Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/350

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Alors Hagene de Troneje dit : — « Je vois venir le seigneur Dietrîch ; il veut nous combattre à cause des grands malheurs qui lui sont arrivés. On pourra décider aujourd’hui lequel est le plus vaillant.

« Oui, quand même le chef de Vérone serait encore plus fort et plus terrible, s’il veut se venger sur nous de ses pertes, j’oserai rudement lui tenir tête. » Ainsi parla Hagene.

Dietrîch et Hildebrant entendirent ces paroles. Le chef alla trouver les deux guerriers, qui se tenaient hors de la salle, appuyés contre le mur du bâtiment. Le seigneur Dietrîch déposa à terre son bon bouclier.

Plein de douleur et de soucis, Dietrîch prit la parole : — « Pourquoi avez-vous agi ainsi, Gunther, roi puissant, contre moi exilé ? Que vous avais-je fait ! Privé de toute consolation, maintenant je reste seul.

« Il ne vous a pas semblé suffisant en cette cruelle extrémité de frapper à mort Ruedigêr, le héros ; vous m’avez maintenant enlevé tous mes hommes. Guerriers, je ne vous avais pas fait, moi, subir de pareilles infortunes.

« En pensant à vous-mêmes et à votre affliction, à la mort de vos amis et à vos rudes combats, ô héros superbes, votre âme n’est-elle pas accablée ? Hélas ! que la mort de Ruedigêr me fait de peine ?

« Non, nul homme au monde n’éprouva plus de malheurs ! Vous n’avez guère pensé à ma désolation et à la vôtre. Tous mes amis sont là gisant, tués par vous. Jamais je ne pourrai pleurer assez la mort de mes parents. »

— « Nous ne sommes point si coupables, répondit Hagene. Vos guerriers sont venus vers ce palais en bande