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LES GAIETÉS DU CONSERVATOIRE



J’ai toujours eu l’habitude, en entreprenant l’éducation d’un élève, de m’enquérir auprès de lui et de ses parents de sa situation sociale, comme aussi de la carrière idéale rêvée, afin de diriger, autant que possible, son instruction dans le sens convenable.

Bien entendu, cette carrière projetée est souvent déviée selon le développement des aptitudes personnelles de chacun et les diverses circonstances de la vie, mais il n’en est pas moins vrai qu’il est bon, dès le début des études, d’avoir un but déterminé à poursuivre jusqu’au jour où l’on jugera meilleur d’en envisager un autre.

Beaucoup m’ont dit avoir l’ambition de faire de la composition, d’autres de devenir organistes ou maîtres de chapelle, ou avoir en vue la carrière de virtuose, quelques-uns, les plus modestes, ne cherchaient qu’à gagner leur vie comme professeurs ; — je passe sous silence ceux, innombrables, et que je n’ai jamais encouragés, qui ne voient dans le Conservatoire qu’un moyen d’abréger ou d’alléger leur service militaire ; — un seul m’a déclaré que la carrière à laquelle il se destinait était celle de critique d’art, de chroniqueur musical.

Je dois avouer qu’au début cela me parut très intelligent et très sympathique : Si tous les critiques, me disais-je, avaient fait de fortes études musicales, on ne serait pas exposé à lire constamment des bourdes comme celles dont ils sont coutumiers :