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NOUVELLE PRÉFACE

qui s’attache à l’audace et aux mouvements d’une vie débordante. Une critique nouvelle, et enfin bien inspirée, a trouvé sa voie hors de ces deux erreurs. Elle arbore le drapeau de l’ordre, parce que, pour elle, il ne porte pas des couleurs tristes, mais de vives et heureuses couleurs. Les règles, les disciplines, les institutions ne lui apparaissent pas comme des limites et des restrictions imposées du dehors à l’action et à l’essor des forces spontanées. Cette antinomie de nature admise entre les uns et les autres, ne lui semble pas vraie. Elle estime que l’ordre est inhérent à tout ce qui mérite le nom de force, que toute force digne de ce nom est déjà pénétrée et imprégnée d’ordre et que là où il n’y a pas présence et présence intime d’un ordre, il ne saurait y avoir que faiblesse et impuissance. Elle refuse d’opposer l’individu à la société, soit pour soumettre l’état social à la souveraineté du droit individuel, soit pour opprimer l’individu sous les exigences de l’état social. Il ne saurait être question des droits pour l’individu que s’il possède un minimum de valeur intellectuelle et morale ; la société, avec ses institutions et ses traditions, est considérée, au point de vue que je définis ici, comme la source même où l’individu puise les éléments indispensables de sa valeur.