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Page:Lavergne, Jean Coste - 1908.djvu/51

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du courage et de la persévérance il finirait bien par se tirer de ce mauvais pas.

Pour comble de malechance et au prix de quelles souffrances, qui la laissèrent à moitié morte, Louise accoucha, en décembre, de deux jumelles. Elle se rétablit lentement ; malgré sa faiblesse extrême, elle avait l’âme chevillée au corps ; mais qu’elle était pâle et chétive !

Le médecin prescrivit un régime réconfortant, partant très coûteux, et un repos complet. Aussi, à la fin du mois, Jean s’aperçut-il que son traitement de cent francs ne lui suffirait pas à se liquider. Un monceau de notes s’étaient entassées chez lui. Pour ne pas rester entièrement sans le sou, il paya les dettes criardes et attendit pour les autres, forcément. Son bon cœur l’empêcha de récriminer contre le sort. Il se mit à aimer et à bercer les deux bessonnes, tout en cherchant un moyen de sortir d’embarras.

Il écrivit à des amis, sollicita un emprunt. Tous alléguèrent divers prétextes pour refuser de lui venir en aide. Nouvelles désillusions ! Mais son dévouement et ses espoirs tenaces lui donnèrent le courage d’insister auprès de l’un d’eux qui, depuis l’enfance, lui était cher et qu’il savait dans l’aisance. Celui-ci se fâcha presque et répondit, non sans humeur, par un second refus, sèchement motivé. De la rancune s’amassait au cœur de Coste.

En ces circonstances, il n’eut cependant qu’à se louer de ses voisins et des parents de ses élèves. On lui rendit maints services, on envoya des douceurs à Louise. Mademoiselle Bonniol surtout se montra très serviable. Souvent, elle vint s’asseoir au chevet de Louise. On la voyait apparaître chaque fin d’après-midi, le visage souriant, avec son tricot et son angora blanc. Rose s’emparait aussitôt du « moumou » et en jouait comme d’une poupée. Volontiers, le chat très familier se laissait, en ronronnant, caresser par les menottes potelées de l’enfant et fermait ses beaux yeux pers, aux paroles