Page:Latocnaye - Promenade d un francais en suede et en norvege, 1e part, 1801.djvu/20

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j'éprouvais un sentiment de douleur, presqu’aussi profond qu’en apprenant les détails affreux de la guerre de la Vendée. Presque tous les lieux m’étaient familiers ; et j’ai plus d'une fois arrosé de mes larmes, la nouvelle de la mort des personnes qui m’avaient donné l’hospitalité. Je n’ai pas vu le nom de Latouche parmi les victimes de la fureur ; j’ose espérer que les malheureux que cette famille respectable a protégés, lui auront servi d’égide, et que la rage de la guerre civile aura respecté les bienfaiteurs de leur pays.

Quoique pendant mon séjour dans le comté de Wicklow, tout semblât tranquille, il y eut cependant une alerte : on fit courir le bruit qu’une troupe d’Orange men allait arriver, pour y mettre tout a feu et à sang. Plusieurs paysans s’enfuirent dans ces mêmes montagnes, où depuis Holt et sa bande ont su braver si long-temps les poursuites du gouvernement, Les propriétaires allarmés s’assemblèrent et rassurèrent les paysans par une déclaration publique, qui portait que sous quelques noms que des brigands se présentassent, les troupes du roi sauraient les châtier, et prévenir leurs désordres.

Il était assez singulier, que l’on désignât les brigands sous le nom d’Orange men qui dans les autres parties de l’Irlande, étaient censés être les supports du gouvernement. Apparemment que