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Page:Lavergne, Jean Coste - 1908.djvu/50

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Rien ne vint pourtant. Si, un pli timbré de l’inspection académique, lequel fit battre le cœur de Coste. Pris de peur à l’idée d’un simple refus de secours, il se cacha dans sa classe, avant d’en déchirer les bandes. Un voile — peut-être une larme — passa devant ses yeux ; le papier ne contenait que ces mots :


Aucun crédit n’étant depuis deux ans inscrit au budget départemental pour frais de déplacement, on ne pouvait ni accueillir ni même s’expliquer la demande de secours faite par M. l’instituteur de Maleval.


Jean pâlit, songeant à l’avenir.

— Que va dire Louise ?

Dans l’état où se trouvait sa femme, il décida de lui cacher sa déconvenue ; il éluderait toute question ou répondrait évasivement.

Néanmoins, il se refusait à croire l’avenir compromis ; il se livra à des calculs, à des projets que son cœur excellent faisait naître et approuvait, mais qui n’étaient que le fruit incertain de ses illusions indéracinables, de son ignorance de la vie matérielle. Si bien qu’il se promettait d’économiser, de rogner sur ses maigres dépenses, de dénicher des travaux rémunérateurs mais chimériques, de passer ses veillées, ses nuits, s’il le fallait, à faire des écritures, des copies productives, tout cela sans se rendre compte du peu de ressources qu’offre Maleval et des refus qui accueilleraient ses tentatives chez les huissiers, avoués ou notaires du chef-lieu ou des environs.

Coste ne pensait, en effet, qu’à une chose : c’est qu’il lui faudrait plus d’argent maintenant : ses charges allaient augmenter ; Louise serait incapable d’allaiter l’enfant qui naîtrait ; donc, c’était son devoir à lui de se débrouiller, de travailler double ; et il s’illusionnait, espérant encore qu’avec