiber le libre exercice d’un culte quelconque, porter atteinte à la liberté de la parole ou de la presse, ou au droit de réunion paisible ou de pétition.

Le pouvoir judiciaire comprend une cour suprême, qui tient une séance par an à Washington et instruit sur tous les faits relatifs à la Constitution, aux lois des États-Unis, aux traités ; sur les cas juridiques concernant les ambassadeurs, les ministres étrangers et les consuls, l’amirauté, les différends des États-Unis, ceux qui s’élèvent entre un État et les citoyens d’un autre État, entre les citoyens du même État réclamant des terrains concédés par d’autres États, entre un État ou ses citoyens et une puissance étrangère, ses citoyens ou sujets. Dans les cas relatifs aux agents diplomatiques et consuls et aux États, sa juridiction est sans appel ; dans tous les autres cas, ses décisions sont soumises à la revision du congrès. La cour suprême se compose d’un premier juge (ehief justice), ayant un traitement de 32,000 francs, et de huit assesseurs, avec un traitement de 30,000 francs chacun, nommés à vie par le président avec la sanction du sénat.

Au point de vue judiciaire, les États-Unis sont divisés en neuf cours de circuit, composées chacune d’un assesseur de la cour suprême et du juge de la cour de district où la cour se réunit ; de cinquante cours de districts composées chacune d’un juge qui doit résider dans le district pour lequel il est délégué ; enfin, d’une cour de réclamations (court of claims), composée d’un juge président et de deux assesseurs, qui tient ses séances dans la capitale, à Washington, et qui a pour mission de soulager, autant que possible, le congrès de la masse de réclamations particulières ne reposant sur aucun principe politique ou ne tombant sous la juridiction d’aucun autre tribunal.

Les appels contre les décisions des cours de circuit et de district sont portés devant la’ cour suprême, qui juge en dernier ressort. Quant aux décisions de la cour des réclamations, elles doivent recevoir la sanction du congrès avant de devenir concluantes contre le gouvernement.

■ Le droit de plaider devant les cours appartient à un ordre d’avocats, qui, pour être admis au barreau, doivent suivre des cours pendant trois années et subir un examen. Le dernier recensement (1860) porte à 28,000 le nombre des membres de l’ordre en exercice.

Tous les crimes, sauf celui de haute trahison, doivent être jugés par le jury. La haute trahison consiste uniquement à faire la guerre aux États-Unis et à s’unir à leurs

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ennemis en leur donnant aide ou assistance. Le congrès seul fixe la punition à infliger aux traîtres.

= Les États n’ont pas le droit de contracter des traités d’alliance ou de confédération ; de délivrer des lettres de marque ; de battre monnaie ; d’émettre des bills de crédit ; de rendre des bills à’attainder (mort civile), des lois ex post facto ou des lois portant atteinte aux obligations des contrats ; d’établir des droits ou impôts sur les Importations et exportations, sans l’assentiment du congrès, sauf ce qui est nécessaire pour l’exécution des lois locales de vérification. Le produit net des impôts et droits levés par les États sur les importations et exportations appartient au trésor fédéral. De plus, et sans l’assentiment du congrès, les États ne peuvent établir des droits de tonnage ; conserver en temps de paix des troupes ou des navires de guerre ; arrêter des conventions ou des contrats l’un avec l’autre ou avec une puissance étrangère ; faire la guerre, sauf dans le cas d’invasion effective ou d’un danger imminent et qui ne permette aucun délai. »

Disons maintenant quelques mots de la situation actuelle des finances, de l’armée et de la marine des États-Unis.

Pendant l’exercice administratif finissant le 30 juin 1865, la dernière année de la guerre, la dette publique s’est accrue de 941,902,537 dollars. Cette dette, que chaque année a depuis lors successivement réduite, est aujourdhui presque complètement éteinte, et la situation financière des États-Unis est aussi prospère que possible. Au mois d’août 1865, le nombre total des banques nationales était de 1524 ; elles possédaient un capital de 2,028,000,000 de francs. Dans l’année fiscale 18S4-1865, pendant laquelle se sont passés les derniers événements de la guerre, les mouvements de fonds ont été énormes. À la seule bourse de New-York, les ventes faites par les agents de change, et sur lesquelles le trésor a perçu le droit de 1 pour 100, ont dépassé 31 milliards de francs.

Or

Argent

Cuivre

ÉTAT

Voici la nomenclature des monnaies des États-Unis actuellement en circulation :

Double aigle, valant 20 dollars.

Aigle, — 10 1/2 aigle, — 5 Pièce de 3 dollars.

1/4 d’aigle, valant 2 1/2 dollars.

Dollar.

Dollar (unitémonét.), valeurs f. 35.

1/2 dollar.

1/4 de dollar.

Dîme, 1/10 de dollar.

1/2 dîme, 1/20 de dollar.

Pièce de 3 cents.

Cent, 1/100 de dollar. 1/2 cent, 1/200 de dollar.

Le peuple des États-Unis n’aime pas les grandes armées permanentes : il préfère, quand les circonstances le commandent, avoir recours aux volontaires. En 1867, l’effectif total de l’armée était de 56,000 hommes. Les troupes sont principalement employées à tenir garnison dans les forts de f’O., pour repousser les irruptions des Indiens. Tous les citoyens, à l’exception des prêtres, des instituteurs, des juges, des avocats et des matelots, font partie de la milice, depuis l’âge de seize ans jusqu’à quarante-cinq ans. Cette milice se composait en 18C7 de 3,122,447 hommes. La flotte comptait à la même époque : 294 bâtiments, 2,563 canons et environ 10,000 marins. La seule école militaire des États-Unis est celle de West-Point, fondée en 1802. Le nombre des élèves est limité à 250. L’école destinée à former des officiers de marine a été transférée à New-Port en 1861. Le nombre des élèves est fixé à 500.

Cultes religieux. Il n’est pas de pays au monde où l’on compte autant de sectes religieuses qu’aux États-Unis. Voici, du reste, la nomenclature des différentes communions. On remarquera que le catholicisme romain a le plus d’adhérents parmi ces diverses sectes religieuses, aux appellations plus ou moins bizarres.

NOMS.

Allemands

Catholiques

Luthériens

réformés

évangéliques

Hollandais protestants réformés

réguliers

antimissionnaires

du Septième jour

des Six commandements. Baptistes /du Libre arbitre

frères de la Rivière...

winebrennariens

dunkers

mennonites’

Iépiscopaliens SEESS ? :: :: :: :: africains

Méthodistes épiscopaliens du Sud

{vieille école nouvelle école Cumberland unis réformés associés.... Episcopaliens

congrégationaiistes j £$«£«» ; ; ; ; ; ; ; ;

Universalistes

Disciples (comphellistes)

Chrétiens (unitaires)

Second Avent

orthodoxes hicksites. shakers

Frères unis en Jésus-Christ

Frères unis (Moraves)....’

Swedenborgiens

Israélites

Mormons

NOMBRE DES

Églises

2,517 2,017 1,020

B

409

12,578

11,800

50

18

1,298

80

275

160

800

9,922

1,400

523

2,767

v 1,188

634

D

2,045

2,676 251 1,202 2,000, 2,200

Ministres

2,317

1,134

360

1,150

410

8,970

850

75

16

1,246

65

140

250

250

6,934

2,200

565

193

2,591

8,684

408

94

2,079

2,581

297

093

2,000

1,500

Adhérents

3,177,140

232,780

79,000

33,000

50,304

1,036,756

60,000

6,786

3,000

61,441

7,000

14,000

8,700

30,280

988,523

99,000

21,000

26,746

499,694

300,814

»

84,249

53,249

2,009

1GO,000

257,634

30,000

600,000

350,000

180,000

20,000

54,000

40,000

4,700

82,013

8,275

1, S50

200,000

61,000

Comme, aux États - Unis, il n’y a pas de culte reconnu par l’État, chaque communion subvient à son entretien avec ses propres ressources, et elle le fait dans une assez large mesure. Le salaire du clergé américain suffit en général à ses besoins. Le chiffre moyen du traitement annuel des ministres congrégationaiistes et presbytériens est évalué à 3,500 francs ; celui du clergé de l’Église hollandaise réformée et des épiscopaliens, -à 3,000 francs ; des ministres baptistes, à 1,500 francs ; des ministres méthodistes, à 2,000 francs ; des prêtres catholiques, à 2,500 francs.

Éducation. Livres. Journaux. Toute société a le droit d’enseigner, nos sociétés modernes aussi bien que les sociétés antiques. En réalité, l’homme ne naît ni chrétien ni citoyen : il le devient par l’enseignement qui lui est donné, et cet enseignement est un droit absolu pour toute société et un devoir essentiel qu’elle doit remplir vis-à-vis de tous ses membres. C’est ce que de tout temps les Américains ont admirablementcompris. Une église, une école, un journal, tels sont pour eux les trois éléments essentiels de toute commune, de toute

agrégation d’habitants. Tout le monde admet que, chaque citoyen devant mettre tous ses talents au service du pays, ce dernier doit, de son côté, fournir à ses enfants les moyens d’acquérir la plus grande somme possible d’aptitudes. Aussi le droit universel a l’éducation est inscrit en tète de toutes les constitutions américaines, et, dans tous les budgets, des fonds spéciaux sont assignés pour la création et l’entretien d’écoles publiques. Ce sont les habitants eux-mêmes qui fournissent les fonds nécessaires à la construction de ces écoles, a l’achat du mobilier des classes, au traitement des instituteurs. Bien que les sacrifices que les citoyens sont obligés de s’imposer pour subvenir à ces dépenses deviennent jjlus grands tous les ans, personne ne se plaint, et cependant les taxes ont triplé pendant les cinq dernières années de la guerre de sécession. En réalité, l’initiative privée suffirait pour donner à l’enseignement du peuple une large et puissante organisation ; mais la constitution fédérale, voyant, avec raison, dans l’instruction publique un intérêt national, a donné au gouvernement central un

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droit de protection et de surveillance sur les écoles, en retour d’une dotation qu’il accorde à ces dernières. Cette dotation se compose : l° du produit de la vente de la trente-sixième partie de tous les territoires dont le congrès peut disposer (ces territoires présentent une surface de 2,265,625 mètres carrés) ; 2° d’un boni de 200 millions de francs, qui fut réalisé, en 1835, sur le budget de l’État fédéral ; 3° du produit des 30,000 acres de terres, accordées, pour chacun des sénateurs et des représentants dont le nombre est fixé par le census de 1860, aux États qui fondèrent le collège d’agriculture et d’arts économiques. Si l’on joint à cette dotation le produit des taxes locales dont nous avons parlé et que s’imposent les citoyens en proportion de leur fortune réelle, on aura le budget des écoles publiques, qui monte annuellement à une somme que l’on ne peut évaluer à moins de 450 millions, dont les 9/10 sont fournis par les taxes locales. C’est à peine si, à côté d’un pareil chiffre, on ose inscrire la somme qui est dépensée en France pour l’instruction primaire, tant elle paraît dérisoire.

Cependant, si l’instruction primaire est plus répandue aux États-Unis que dans aucun des États de l’Europe, l’enseignement supérieur est loin d’y avoir atteint le même développement et laisse encore beaucoup à désirer. Il n’existe dans toute l’Amérique ni université, ni école publique où l’on puisse étudier à fond une branche quelconque des hautes sciences, où l’élève puisse trouver le moyen de développer des aptitudes exceptionnelles, lorsqu’il les possède. Le pays est encore trop jeune, la population trop en retard sur certaines conquêtes de la civilisation moderne, et, en même temps, trop adonnée à la vie pratique, en un mot, trop préoccupée de gagner de l’argent, pour vouloir essayer d’atteindre, soit par son travail personnel, soit avec l’aide de professeurs, à la connaissance complète des sciences purement théoriques et spéculatives. Le temps manque pour ce genre d études, etle temps est un bien trop estimé au point de vue de sa valeur matérielle (time is money) pour qu’on veuille en consacrer même une faible partie à acquérir des connaissances qui ne puissent pas directement se convertir en dollars. Les bread-sludies (études pour le pain) ont seules de la valeur aux yeux des Américains, et, par suite de ce principe essentiellement utilitaire, l’enseignement supérieur a à lutter, à chaque pas, avec des préjugés universellement répandus. Il faut même bétonner qu’en face de pareilles difficultés il ait déjà fait des progrès remarquables.

Les écoles américaines se partagent généralement en quatre classes, savoir : 1° les écoles publiques (common schoots) • 2° les écoles préparatoires (preparatory schaols) ; 3° les collèges (collèges), parmi lesquels plusieurs prennent à tort le nom d’universités ; 4° enfin, les écoles professionnelles (professional schools).

Les écoles publiques sont fondées et entretenues par les gouvernements des différents États. Tous les enfants y sont admis gratuitement jusqu’à un certain âge, qui n’est pas le même dans tous les États. Dans les grandes villes il y a, d’ordinaire, plusieurs écoles de quartier (ward-schools ou division-sc/iools), qui, selon les circonstances, comprennent de quatre à six classes (départments), dont chacune se fait dans une grande salle particulière et est dirigée par un ou plusieurs maîtres. (Notons, en passant, qu’aux États-Unis le nombre des institutrices est beaucoup plus considérable que celui des instituteurs, parce qu’elles ne peuvent prétendre à un salaire aussi élevé que celui de ces derniers). La direction de 1 école est confiée à un principal. L’enseignement se borne, dans ces établissements, à la lecture, l’écriture, l’orthographe, l’arithmétique, la géographie et la grammaire anglaise. À côté de ces écoles de quartier existe une école supérieure (Mgh school), dans laquelle sont admis gratuitement les élèves qui ont terminé avec succès leurs études dans les premières, et où l’on enseigne l’histoire, l’algèbre, la géométrie, les éléments des langues classiques, ainsi que des langues française et allemande. On peut, par suite, regarder ces écoles supérieures comme des écoles préparatoires aux collèges. Les maîtres qui y enseignent reçoivent un traitement annuel de 1,000 à 2,500 dollars, tandis que celui des institutrices ne s’élève jamais au-dessus de 1,100.

Dans les campagnes, l’organisation de l’enseignement public est nécessairement plus simple. Tout le pays est divisé en arrondissements scolaires, dont l’étendue dépend du chiffre de la population. Dans chacun de ces arrondissements, une école est ouverte de trois à six mois par année. La nomination des instituteurs et l’administration de chaque école dépend d’un comité de surveillance composé de trois membres. Les instituteurs et les institutrices sont ordinairement des jeunes gens qui ont reçu leur éducation soit dans ces mêmes écoles, soit dans d’obscures écoles préparatoires, sans toutefois avoir l’intention de se vouer à l’enseignement, et qui, par suite, n’occupent guère phas de six mois leur place, qu’ils obtiennent après avoir subi un examen presque insignifiant. Gomme on peut le supposer d’après tout ce qui précède, les écoles de campagne ne produisent pas de grands résultats. Les principales matières de l’enseignement y sont : la lecture.