Page:Latocnaye - Promenade d un francais en suede et en norvege, 1e part, 1801.djvu/89

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est parvenu à les surpasser. Si les Anglais eussent suivi les mêmes modèles, leur théâtre ne serait pas encore rempli de monstruosités, qui semblent révoltantes à un étranger, et que cependant ils applaudissent à tout rompre. Il leur faudra dix fois le même espace de temps pour parvenir à la perfection de l’art dramatique. Shakespear, le modèle auquel ils s’attachent, n’en est réellement pas un à suivre. Il avait, il est vrai, un génie supérieur ; mais ayant paru, lorsque les arts et les sciences étaient encore dans l’enfance, il n’a réellement suivi aucune règle. Ceux qui cherchent à l’imiter, y réussissent dans le désordre de leurs pièces, mais sont bien loin de lui dans les morceaux sublimes, qu’il faudrait avoir son génie pour enfanter.

Le nombre de pièces nationales ou originairement suédoises est très-peu considérable. L’opéra de Gustave-Vasa est le plus admiré. La pièce n’a pas der apport à un trait particulier de ce héros, mais en général à l’expulsion de Christian et des Danois. On y voit beaucoup de batailles, et des changemens de décoration sans fin, et réellement superbes ; Gustave s’endort et de jolis dieux et déesses représentent ses songes. Pallas, Vénus, la Renommée, les Heures dansent autour de lui... On voit des batailles gagnées en l’air etc. etc. —