Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/279

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Le son des cloches se rapproche, et l’on pénètre enfin dans la grande salle du Burg, qui est dégarnie de ses tables et présente un aspect lugubre. Les portes latérales s’ouvrent, donnant passage aux chevaliers qui, d’un côté, escortent le cercueil de Titurel, et de l’autre accompagnent la litière d’Amfortas précédée de la châsse voilée du Graal.

Deuxième tableau. — Un catafalque occupe le milieu de la scène, et derrière, sous un dais, se trouve le trône d’Amfortas.

Les deux cortèges, entamant un chant dialogué, redisent la mort lamentable du vieux Titurel privé de la vue réconfortante du calice sacré, et annoncent la suprême célébration des saints mystères par le prince coupable dont la faute a causé tous ces grands malheurs. Ils placent le cercueil sur le catafalque, Amfortas sur son lit de repos, et le somment de remplir encore une fois son office. Mais lui, épouvanté, se dresse sur sa couche et, implorant son père, le héros vaillant et pur, il lui demande grâce, le supplie d’avoir pitié de son atroce martyre et de ne pas prolonger ses tortures en l’obligeant à contempler une fois de plus la coupe sacrée dont la vue ne lui donnera une force nouvelle que pour souffrir encore. Il appelle la mort à son secours : elle vient, la libératrice dont il sent déjà les bienfaisantes ténèbres l’envelopper, et il contracterait de nouveau un pacte avec la vie et les angoisses sans fin ? Non, non, rien ne le forcera à vivre : que ses chevaliers achèvent l’œuvre de destruction, qu’ils plongent leurs épées dans la plaie béante, qu’ils délivrent le malheureux de son horrible tourment, et, de lui-même, le Graal reprendra son éclat et sa splendeur ternis ! Au paroxysme de l’exaltation, en proie à une extase angoissante, Amfortas a déchiré son vêtement et découvert son affreuse blessure : tous se sont écartés avec effroi… Alors