Page:Latocnaye les causes de la révolution.djvu/143

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paroles ne fussent mal interprétées. Je fus témoin à Montpellier d’une scène fort etrange à la comédie, entre un officier d’un régiment de troupes réglées et un de la milice nationalle. Le dernier vint se placer près de l’oreille de l’officier, et lui cria à différentes reprises, ça ira : celui-cy impatienté, après quelques moment, s’ecria ça n’ira pas : il est difficile de se faire une idée de la fureur du militien, en répétant ça ira, aussi bien que tout le parterre : après quelque répétitions pareilles, l’officier en colère, lui appliqua sur le nez une taloche terrible, en lui criant ça va, mais s’il ne se fut échappé promptement, il aurait payé cher cette gentillesse, car le cri à la lanterne, se fit aussitôt entendre des quatre coins de la salle.

Je voyageai par le canal de Languedoc, les paysans du pays l’avaient ouvert en plusieurs endroits, afin d’avoir plus d’occupation pour le convoi des marchandizes : quelques soldats et gens du commun qui voyageaient dans le même bateau, forçerent la porte de la cabine et s’y établirent, prétendant que l’Egalité ne pouvait permettre de différence parmi les places : le propriétaire du bateau, fut obligé d’employer la maréchaussée pour les tenir dans le devoir.

L’assemblée nationalle venait dans sa sagesse, de procurer au Romulus Mirabeau, l’honneur de faire porter son deuil à tous les individus de la nation Française, et à sa carcasse l’avantage inestimable de pourrir dans le Panthéon. En un mot, Mirabeau, après un où deux jours d’une malade assez aigùe, venait de mourir : je n’en savais rien, mais on me l’apprit bien vite à Carcassone, où l’on pensa me lapider, parceque