Page:Lassaigne - Études des effets et des avantages du tondage chez nos grands animaux domestiques.djvu/8

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les. Se demander de quelle manière fut tout d’abord pratiquée cette opération devient une question à peu près inutile ; très grossièrement exécutée, elle se bornait à raser la partie supérieure du corps et de l’encolure jusqu’aux côtes. Aujourd’hui, d’ailleurs, l’opération, quoique généralement mieux faite, conserve ces mêmes limites sur un grand nombre d’animaux, les frais de revient d’un tondage complet étant souvent pris en trop grande considération. Néanmoins, si grossière, si imparfaite et d’origine si obscure fut-elle, cette pratique hygiénique ne devait pas rester confinée aux Pyrénées ; elle était destinée à prendre de l’extension. Les mules tondues en effet ne retournaient pas toutes dans la Péninsule Hispanique ; elles étaient vendues en grande partie par les contrebandiers aux départements méridionaux, aux propriétaires du Languedoc et de la Provence, où d’ailleurs aujourd’hui encore, s’opère un grand commerce de mules et de mulets, les travaux agricoles s’exécutant exclusivement avec ces animaux. On ne tarda dans le midi de la France à reconnaître les avantages qu’offrait cette pratique, et par esprit d’imitation on essaya aussi la tonte. Du midi, cette habitude se répandit peu à peu dans les contrées avoisinantes, puis dans le centre, plus tard enfin dans le nord, où cette opération est toute récente, et compte à peine une cinquantaine d’années. C’est à cause de son point d’origine qu’elle prit, dans cette dernière contrée, le nom de tonte à la provençale. Aujourd’hui, enfin, non-seulement la France, mais la Belgique, la Hollande et plusieurs autres contrées de l’Europe commencent à exploiter ce nouveau point d’hygiène.

Tel a été, en peu de mots, le développement un peu lent peut-être de la tonte ; n’en soyons cependant pas très étonné car il est de règle assez générale qu’une bonne pratique ne