Page:Latocnaye - Promenade d un francais en suede et en norvege, 2e part, 1801.djvu/259

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de distiller de l’eau de vie, et, semblait vouloir forcer le gouvernement à l’empêcher. C’était un cas vraiment étrange ; l’exemple de Gustave III, avait (j'imagine) seul prévenu la prohibition de distiller de l’eau de vie. On tergiversait, on tâtonnait, et ne voilà-t-il que les gens se révoltent pour avoir ce qu’on désirait ordonner, mais ce qu’on craignait de faire. On s’est fait prier quelque temps ; on a fait rentrer tout le monde dans l’ordre, et on a accordé gracieusement ce qui eût fait crier bien autrement, si on l’avait ordonné, sans qu’on l’eût demandé.

La disette avait réellement été cruelle, et pour y mettre le comble la gelée, venue de très-bonne heure, avait empêché de pouvoir profiter de la visite amicale que les harengs font annuellement à la côte ; la détresse était grande, et cette circonstance put fort bien contribuer à me faire paraître cette pauvre province, de Bohus-lane, encore plus misérable. Il est sûr que jamais contraste ne fut plus frappant. Du côté de la Norvège les maisons des paysans ont un air d’aisance dont celles de l’autre côté du Swinesund sont bien loin ; la terre il est sûr, n’est pas à beaucoup près si fertile, et les habitans sont plus nombreux, mais c’est remarquable et affligeant.

Près de Strömstadt, on voit un monument des