Page:Laveaux - Dictionnaire du langage vicieux, 1835.djvu/18

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hors la loi grammaticale, a lait subir à la langue beaucoup moins d’altérations que l’autre partie qui possède l’instruction. Le bas langage est en effet plein de mots qui appartiennent au vieux français, et qui nous font rire lorsque nous les entendons prononcer, parce que notre manque de lecture des anciens auteurs ne nous permet de voir dans ces expressions que des mutilations ridicules, où, plus instruits, nous retrouverions des débris de notre vieil idiôme. Il arrive par là qu’en croyant rire de la bêtise de nos concitoyens illettrés, ce qui n’est pas fort généreux, nous ne faisons, le plus souvent, que nous moquer de nos aïeux, ce qui n’est pas trop bienséant.

Nous avons si souvent mis a contribution les écrits de nos meilleurs philologues modernes, que nous nous faisons un devoir et un plaisir de leur offrir ici notre tribut de profonde reconnaissance. Notre livre n’étant après tout qu’une compilation, nous n’avons pas eu le sot amour-propre de ne donner à nos lecteurs que des articles rédigés par nous. Toutes les fois qu’une opinion nous a paru bien motivée et bien rendue, nous n’avons jamais hésité à en faire usage, en prenant constamment le soin scrupuleux, et nous ajouterons fort rare chez nos confrères, d’accoler au passage emprunté le nom de son auteur. Nos lecteurs ne pourront certainement que gagner à cela, puisque, de cette manière, ce sera presque toujours de nos plus savans grammairiens qu’ils recevront des leçons.

II nous reste maintenant à dire un mot sur l’esprit philosophique de notre ouvrage; c’est celui du progrès, mais d’un progrès bien entendu, c’est-à-dire judicieux et graduel, et qui ne ressemble nullement à celui qu’un grammairien de beaucoup de mérite d’