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Page:Lavergne, Jean Coste - 1908.djvu/175

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XXV


Le brûlant juillet était passé, gonflant les grains verts de la vigne. La première quinzaine d’août fut très chaude aussi. Bientôt, sous les feuilles épaisses des ceps, les raisins, en contact avec le sol ardent, prirent une teinte rose ; puis, toutes les grappes noircirent en mûrissant et dans le village commencèrent les préparatifs des proches vendanges. Des orages fréquents grondèrent dans les combes, et la terre avide but avec délices l’eau bienfaisante du ciel. La grêle tant redoutée et qui, en quelques minutes, saccage les récoltes et compromet même celles des années suivantes, ne tomba pas à la grande allégresse des paysans. Ceux-ci, debout sur le seuil de leurs portes, regardaient complaisamment ruisseler les averses qui faisaient gonfler encore les grains de raisin et hâtaient la maturité de la récolte très abondante.

— Ce sont des louis d’or qui tombent du ciel, — disaient-ils. Et, s’épanouissant d’aise, ils se frottaient vigoureusement les mains et songeaient aux beaux écus qui, après la vente du vin nouveau, allaient choir dans leurs bas de laine.

Au milieu de la satisfaction générale, Coste était le seul à ne jamais plus rien espérer. Les vacances, commencées depuis le 12 août, devaient durer jusqu’au 1er octobre. Avant les élections, Louise et Jean se promettaient d’aller passer une huitaine de jours à Peyras. Aujourd’hui, il fallait abandonner ce riant projet ; l’argent manquait. Or, les parents de sa femme vivant eux-mêmes fort petitement, Coste ne pouvait décemment et n’osait aller s’établir chez eux, avec sa nombreuse famille, pendant un mois, seul moyen de rentrer dans ses frais de voyage et d’économiser même. Forcément, ils restèrent donc à Maleval. Toutefois, ils purent