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LES GAIETÉS DU CONSERVATOIRE

ces quelques secondes, restait là planté comme une statue ; il aurait bien quelque chose, à la fin. La moindre des choses, à ce moment précis, l’eût momentanément consolé, le pauvre garçon !

Le deuxième accessit, ce n’était pas encore lui ; il brisa alors sa quatrième corde, celle qu’il aimait tant à faire vibrer, et avec elle, le chevalet tomba.

Il attendit encore consciencieusement, de grosses larmes dans les yeux, l’appel du troisième accessit, son dernier espoir, bien modeste en comparaison du triomphe éclatant qu’il avait si follement rêvé…, et alors, chose horrible si vous voulez comprendre tout ce qui s’était passé en quelques minutes en cette âme d’artiste, il appuya son violon sur son genou et le brisa en deux : son cher violon, son seul ami, son confident, ce qu’il avait le plus aimé au monde !… C’est atroce.

Puis, tristement, il rentra chez lui, dans un misérable petit hôtel meublé du bas de la rue Notre-Dame-de-Lorette, tout seul, sans violon, il se coucha en sanglotant, et il mourut deux jours après, d’une fièvre cérébrale.