Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/130

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à la main duquel toutes les terres de ce royaume devraient être soumises. »

Dame Brunhilt répondit : — « Comment cela pourrait-il être ? Si nul ne survivait que lui et toi, il est vrai, ce pays pourrait en ce cas lui être soumis. Mais tant que vivra Gunther, il ne peut en être ainsi. »

Kriemhilt reprit alors : — « Le vois-tu bien là-bas, comme il s’avance majestueusement devant les autres guerriers, pareil à la lune brillante parmi les étoiles. Certes, j’ai bien sujet de porter haut mon orgueil. »

Dame Brunhilt dit à son tour : — « Quelque gracieux, quelque loyal et quelque beau que soit ton mari, tu dois mettre avant lui Gunther le héros, ton noble frère. Celui-là, tu ne peux l’ignorer, doit précéder tous les rois sans conteste. »

Kriemhilt prit la parole : — « Mon époux est si digne d’affection que je ne l’ai point loué sans motif. En maintes choses sa gloire est grande, ne le crois-tu pas, Brunhilt ? Il est au moins l’égal de Gunther. »

— « Il ne faut point si mal me comprendre, Kriemhilt, car je ne t’ai point tenu ce discours sans de bonnes raisons. Je le leur ai entendu dire à tous deux, le jour où je vis le roi pour la première fois, où sa volonté de m’avoir pour femme s’accomplit

« Et où il conquit mon amour d’une façon si chevaleresque. Ce jour-là Siegfrid avoua qu’il était l’homme-lige de Gunther. C’est pourquoi je l’ai considéré comme mon vassal depuis que je le leur ai entendu dire. » — La belle Kriemhilt reprit : « En ce cas, mal m’en serait advenu.

« Comment mes nobles frères auraient-ils consenti à me voir ainsi la femme d’un vassal ? Je t’en prie très amicale-