Page:Laveaux - Dictionnaire du langage vicieux, 1835.djvu/17

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faire un ouvrage dont le degré de science fût à la portée du degré d’instruction de chaque lecteur ? Il est certain que, si telle personne le trouve trop savant pour elle, telle autre ne le trouvera pas assez. Placé dans cette alternative de blâme, nous avons pensé que, puisqu’il nous était absolument impossible de l’éviter, nos efforts ne devaient désormais tendre qu’au plus d’utilité générale, et dès-lors nous nous sommes décidé à signaler toutes les locutions vicieuses usitées par les différentes classes de la société. Toutefois il est un reproche que nous n’avons pas voulu encourir justement, c’est celui de nous appesantir sur des fautes tellement grossières, qu’elles ne puissent être faites que par des personnes absolument privées de toute instruction, et ce n’est effectivement pas pour ces personnes-là que nous avons écrit. Quand nous avons relevé ces fautes-là, ce n’a été qu’en courant, pour ainsi dire.

Nous affirmons, du reste, que les fautes les plus graves que nous ayons signalées, ont été faites devant nous, dans le cours de plusieurs années, consacrées aux observations dont nous publions aujourd’hui le résultat, par des personnes passablement lettrées, ou qui du moins paraissaient l’être.

Nous avons eu lieu de faire à ce sujet une remarque qui ne sera pas, nous le pensons, dépourvue d’intérêt pour quelques-uns de nos lecteurs; c’est que presque toutes les fautes que fait aujourd’hui la partie la plus ignorante du peuple, et que les compilateurs de locutions vicieuses traitent dédaigneusement de barbarismes ou de solécismes, sont tout bonnement des archaïsmes; c’est-à-dire que cette partie du peuple qui se trouve, pour ainsi dire,