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Page:Lavergne, Jean Coste - 1908.djvu/138

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Entre pauvres, on s’entend… Je n’ignore pas que vous avez de lourdes charges de famille et…

Coste l’interrompit, non sans un certain orgueil :

— Mais, — fit-il, — ce n’est pas, monsieur le curé, que je sois précisément gêné en ce moment… J’attends l’argent d’une terre que m’a laissée ma pauvre mère et je n’ai besoin que d’un crédit de quelques semaines.

— Je n’ai donc aucun mérite à vous satisfaire, — dit le prêtre avec bonhomie. — Même les plus à l’aise de mes paroissiens ne me gâtent pas sous ce rapport et savent fort bien que je n’use jamais du ministère de l’huissier.

Coste sourit. Tout en causant, il examinait à la dérobée l’humble salle où ils se trouvaient et que meublaient quelques chaises de paille, avec, suspendues aux murs, des images de piété, et, sur la cheminée, près d’une glace ternie, deux flambeaux de cuivre et une statuette de la Vierge, en plâtre blanc. Tout y respirait la simplicité ou plutôt la pauvreté digne du bon pasteur toujours prêt à se dépouiller pour les ouailles souffrantes de son petit troupeau.

L’instituteur se sentit à l’aise dans ce milieu qui lui rappelait son intérieur et auprès de ce brave homme.

Le curé se fit apporter une bouteille de bière par sa sœur qui était sa servante. Celle-ci, après avoir échangé quelques paroles de bon accueil avec Coste, se retira discrètement.

— Elle est très liée avec votre collègue, Mlle Bonniol, — dit l’abbé Clozel, quand sa sœur se fut éloignée.

— En effet, c’est ce que m’a souvent dit Mlle Bonniol,… une excellente personne et une bonne collègue.

—Bien sûr… une sainte fille… elle a bien ses petites manies et aime à vivre seule avec ses bêtes… mais, vous l’avez dit, elle a un cœur excellent… Souvent elle nous a parlé de vous… et de votre mérite. Aussi, nous partagions l’estime qu’elle a pour vous et pour Mme Coste.

Jean rougit et détourna la conversation. Ils causèrent