Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/303

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« Ses chants ont une harmonie funèbre, ses coups d’archet sont sanglants, et à ses accords maints guerriers tombent morts. Je ne sais pas pourquoi ce joueur de viole nous en veut, mais jamais je n’eus d’hôte qui me fit tant de mal. »

Le seigneur de Vérone et Ruedigêr, ces illustres guerriers, se rendirent en leur logis. Ils ne voulaient point se mêler de la lutte, et ils ordonnèrent à leurs hommes de ne point rompre la paix.

Et si les Burgondes avaient pu prévoir tous les malheurs qui devaient leur arriver par la main de ces deux hommes, ceux-ci ne seraient point si facilement sortis du palais. Ils eussent d’abord fait sentir à ces braves la force de leurs bras.

Ils avaient laissé sortir de la salle ceux qu’ils voulaient. Alors un effroyable tumulte s’éleva dans cette enceinte, Les étrangers se vengèrent de tout ce qui leur était arrivé. Que de casques il brisa, Volkêr le très hardi !

Gunther, l’illustre roi, se tourna vers l’endroit d’où venait le bruit : — « Entendez-vous, Hagene, ces chants que Volkêr chante aux Hiunen, quand ils s’approchent des degrés. Son archet est trempé dans le sang. »

— « Je regrette vivement, dit Hagene, d’être jamais resté en ma demeure séparé de ce guerrier. J’étais son compagnon et lui le mien. Si jamais nous rentrons dans notre patrie, je veux être encore son ami fidèle.

« Maintenant, vois, noble roi, combien Volkêr t’est dévoué ; il mérite largement ton or et ton argent. Son archet coupe le dur acier. Il brise sur les casques les ornements au loin étincelants.

« Jamais je ne vis joueur de viole combattre aussi bra-