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PIERRE LASSERRE

ne me suis pas, depuis ce temps, rallié à l’opinion contraire, bien que, sous une absurdité apparente, celle-ci cache une espèce de sagesse. Du moins ai-je reconnu qu’un titre qui forme contresens, qui va jusqu’à dénaturer l’objet et le genre du livre qu’il annonce, est chose fâcheuse. C’est, je l’avoue, le cas du mien. Il ne m’est plus possible d’en mettre un autre. Mais je prierai instamment mes lecteurs de faire en pensée la rectification. Je n’ai jamais pris Nietzsche pour un maître de morale, bien que je le considère comme un moraliste de grande pénétration, un de ceux qui peuvent le mieux nous aider à connaître et comprendre ses compatriotes. Ce sont deux caractères fort différents. On peut être observateur aigu des mœurs et des âmes et manquer de bon sens, de sagesse et d’humanité dans la direction pratique des hommes. La « morale de Nietzsche » ne me dit rien qui vaille. Mais elle comprend tout au moins un article excellent : son étude de l’anarchisme. Je m’en tiens à Nietzsche contre l’anarchisme.