Page:Lavalley - Légendes normandes, 1867.djvu/36

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qui s’impatientait de ce long silence et de ce pénible examen. Vous ne voulez pas m’avouer que vous êtes l’amant de cette jeune fille ?

— Oh ! fit le prêtre avec un vif sentiment d’indignation, je vous jure !…

— Que me fait votre serment ? dit Barbare en haussant les épaules.

— C’est juste, reprit le proscrit. Rien ne vous force à ajouter foi à mes paroles. Il vous faudrait une preuve matérielle ?

— Oui ! dit Barbare avec explosion.

Il y eut, dans la manière dont il accentua ce simple mot, tant de haine, d’inquiétude et de jalousie, que sa figure même sembla s’éclairer du feu intérieur qui le consumait. Le prêtre put lire dans son cœur et juger de l’état de son âme, comme on voit un ciel d’orage à la lueur d’un éclair.

Le proscrit mesura aussitôt toute l’étendue du danger qui menaçait le marquis et sa fille. Mais il était déjà prêt au sacrifice.

— Écoutez ! dit-il à l’homme du peuple. Je ne peux pas être l’amant de cette jeune fille… Il y a entre elle et moi un obstacle insurmontable.

— Lequel ? demanda vivement Barbare.