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Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/356

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guerrier : — « Si vous voulez me rendre ce que vous m’avez pris, vous pourrez encore retourner au pays burgonde. »

Le farouche Hagene répondît : — « Ta prière est superflue, très noble reine, car j’ai juré de ne jamais révéler l’endroit ou se trouve caché le trésor, tant que vivrait l’un de mes maîtres. De cette façon, il ne tombera au pouvoir de personne. »

Il savait bien qu’elle le ferait mourir. Quelle plus grande déloyauté fut jamais ! Il craignait qu’après lui avoir pris la vie, elle ne laissât retourner son frère en son pays.

« Je pousserai les choses à bout, » dit la noble femme, et elle ordonna de tuer son frère. On lui coupa la tête ; elle la porta par les cheveux devant le héros de Troneje. Ce fut pour lui une peine affreuse.

Quand le guerrier vit la tête de son maître, il dit à Krîemhilt : — « Enfin tu es arrivée au but de tes désirs, et tout s’est passé ainsi que je l’avais prévu.

« Maintenant le noble roi est mort et aussi Gîselher le jeune et Gêrnôt. Nul ne sait, hors Dieu et moi, où se trouve le trésor. Femme de l’enfer, il te sera caché à jamais ! »

Elle dit : — « Tu as mal réparé le mal que tu m’as fait. Mais je veux conserver l’épée de Siegfrid. Il la portait, mon doux bien-aimé, la dernière fois que je le vis, et de sa perte, mon cœur a souffert plus que de tous mes autres maux. »

Elle tira l’épée du fourreau sans qu’il pût l’empêcher — elle voulait enlever la vie au guerrier — et, la soulevant des deux mains, lui abattit la tête. Le roi Etzel le vit et en fut profondément affligé.