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NOUVELLE PRÉFACE

intelligences du xixe siècle, un haut prestige qui a sans doute particulièrement saisi sa jeunesse, mais dont son âge mûr ne s’était pas affranchi. Il faut qu’il y ait eu des raisons à cela. Il faut que Renan ait été frappé de difficultés dont les philosophies classiques ne lui semblaient pas apporter la solution et qu’il ait cru trouver dans les philosophies allemandes, tout au moins la méthode et le rudiment de cette solution. Nous devons chercher s’il s’est trompé, et, par conséquent, nous placer en face de ces difficultés elles-mêmes. S’il y a lieu (et ma conviction est qu’il y a lieu) de faire le procès des systèmes allemands, c’est par cette procédure qu’il faut passer. Elle demande essentiellement la tranquillité de l’esprit et doit pouvoir être poursuivie à l’abri des impatiences de la noble passion nationale.

Telle est la raison générale que l’on pourrait invoquer en faveur d’une critique reposée et impartiale de Nietzsche. En fait, elle ne s’applique pas à lui. Mais il m’a paru y avoir un intérêt général à la donner, pour qu’on ne confondît pas avec de la germanophilie ce qui est simplement du sérieux. C’est une critique sérieuse de l’Allemagne (critique impliquant, hélas ! l’aveu d’un certain nombre de sottises et de faiblesses à notre charge)