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I

Le signe de toute civilisation, d’après Nietzsche, ce sont les mœurs. Dans le vaste et confus concert d’éléments que l’on a coutume de désigner sous ce mot de civilisation, elles donnent la note humaine. Elles disent ce qui est advenu de l’homme lui-même dans les conditions d’existence que lui font, à un moment et en un lieu donnés, les accidents de l’histoire, l’état des sciences, de l’industrie, des relations de commerce, etc. C’est concevoir bien superficiellement une civilisation que de la croire définie par ses particularités visibles et tangibles ; et c’est aussi s’en tenir à un critère bien grossier de sa valeur. Qu’a-t-elle fait de l’homme ? Quelle variété, quelle nouvelle beauté ou déformation du type humain nous donne-t-elle à comprendre et à apprécier ? Voilà la seule question qui intéresse quand on joint à une certaine hauteur de point de vue une certaine délicatesse du goût : le résidu psychologique d’une civilisation. Pour Nietzsche,