Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/33

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vous rendrons volontiers service moi et ma parenté. » Et on fit verser aux étrangers le vin de Gunther.

Alors le chef du pays parla : « Tout ce que nous avons est à vos ordres suivant l’honneur ; ainsi vous seront soumis et seront partagés avec vous, corps et biens. » À ces mots l’humeur du seigneur Siegfrid se radoucit un peu.

On fit soigner leurs équipements et on chercha pour les écuyers de Siegfrid les meilleurs logements qu’on put trouver. On leur arrangea de bons appartements. Depuis lors, chacun vit très volontiers l’étranger parmi les Burgondes.

On lui fit de grands honneurs pendant plusieurs jours, mille fois plus que je ne puis dire : sa force lui méritait cela, on peut bien le croire. Il n’arrivait guère que quelqu’un le voyant lui portât de la haine.

Dans tous les divertissements du roi et de ses hommes, il leur était toujours supérieur. Quoi que l’on entreprit, si grande était sa force, que personne ne pouvait l’égaler, soit qu’on jetât la pierre, soit qu’on lançât la flèche.

Et comme on se livrait toujours aux jeux avec courtoisie devant les femmes, on voyait très volontiers le héros du Nîderlant. Il avait tourné son cœur vers un haut amour.

À la cour, les belles femmes voulaient savoir la nouvelle : De quel pays étranger est ce fier héros ? Son corps est si beau ! Si riche est son équipement ! Beaucoup leur répondirent : « C’est le roi du Nîderlant. »

N’importe à quel exercice on voulait se livrer, il était toujours prêt. Il portait en son cœur une vierge digne d’amour qu’il n’avait pas encore vue, et elle aussi le portait en son cœur et secrètement elle lui adressait en elle-même de bien douces paroles.